InicioLa part de l'ombre. Action clandestine et imaginaire du complot, XXe-XXIe siècles

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La part de l'ombre. Action clandestine et imaginaire du complot, XXe-XXIe siècles

From the shadows. Clandestine action and imagining plots - 20th-21st centuries

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Publicado el martes 17 de enero de 2017

Resumen

Ces journées, qui se tiendront à l'université Paris 1 les jeudi 18 et vendredi 19 mai 2017, visent à développer un échange transdisciplinaire autour des pratiques et représentation des organisations clandestines aux XXe et XXIe siècles.

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Argumentaire

À l'initiative de quatre doctorants et jeune docteur de Paris 8 et Paris 1, cet appel à communications souhaite initier une réflexion transdisciplinaire sur les pratiques et représentations des organisations secrètes et des complots aux XXe et XXIe siècle, qui ont suscitées des monographies historiques1, ont été abordées sous l'angle des violences politiques ou de l'action collective2, mais ont rarement fait l'objet d'une réflexion transversale, prenant en compte spécifiquement le phénomène clandestin et ses implications dans l'espace public et politique. Ces deux journées doctorales sont pensées comme l'aboutissement d'événements précédemment organisés à Paris 83 et à l’université de Bologne4 autour de la clandestinité et à Paris 15 sur la question du complot.

Le premier enjeu apparaît être celui de préciser les contours de la lutte politique clandestine et de la pratique du complot : nous pouvons caractériser notre objet d'études comme l'action conduite par des groupes qui agissent dans un statut d'illégalité prolongée. Nous excluons donc l'acte isolé accompli dans l'illégalité, même à des fins politiques. Le rôle de l'organisation se trouve au cœur du questionnement : en situation de clandestinité, elle seule permet de poursuivre des objectifs politiques dans la durée. Une réflexion sur la validité du concept de clandestinité apparaît toutefois nécessaire, puisque d'une part, la clandestinité n'est jamais absolue et, d'autre part, l'appréhension du caractère politique d'une action clandestine est parfois malaisée, souvent affaire de point de vue : un migrant, par exemple, qui traverse les frontières de manière illégale n'est pas nécessairement motivé par une volonté de contestation politique, mais il se trouve de fait en état de clandestinité, transgressant les lois de l’État.

Une attention particulière sera en outre portée aux enjeux de méthode : la contrainte de la clandestinité induit presque obligatoirement un effet de source6. Les documents disponibles sont le plus souvent soit des documents produits par le système policier, soit des documents postérieurs à la période de clandestinité elle-même (témoignage, mémoire, évocation historique à but politique ou non, etc.), qui surévaluent souvent le caractère monolithique et organisé des mouvements clandestins. Des pratiques telles que l'analyse de réseaux peuvent dans ce cas aider à mieux appréhender la réalité mouvante de telles organisations. Les sources secondaires, orales, les témoignages a posteriori, posent également le problème de la lecture rétrospective, plus encore lorsqu’ils visent à justifier des types d’action ou de discours stigmatisés. Quand des sources primaires produites dans la clandestinité sont disponibles, il convient enfin de s'interroger sur leur historique de conservation (qui les a conservées et pourquoi ?), sur les conditions de leur production, puisque l'écriture clandestine est une prise de risque7.

Nous encourageons les communications à explorer ces ambivalences et ces enjeux de méthode, en particulier autour des quatre axes suivants, qui peuvent être complémentaires :

Anthropologie historique des pratiques et des acteurs du secret.

Les aspects les plus concrets de la clandestinité doivent être interrogés en premier lieu, en particulier les pratiques de dissimulation et d’évitement de la répression. Ces actions destinées à se maintenir dans l’ombre peuvent parfois constituer l’essentiel de la clandestinité. À l'opposé, un autre objectif justifie la clandestinité : le développement d'une stratégie médiatique avec des actions à caractère public et/ou politique et/ou violent (on se gardera toutefois d’associer a priori la clandestinité à un type bien délimité d’action).  Un des enjeux est aussi d’analyser la structure des organisations clandestines, leur fonctionnement vertical et horizontal, leurs cloisonnements, le contrôle social qu’elle exercent sur leurs membres et notamment le rapport entre la vision du monde qu’elles produisent et les pratiques militantes. Ces pratiques peuvent avoir  une conséquence sur le fonctionnement de l’organisation, favorisant souvent un fonctionnement vertical et autoritaire. Elles conduisent aussi à masquer une grande partie de la réalité de l’organisation aux militants eux-mêmes, ce qui a nécessairement un impact sur leur façon de se comporter au sein de celle-ci. Il conviendra, en regard, de s'interroger sur certaines formes plus décentralisées d'organisation clandestines, où le sentiment hiérarchique est souvent avant tout un sentiment d'appartenance, dans la symbolique de l'allégeance8. Une autre direction est l’étude des trajectoires et des profils individuels : les conditions d’entrée et de recrutement dans la clandestinité, le processus par lequel on se tourne pas à pas vers la clandestinité, mais aussi ses déterminants sociaux (âge, formation, genre, milieu social)9.

États et sociétés face à la clandestinité.

C’est aussi bien sûr dans l’interaction avec  l’État que se comprend la clandestinité. D’une part, il s’agit d’étudier la réponse et les propres pratiques secrètes du pouvoir qui passent par des dispositifs de répression spécifiques (infiltration, action sur les médias), mais aussi par des organisations (administrations secrètes/du secret que sont les “services” et les structures parallèles10), sans oublier le large usage politique qui est fait des menaces réelles ou délibérément inventées ou exagérées.

D’autre part, on s’intéressera à l’inscription de la clandestinité dans la société, au delà du strict cadre du groupe clandestin : les liens (concurrence, mimétisme, coopération, complémentarité) avec d’autres groupes politiques clandestins mais aussi publics (à l’image des “façades” publiques que peuvent entretenir certains groupes), ou encore les appuis extérieurs à l'organisation, réseaux de soutien, échanges avec d’autres entreprises clandestines (économie grise, contrebande, mafias). En étudiant les marges de la clandestinité, ses zones grises, on se donne les moyens de la repenser en terme de gradient et pas seulement en terme de frontière.

(Se) représenter le caché.

Les variations historiques de l'imaginaire que véhicule “l’action collective secrète” seront aussi interrogées. Perçus comme une menace par le pouvoir politique, ces modes d’actions suscitent la peur, d’abondants phantasmes et représentations depuis la littérature du XIXe siècle, en passant par les livres d’espionnage et les représentations médiatiques11, jusqu’au récent “complotisme” sur internet. De manière particulièrement intéressante, à l’inquiétude historique du pouvoir face à un certain type d’acteur,  le “comploteur”, semble se substituer aujourd’hui la peur (et la lutte) contre ceux qui croient trop à ces représentations, les “complotistes”12.

En miroir, l’enjeu est aussi d’aborder les représentations endossées par les mouvements clandestins et leurs membres eux-mêmes. À rebours de représentations seulement négatives, il s’agit de travailler sur les formes de valorisation de l’action secrète, et son usage comme ciment d’une identité collective et d’une culture d’appartenance, à la fois dans le cours même de l’action, mais aussi a posteriori. On creusera aussi dans ce cadre la communication de ces mouvements, leur gestion des moments de publicité, recherchée ou non.

Sortie de la clandestinité.

Qu’elle se solde par un échec (mort, prison, exil), par une victoire ou un statu quo (amnistie, accords de paix), la sortie de la clandestinité interroge à la fois la possibilité concrète de mettre fin à une action clandestine, la question de la sortie et de la réinsertion de ses membres dans la société, mais aussi plus largement les modalités d’un retour à une société pacifiée. Dans cette optique, la mémoire partagée ou, au contraire, fragmentée de la clandestinité peut témoigner des difficultés à résoudre les divisions politiques d’une société.

Ces journées bénéficient du soutien du CESSP (Paris 1), de l'EA 1571 (Paris 8) et du Campus Condorcet. Elles auront lieu à l'université Paris-1 Panthéon-Sorbonne (amphi 1), les 18 et 19 mai 2017. Nous attendons des contributions (en français ou en anglais) consacrées aussi bien à la France qu'à d'autres pays, sur la période large des XXe et XXIe siècle. Une publication est envisagée.

Notes

1En particulier la Résistance, voir notamment la collection « Esprit de la Résistance », dirigée par Henri Michel aux Presses Universitaires de France dès le milieu des années 1950.

2Donatella della Porta, Clandestine political violence, Cambridge, Cambridge University Press, 2013.

3Journée d’étude du 12 octobre 2015, https://cpup.hypotheses.org/

4Journées d’étude des 9 et 10 février 2017, http://www.disci.unibo.it/it/risorse/files/call-for-papers

5Journée d’étude du 27 septembre 2013, https://calenda.org/257438?file=1

6Pour Frédéric Monier, « plus que le secret lui-même, c'est la place à accorder à la révélation qui soulève de graves difficultés », in « Le secret en politique, une histoire à écrire », Matériaux pour l’histoire de notre temps, 2000, vol. 58, no 1, p. 3 8.

7Charles Riondet, « Journaux intimes de clandestinité », Vingtième Siècle, revue d’Histoire, 2016, n0 132.

8Voir Bruce Hoffman et Fernando Reinares (dir.), The Evolution of the Global Terrorist Threat: From 9/11 to Osama bin Laden’s Death, New York, Columbia University Press, 2014.

9Voir par exemple Xavier Crettiez, « Penser la radicalisation. Une sociologie processuelle des variables de l’engagement violent », Revue française de science politique 2016, vol. 66, n° 5, p. 709-727.

10Alain Dewerpe, Espion :  une anthropologie historique du secret d’État contemporain, Paris, Gallimard, 1994.

11Voir à ce titre, dans une perspective d'histoire du genre, le récent ouvrage de Fanny Bugnon, Les amazones de la terreur :  sur la violence politique des femmes, de la Fraction armée rouge à Action directe, Paris, Payot, 2015.

12Pierre France, « Pour une sociologie politique du complot(isme) », Working Paper CESSP, n°4, 2016.

Procédure d'envoi des candidatures

Nous invitons les doctorants et jeunes chercheurs à envoyer aux quatre organisateurs leur proposition de communication d'environ 4 000 signes,

avant le 26 février 2017 inclus,

ainsi qu'un bref CV.

Comité organisateur

  • Virgile Cirefice, doctorant en histoire contemporaine à l'Université Paris 8 Vincennes – Saint-Denis et à l'Université de Bologne.
    virgile.cirefice@gmail.com

  • Pierre France, doctorant en science politique à l'Université Paris 1 Panthéon – Sorbonne.
    pierre.france@zoho.com

  • Grégoire Le Quang, doctorant en histoire contemporaine à l'Université Paris 8 Vincennes – Saint-Denis et à l'Université de Macerata.
    glequang@gmail.com

  • Charles Riondet, docteur en histoire contemporaine, Inria (équipe Alpage)
    charles.riondet@gmail.com

Comité scientifique

  • Jean-Louis Briquet, directeur de recherches au CNRS, science politique.

  • Laurent Douzou, professeur d'histoire contemporaine à l'Institut d'Études politiques de Lyon.

  • Olivier Grojean, maître de conférence en science politique à l'Université Paris 1.

  • Marie-Anne Matard-Bonucci, professeure d'histoire contemporaine à l'Université Paris 8.

  • Frédéric Monier, Professeur d'histoire contemporaine à l'Université d'Avignon.

  • Anastassia Tsoukala, maître de conférence HDR à l'Université Paris 11, droit, criminologie.

Lugares

  • Amphi 1 - Université Paris 1, 12 place du Panthéon
    París, Francia (75)

Fecha(s)

  • domingo 26 de febrero de 2017

Palabras claves

  • clandestinité, complot, résistance, terrorisme, société secrète, répression, lutte armée, violence politique

Contactos

  • Grégoire Le Quang
    courriel : glequang [at] gmail [dot] com

URLs de referencia

Fuente de la información

  • Grégoire Le Quang
    courriel : glequang [at] gmail [dot] com

Licencia

CC0-1.0 Este anuncio está sujeto a la licencia Creative Commons CC0 1.0 Universal.

Para citar este anuncio

« La part de l'ombre. Action clandestine et imaginaire du complot, XXe-XXIe siècles », Convocatoria de ponencias, Calenda, Publicado el martes 17 de enero de 2017, https://doi.org/10.58079/wnj

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