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(Inter)national : dialogues, tensions et réciprocités

(Inter)national: dialogues, tensions and reciprocities

Revue « Émulations » – numéro thématique (parution 2018)

Émulations journal - theme issue (publication 2018)

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Publié le lundi 10 avril 2017

Résumé

Dans un prochain numéro thématique, qui paraîtra dans le courant de l’année 2018, la revue de sciences sociales Émulations se penchera sur la question de l’articulation entre les espaces nationaux et les dynamiques d’internationalisation. L’étude de ces rapports y sera envisagée dans le temps long, depuis la formation des États-nations au XIXe siècle jusqu’à nos jours. En outre, l’approche sera pluridisciplinaire et visera à explorer les différentes facettes de l’interaction entre États-nations et international, dans le cadre de la mondialisation croissante qui caractérise notre contexte actuel.

Annonce

Argumentaire

Dans un prochain numéro thématique, qui paraîtra dans le courant de l’année 2018, la revue de sciences sociales Émulations (www.revue-emulations.net) se penchera sur la question de l’articulation entre les espaces nationaux et les dynamiques d’internationalisation. L’étude de ces rapports y sera envisagée dans le temps long, depuis la formation des États-nations au XIXe siècle jusqu’à nos jours. En outre, l’approche sera pluridisciplinaire et visera à explorer les différentes facettes de l’interaction entre États-nations et international, dans le cadre de la mondialisation croissante qui caractérise notre contexte actuel.

Depuis leur fondation au XIXe siècle et tout au long du XXe siècle, qui les a vus se consolider, les États-nations n’ont eu de cesse de se penser par rapport à des dynamiques internationales de plus en plus complexes, qui contribuent en partie à les définir. En ce début de XXIe siècle, et dans un contexte de mondialisation accélérée, la tension entre espaces nationaux et logiques internationales semble être plus que jamais une problématique clé afin de comprendre les grands enjeux géopolitiques, économiques, culturels et identitaires de notre monde. La multiplication des flux de biens, de personnes et de données, ainsi que la diffusion instantanée de l’information grâce au développement d’internet et des réseaux sociaux, ont pour corollaire une standardisation des comportements et des réglementations au niveau mondial.

Ces phénomènes tendent à leur tour à effacer les frontières entre les pays, tandis que les revendications nationales restent fortes. L’émergence de mouvements sociaux, à la fois échos et sources d’une logique contestataire mondiale, tels que les Indignés initié en Espagne, Occupy Wall streetOccupy Gezi ou encore les Printemps arabes et, plus récemment, Nuit Debout, illustrent clairement le phénomène. Nés dans des cadres nationaux, ces mouvements ont ainsi transcendé l’espace national, notamment par le biais des réseaux sociaux et des médias, afin de dénoncer les pouvoirs financiers, les conséquences du libre-échange et le manque de démocratie « réelle », qui sont autant de problématiques partagées par l’ensemble des nations.

C’est ainsi que, sur fond de crise financière mondiale, se voit réactivée la question des contours sémantiques de l’État-nation, dans un débat qui révèle un ensemble d’inquiétudes identitaires, sociales et politiques qui ne se cantonne plus au seul espace national. Partant de ce constat, ce numéro thématique de la revue Émulations aura à cœur de rassembler des contributions visant notamment à explorer les questions suivantes.

Comment le rapport entre le national et l’international a-t-il évolué au cours de notre histoire contemporaine ? Dans quelle mesure l’accélération des logiques mondialisatrices actuellement à l’œuvre contribue-t-elle à redéfinir ce lien ? Dans un monde globalisé, qu’est-ce qui relève du national ou de l’international ? Par quels processus les mouvements nationaux s’internationalisent-ils ? Comment l'État-nation réagit-il aux logiques internationalisatrices ? Notre époque voit-elle l’émergence d’une « société-monde » (Mercure, 2001) ? De manière générale, comment de tels questionnements permettent-ils aux diverses disciplines qui les étudient d’offrir une meilleure compréhension du monde, passé ou présent ?

Confronté à ces questions aussi complexes que médiatisées, le milieu universitaire réfléchit depuis quelques années à ces nouvelles interactions entre la nation et l’international. En histoire, l’ouvrage Beyond the Balance of Power de Peter Jackson (2013) propose une réinterprétation de l’influence des doctrines internationalistes nées à la fin du XIXe siècle, en soulignant leur rôle dans la formulation des politiques de sécurité de la France au début du XXe siècle. Exemple de multidisciplinarité, cet ouvrage allie la méthode historique, le cadre conceptuel de « culture » forgé par Bourdieu et contribue même aux théories des relations internationales en mettant en lumière la pensée d’internationalistes français de l’époque (Bourgeois, Ruyssen, Scelle et Bouglé). Il propose ainsi une réflexion des plus pertinentes sur les différentes conceptions de l’ordre international au cours du siècle dernier et du rôle des nations dans l’espace international.

De son côté, l’anthropologue Liisa H. Malkki (1994) tend à reconsidérer l’opposition traditionnelle entre national et international, une vision qui rejoint d’ailleurs celle de l’historienne Glenda Sluga (2013). À travers des études de cas particulièrement variées, allant du film The Global Affair de Bob Hope jusqu’aux réfugiés Hutus, Malkki avance que les concepts « de national et d'international ne sont pas des principes antagonistes à penser séparément, mais [qu'ils] sont plutôt les aspects entrelacés d’un processus bien plus large de catégorisation[1] ». 

Les politologues et économistes, quant à eux, relèvent davantage les implications de la mondialisation pour les souverainetés nationales : les modes de gouvernance mondiale et l’internationalisme libéral ont en effet remis en question les compétences de l’État-nation et sa capacité à résister aux influences, voire aux pressions, internationales. Le politologue Bertrand Badie suggère, dans La fin des territoires, que la mondialisation entraîne un déplacement de la souveraineté nationale dans la mesure où la sécurité de l’État ne se définit plus sur son territoire, et que les guerres contemporaines concernent de moins en moins des enjeux territoriaux. Il est également l’auteur de l’ouvrage L'impuissance de la puissance, qui témoigne de la complexité et de la multiplicité des acteurs sur la scène internationale, ainsi que de Le Diplomate et l’Intrus, dans lequel il s’intéresse aux sociétés comme acteurs internationaux en faisant appel à une sociologie des relations internationales. L’économiste Jacques Sapir (2016) relève, quant à lui, les effets néfastes de la mondialisation en montrant comment « l’idéologie du libre-échange » limite les libertés. Il souligne ainsi le lien entre la disparition du principe de souveraineté nationale et celui de démocratie.

S’inspirant des ouvertures proposées par ces travaux récents, les propositions d’articles soumises dans le cadre de ce numéro devront contribuer à une réflexion multidisciplinaire sur cette articulation entre espaces nationaux et logiques internationales, sur les divers processus d’internationalisation ou de nationalisation des mouvements et phénomènes politiques, économiques, sociaux ou culturels à travers le temps et l’espace. Toutes les disciplines des sciences humaines et sociales sont sollicitées. Ces questionnements pourront être abordés de multiples façons : par l’étude de cas, mais aussi en proposant des articles plus théoriques sur la façon dont un champ particulier ou une discipline traitent de ce sujet. 

Modalités de soumission

Les contributions devront développer une réflexion conceptuelle riche et profonde sur la nation, l’international et les interactions entre ces deux entités. Des articles s’appuyant sur des études de cas et des données empiriques pour nourrir une telle réflexion sont évidemment bienvenus.

Les proposions de contribution d’environ 1 000 mots, ainsi que d’une notice biographique comprenant la discipline et le statut professionnel de chaque (co-)auteur de l’article, sont à envoyer au plus tard aux adresses aux adresses emulations.internationalisme@gmail.com et redac@revue-emulations.net

pour le 17 avril 2017

Les propositions feront l’objet d’une évaluation anonyme.

Les contributions définitives (de 25 à 30 000 caractères, espaces compris) devront être déposées, au plus tard, le 1er septembre 2017 pour une publication en 2018. Pour les consignes aux auteurs, consultez le document téléchargeable au bas de cette page : http://www.revue-emulations.net/appel/devenez-auteur 

Calendrier

  • 1er avril 2017 : envoi par les auteur∙e∙s potentiel∙le∙s d’un résumé de proposition d'article conforme aux indications de la section précédente.

  • 1er mai 2017 : communication des décisions aux auteur∙e∙s.
  • 1er septembre 2017 : envoi des manuscrits (entre 25 000 et 30 000 caractères, espaces compris, incluant la bibliographie), ainsi qu’un résumé de 300 mots.
  • 1er novembre 2017 : retour des évaluations vers les auteur∙e∙s.
  • 15 janvier 2018 : envoi des manuscrits retravaillés.
  • 1er mars 2018 : retour des évaluations vers les auteur∙e∙s.
  • 1er avril 2018 : envoi de la dernière version des manuscrits à la revue
  • Juin-septembre 2018 : publication du numéro en format papier et mise en ligne. 

Coordination du numéro

  • Vincent Houle (Paris 1 Panthéon-Sorbonne, France et Université de Montréal, Canada)
  • Solène Maillet (INALCO, Paris, France et Université de Montréal, Canada)
  • Guillemette Martin (Instituto de Investigaciones Históricas, Université Nationale Autonome du Mexique) 

Bibliographie

  • Badie B. (1995), La fin des territoires : essai sur le désordre international et sur l’utilité sociale du respect, Paris, Fayard.
  • Badie B. (2008), Le Diplomate et l’Intrus : l’entrée des sociétés dans l’arène internationale, Paris, Fayard.
  • Badie B. (2004), L’impuissance de la puissance : essai sur les incertitudes et les espoirs des nouvelles relations internationales, Paris, Fayard.
  • Jackson P. (2013), Beyond the Balance of Power : France and the politics of national security in the era of the First World War, Cambridge, Cambridge University Press.
  • Malkki L. (1994), « Citizens of Humanity : Internationalism and the Imagined Community of Nations », Diaspora : A Journal of Transnational Studies, vol. 3, n° 1, p. 41-68.
  • Mercure D., éd. (2001), Une société-monde ? Les dynamiques sociales de la mondialisation, De Boeck Supérieur, Bruxelles.
  • Sapir J. (2016) « Nations et Globalisation », in RussEurope : Blog de Jacques Sapir sur la Russie et l’Europe. En ligne, consulté le 11 novembre 2016. URL : https://russeurope.hypotheses.org/4913.
  • Sluga G. (2013), Internationalism in the Age of Nationalism, Philadelphie, Pennsylvania University Press.

Références

[1] « Nationalism and internationalism are neither antagonistic nor even analytically separable principles, but are, rather, mutually entailed aspects of a wider process of categorical thought and action » (Malkki,1994 : 62).


Dates

  • lundi 17 avril 2017

Fichiers attachés

Mots-clés

  • international, national, État-nation, mouvement social

Contacts

  • Coordinateurs du numéro
    courriel : emulations [dot] internationalisme [at] gmail [dot] com
  • Rédaction d'Emulations
    courriel : redac [at] revue-emulations [dot] net

URLS de référence

Source de l'information

  • Solene Maillet
    courriel : maillet [dot] solene [at] gmail [dot] com

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« (Inter)national : dialogues, tensions et réciprocités », Appel à contribution, Calenda, Publié le lundi 10 avril 2017, https://doi.org/10.58079/xg1

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