Argumentaire
Le tourisme, dans sa configuration contemporaine, est un phénomène qui se joue des frontières à de multiples niveaux. Phénomène non-nécessaire (Urbain, 2011) et éminemment révélateur de notre société, il se décline en une grande variété de pratiques qui prennent sens dans le temps et dans l'espace, et concerne une multitude d'acteurs en interaction au sein de ou par-delà leur culture. Étudié depuis longtemps par des disciplines très diverses (géographie, économie, sociologie etc.), on pourrait penser que l'objet « tourisme » est désormais bien connu. Cependant, loin d'être figé, le tourisme est un phénomène qui se transforme et se ré-invente sans cesse, au gré des évolutions de nos sociétés, des aspirations et des intérêts des individus qui la composent, ainsi que de celles des territoires qui l'accueillent. En effet, les éléments structurants permettant couramment de définir et circonscrire le tourisme tels que le temps, l'espace, les pratiques et les acteurs avec leur culture évoluent, faisant bouger les limites catégorielles qui définissent un phénomène en perpétuel mouvement. Dans ce sens, une des tendances récentes observée et étudiée se situe par exemple dans l'avènement d'un post-tourisme au sens de J. Urry (1995), qui se caractérise une difficulté à distinguer les phénomènes touristiques au sens classique du terme, du quotidien en raison de leur interpénétration croissante. Ce constat invite alors à se poser la question de la frontière entre activité touristique d'une part, supposée extra-ordinaire, et une activité relevant de l'ordinaire d'autre part.
Dans le langage courant ainsi qu'en géographie, le terme de frontière renvoie à une multitude de sens. Désignant dans le vocabulaire militaire une zone de contact avec une armée ennemie -front-, le terme possède un sens politique relatif à la limite d'un territoire d'Etat, fondée sur des obstacles naturels ou une décision arbitraire, sur lequel s'exerce une compétence territoriale. Plus généralement, il s'agit d'une ligne de démarcation entre deux choses différentes qu'elle sépare. Cependant, loin d'opérer une fermeture systématique, la frontière marque une discontinuité qui peut générer des échanges en agissant comme un filtre plus ou moins ouvert. Enfin, le sens figuré lui accorde la signification de territoire à découvrir ou à conquérir, pointant notamment des étapes de la connaissance vers lesquelles l'homme se dirige.
Ainsi, poser la question des frontières du tourisme pour de jeunes chercheurs, c'est s'intéresser aux limites entre touristique et non-touristique au niveau des éléments qui structurent le phénomène. Il s'agit d'une part de tenter de circonscrire les contours d'un objet multidimensionnel, complexe et en perpétuelle mutation tant au niveau de ses temporalités que de ses espaces, de ses
acteurs et des cultures concernées. D'autre part, il paraît intéressant d'explorer la polysémie du mot frontière dans la mesure où celle-ci peut présenter un caractère heuristique : elle encourage les chercheurs à s'intéresser aux situations liminales, c'est-à-dire aux limites, aux marges de leur objet d'étude, tout en les poussant à s’intéresser aussi aux zones de contact. En effet, si ces lignes discriminantes peuvent parfois prendre appui sur des faits observables (frontières "naturelles"), elles peuvent aussi reposer sur des postulats arbitraires (frontières artificielles) dont le questionnement permet de faire bouger les lignes pour laisser place à de nouveaux territoires de recherche. Enfin, la question des frontières du tourisme touche aussi aux limites des disciplines mobilisées et des moyens mis en œuvre pour étudier ce phénomène complexe.
Axes
L’objectif de ces rencontres est de permettre un échange entre jeunes chercheurs sur leurs propres travaux. Dans ce contexte, plusieurs pistes de réflexion et axes de questionnement sont proposés :
Axe 1 : Les frontières temporelles du tourisme
On définit habituellement le tourisme par des seuils temporels. Ces derniers vacillent entre l'immédiateté et le long terme (plus d'un jour, moins d'un an), l'éphémère (fast travel) ou la volonté de durer (Slow travel : Fullagar et Markwell, 2012). Qu'il s'agisse du slow travel, du backpacking, du flashpacking ou encore du poshpacking, la temporalité est centrale dans l’appréhension du phénomène touristique. Elle convoque d'autres concepts : en effet, elle est spatiale, mais également administrative (durée des visas...), culturelle (rapport au temps différent selon les cultures...), économique (arbitrage travail/loisir...), digitale (réalité augmentée, mobiquité...), etc. Le tourisme semble s'inscrire en permanence dans une rupture temporelle et propulse le touriste dans un univers hors-quotidien, un nouvel espace « caractérisé par le passage du temps aliéné (temps captif, obligatoire, du travail ou de la vie) et du temps-distance (temps souvent rébarbatif du transport) au temps-substance (où savourer l'écoulement du temps est un but et un plaisir en soi) » (LanguillonAussel, 2011). Le touriste semble parfois défier l'horloge : il freine, accélère, modifie le temps lorsqu'il se fait de plus en plus indépendant en opposition au temps imposé par l'industrie touristique de masse. Il s'agit ainsi d'un temps choisi et non subi, un temps où l'on savoure sa liberté et dont on maîtrise le début et la fin. Aussi, le tourisme se dissout de plus en plus dans le quotidien, introduisant une nouvelle ère « post touristique » (Condevaux, Djament-Tran, Gravari-Barbas, 2016) dans laquelle l'ordinaire cède la place à l'extraordinaire (Girard, 2013) et vice-versa. Se pose alors la question des trajectoires et des évolutions : un temps libre n’est pas touristique par essence, mais le devient et peut cesser de l’être. Le renouvellement des formes touristiques, observé surtout au sein des pays du Nord ayant donné naissance au phénomène dans sa forme moderne, induit un nouveau rapport au temps dont la gestion, en zone urbaine en particulier, induit l'investissement de nouvelles temporalités ainsi que la maîtrise de l'espace et l'aménagement de pratiques adaptées. Mais ces temporalités nouvelles ne remettent-elles pas en cause les seuils traditionnels du tourisme ? Quels sont, désormais, les temps du tourisme et du touriste ?
Axe 2 : Les frontières spatiales du tourisme
Auparavant circonscrit à des espaces identifiés comme touristiques et polarisant la fréquentation, le tourisme se joue de plus en plus des frontières spatiales qui contribuaient à sa définition. On assiste ainsi à une diversification progressive des espaces investis par les pratiques et les acteurs touristiques. Aux hauts lieux touristiques, caractérisés par une exceptionnalité qui justifie leur valorisation, s’ajoutent désormais des espaces dits ordinaires, dont l’attractivité est paradoxalement fondée sur une absence d’éléments remarquables. La mise en tourisme de ces espaces ordinaires peut relever d’une diffusion permise par la proximité de lieux touristiques reconnus comme tels : c’est le cas dans les métropoles européennes, où d’anciens quartiers ouvriers aujourd’hui gentrifiés deviennent attractifs (Maitland, 2010 ; Novy, 2011 ; Gravari-Barbas, 2015). Elle peut aussi faire suite à un processus d’invention du lieu touristique (Knafou, 1991), comme dans le cas du tourisme rural de proximité où c’est le changement de regard qui préside à la mise en tourisme. Celle-ci peut aussi s'appuyer sur le renversement des stigmates initialement associés à l’espace considéré, comme pour les anciens foyers sidérurgiques lorrains (Fagnoni, 2004) ou le bassin minier des Hauts de France qui a su rendre le noir - charbon - attractif pour une clientèle touristique européenne. Quelles qu’en soient les modalités, cette dynamique de mise en tourisme des espaces ordinaires participe d’une porosité croissante entre espaces touristiques et espaces nontouristiques et invite à repenser la manière dont le tourisme s’inscrit dans l’espace et le structure. Quels sont ces nouveaux espaces du tourisme ? Comment deviennent-ils touristiques ? Quelles conséquences le développement d'une économie touristique a-t-elle sur leur organisation politique, sociale et les usages habituels associées à ces espaces ? S’intéresser aux frontières spatiales du tourisme implique également de penser la question de la déprise touristique, phénomène qui peut au contraire contribuer à amputer l’espace touristique d’une partie des zones qui le composaient auparavant (Knafou, 1996 ; Equipe MIT, 2011). On assiste alors à des dynamiques de renouvellement de la fonction touristique, de diversification fonctionnelle ou encore de sortie du tourisme qui interrogent là aussi les recompositions spatiales à l’œuvre. Pourquoi et comment un espace connaît-il une déprise de l’activité touristique ? Quelles stratégies sont mises en œuvre pour accompagner ou contrer ce processus ? Quelles sont les trajectoires territoriales possibles de ces espaces ?
Axe 3 : De nouvelle pratiques aux frontières du tourisme ?
Plusieurs expressions rendent compte d’une diversification croissante des pratiques touristiques : post-tourisme (Urry, 1995), tourisme hors des sentiers battus (Maitland, Newmann, 2009 ; Gravari-Barbas, Delaplace, 2015), tourisme alternatif (Breton, 2009 ; Butler, 1990, 1992 ; Stephen, 2004) et bien d’autres soulignent une dé-différenciation des pratiques touristiques et des pratiques quotidiennes. D’une part, la recherche d’expériences considérées comme authentiques et la volonté de vivre le lieu visité à la manière de ses habitants remet en question la stricte délimitation de ces différents types de pratiques. D’autre part, la diversification des formes de tourismes (par exemple le dark tourism ou l’écotourisme), caractérisées par des intérêts, des motivations et des imaginaires variés tels qu'une prise de conscience écologique ou une logique de distinction opérée par le biais des pratiques touristiques, appelle également une diversification des pratiques. On assiste alors à une « dilution » des pratiques touristiques au sein d’un ensemble plus vaste et dont il est difficile de tracer des frontières nettes. Dès lors, comment distinguer aujourd’hui une pratique touristique d’autres types de pratiques, de loisir ou sportives par exemple ? Comment caractériser ces nouveaux types de pratiques touristiques et leur hybridation ? Si le touriste se définit par sa posture et ses pratiques hors-quotidien, comment peut-on définir les touristes dont les pratiques visent à faire l'expérience du quotidien des lieux qu'ils fréquentent ? Cette évolution des pratiques va-t-elle jusqu’à impliquer une redéfinition du tourisme lui-même ?
Axe 4 : De nouveaux acteurs aux frontières du tourisme ?
Cette évolution des pratiques s’accompagne d’une évolution des acteurs impliqués dans le fait touristique. D’un secteur touristique auparavant composé d’acteurs professionnels clairement identifiés, on passe à un ensemble d’acteurs plus diversifiés tant dans leur nature que dans leurs objectifs. On assiste notamment à l’affirmation d’acteurs issus de la société civile (start-ups, entreprises comme Airbnb, associations et communautés non-marchandes (Couchsurfing), habitants, etc.), et ce dans un contexte où l’essor des NTIC et de l’économie du partage favorise l’implication des acteurs non-touristiques dans la mise en tourisme des lieux considérés comme ordinaires. L’idée d’un tourisme participatif cherchant à impliquer les communautés locales et à favoriser les échanges entre les touristes et ces dernières (Coquin, 2008) est révélatrice de cette évolution. En plus de favoriser des interactions entre touristes et locaux souvent exclus ou éloignés du système touristique (groupements de femmes, villages isolés etc.), celui-ci vise aussi une redistribution nouvelle des revenus du tourisme au profit des populations, et non des opérateurs professionnels. De plus, de nombreuses initiatives individuelles et collectives sont le fait de nouveaux acteurs situés en dehors du système touristique. Ils peuvent offrir des services ayant disparu (bagkeepers remplaçants les consignes de gare) mais sont parfois absorbés par des entreprises traditionnelles. Dans ce contexte, peut-on encore distinguer acteurs touristiques et acteurs non-touristiques ? Qui sont les nouveaux acteurs qui remettent en question les frontières traditionnelles entre secteurs touristique et non-touristique, et quelles sont leurs spécificités ? Leurs initiatives ne constituent-elles forcément qu'une étape ou indiquent-elles un réel changement du système touristique ? Quelles sont les conséquences de l’affirmation de ces nouveaux acteurs pour le tourisme ?
Axe 5 : Les frontières culturelles
Le fait de rapprocher les notions de frontière, culture et tourisme soulève d’emblée plusieurs interrogations majeures, ne serait-ce qu’en raison de la relation a priori inextricable que celles-ci entretiennent. En effet, toute forme de pratique touristique n’intègre-t-elle pas, par définition, une dimension culturelle et frontalière, dès lors qu’il est question d’un « déplacement de personnes vers des pays ou des endroits situés en dehors de leur environnement habituel à des fins personnelles ou professionnelles » (définition OMT) ? Pourtant, le monde scientifique et professionnel du tourisme a vu l’émergence récente du concept de « tourisme culturel », entendu comme sous-segment du tourisme, et défini par l’OMT en tant que « mouvements de personnes obéissant à des motivations essentiellement culturelles telles que les voyages d'études, les tournées artistiques et les voyages culturels, les déplacements effectués pour assister à des festivals ou autres manifestations culturelles, la visite de sites et de monuments, les voyages ayant pour objet la découverte de la nature, l'étude du folklore ou de l'art, et les pèlerinages ». Ainsi, le tourisme culturel consisterait en une forme de tourisme centrée sur la découverte du patrimoine culturel d'une région et, par extension, du mode de vie de ses habitants. Mais pour quelle raison mettre autant l’accent sur la dimension culturelle du tourisme ? Serait-ce lié aux effets néfastes provoqués par un tourisme de masse qui, s’affranchissant de toute frontière, met en péril des cultures et des traditions locales ? Si le fait de penser la frontière culturelle dans le tourisme peut permettre de ranimer la noble idée, au fondement du tourisme, de rencontre et de découverte faite par le voyageur de « l’étranger », de « l’exotique », tel qu’il est, n’est-il pas aussi inévitablement porteur de crispations identitaires, d'une tendance au repli, susceptible de générer de nouvelles frontières symboliques, physiques et politiques ? Enfin, l’hybridation croissante du phénomène touristique (tourisme de proximité, tourisme des lieux « ordinaires », « narration touristique » etc.), n’amène-t-elle pas finalement à remettre en question le concept même de frontière culturelle dans un contexte de post-modernité ?
Axe 6 : Les frontières disciplinaires
Le tourisme, qui se constitue en objet de recherche scientifique à partir des années 1970, se caractérise par sa grande complexité et le caractère hétérogène des phénomènes qui le composent. D'abord réservé à une élite européenne au XIXème siècle (Bertho-Lavenir, 1999 ; Boyer, 2005), le tourisme est aujourd'hui un phénomène mondialisé et structurant qui se décline en une grande variété de pratiques, de lieux, d'acteurs avec leurs différents systèmes de représentations, qui prend place dans le temps, dans l'espace, l'économie, le politique... si bien que le touristique (Darbellay et Stock, 2012) semble capable de pénétrer toutes les facettes de nos sociétés. Pour l'étudier, les chercheurs doivent faire face à cette configuration multidimensionnelle qui présente plusieurs obstacles. Tout d'abord, l'une des difficultés à l'étude du phénomène touristique tient à celle de délimiter clairement ce qui est de l'ordre du secteur touristique ou non ; d'autre part, l'hétérogénéité de l'objet pose la question de la mobilisation d'outils théoriques et méthodologiques pour l'étude de ses différentes facettes, afin de rendre compte de sa complexité et son imbrication à de multiples niveaux de la société. Comme nous le montre l'histoire du tourisme en tant qu'objet d'étude scientifique, celle-ci oscille entre plusieurs mouvements : dans le découpage des sciences sociales, il s'instaure en tant que sous-champs disciplinaire (sociologie du tourisme, géographie du tourisme, anthropologie du tourisme...) ; il se fragmente ainsi pour se recomposer parfois dans des dynamiques multi-, inter-, voire transdisciplinaires ; enfin certains voudraient l'établir en science à part entière (Jovicic, 1975 ; Stafford, 1988 ; Hoerner, 2002). Ces différents mouvements, également à l'œuvre dans l'étude d'autres objets, sont particulièrement saillants dans le cas qui nous intéresse, et nous interrogent sur la plasticité des frontières disciplinaires. Dans quelle mesure l'étude du phénomène touristique nous invite-t-elle à penser, voire repenser les frontières disciplinaires afin de rendre compte de sa complexité ? En quoi les caractéristiques de l'objet constitué nous encouragent-elles à décloisonner les savoirs ? Finalement, plus qu'une difficulté, ne s'agit-il pas ici d'une opportunité de mettre en dialogue des disciplines, source d'innovations conceptuelles et méthodologiques pour les sciences sociales ?
Ces rencontres visant à donner l'occasion aux jeunes chercheurs de se rencontrer pour présenter et échanger sur leurs travaux, entre eux et avec des chercheurs confirmés, les candidatures des doctorants (dès la 1ère année) ou jeunes docteurs sont vivement encouragés. Tous les jeunes chercheurs travaillant dans les différentes disciplines concernées par le champ du tourisme sont invités à contribuer.
Soumettre une proposition
Les propositions de participation à cette rencontre peuvent prendre plusieurs formes. D'une part, il est possible de proposer une présentation qui sera suivie d'une discussion avec la salle. D'autre part, les propositions sous forme d'exposition photographique, de poster et de projection seront également appréciées.
- Pour proposer une communication, merci d'envoyer un résumé (500 mots) ainsi qu'un CV d'une page
avant le 14 mai 2017
auprès du comité d'organisation à l'adresse suivante : rijct2017@gmail.com
Tous les participants recevront une réponse courant mai.
- Pour proposer une exposition photographique, merci de nous envoyer une sélection de photos légendées
avant le 14 mai 2017
accompagnée d'un CV d'une page à l'adresse suivante : rijct2017@gmail.com
Dans un second temps, les participants sélectionnés devront nous faire parvenir leur résumé long (1000 mots) et les PDF des posters et expositions avant le 16 juillet 2017, à la même adresse mail : rijct2017@gmail.com
Pour toute proposition :
- Prénom et NOM, l’organisme de rattachement (Université et laboratoire),
- e-mail de contact
- Le type de proposition choisie (communication, poster, photo, audiovisuel),
- l'axe ou les axes traités,
- le titre de la proposition,
- les résumés,
- et les mots-clés (3 à 5)
devront être envoyés en format Word, police Arial 12 et interligne 1,5 dans la langue de communication choisie (français ou anglais).
Les résumés des propositions acceptées seront mis en commun dans un document (format papier, et format numérique) et mis à disposition de participants au colloque. Des précisions et indications supplémentaires seront données suite à la sélection des résumés. Pour toute question, n'hésitez pas à contacter le comité d'organisation.
Conseil scientifique
(En cours de constitution)
- Philippe BACHIMON, Université d'Avignon
- Philippe BOURDEAU, Université Grenoble-Alpes
- Amandine CHAPUIS, Université Paris - Sorbonne
- Sophie CHEVALIER, Université de Picardie Jules Verne
- Francesca COMINELLI, Université Paris 1 Panthéon Sorbonne
- Aurélie CONDEVAUX, Université Paris 1 Panthéon Sorbonne
- Saskia COUSIN, Université Paris Descartes
- Frédéric DARBELLAY, Université de Genève
- Édith FAGNONI, Université Paris Sorbonne
- Alain GIRARD, Université de Perpignan
- Maria GRAVARI-BARBAS, Université Paris 1 Panthéon Sorbonne
- Yannick HASCOET, Université de Lyon
- Sébastien JACQUOT, Université Paris 1 Panthéon Sorbonne
- Emmanuelle LALLEMENT, Université Paris - Sorbonne, Ministère de la Culture
- Anne-Cécile MERMET, Université de Neuchâtel
- Emmanuelle PEYVEL, Université de Bretagne Occidentale
- Mathis STOCK, Université de Lausanne
- Jean-Michel TOBELEM, Université Paris 1 Panthéon Sorbonne
Argument
Tourism in its actual form questions frontiers on various ways. As an unnecessary phenomenon (Urbain, 2011) which is particularly indicative of our society, it touches upon a range of practices deployed in space and time and involves various actors who interact within or beyond their cultural frames. For a long time, tourism has been examined from multiple disciplinary perspectives (geography, economy, sociology, etc.) and seems to be a familiar object for social sciences. However, it is far from an immutable phenomenon that changes and is continually reinvented, according to our societies' evolutions, aspirations, and interests of the individuals that shaped them, as well as territories where tourism takes place. Key elements usually contributing to tourism definition such as time, space, practices, actors and cultures are indeed in mutation, thus challenging the limits between categories that define a constantly changing phenomenon. In this regard, a recently observed tendency is that of an affirmation of post-tourism as theorized by John Urry (1995), consisting of a difficulty to distinguish between tourism in its classic sense and everyday life because of their organic interrelation. Which invites us to question the limit between tourism activities on the one hand, which are supposed to be extraordinary, and everyday activities. In our
daily lives, as well as in geography, the term « frontier » has multiple meanings. In the military vocabulary, it refers to a contact zone with enemy forces - front -; but it also has a political sense referring to a state's territory limit based on natural obstacles or arbitrary decisions. It is more generally a dividing line between two different entities that it separates. However and far from necessarily meaning a closure, frontiers mark a discontinuity also permitting exchanges. Finally, it refers in the figurative sense to spaces to discover or conquer and so to the different steps taken in human knowledge.
Questioning the frontiers of tourism thus implies for young searchers to be interested in the limits between tourism and non-tourism about the elements that structure this phenomenon. The point is, on the one hand, to try and delineate this multi-dimensional, complex and in perpetual mutation object. This must be done regarding space, time, actors as well as cultures. On the other hand, it would be interesting to explore the polysemy of « frontier,» as the term has a heuristic value. It prompts researchers to engage with liminal situations or in other words with limits of their research object, while at the same time encouraging them to take an interest in contact zones with other topics. Indeed, if frontiers are sometimes based on observable facts (« natural » frontiers), they may also be based on arbitrary assumptions (artificial borders), the questioning of which allows reaching new spaces of research. Finally, the theme of frontiers of tourism also touches disciplinary limits as well as limits of the means deployed to analyze this complex phenomenon.
Focus
The event aims to allow young researchers to share their views about their productions. This study proposes several areas of research:
Axis 1: Temporal frontiers of tourism
Temporal thresholds usually define tourism. This latter waver between immediacy and long-term (more than one day, less than a year), the ephemeral (fast travel) or the will to last (Slow Travel: Fullagar and Markwell, 2012). Whether it is slow travel, backpacking, flashpacking or push packing, temporality is central in the apprehension of the touristic phenomenon. It entails other concepts: it is spatial, but also administrative (visa duration), cultural (the perception of time is different according to cultures), economic (choice between work and leisure), digital (augmented reality, mobility), etc. Tourism seems to be part of a temporal break and propels tourists into an out-of-time universe, a new space "characterized by the passage of time-alienation (captive time, required for work or life) and time-distance (more often, it is the repetitive transportation time) to time-substance (enjoying the flow of time is a goal and a pleasure in itself) "(Languillon-Aussel, Geo confluences, 4 February 2011).
The tourist sometimes seems to defy time: he takes, accelerates and changes time while the latter becomes increasingly independent in opposition to the time imposed by the mass tourism industry. It is thus a chosen time and not a suffered one, a time in which one enjoys the freedom and controls the beginning and the end. Besides, Tourism is becoming more and more a part of everyday life, thus introducing a new "post-touristic" era (Condevaux, Djament-Tran, Gravari-Barbas, 2016) in which the ordinary gives way to the extraordinary (Girard, 2013) and vice versa.
This raises the question of trajectories and evolutions: free time is not tourism by essence, but can become and can cease to be. The renewal of tourist forms, observed especially in the Northern countries which create the phenomenon in its modern form, inducing a new relation to time whose management, in urban areas, in particular, include the investment of new temporalities as well as the control of space and the development of adapted practices. Do these new temporalities not question the traditional thresholds of tourism? What is time today in regards to Tourism and the Tourist?
Axis 2: Spatial Frontiers of tourism
While it had previously been seen as limited to spaces known as ‘touristic' and on which touristic attendance focused, tourism today questions the spatial frontiers that were part of its definition. There is a gradual diversification in the spaces concerned by practices and actors about tourism. In addition to touristic hot spots whose valorisation is based on their exceptionality, so-called ordinary places now emerge among touristic spaces. Their attractivity is paradoxically based on the absence of any outstanding aspect. Touristification in these areas can be explained as the consequence of a diffusion process allowed by the proximity to well-known touristic places. The case of european metropolises with their gentrified former working-class neighborhoods now being attractive for tourists is an example (Maitland, 2010; Novy, 2011; Gravari-Barbas, 2015). This can also take place following the invention of touristic places such as theorized by Rémy Knafou (Knafou, 1991), as for the case of rural proximity tourism, where touristification is governed by the change of perception of these spaces. It can also take root in an inversion of the negative images attached to a place. Examples here could be the former steel regions in French Lorraine (Fagnoni, 2004) or the Haut-de-France coalfield. Whatever the modality of the touristification, this dynamic in ordinary spaces contributes to a growing porosity between touristic and non-touristic spaces. This calls us to rethink the way tourism is set in, and participate to the structuration of, space. Which are these new tourism spaces ? How do they become touristic? Which consequences does developing tourism economy have on the political and social organization as well as on usual practices linked to these spaces? Studying tourism spatial frontiers also requires a reflexion on tourism decrease, a phenomenon that can lead to the shrinking of tourism areas (Knafou, 1996; Equipe MIT, 2011). Dynamics of renewal of the tourism function, of functional diversification or of phasing out of tourism are then taking place. They all question the spatial recompositions at work. Why and how does a space suffer a decrease in tourism? What are the strategies set up to accompany or to fight this process? What are the possible territorial paths for theses spaces?
Axis 3: New practices at the frontiers of tourism
Several phrases highlight the growing diversification of tourist practices: post-tourism (Urry, 1995), off-the-beaten-track tourism (Maitland, Newmann, 2009; Gravari-Barbas, Delaplace, 2015), alternative tourism (Breton, 2009; Butler, 1990, 1992; Stephen, 2004) and many others point out the convergence between tourism and daily practices.
On the one hand, the search for experiences considered authentic and the desire to live within the place visited in such a way as its inhabitants bring into question the strict delimitation of these different types of practices. On the other hand, the diversification of tourism patterns (dark tourism, ecotourism, etc.), characterized by varied interests, motivations, and imaginaries such as ecological awareness or a logic of distinction, also relates to a diversification of practices.
This leads to a "dilution" of tourism practices within a larger spectrum, which boundaries are difficult to draw. Therefore, how can we distinguish a tourist practice from other types of practices, such as shopping, leisure or sport? How to characterize these new types of tourist practices and their hybridization? If the traveler is defined by his non-daily posture and practices, how can we identify the visitor whose practices aim to get closer to the daily life of the places they experience? Does this evolution of practices lead to a redefinition of tourism itself?
Axis 4: From new actors to new frontiers in tourism
The development of methods is followed by an evolution of tourism involved players. From a tourism sector which is already composed of clearly identified professional actors, we move on to a more diverse set of actors, both in their professional nature and in their objectives. In particular, civil society actors (start-ups, enterprises such as Airbnb, associations and non-market communities (Couchsurfing), inhabitants, etc.) are considered in a context in which the growth of NICT and the sharing economy promotes the involvement of non-tourism actors in putting tourism in ordinary places. The idea of participatory tourism which is seeking to involve local communities and encouraging the interactions between tourists and the latter reveals this evolution (Coquin, 2008). In addition to supporting interactions between tourists and locals who are often excluded from the tourist system (women, isolated villages, etc.), it aims at a new redistribution of income from tourism to the benefit of the local population, not professional operators. Furthermore, many individual and collective initiatives are undertaken by new players outside the tourism system. They can offer services that have disappeared (bagkeepers replacing the station instructions) but are sometimes captivated by traditional companies. In this context, can we still distinguish between tourism actors and non-tourist actors? Who are the new players who question the traditional boundaries between tourist and non-tourist sectors, and what are their characters? Are their initiatives necessarily only a step or do they indicate a real change in the tourism system? What are the implications of these new actors for tourism?
Axis 5: Cultural Frontiers in tourism
Bringing together the notions of frontiers, culture, and tourism, inevitably raises some major issues, not least because of the apparently inextricable relation linking them. Indeed, isn’t it true that any form of tourist practice includes a frontier and cultural dimension, since it deals, by definition, with "people moving to countries or places outside their usual environment for personal or professional purposes "(UNWTO definition)?
Over the last decade, the scientific and professional communities in the tourism field have seen the emergence of « cultural tourism ». A concept understood as a sub-segment of tourism and defined by the WTO as a "movement of people mainly driven by social motivations such as study trips, artistic tours, and educational travel. In addition to going to festivals or other cultural events, visits to sites and monuments, travel dedicated to nature discovery, the study of folklore or art, and pilgrimages ". Thus, « cultural tourism » could be considered a form of tourism specifically centered on the discovery of a place's cultural heritage and, by extension, the customs of its inhabitants.
So why stress the importance of the cultural dimension in tourism? Can it be related to the possible harmful effects of mass tourism, which jeopardizes local cultures and traditions, while overlooking any frontier? One could imagine that the cultural edge in tourism may revive the noble idea upon which it is based, namely the authentic encounter and discovery made by the traveler of the "stranger," the ‘'exotic’’ just as it is. However, it may also foster tensions over a place’s identity, reinforcing inward-looking behaviors, and generating new symbolic, physical and political boundaries. Therefore, one could wonder to what extent does the growing hybridization of the tourist phenomenon (proximity tourism, tourism of "ordinary" places, "touristic narrative" etc.) eventually bring into question the relevance of the cultural frontier in a post-modern era?
Axis 6: Disciplinary boundaries within tourism studies
Tourism becomes a scientific area of research in the 70's and is characterized by the complexity and heterogeneity of its components. In the 19th century, tourism was the privilege of the European elite (Bertho-Lavenir, 1999; Boyer, 2005), whereas nowadays, this globalized phenomenon has become a structural feature of society that presents a wide variety of practices, places, and individuals with their different systems of representations. Those are occurring in a particular temporality, space, economy, political context. So much so that the tourist (Darbellay and Stock, 2012) seems able to seep into each aspect of our societies. Social scientists have to face this multidimensional setting when studying it, which raises several problems. First of all, one of the difficulties in studying the tourist phenomenon is related to the precise delimitation of the object, between what is a tourist and what is not. On the other hand, the heterogeneousness of the tourist object implies different theoretical and methodological tools to comprehend it and to show its complexity and the interweaving at multiple layers of society. The history the study of tourism as a scientific object follows different trends: it has become a sub-field in social sciences (sociology of tourism, geography of tourism, anthropology of tourism, etc.); it splits and is put together again in multi-, inter-, and transdisciplinary dynamics; finally, some researchers would like to establish tourism as an autonomous discipline (Jovicic, 1975; Stafford, 1988; Hoerner, 2002). Those different dynamics, which are also taking place in other fields, are particularly salient in the case of tourism and question the malleability of disciplinary frontiers. How the study of tourism invites us to think and reconsider the boundaries of disciplines, to show its complexity? How the characteristics of the object encourage researchers to decompartmentalize knowledge? Finally, is this an obstacle or an opportunity to create a dialogue between disciplines, which can be a source of innovation regarding concepts and methodologies for social sciences?
This event aims to give an opportunity to junior researchers to meet, present and share their work with peers and more experienced researchers. Ph.D. candidates and junior researchers are highly encouraged to answer this call. Young researchers in disciplines related to the tourism field are invited to participate.
How to participate
There are several ways to contribute to this event. First of all, one can offer a presentation followed by a discussion with the audience. On the other hand, exhibitions, posters, and projections are also appreciated.
- To offer a presentation, please send a summary (500 words) and a résumé
before May, 14th
to the organizing committee by e-mail at rijct2017@gmail.com
- To provide an exhibition or other contributions, please send a selection of pictures with captions and a résumé
before May, 14th
to the organizing committee by e-mail at rijct2017@gmail.com
Participants will receive an answer in May.
After the notification of selection, participants will be asked to send an extended summary (1000 words) and the PDF document of posters and exhibitions before July 16th, at the same e-mail address: rijct2017@gmail.com
For each contribution, please precise:
- First name and LAST NAME, institution (University or laboratory),e-mail address
- Selected kind of input (presentation, poster, pictures, projection) and type(s) of frontier approached, the title of the contribution, summaries, and keywords (3 to 5)
have to be sent in the format: Word, Arial, line spacing 1,5, in French or English.
Selected contributions will be gathered together in a single document (paper and digital format), and made available for participants at the event. More information will be given after the selection of the contributions. Please contact the organizing committee for details.
Scientific committee
- Philippe BACHIMON, Université d'Avignon
- Philippe BOURDEAU, Université Grenoble-Alpes
- Amandine CHAPUIS, Université Paris - Sorbonne
- Sophie CHEVALIER, Université de Picardie Jules Verne
- Francesca COMINELLI, Université Paris 1 Panthéon Sorbonne
- Aurélie CONDEVAUX, Université Paris 1 Panthéon Sorbonne
- Saskia COUSIN, Université Paris Descartes
- Frédéric DARBELLAY, Université de Genève
- Édith FAGNONI, Université Paris Sorbonne
- Alain GIRARD, Université de Perpignan
- Maria GRAVARI-BARBAS, Université Paris 1 Panthéon Sorbonne
- Yannick HASCOET, Université de Lyon
- Sébastien JACQUOT, Université Paris 1 Panthéon Sorbonne
- Emmanuelle LALLEMENT, Université Paris - Sorbonne, Ministère de la Culture
- Anne-Cécile MERMET, Université de Neuchâtel
- Emmanuelle PEYVEL, Université de Bretagne Occidentale
- Mathis STOCK, Université de Lausanne
- Jean-Michel TOBELEM, Université Paris 1 Panthéon Sorbonne