23-24 novembre 2017, ESPE de Caen, Université de Caen Normandie
Argumentaire
Dans le contexte actuel marqué par l’intensification des échanges et des mouvements migratoires comme par « l’incertitude croissante et la fluidité des identités contemporaines » (Gohard-Radenkovic, Murphy-Lejeune, 2008, 127), le concept de mobilité est fréquemment convoqué comme l’un des paradigmes de notre « hypermodernité » (Aubert, 2004), et s’inscrit dans des problématiques complexes et parfois contradictoires, lui conférant une dimension polymorphe et polytopique (Stock, 2006). Ainsi à la mobilité physique et géographique vient se superposer une mobilité envisagée en termes de métaphores et de processus (Urry, 2005), qui se manifestent notamment par un brouillage des distinctions entre intérieur (village, classe, région) et extérieur (étranger, barbare), proche et lointain (Viard, 2006). La mobilité est par conséquent un concept fréquemment convoqué pour penser l’inclusion/exclusion dans ce qu’on pourrait nommer l’ « espace culturel », et ce à différentes échelles. Par ailleurs le non-accès à la mobilité, ou sa restriction, constitue un marqueur d’inégalité sociale (Marzloff, 2005). Le lien entre mobilité sociale, exprimant le changement, et spatiale, exprimant le déplacement (Gallez, Kaufmann, 2009), laisse apparaître une forme de hiérarchie des mobilités : la non reconnaissance des apprentissages par la mobilité de certaines populations se voit opposer la valorisation des apprentissages à la mobilité (Brougère et Fabbiano, 2014).
En contexte éducatif, « éducation, formation et production se confondent : à la fonction de socialisation par le biais de l’institution scolaire et universitaire s’ajoute celle de l’acquisition de savoirs transversaux (mobilité, flexibilité, adaptabilité) et de compétences devenues indispensables sur le marché du travail » (Erlich, 2012 : 56). Parallèlement on observe une diversification des mobilités (p.e mobilité circulaire type Erasmus vs mobilité linéaire), qui se déclinent même en « hypermobilités » lorsqu’elles revêtent une dimension multimodale, notamment numérique, avec la démocratisation de l’accès à la fois physique et virtuel à l’ailleurs. La circulation permanente et l’instantanéité de l’information et de toutes formes de savoirs inaugurent alors la multiplication des possibles en termes d’échange, de partage, dans un contexte d’appropriation démocratique favorisé par les outils numériques, inscrivant l’individu dans une dynamique d’interactions en constante évolution processuelle (Vitali-Rosati, 2016). La mobilité apparaît ainsi comme un paradigme ouvrant à de nouvelles formes de liberté et de redéploiement de l’individu (cf l’ « éloge de la mobilité » selon Jean Viard).
Néanmoins il convient de rappeler sa configuration problématique (Ortar et Lejoux, 2017). Ainsi Zygmunt Bauman (2006) définit la mobilité comme concept phare de la « vie moderne liquide », caractérisée par une injonction accrue au déplacement, à la vitesse, dans un contexte d’obsolescence quasi immédiate des objets et des expériences. Dans ce contexte, l’individu « hypermoderne » (Aubert, 2004) est engagé dans une course à la performance dans la mobilité, qui structure son identité, elle-même devenue « liquide », mouvante, en constante recomposition. Par ailleurs l’accroissement des mouvements de population (immigration économique, réfugiés…) et l’externalisation des conflits conduisent au développement d’attitudes de repli : les sujets hypermodernes sont autant d’individus assiégés dans une société elle-même assiégée (Bauman, 2002) : société de la frontière dans un monde plein où « nous sommes tous des gens de l’intérieur, des résidents permanents qui n’ont nulle part ailleurs où aller » (24). Ainsi en contexte professionnel, le partage –réel et symbolique– des espaces, des temporalités, des modes et des champs d’action est souvent vécu comme une intrusion voire une effraction. Dans cette perspective, nombre d’analyses des contextes d’hypermobilité ouvrent sur des constats d’hypomobilité (Dervin, 2008, Anquetil, 2006, Abdallah-Pretceille, 2008, Erlich, 2012) voire des revendications de droit à l’immobilité (Hardouin et Moro, 2014 : 77) qui ne sont donc qu’apparemment paradoxaux.
Néanmoins ces écueils de la mobilité –hypermobilité, accès non démocratique, repli, hypomobilité– sont-ils directement imputables à notre contexte contemporain ? Ne ressortissent-ils pas d’une problématique transhistorique ? Rappelons ainsi ces lignes de Sénèque dans la fameuse lettre XXVIII à Lucilius : Hoc tibi soli putas accidisse et admiraris quasi rem novam, quod peregrinatione tam longa et tot locorum varietatibus non discussisti tristitia gravitatemque mentis ? Animum debes mutare, non caelum. […] Quid terrarum iuvare novitas potest ? Quid cognitio urbium aut locorum ? Quaris quare te fuga ista non adiuvet ? Tecum fugis. Onus animi deponendum est : non ante tibi ullus placebit locus. Si voyager n’est pas forcément guérir son âme, c’est notamment parce que le sujet ne s’est pas questionné sur son implication intrinsèque dans le processus de mobilité, qui implique la mise à distance d’avec soi-même : expérience fondamentale de décentration qui permet de se découvrir « soi-même comme un autre » (Ricoeur, 1990), et renvoie ainsi l’expérience de mobilité dans le champ de l’altérité. Ainsi le concept de mobilité doit également être saisi dans toute sa dimension fondamentalement anthropologique. François Laplantine (1999 : 81) rappelle ainsi la mobilité ontologique de l’identité et du sujet, et défend « la pluralité de soi. […] “Si je peux comprendre les autres c’est parce que je suis autre que moi ” . […] Si l’homme est sans cesse différent de lui-même et non point adéquation et fermeture, c’est parce que tout dans le monde est mouvement, changement, instabilité, variation et multiplication ». Les êtres et les choses apparaissent ainsi ontologiquement mouvants et processuels.
Alors qu’aujourd’hui s’exacerbent les tensions et assignations identitaires, le défi actuel lancé aux acteurs éducatifs consiste à investir le concept de mobilité dans toute sa complexité –conjointement paradigme contemporain d’une société dite hypermoderne et invariant anthropologique– pour en faire le support du développement d’une citoyenneté active, inclure et travailler les principes civiques d’égalité, de liberté et de solidarité, afin d’équilibrer un paradigme de la mobilité qui reflète en partie une approche individualiste.
Quelles sont les perspectives et les démarches d’éducation à la mobilité pour tou.te.s (Ballatore, 2010) ? Dans quelle mesure la question du droit à la mobilité est-elle travaillée ?
Quels dispositifs permettent de décloisonner les cadres de l’éducation formelle, non-formelle et informelle pour concevoir une éducation à la mobilité globale, intégrant les pratiques de mobilité dans les différents temps de la vie, notamment le temps de l’école ou celui des études et le temps des loisirs ? Au-delà des temps de l’enfance et de la jeunesse, quelle éducation à la mobilité existe tout au long de la vie ?
Si les prescriptions institutionnelles tant nationales qu’internationales posent la nécessité de la mise en œuvre d’une didactique de l’altérité, il semble essentiel d’envisager les enjeux et moyens d’une approche englobante et volontariste : une Education à la mobilité de tous les acteurs éducatifs, aussi bien les « éduqué.e.s » que les « éducateurs/éducatrices », eux-mêmes co-acteurs et co-actrices de la mobilité (Gohard-Radenkovic, 2009). C’est aujourd’hui un champ qui reste à construire, nécessitant « de nouvelles intersections, pluridisciplinaires » (Gohard-Radenkovic, Murphy-Lejeune, 2008, 134), et des outils spécifiques permettant de s’approprier les enjeux tant philosophiques que socio-anthropologiques et sociétaux de la mobilité. En effet, les enjeux d’une Education à la mobilité sont étroitement articulés au développement de compétences socioculturelles et à l’indispensable prise en charge de la complexité de l’expérience de l’altérité, à toutes les échelles éducatives, spatiales et multimodales. Dans ce contexte, l’Education à la mobilité s’envisage donc comme une approche interdisciplinaire, à la croisée des champs d’autres « Educations à », et notamment –mais non exclusivement– l’Education aux médias. Ce colloque « Education à la mobilité » se propose donc d’explorer les enjeux et moyens d’une éducation à la mobilité à toutes les échelles du système éducatif –de l’école primaire à l’université–, et en direction de tous ses acteurs, aussi bien dans le cadre de l’éducation formelle que non formelle et informelle : interroger les fondements mêmes du concept de mobilité et leur articulation à une mise en œuvre didactique ; analyser des outils et expérimentations et leur efficience dans tous les champs et contextes éducatifs ; interroger les effets et enjeux de l’Education à la mobilité sur les identités professionnelles et les professionnalités en contextes éducatifs ; articuler didactique de la mobilité et didactique de l’altérité ; envisager l’Education à la mobilité en contexte pluri et multiculturels.
Les langues du colloque sont le français et l’anglais. Les propositions devront s’inscrire dans un des 4 axes ci-dessous :
- Pour une épistémologie de la mobilité en contextes d’éducation formelle, informelle et non formelle : polytopie de la mobilité, mobilité sociale -mobilité spatiale-mobilité virtuelle, mobilité - motilité, mobilité culturelle - mobilité physique, liberté et mobilité
- Expériences et défis des mobilités professionnelles, scolaires et universitaires : cadrages institutionnels, accompagnement/encadrement des mobilités, outils et ressources (incluant le numérique), méthodologies d’investigation et d'outillage de la mobilité (carnets de voyage, blogs, photographies...) ;
- Mobilités et identités polymorphes des acteurs de la mobilité (éducateurs et éduqués) :
- Situations de passage entre différents espaces, articulation des différents temps de la vie, construction de parcours de mobilité de chacun.e, articulation(s) aux didactiques disciplinaires, investigation de la réflexivité des acteurs dans les divers contextes d’éducation formelle, informelle, non formelle ;
- Mobilité et contextes pluri et multiculturels : didactique des langues et des cultures, compétences interculturelles, interculturalité du quotidien, identité et altérité linguistiques et culturelles.
Modalités de soumission
Les propositions de communication, en français ou en anglais –environ 500 mots– accompagnées d’une courte notice bio-bibliographique sont à renvoyer
pour le 10 septembre 2017
aux adresses suivantes :
Pour les propositions en français :
- magali.jeannin@unicaen.fr
- anne-laure.leguern@unicaen.fr
- elisabeth.schneider@unicaen.fr
Pour les propositions en anglais :
- N.Edmond@brighton.ac.uk
- magali.jeannin@unicaen.fr
- elise.ouvrard@unicaen.fr
Retours des propositions : 15 octobre 2017
Frais d’inscription
50 euros
Une publication des actes du colloque est prévue, selon des modalités encore à préciser.
Organisation
- Magali Jeannin,
- Anne-Laure Le Guern,
- Elisabeth Schneider
Comité scientifique
- Pablo Buznic-Bourgeacq, Université de Caen Normandie, ESPE
- Cathy Cohen, Université de Lyon 1
- Sandrine Depeau, CNRS, ESO
- Nadia Edmond, Université de Brighton
- Jean-François Grassin, Université de Lyon 1
- Nicolas Guichon, Université de Lyon 1
- Magali Jeannin, Université de Caen Normandie,
- Magali Hardouin, Université de Rennes 2, ESPE
- Isabelle Harlé, Université de Caen Normandie, ESPE
- Stéphanie Gasse, Université de Rouen
- Anne-Laure Le Guern, Université de Caen Normandie, ESPE
- Xavier Michel, Université de Caen Normandie, ESPE
- Florian Ouitre, Université de Caen Normandie, ESPE,
- Elise Ouvrard, Université de Caen Normandie, ESPE
- Ana Pinho, Universidade de Lisboa
- Silvia Melo-Pfeifer, Université de Hambourg
- Cédric Sarré, Université de Paris Sorbonne, ESPE de Paris,
- Élisabeth Schneider, Université de Caen Normandie, ESPE
- Jean-François Thémines, Université de Caen-Normandie, ESPE
- Shona Whyte, Université de Nice Sophia Antipolis
Comité d’organisation
- Sonia Clouet, Université de Caen, ESPE
- Cécile Dufy, Université de Caen, ESPE
- Magali Jeannin, Université de Caen, ESPE
- Anne-Laure Le Guern, Université de Caen, ESPE
- Julia Midelet, Université de Caen, ESPE
- Florian Ouitre, Université de Caen, ESPE
- Elise Ouvrard, Université de Caen, ESPE
- Christophe Pavie, Université de Caen, ESPE
- Elisabeth Schneider, Université de Caen, ESPE
- Olivier Sérazin, Université de Caen, ESPE
Bibliographie
Abdallah-Pretceille, M. (2008). « Mobilité sans conscience !... ». In Fred Dervin & Michael Byram, (dir.), Échanges et mobilités académiques. Quel bilan ? Paris : L’Harmattan, p. 215-231.
Anquetil, M. (2006). Mobilité Erasmus et communication interculturelle : une recherche-action pour un parcours de formation. Berne : Peter Lang.
Aubert, N. (dir.) (2004). L’individu hypermoderne. Ramonville Saint-Agne : Érès.
Ballatore, M. (2010). Erasmus et la mobilité des jeunes européens. Paris : PUF.
Bauman, Z. (2002). La société assiégée. Traduit de l’anglais par Christophe Rosson. Rodez : Le Rouergue / Chambon.
Bauman, Z. (2006). La vie liquide. Traduit de l’anglais par Christophe Rosson. Rodez : Le Rouergue / Chambon.
Brougère, G. & Fabbiano, G. (dir.) (2014). Apprentissages en situations touristiques. Villeneuve d’Asq : Presses Universitaires du Septentrion.
Cresswell, T. (2006). On the Move Mobility in the Modern Western World. Londres : Routledge.
Depeau, S. et Ramadier, T. (2011) Se déplacer pour se situer. Places et enjeux, enjeux de classes. Rennes : PUR
Dervin, F. (2008). « Erasmus : 20 ans d’hypermobilité/hypomobilité existentielle ? », in F. Dervin & A. Ljalikova (dir.) Regards sur les mondes hypermobiles. Mythes et réalités. Paris : L’Harmattan, p. 225-247.
Dubucs, H. et al. (2011). « Les circulants entre métropoles européennes à l’épreuve de leurs mobilités. Une lecture temporelle, spatiale et sociale de la pénibilité ». Articulo, n° 7 ‘Tiring mobilities’, https://articulo.revues.org/1810
Edensor, T. (2000). Tourists at the Taj Performance and Meaning at a Symbolic Site. Londres : Routledge.
Erlich, V. (2012). Les mobilités étudiantes, Paris : La documentation française.
Gallez C., & Kaufmann V. (2009). « Aux racines de la mobilité en sciences sociales ». In Flonneau M., Guigueno V. (dir). De l’histoire des transports à l’histoire de la mobilité. Presses universitaires de Rennes, p. 41-55.
Gohard-Radenkovic, A. (1999 ; 2004). Communiquer en langue étrangère. Berne : Peter Lang.
Gohard-Radenkovic, A., Murphy-Lejeune, E. (2008). « Introduction : mobilités et parcours », in Zarate, G., Lévy., Kramsch, C. (dir). Précis du plurilinguisme et du pluriculturalisme. Paris : Editions des archives contemporaines, p. 127-134.
Gohard-Radenkovic, A. (2009). « Peut-on former à la différence ? Peut-on « penser la différence » dans la mobilité ? » Interculturel et enseignement des langues spécialisées, volume II, Former à la compétence interculturelle, Les Cahiers de l’APLIUT, vol. XXVIII, n°2, p. 10-23.
Graham, S. (2012). Villes sous contrôle. La militarisation de l’espace urbain. Paris : La Découverte.
Hardouin, M. & Moro, B. (2014). « Étudiants en ville, étudiants entre les villes. Analyse des mobilités de formation des étudiants et de leurs pratiques spatiales dans la cité. Le cas de la Bretagne ». Norois, 230, p.73-89.
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Kaufmann, V. (2008). Les paradoxes de la mobilité, bouger, s’enraciner. Lausanne : Presses polytechniques et universitaires romandes.
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Laplantine, F. (1999). Je, nous et les autres. Paris : Le Pommier.
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Marzloff, B. (2005). Mobilités, Trajectoires fluides. La tour d’Aigues: Editions de l’Aube.
Molinié, M. (2014). (« Se) représenter les mobilités : dynamiques plurilingues et relations altéritaires dans les espaces mondialisés. France » . http://glottopol.univ-rouen.fr, 2014, Glottopol, Revue de sociolinguistique en ligne. <halshs-01435312>
Ollivro, J. (2005). « Les classes mobiles ». L’Information géographique, n° 3, p. 28-44.
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Ouvrard, E. & Thémines, J.-F. (2012). « Littérature jeunesse et anglais-géographie : quel(s) monde(s) construire en classe ? ». In Ici et ailleurs avec François Place, coll. « Résonance générale. Essais pour la poétique », Mont-de-Laval : L’Atelier du Grand Tétras, p. 59-79.
Picq, P. (2015). La marche. Sauver le nomade qui est en nous. Paris : Autrement.
Pugibet, V. (2004). Se former à l’altérité par le voyage dès l’école. Paris : L’Harmattan.
Ricoeur, P. (1990), Soi-même comme un autre. Paris : Seuil.
Schneider, E. (à paraître). La mobilité adolescente : approche géographique du mythe de l'effacement des distances. Sherbrooke : Nouveaux Cahiers de la Recherche en Éducation.
Sénèque (1945). Lettres à Lucilius, Paris : Les Belles Lettres, 1945.
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Urbain, J.-D. (1991). L’idiot du voyage. Histoires de touristes. Paris : Payot.
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Viard, J. (2006). Eloge de la mobilité. Essai sur le capital temps libre et la valeur travail. La Tour d’Aigues : Editions de l’Aube.
Vitali-Rosati, M. (2016), « Qu’est-ce que l’éditorialisation ? », in http://www.sens-public.org/article1184.html.
23-24 novembre 2017, ESPE de Caen, Université de Caen Normandie
Argument
In the current context, characterised by the intensification of exchanges and migratory movements as well as « the growing uncertainty and the flexibility of contemporary identities » (Gohard-Radenkovic, Murphy-Lejeune, 2008, 127) the concept of transnational mobility is frequently invoked as one of the paradigms of our “hypermodernity’ (Aubert, 2004). The concept of transnational mobility raises complex and sometimes contradictory issues which give it a polymorphous and polytopic dimension (Stock, 2006). Thus, to physical and geographical mobility is superimposed a mobility envisaged in terms of metaphors and processes (Urry, 2005) which are notably apparent in the blurring of the distinction between internal (village, class, region) and external (foreign, barbaric), close and distant (Viard, 2006).
Transnational mobility is consequently a frequently invoked concept when thinking about inclusion/exclusion in what might be called the “cultural space” and at different scales. Furthermore, lack of access to mobility, or its restriction, is a marker of social inequality (Marzloff, 2005). The link between social mobility, expressing change, and spatial mobility expressing displacement (Gallez, Kaufmann, 2009) reveals a kind of hierarchy of mobilities: the failure to recognise the learning from mobility of certain populations can be seen in opposition to the value given to learning for mobility (Brougere et Fabbiano, 2014).
In an educational context, “education, training and production become merged: to the school and the university’s socialisation function are added the acquisition of transferable skills (mobility, flexibility, adapatability) and competences which have become indispensable in the labour market” (Erlich, 2012:56). At the same time, we can see a diversification of mobilities (eg. circular vs linear mobilities) which become “hypermobilities” when they take on a multimodal, namely digital dimension, with the democratisation of access, both physical and virtual, to elsewhere. The perpetual circulation and immediacy of information and of all sorts of knowledge introduce the proliferation of possibilities in terms of exchange and sharing in a context of democratic appropriation enabled by digital tools which inscribe the individual in a dynamic of constantly evolving interaction (Vitali-Rosati, 2016). Mobility appears thus as a paradigm which opens up new forms of freedom and redeployment for the individual (see “in praise of mobility” according to Jean Viard).
Nevertheless, it is important to remember its problematic nature (Ortar and Lejoux, 2017). Zygmunt Bauman (2006) defines mobility as the signature concept of “fluid modern life” characterised by an increased exhortation to movement, to speed, in a context of quasi immediate obsolescence of objects and experiences. In this context, the ‘hypermodern’ individual is engaged in a race to performative mobility which structures his/her identity, which itself has become fluid, mobile and constantly ‘becoming’. However, the growth in population movements (economic migration, refugees…) and the externalisation of conflict lead to an attitude of withdrawal: hypermodern subjects are so many embattled individuals in a society itself embattled (Bauman, 2002), a frontier society in a full world in which “we are all internal people, permanent residents who have nowhere else to go” (24). Thus, in a professional context, real and symbolic sharing of spaces, temporalities and modes and fields of practice is often experienced as an intrusion. From that perspective, a number of analyses of contexts of hypermobility reveal findings of ‘hypomobility’ (Dervin, 2008, Anquetil, 2006, Abdallah-Pretceille, 2008, Erlich 2012) and even demands to the right to immobility (Hardouin et Moro, 2014: 77) which can be seen as only paradoxical in superficial appearance.
Nevertheless, are these obstacles to mobility - hypermobility, undemocratic access, withdrawal, hypomobility, directly attributable to our contemporary context? Do they not rather emerge from a trans-historic problematic? We should remember these lines from Seneca in the renowned letter XXVIII to Lucilius: Hoc tibi soli putas accidisse et admiraris quasi rem novam, quod peregrinatione tam longa et tot locorum varietatibus non discussisti tristitia gravitatemque mentis ? Animum debes mutare, non caelum. […] Quid terrarum iuvare novitas potest ? Quid cognitio urbium aut locorum ? Quaris quare te fuga ista non adiuvet ? Tecum fugis. Onus animi deponendum est : non ante tibi ullus placebit locus.[1] If travel is not necessarily good for the soul, it is because the travellers do not necessarily ask themselves about their own inherent involvement in the process, a questioning which requires reflexivity, a fundamental de-centring which allows “one to see oneself as others”. (Ricoeur, 1990) thereby rendering the experience of travel as experience of ‘otherness’. Thus the concept of mobility must also be understood in terms of its fundamentally anthropological dimension. François Laplantine (1999 : 81) reminds us of the ontological mobility of identity and of the subject and defends the idea of “pluralism of the self […] If I can understand others, it is because I am other than myself […] If we are always different from ourselves and never complete and closed, it is because the whole world is movement, change, instability, variation and multiplicity”. Beings and things are thus ontologically dynamic and emergent.
The current challenge to educators is to acknowledge the full complexity of the concept of mobility, both contemporary paradigm of a so called hypermodern society and anthropological invariant, to ensure that it supports the development of an active citizenship and includes and develops principles of social equality, liberty and solidarity in order to provide balance to a concept of mobility which reflects at least in part the dominant individualism. What are the perspectives on and approaches to education for mobility for all (Ballatore, 2010)? How do we interpret the question of the right to mobility? What steps might enable the de-compartmentalisation of education in its formal and less formal contexts to generate a global view of education for mobility which integrates mobility practices in all the spheres of life, namely schooling, study and leisure? Beyond childhood and youth, what education for mobility is there throughout the life span?
In a context in which national and international institutions prescribe a ‘pedagogy of otherness’ as necessary, it is essential to consider the issues and means for an inclusive and voluntary approach: an Education for mobility for all those involved in education, those being educated as well as educators themselves co-actors in the mobility (Gohard-Radenkovic, 2009). This is the field which today needs developing and this requires “new interdisciplinary intersections” (Gohard-Radenkovic, Murphy-Lejeune, 2008, 134) and specific tools which allow us to tackle the philosophical, the socio-anthropological and societal issues of mobility. In fact the issues raised by an Education for mobility are closely related to the development of sociocultural competences and the necessary acknowledgement of the complexity of the experience of ‘otherness’ at all educational, spatial and multimodal scales.
In this context, Education for mobility should be seen as an interdisciplinary approach, at the intersection of other Education ‘subjects’ and notably, but not exclusively, Media Education. This conference “Education for mobility” therefore proposes ; to explore the implications of education for mobility across the education system - from primary school to university - and relating to all those involved in both formal and less formal education settings ; to question the very foundations of the concept of mobility and their relationship with pedagogical implementation ; analyse tools and approaches and their effectiveness in all spheres of education; interrogate the impact of Education for mobility on professional identities and professionalism in education contexts; to articulate pedagogies of mobility and otherness; to consider Education for mobility in a pluri- and multicultural context.
The conference languages are French and English. Papers should address one of the four themes below :
- Towards an epistemology of mobility in formal and less formal education contexts : polytopic mobility, social mobility, spatial mobility, virtual mobility, physical mobility, cultural mobility, freedom and mobility.
- Experiences and challenges of professional, school and university mobilities : institutional framing of mobility, tools and resources (including digital), research approaches and tools supporting mobility (journals, blogs, photography …)
- Mobility and different identities of participants (educators and learners : Transitions between different settings, the inter-relationship of different life spheres, the construction of the course of the individual’s mobility , relationship with disciplinary pedagogies, study of reflexivity of participants in different education contexts (formal and informal).
- Mobility and plur- and multicultural contexts : linguistic and cultural pedagogy, intercultural competences, the intercultural nature of everyday life, linguistic and cultural identity and otherness.
Submission guidelines
Paper submissions, in French or English, of around 500 words and accompanied by authors’ brief biographical details should be returned
by the 10th September 2017
to the following addresses :
Pour les propositions en français :
For the English proposals :
Decision on submissions : 15/10/2017
Organisation
- Magali Jeannin,
- Anne-Laure Le Guern,
- Elisabeth Schneider
Registration fee
50 euros
Publication of the conference proceedings is anticipated, details to be determined.
Scientific committee
- Pablo Buznic-Bourgeacq, Université de Caen Normandie, ESPE
- Cathy Cohen, Université de Lyon 1
- Sandrine Depeau, CNRS, ESO
- Nadia Edmond, Université de Brighton
- Jean-François Grassin, Université de Lyon 1
- Nicolas Guichon, Université de Lyon 1
- Magali Jeannin, Université de Caen Normandie,
- Magali Hardouin, Université de Rennes 2, ESPE
- Isabelle Harlé, Université de Caen Normandie, ESPE
- Stéphanie Gasse, Université de Rouen
- Anne-Laure Le Guern, Université de Caen Normandie, ESPE
- Xavier Michel, Université de Caen Normandie, ESPE
- Florian Ouitre, Université de Caen Normandie, ESPE,
- Elise Ouvrard, Université de Caen Normandie, ESPE
- Ana Pinho, Universidade de Lisboa
- Silvia Melo-Pfeifer, Université de Hambourg
- Cédric Sarré, Université de Paris Sorbonne, ESPE de Paris,
- Élisabeth Schneider, Université de Caen Normandie, ESPE
- Jean-François Thémines, Université de Caen-Normandie, ESPE
- Shona Whyte, Université de Nice Sophia Antipolis
Organisation committee
- Sonia Clouet, Université de Caen, ESPE
- Cécile Dufy, Université de Caen, ESPE
- Magali Jeannin, Université de Caen, ESPE
- Anne-Laure Le Guern, Université de Caen, ESPE
- Julia Midelet, Université de Caen, ESPE
- Florian Ouitre, Université de Caen, ESPE
- Elise Ouvrard, Université de Caen, ESPE
- Christophe Pavie, Université de Caen, ESPE
- Elisabeth Schneider, Université de Caen, ESPE
- Olivier Sérazin, Université de Caen, ESPE
[1] Do you suppose that you alone have had this experience? Are you surprised, as if it were a novelty, that after such long travel and so many changes of scene you have not been able to shake off the gloom and heaviness of your mind? You need a change of soul rather than a change of climate. […] What pleasure is there in seeing new lands? Or in surveying cities and spots of interest? All your bustle is useless. Do you ask why such flight does not help you? It is because you flee along with yourself. You must lay aside the burdens of the mind; until you do this, no place will satisfy you.