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Les logiques et la portée des modèles économiques

The logic and scope of economic models

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Publié le mardi 12 décembre 2017

Résumé

La faculté des sciences juridiques, économiques et sociales AïnChock de l’université Hassan II - Casablanca, organise un colloque en vue de nourrir le débat public au Maroc et de contribuer à la compréhension des questions soulevées plus loin, voire à alimenter les décideurs en repères utiles pour les stratégies qu’ils établissent. Le colloque est ouvert à des contributions relatives à l’expérience de divers pays et notamment la Malaisie,la Corée, le Brésil, la Chine…

 

Annonce

Contexte

La dernière décennie a connu la survenance d’une importante crise financière qui n’a pas manqué d’impacter la sphère réelle de l’économie et de donner lieu à une récession économique d’une ampleur grave et étendue.

Comme il en est souvent avec les crises qui suscitent des changements, celle de la fin de la première décennie du millénaire a donné lieu à une profonde réflexion sur la pertinence des modèles économiques adoptés dans les pays touchés. Bien plus, elle a ravivé les débats sur les questions de durabilité de la croissance, de développement et a notamment remis sur la scène de la question de la répartition (Piketty (2013)) par exemple, qui a traité de l’aggravation des inégalités dans des pays pourtant industrialisés et des plus riches.

Cette remise en cause des schémas selon lesquels fonctionnent les économies est justifiée par des enjeux politiques certes mais elle est légitimée aussi par les déséquilibres sociaux persistants et que la crise mentionnée n’a fait qu’exacerber. Maintenant dans le cas de pays en développement comme le Maroc, la problématique est plus systémique puisqu’elle s’inscrit dans la durée.

L’histoire de la pensée économique est pourtant riche en références et repères analytiques qui pourraient inspirer les décideurs : Rostow (1962) avait établi un premier schéma des étapes de la croissancepar lesquelles, selon un déterminisme implicite, les Etats devaient passer et réussir leur développement. Kuznets (1955) avec sa courbe en U inversé était venu répondre aux détracteurs de la croissance, qui s’inquiétaient des limites qu’elle connait en laissant se développer des inégalités et persister des poches de pauvreté : il a ainsi expliqué que les économies passent certes par une phase où la croissance engendre une aggravation des inégalités, mais la courbe atteint un seuil au-delà duquel la croissance les atténue et les richesses produites profitent de plus en plus à toutes les composantes de la société.

Plus tard, Lucas (1988) et Romer (1986) expliquent comment par la diffusion d’externalités positives, le capital humain favorise l’amélioration de la productivité et par suite la croissance économique et les IDE avec les transferts de technologies qu’ils supposent. Barro (1991) a procédé aux premières vérifications empiriques de ces théories. L’intérêt de ces théories de la croissance endogène est double du point de vue des axes de notre colloque : car si l’on considère l’éducation par exemple, elle apparait à la fois comme facteur de développement mais aussi comme indicateur permettant de mesurer l’étendue des inégalités.

Plus récemment J. Stiglitz (2008) a alimenté une réflexion sur « le nouveau modèle économique inédit de la Chine » et les raisons de son succès. Citons également l’ouvrage collectif publié par la Banque mondiale en 2012 sous la direction de Justin Yifu Lin et dont les contributeurs sont nombreux dont Anne Krueger, Joseph Stiglitz…, des auteurs connus depuis plus de 40 ans par leurs travaux sur les stratégies de développement et de croissance.

Dans cet ouvragevolumineux et exhaustif, consacré à la « nouvelle économie structuraliste », les auteurs sont revenus sur plusieurs aspects aussi divers que le financement de l’économie, les stratégies industrielles et la spécialisation des économies, le rôle de l’Etat dans les changements structurels…Evoquons enfin les débats suscités par la parution des travaux de Piketty (2013) sur les inégalités inhérentes aux dynamiques différenciées des rémunérations des facteurs travail et capital.

Ces travaux cherchent à élucider les facteurs du développement et les mécanismes de la répartition des fruits de la croissance, condition de la stabilité de celle-ci.

Le débat en vigueur au Maroc n’échappe naturellement pas à ces questionnements. Ainsi les réalités économiques et surtout leur traduction sociale interpellent plusieurs sphères :

  • Celles des chercheurs académiques qui travaillent sur les données et tentent de comprendre ce qui dans les comportements des agents économiques explique que la croissance observée parvient à atténuer les taux de pauvreté mais sans annihiler la précarité ni la persistance des inégalités. Ces dernières telles qu’appréhendées par des indicateurs comme que le coefficient de Gini montrent les limites les plus inquiétantes du modèle économique marocain; en effet ce coefficient stagne autour 39,51, or il est admis que le seuil d’intolérance socialeest de 42.
  • Celles des institutions publiques : voir les travaux du HCP, les rapports du Conseil Economique et Social et de l’Environnement ou encore de l’Observatoire National du Développement Humain. La banque centrale (Bank Al Maghrib) recèle également des informations et analyses ; et la politique monétaire qu’elle met en œuvre agit pour une part non négligeable sur la conjoncture. Il ya également les divers départements ministériels.
  • Celles des autorités politiques, soucieuses de la stabilité sociale et de l’amélioration du bien-être.

Globalement, on distingue trois grands modèles2 :

Le modèle « public - individualiste »qui caractérise les pays du nord de l’Europe. Les pouvoirs publics y garantissent un certain niveau de vie pour tous : les politiques publiques y jouent en effet un grand rôle de redistribution qui atténue fortement les inégalités et accroît les possibilités de tendance à l’égalisation des chances d’épanouissement dans la société, avec notamment l’accès généralisé à l’éducation et une santé de qualité. Dans ce modèle, le bien-être des individus relève essentiellement des préoccupations des autorités publiques qui ne se « déchargent pas » sur les familles ou les réseaux communautaires ou sociaux.

Le modèle « familialiste méditerranéen »qui se traduit par un rôle dévolu aux membres de la famille ou aux acteurs de l’économie solidaire, pour pallier les défaillances du secteur public (pour l’accès aux soins par exemple); ce modèle prévaut dans les pays en développement. Dans ce modèle le rôle redistributif des finances publiques n’est souvent pas performant et de ce fait ne favorise pasla rupture de la transmission inter-générations de la pauvreté et des inégalités.

Le modèle à prévalence de « responsabilité partagée ». La logique sous-jacente à ce modèle consiste à trouver un équilibre entre le rôle dévolu à la famille ou aux réseaux communautaires et celui dévolu aux pouvoirs publics, à des degrés divers et avec des modalités différenciées; il s’agit par exemple des cas de la France, du Royaume-Uni et de l’Allemagne.

Objectifs du Colloque

Dans ce contexte la Faculté des Sciences Juridiques, Economiques et Sociales AïnChock de l’Université Hassan II - Casablanca, organise un colloque les 22 et 23 Mars 2018, en vue de nourrir le débat public au Maroc et de contribuer à la compréhension des questions soulevées plus haut, voire à alimenter les décideurs en repères utiles pour les stratégies qu’ils établissent. Le colloque est ouvert à des contributions relatives à l’expérience de divers pays et notamment la Malaisie,la Corée, le Brésil, la Chine…

Nous souhaitons que l’espritdes communications soient « policyoriented » et de ce fait, traitent:

  • de modèles économiques, au sens de stratégies et de politiques cohérentes mises en œuvre dans divers pays,
  • de politiques qui semblaient solidement définies mais qui ont abouti à des résultats décevants ; quels facteurs expliquent ces échecs ? ,
  • d'approches théoriques permettant de comprendre les mécanismes d’articulation des stratégies et de leurs impacts.

Axes du colloque

Les communications mettront l’accent sur les questions suivantes, mais le comité scientifique recevra toute autre soumission de thèmes récurrents relatifs au concept de modèle économique :

  • Analyse de l’histoire des réformes au Maroc et ailleurs, avec une analyse des raisons de leurs réussites et limites.
  • Analyse du poids et des manifestations des déséquilibres économiques et sociaux.
  • Liens entre croissance économique et emploi dans divers pays, quels enseignements ?
  • Liens entre investissement et emploi, idem.
  • Politique monétaire et ses interactions avec la croissance : les conditions de financement de l’économie.
  • Politique budgétaire et les incitations ou blocages qu’elle comporte.
  • Rôle différencié des indicateurs de la compétitivité au sens large (cf. les rapports du World Economic Forum) pour la croissance : par exemple, le poids du contexte judiciaire.
  • Croissance, inégalités et pauvreté.
  • Rôle de l’éducation dans la réduction des inégalités économiques.
  • Contribution de l’amélioration de la santé à la croissance.
  • Place de l’art et de la culture dans le développement et la croissance.
  • Analyses et enseignements de l’histoire économique de pays comparables au Maroc au début des années 70 et ayant émergé depuis.

Calendrier

  • Lancement de l’appel à communications : Mardi 7 Novembre 2017.
  • Date limite de réception des propositions de communications, sous forme de résumés des questions à traiter : 22 Décembre 2017

  • Réponse du comité scientifique : le 5 Janvier 2018
  • Réception des versions finales des communications : le 23 Févier 2018
  • Colloque les 22 et 23 Mars 2018.

Les propositions de communication devront être envoyées àfmourji@gmail.com; oamegrissi@gmail.comet à gasseme.amine@gmail.com

Comité scientifique

  • Martine Audibert,
  • Claudio Araujo,
  • Jean-François Brun,
  • Mohamed Douidich,
  • Abdeljaouad Ezrari,
  • Ahmed Ghazali,
  • Thami Ghorfi,
  • Michaël Goujon,
  • Abdelwahad Gourch,
  • Larbi Jaïdi,
  • Brahim Kettani,
  • Abdellatif Komat,
  • Salah Kouba,
  • El Bachir Kouhlani,
  • Abdellatif Maazouz,
  • Jacky Mathonnat,
  • Mohamed Fouzi Mourji,
  • Abdeouahad M’daghri Alaoui,
  • M’Hamed Sagou,
  • Yasser Yeddir Tamsamani,
  • Simona Safarikova,
  • Azzouz Tnifass,
  • Marco Zupi.

Comité d’organisation

  • Oumaima Amegrissi,
  • Amine Gasseme,
  • Abdellatif Komat,
  • Salah Koubaa,
  • Mohamed Moslih,
  • Mohamed FouziMourji.

Notes et références

1 Le graphique fourni en annexe de cette note de présentation du colloque, donne l’évolution du taux de pauvreté au Maroc ainsi que les niveaux du coefficient de Gini.

2 Cette classification nous a été inspirée lors de la préparation du chapitre « articulation modèle économique et modèle social au Maroc » destiné à paraître dans le rapport 2017 de l’ONDH (Observatoire National du Développement Humain) sur le développement humain.

Lieux

  • Campus Casablanca Route d'EL Jadida
    Casablanca, Maroc (20000)

Dates

  • lundi 22 janvier 2018

Mots-clés

  • développement, modèle, Maroc, croissance, éducation, santé, politique économique

Contacts

  • Fouzi Mourji
    courriel : fmourji [at] gmail [dot] com

Source de l'information

  • Yasser Tamsamani
    courriel : yassertamsamani [at] yahoo [dot] fr

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Les logiques et la portée des modèles économiques », Appel à contribution, Calenda, Publié le mardi 12 décembre 2017, https://doi.org/10.58079/z21

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