AccueilVers une culture 2.0 : l'avènement d'une société numérique

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Vers une culture 2.0 : l'avènement d'une société numérique

Towards culture 2.0 - the coming of digital society

L'histoire, les religions et l'art face au numérique

History, religions and art in the digital world

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Publié le mardi 24 janvier 2017

Résumé

Les sciences humaines et sociales, les institutions religieuses et les arts réalisent leur conversion numérique à des rythmes différenciés au fur et à mesure que se révèlent les enjeux de l'outil numérique dans la manière de penser et de pratiquer le rapport à la société. L'objet de cette journée d'étude interdisciplinaire est donc de mettre en évidence moins les aspects théoriques de cette transition numérique (qui ont fait l'objet d'analyses très approfondies mais que l'on pourra rappeler) que les modalités pratiques à travers lesquelles le numérique devient un moyen de médiatiser le rapport entre une société et son passé, un cadre religieux et ses fidèles ou encore un artiste (et son œuvre) et le public.

Annonce

Cette journée d'étude est organisée par deux doctorants en histoire moderne et contemporaine et un doctorant en musicologie de l'université de Poitiers.

Argumentaire

C'est un fait avéré : les sociétés d'aujourd'hui sont devenues numériques. Mais tous les acteurs et les cadres d'une société ne sont pas au même niveau de numérisation de leurs pratiques. Ils n'avancent pas à la même vitesse dans la transition numérique. Nous l'entendons comme un processus où la technologie numérique acquiert progressivement la place d'un média plurifonctionnel qui constitue un outil d'organisation et de communication considéré comme capital et incontournable dans la production du rapport à autrui.

Les sciences humaines et sociales, les institutions religieuses et les arts réalisent leur conversion numérique à des rythmes différenciés au fur et à mesure que se révèlent les enjeux de l'outil numérique dans la manière de penser et de pratiquer le rapport à la société. L'objet de cette journée d'étude interdisciplinaire est donc de mettre en évidence moins les aspects théoriques de cette transition numérique (qui ont fait l'objet d'analyses très approfondies mais que l'on pourra rappeler) que les modalités pratiques à travers lesquelles le numérique devient un moyen de médiatiser le rapport entre une société et son passé, un cadre religieux et ses fidèles ou encore un artiste (et son œuvre) et le public. Le choix de cette trilogie se justifie par le fait que le numérique constitue pour ces trois domaines un levier d'innovation destiné à permettre la redéfinition d'une place au sein d'une société qui en apparence peut donner l'image de se désintéresser de son passé, de sa piété ou des musées et de leurs œuvres d'art. Le numérique constitue le creuset d'innovations pour repenser la relation avec le public qu'il soit amateur d'histoire et d’œuvres d'art ou fidèle fervent.

À ce titre, on se concentrera sur la production d'outils numériques médiatisant le rapport entre les trois champs retenus et les formes de société avec lesquels ils interagissent, ce que l'on pourrait présenter sous la forme de couples d'acteurs : l'historien et le public, les institutions religieuses (en particulier dans le christianisme et l'islam) et les fidèles, l'artiste et le spectateur (au musée ou sur une galerie virtuelle en ligne entre autres). On mettra en évidence également les enjeux soulevés par ces pratiques numériques 2.0. Le numérique est devenu depuis sa création et sa diffusion massive un outil organisationnel puissant qui redéfinit le rôle, la place et les finalités des acteurs clefs d'une société dans sa relation au passé, aux croyances et à la création artistique. Du temps de l'informatisation, première révolution numérique, nous sommes passés au temps de la digitalisation, seconde révolution, contemporaine, marquée par l'omniprésence de l'écran et du tactile, des outils numériques dont l'accès s'est par ailleurs largement démocratisé. Le numérique apparaît ainsi comme un marqueur d'adaptation à l'innovation dans la production du savoir scientifique, dans la relation à la foi et dans le rapport à l'émotion artistique. Comment cela se manifeste-t-il concrètement ? Quels sont les enjeux soulevés par ces pratiques ?

Les communications proposées veilleront à s'inscrire dans l'un des trois axes suivants.

Axe 1 – L'historien, le passé et la société : une connexion numérique

L'adaptation de l'Histoire à l'informatique a été en quelque sorte le premier défi numérique relevé par la discipline. La technicisation des méthodes et des savoirs historiques a questionné la pratique et la déontologie de l'historien permettant un renouvellement historiographique sans précédent. Aujourd'hui, la digitalisation des sources et des savoirs associée à la démocratisation et la personnalisation des outils numériques (l'ordinateur portable, la tablette…) ouvre une phase nouvelle de la transition numérique de l'Histoire qui bouleverse réellement la production de la connaissance historique à l'ère du Web 2.0 ou web collaboratif. Pour Pierre Nora, l'Histoire s'efface dans un contexte où le passé est plus que jamais aussi présent, au nom d'impératifs sociétaux et mémoriels : « L'Histoire n'est peut-être plus nulle part, mais le passé est partout ». Cette révolution numérique brouille la figure de l'historien dans la multiplication des créations des usages du passé par les sociétés contemporaines. Le numérique interroge donc l'écriture de l'Histoire et celle des histoires, ainsi que la finalité de ces écritures et rhétoriques. En effet, l'écriture de l'Histoire n'est plus l'apanage unique des historiens académiques et universitaires. Le numérique a diversifié la production des outils publics de collecte (crowdsourcing), ceux de mise à disposition des sources (open archive) et ceux de mise en forme (les Wiki, l'indexation collaborative) au point qu'on dispose aujourd'hui d'une cyberinfrastructure exploitant l'intelligence collective pourproduire des savoirs historiques. Pour reprendre le mot de Roy Rosenzweig, « everyone can be an historian ». Dans ce contexte, le premier axe de cette journée d'étude envisage une réflexion sur les outils numériques créés pour la production du savoir historique universitaire afin de questionner la place et la déontologie contemporaine de l'historien, le renouvellement des outils et des méthodes de travail garantis par le numérique sans omettre le rôle de l'historien dans la lecture du passé et sa promotion académique. Par ailleurs, au temps où l'Histoire côtoie les histoires (celles que Serge Noiret regroupe sous le terme« histoire des autres »), cet axe invite à réfléchir également sur la mobilisation du numérique dans le renouvellement de l'intérêt pour l'histoire du grand public à travers tout un éventail d'initiatives et de pratiques où le numérique constitue un média reliant la population à son passé: la production de parcours touristiques codés, le geocaching, la mobilisation du goût pour l'histoire de la population dans une émulation pédagogique qui nourrit le rêve de contribuer à l'élaboration de la grande histoire (les campagnes des grandes collectes des archives de la Grande Guerre, des empires coloniaux ou encore le crowfunding participatif pour les œuvres historiques d'intérêt national), la muséographie de l'histoire par le numérique. Dès lors, comment penser la place de l'historien dans un monde où sa légitimité scientifique est questionnée par la profusion de sa production et par la diversification des engagements subjectifs ? Marc Bloch soulignait combien le rapport entre les outils et les sciences sociales pouvait être ambivalent et qu'il fallait composer un équilibre où cohabitent l'innovation et les techniques d'une part et l'intelligence humaine à comprendre et interpréter le passé d'autre part :« L'outil, certes, ne fait pas la science, mais une société qui prétend respecter les sciences ne devrait pas se désintéresser de leurs outils ». 

Références :

BLOCH (M.), Apologie pour l'Histoire ou métier d'historien, Paris,1974, 7e édition, p. 67.

NOIRET (S.), « Y-a-t-il une histoire numérique 2.0 ?», GENET Jean-Philippe et ZORZI Andréa (dir.), Les historiens et l'informatique: Un métier à réinventer. Études réunies par GENET Jean-Philippe et ZORZI Andréa, Rome, Ecole Française de Rome, 2011.

NORA (P.), « Présentation », Le Débat, 5/2013 (n°177), p.3-5.

Axe 2 – Les religions 2.0 : une nouvelle connexion avec le divin.

La révolution numérique transforme en profondeur nos sociétés. Elle modifie notre rapport à l'espace, abolit les frontières physiques et bouleverse nos façons de communiquer. Le religieux ne fait pas exception et participe à cette évolution. Les institutions religieuses se sont rapidement adaptées à cette modernité technologique et investissent pleinement le monde du numérique, au point de parler de "christianisme virtuel". Ainsi, des églises virtuelles émergent, à l'exemple de celle de St Pixels, issue d'une initiative méthodiste, qui connaît un grand succès. Dès lors, Internet devient un facteur crucial de leurs stratégies de communication. Outre la simple création de sites web, les responsables religieux cherchent à implanter leur présence dans de nouveaux espaces virtuels. Ces dernières années ont été marquées par l'apparition d'une multitude d'applications pour smartphone, ayant notamment comme conséquence de bousculer l’Église catholique. Il est désormais possible d'effectuer des retraites en ligne, de trouver un confesseur via GéoConfess ou d'avoir recours au cyber-pèlerinage. Initiative de jeunes entrepreneurs catholiques, ces projets "cathos 2.0" visent à moderniser la pratique religieuse en France. Il en est de même dans la communauté musulmane avec l'émergence d'un large panel applications, allant des recueils de prières en ligne au web pèlerinage. Tout un environnement numérique est proposé aux croyants, en particulier ceux qui désirent effectuer le pèlerinage annuel, le hajj. En cela, assistons-nous à l'émergence de nouvelles autorités religieuses? Il convient de s'interroger sur les concepteurs (institutions, laïcs, etc) de ces nouveaux outils, sur l'usage qui en est fait et leurs réceptions. Quelles peuvent être leurs influences sur l'évolution de la pratique religieuse? De même, de quelles manières les fidèles et/ou les structures ecclésiastiques investissent Internet et les réseaux sociaux? Quelles en sont les finalités? Internet est-il un simple outil ou peut-il transformer en profondeur la façon de pratiquer la foi, voire de modifier jusqu'au message religieux et les croyances? Existant des différences évidentes en terme d’usages, de structures (institutions centralisatrices/cadre étatique inexistant) et de fonctionnements entre le christianisme et l’islam, quelles peuvent être les similitudes ou les distinctions entre ces deux religions face au numérique ? Comment appréhendent-elles cette révolution 2.0 et existe-t-il des structures numériques communes?

À la suite de ces questionnements, il s'agit d'éclaircir les rapports entre le numérique et le religieux. Dans le cadre de cet appel à communication, le christianisme et l'islam seront privilégiés.

Références :

COTTIN Jérôme, BAZIN Jean-Nicolas, Vers un christianisme virtuel?, Genève, Labor et Fides, 2003, 145 p.

DUTEIL-OGATA Fabienne, JONVEAUX Isabelle, KUCZYNSKI Liliane et NIZARD Sophie (dir.), Le religieux sur internet, Paris, L’Harmattan, 2015, 330 p.

MAYER Jean-François, "Croire en ligne: usages religieux d'Internet et catholicisme contemporain", Transversalités, 2010/4 (n 116), p. 45-62.  

PAUMIER Paul, "Le cyber-pèlerinage a-t-il un avenir? Essai sur la pérégrination virtuelle", Identités pèlerines, Rouen, Publications de l'Université de Rouen, 2004, p. 137-155.

Axe 3 – L'art au prisme du numérique

Le numérique a révolutionné la création artistique, la transmission des œuvres à un public notamment par le développement d'une muséographie plus interactive. Les rapports entre l'artiste, l’œuvre et le public des spectateurs sont recomposés. La diffusion de l’œuvre d’art à travers  des moyens numériques  s'inscrit dans un « contexte [où] le travail artistique vise à la conception de dispositifs interactifs, mais aussi la production de formes de communication et d'exposition visant à impliquer l'internaute dans le procès » et on peut également en parallèle voir se développer un nouveau public de spectateurs qui devient même réalisateur. On peut citer, par exemple, des moyens de diffusion comme YouTube, Soundcloud ou encore plusieurs nouveaux espaces numérisés comme les blogs et sites internet qui permettent de découvrir de nouveaux musiciens et de nouveaux artistes. Ces espaces virtuels en ligne finissent par créer une nouvelle dimension pour valoriser une œuvre d’art qui devient alors interactive avec une esthétique complètement nouvelle où on peut voir des environnements partagés dans une réception dialogique et bouleversante.

Les contributions s'inscrivant dans cet axe donneront des éléments de réponses aux problématiques suivantes : comment l'œuvre d'art numérisée offre-t-elle de nouveaux modèles et de nouvelles modalités de réceptions ? Dans quelle mesure la vulgarisation digitale constitue une menace ou une opportunité pour saisir la valeur esthétique d'une œuvre ? Quels rôles les artistes jouent-ils dans les nouveaux espaces numérisés ?

Références :

FOURMENTRAUX Jean-Paul, « La création au risque d'Internet. Mouchette (1996-2006) : œuvre et/ou artiste ? », Ethnologie française, 1/2008 (Vol.38), p. 59-68.

FOURMENTRAUX Jean-Paul, « Images mises au net », Études photographiques, 22 | septembre 2008, consulté le 08 décembre 2016. URL : http://etudesphotographiques.revues.org/1010

Modalités d'envoi des propositions de communication

Les propositions de communication, de 500 signes environ, comportant un titre et un résumé, sont à transmettre,

avant le 20 février 2017,

au comité d'organisation, par mail :

  • fabio.amorim.de.melo@univ-poitiers.fr
  • guillaume.rossello01@univ-poitiers.fr
  • jean.christophe.temdaoui@univ-poitiers.fr

Comité scientifique

Claire Barbillon, Professeur en histoire de l’art contemporain, membre titulaire du CRIHAM, Université de Poitiers.

Vincent Cousseau, Maître de conférences en Histoire moderne, membre titulaire du CRIHAM, Université de Limoges.

Jérôme Grévy, Professeur d'histoire contemporaine, Directeur de l'École Doctorale 525 Lettres Pensées Arts et Histoire, membre titulaire du CRIHAM, Université de Poitiers.

Gaëlle Tallet, maître de conférences Histoire ancienne , membre titulaire du CRIHAM, Université de Limoges.

Organisation

  • Fabio Amorim De Melo, doctorant en musicologie à l'université de Poitiers, membre du CRIHAM.
  • Guillaume Rossello, doctorant en histoire contemporaine à l'université de Poitiers, membre du CRIHAM.
  • Jean-Christophe Temdaoui, doctorant en histoire moderne à l'université de Poitiers, membre du CRIHAM.

Informations pratiques

Lieux

Université de Poitiers, Nouvelle Aquitaine (86).

Date

Mercredi 22 mars 2017, de 9h30 à 18h00.

Contacts (pour tout renseignement):

  • fabio.amorim.de.melo@univ-poitiers.fr
  • guillaume.rossello01@univ-poitiers.fr
  • jean.christophe.temdaoui@univ-poitiers.fr

Lieux

  • Salle des Actes - UFR S.H.A., Université de Poitiers, 8 Rue René Descartes
    Poitiers, France (86)

Dates

  • lundi 20 février 2017

Mots-clés

  • numérique, digital, connexion, média, application, historien, Église, christianisme, islam, art, artiste, spectateur, public, archive

Contacts

  • Jean-Christophe Temdaoui
    courriel : jean [dot] christophe [dot] temdaoui [at] univ-poitiers [dot] fr
  • Guillaume Rossello
    courriel : guillaume [dot] rossello [at] gmail [dot] com
  • Fabio Amorim De Melo
    courriel : fabio [dot] amorim [dot] de [dot] melo [at] univ-poitiers [dot] fr

URLS de référence

Source de l'information

  • Jean-Christophe Temdaoui
    courriel : jean [dot] christophe [dot] temdaoui [at] univ-poitiers [dot] fr

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Vers une culture 2.0 : l'avènement d'une société numérique », Appel à contribution, Calenda, Publié le mardi 24 janvier 2017, https://doi.org/10.58079/wq6

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