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De l’homme naturel à l’homme artificiel

From the natural man to the artificial man

Réflexions sur l’instrumentalisation du vivant humain à l’ère de la « révolution biotech »

Reflections on the instrumentalisation of the living human in the era of the "biotech revolution"

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Publié le lundi 11 décembre 2017

Résumé

L’exosquelette de la technique élargit sans cesse les capacités physiques, psychologiques, intellectuelles, mnémotechniques, etc., de l’être humain en prolongeant ou en remplaçant ses organes naturels par des organes artificiels. L’on observe donc une extension et un agrandissement du corps humain à partir des prothèses opératives, sensorielles et cognitives. Si ces « béquilles technologiques » permettent de surmonter les ingratitudes et de « corriger » les imperfections de Dame-nature, il faut cependant craindre l’avènement d’une société constituée d’êtres hybrides et de « créatures vivantes technogènes » (Yves Michaud) qui augmenteraient leurs capacités pour le simple plaisir d’être des surhommes.

Annonce

Argumentaire

La « révolution biotech » (Rifkin, cité par Folscheid, 2006 : 232) de ces dernières décennies a propulsé notre civilisation dans une nouvelle ère caractérisée par la manipulation du vivant que le journaliste scientifique Hervé Kempf qualifie de « Biolithique » (Alexandre, 2011 : 33). En effet, avec l’essor des biotechnologies notamment, la « grande convergence NBIC » – Nanotechnologie, Biologie, Informatique et sciences Cognitives (Alexandre, 2011 : 12) –, l’homme a pris en main sa propre évolution/sélection biologique pour être plus beau, plus fort, plus sain, plus intelligent, etc. En prenant ainsi les commandes de son avenir, l’homme biotechnologique veut s’affranchir du système darwinien qui repose sur la sélection aveugle des caractères génétiques. Au lieu d’abandonner le sort de l’humanité au destin, au travail lent, aveugle et erratique de dame Nature, l’utopie biotechnoscientifique se place sous le signe d’une temporalité progressiste dont la finalité est de débarrasser la condition humaine des nécessités naturelles telles que la maladie, la vieillesse, la douleur, la mort, etc.

L’idée de ce remodelage ontologique et ontique de l’homme repose sur deux idées complémentaires :

- l’homme a une nature (nature naturelle) qui fait de lui un animal, et cette nature peut être transformée et augmentée en recourant à la créativité technologique ;

- l’homme n’a pas de nature (nature humaine), aucun obstacle ne s’oppose donc aux manipulations sur son corps (Folscheid, 2006 : 244).

L’homme des biotechnologies se réduit alors à son seul aspect corporel, à un simple amas de cellules pouvant faire l’objet de toutes sortes de manipulations dans le but de satisfaire les fantasmagories futurologiques du scientifique. Ce réductionnisme biologique opéré par la biotechnique offre à l’homme d’énormes possibilités, notamment celles d’améliorer son patrimoine génétique, d’augmenter ses capacités physiques, de pallier à sa dégénérescence biologique, de changer ses organes défectueux par des prothèses mécaniques, de tuer la mort, etc. Pourquoi limiter nos capacités physiques, mémorielle, cognitives, quand nous pouvons radicalement les transformer et les augmenter en utilisant toutes les ressources génétiques, biomécaniques et informatiques disponibles ?

L’optimisation technique de la « nature » humaine remplace progressivement les organes naturels par les organes artificiels. Grâce à nos « béquilles technologiques », nous avons considérablement enrichi, amélioré et augmenté nos aptitudes naturelles tout en « corrigeant » les imperfections de la Nature. Nous sommes devenus des Organismes Humains Génétiquement Modifiés, des êtres technogènes vivant dans une technosphère en constante évolution vers l’infini. L’utopie anthropotechnique, sous-tendue par la philosophie transhumaniste, permet de réactualiser la question fondamentale de Kant : « Qu’est-ce que l’homme ? »

Si cette question, en apparence désuète, est posée en pleine modernité scientifique, c’est parce que la « révolution biotech » a bouleversé nos repères culturels, philosophiques, esthétiques, moraux, etc. Dès lors, l’homme qui artificialise son corps, non pas dans une perspective thérapeutique et palliative, mais dans le but de devenir un surhomme, est-il encore membre de la communauté humaine ?En intervenant sur le génome de l’homme pour améliorer et optimiser ses capacités naturelles, réduire ou supprimer ses « anomalies » physiques et génétiques, ne sommes-nous pas en train de créer une inégalité biologique au sein de l’humanité, laquelle consisterait à séparer les individus aux gènes sains des « dégénérés », les valides des handicapés ?Aux États-Unis par exemple, la société Fairfax Cryobank propose aux parents de débourser 250 $ pour se faire inséminer par les gamètes d’une personne titulaire d’un Ph.D. (Benichou, 2006 : 133-134). Cette situation ne témoigne-t-elle pas d’une volonté eugéniste de contrôle et de perfectionnement de la descendance ? Pourquoi voulons-nous absolument abolir l’ambivalence de la condition humaine ? L’exosquelette de la technologie peut-il valablement remplacer la socialité et la solidarité humaines ?Quelles philosophies sous-tendent actuellement l’hyper-technicisation de la société ? Le désir d’être plus sain, plus beau, plus fort, plus performant, plus parfait, plus intelligent, etc., ne traduit-il pas le primat d’un certain hédonisme égocentrique sur les vertus de prudence et de tempérance ? Face aux multiples craintes que suscite l’âge de l’Homo faber, la sauvegarde de l’identité biologique et ontologique de notre espèce n’est-elle pas liée à l’avènement de l’Homo ethicus ?

Les champs non exhaustifs suivants peuvent être explorés :

  •  les biotechnologies et la question du handicap ;
  •  l’imbrication entre les organes naturels et les organes artificiels ;
  •  le transhumanisme et la question de l’amélioration de l’essence humaine ;
  •  le posthumanisme et la question de la fin de l’homme ;
  •  l’optimisme des bioprogressistes face au pessimisme des bioconservateurs ;
  •  les géronto-technologies ;
  •  Recherche et Développement Techno-scientifiques (RDTS) et respect de la dignité humaine ;
  •  Prothèses biotechnologiques et extension illimitée des possibilités humaines ;
  •  la régulation juridico-éthique des biotechnologies ;
  •  l’identité de la personne face à la reconstruction biotechnologique du corps ;
  •  l’eugénisme et la prévention du handicap ;
  •  droits fondamentaux de la personne et recherches biotechnologiques ;
  •  biotechnologies et inégalités économiques ;
  •  la technomédecine et l’idée d’immortalité ;
  •  médecine prédictive et santé parfaite ;
  •  biotechnologies et hédonisme ;
  •  biotechnologies et utilitarisme ;
  •  l’allongement de la durée moyenne de la vie et sa qualité ;
  •  le génie génétique ;
  •  le clonage ;
  •  la mécanisation du vivant ;
  •  chirurgie esthétique et remodelage du corps ;
  •  nanotechnologies ;
  •  l’homme bionique ;
  •  la nature naturelle et la nature artificielle ;
  •  l’hybridation entre l’homme et la machine ;
  •  l’intelligence artificielle et les neurosciences ;
  •  l’ingénierie et les technologies cognitives ;
  •  TIC et contrôle du comportement, etc.

Références bibliographiques

  •  Alexandre, Laurent (2011). La mort de la mort. Comment la technomédecine va bouleverser l’humanité, Paris, Jean-Claude Lattes.
  •  Folscheid, Dominique(2006). « Fin de l’homme ou post-humanité ? », in Christian Hervé et Jacques-Jean Rozenberg (sld), Vers la fin de l’homme ?, De Boeck-Université, pp. 227-248.
  •  Grégory, Benichou (2006). « Comment transformer l’humain en sable », in Christian Hervé et Jacques-Jean Rozenberg (sld), Vers la fin de l’homme ?, De Boeck-Université, pp. 127-144.
  •  Michaud, Yves (2001). Humain, inhumain, trop humain. Réflexion sur les biotechnologies, la vie et la conservation de soi à partir de l’œuvre de Peter Sloterdijk, Paris, Climats.

Proposition de communication

Écrites en français ou en anglais et limitées à 500 mots, les propositions de contribution, qui peuvent s’inscrire dans l’un des champs identifiés ci-dessus, devront être envoyées

avant le 15 février 2018

aux adresses suivantes : fogou_ana@yahoo.fr ; tabekowilliams33@gmail.com. Chaque projet d’article sera suivi d’une brève notice biobibliographique de l’auteur (150 mots maximum).

Protocole de rédaction des articles

1- Descripteurs. Identifier 05 descripteurs (ou mots-clés) qui situent le contenu (domaine, sujet, auteurs, théorie, etc.).

2- Résumé. Fournir un résumé de l’article exposant clairement la problématique, l’orientation méthodologique et les résultats de la communication.

3- Citations. Lorsqu’une citation a plus de quatre lignes, la mettre en retrait (2 cm Gauche) et en italique sans guillemets, suivie de l’appel de la référence (voir n° 4). Mettre entre crochets [...] les lettres et les mots ajoutés ou changés dans une citation, de même que les points de suspension indiquant l’omission d’un ou de plusieurs mots. Les autres citations de moins de quatre lignes sont intégrées dans le texte, mises entre guillemets et sans italique.

4- Appel des références. Méthode APA (American Psychological Association), i.e (Auteur, année : page) comme suit : (Jonas, 1998 : 62)

5- Liste des références. Dresser la liste des œuvres citées et des publications utilisées pour la réflexion ; les classer selon l’ordre alphabétique des auteurs. Présenter les références selon les modèles suivants ; ne pas oublier d’indiquer le prénom de l’auteur, l’année de publication, la ville de publication (maison d’édition et revue).

Exemples :

- Jonas, Hans (2001). Le phénomène de la vie. Vers une biologie philosophique, trad. D. Lories, Bruxelles, De Boeck Université, collection « Sciences, Éthique, Société ».

- Bourg, Dominique(2002). « Principe de précaution, mode d’emploi », in Sciences humaines, n° 124, pp. 28-29.

Remarque : Pour un article paru dans une revue en ligne, les règles sont les mêmes. Toutefois, il faut préciser obligatoirement l’adresse URL à laquelle le document est accessible ainsi que de la date de consultation.

Exemple : Flipo, Fabrice (2012). « Pour des droits de la nature », in Mouvements, n° 70, pp. 122-139. [En ligne], URL : http://www.cairn.info/publications-de-Flipo-Fabrice--4637.htm (page consultée le 22 mai 2014).

6- Longueur de l’article. Quinze pages au plus à interligne simple, police 12, caractère Times New Roman.

Coordonnateurs

  1. Anatole FOGOU, Université de Maroua-Cameroun, École Normale Supérieure, Département de Philosophie
  2. Williams Fulbert YOGNO TABEKO, Université de Maroua-Cameroun, Faculté des Arts, Lettres et Sciences Humaines, Département de Philosophie-Psychologie 

Catégories


Dates

  • jeudi 15 février 2018

Contacts

  • Williams Fulbert Yogno Tabeko
    courriel : tabekowilliams33 [at] gmail [dot] com
  • Anatole Fogou
    courriel : fogou_ana [at] yahoo [dot] fr

Source de l'information

  • Williams Fulbert Yogno Tabeko
    courriel : tabekowilliams33 [at] gmail [dot] com

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« De l’homme naturel à l’homme artificiel », Appel à contribution, Calenda, Publié le lundi 11 décembre 2017, https://doi.org/10.58079/z1z

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