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Of the visible and invisible in the manufacture of the city and urban studies
Du visible et de l’invisible dans la fabrique de la ville et les études urbaines
Epistemological and critical perspectives
Regards épistémologiques et critiques
Published on Wednesday, January 31, 2018
Abstract
Cet appel à textes de la revue Territoire en mouvement s’appuie sur plusieurs hypothèses. Tout d’abord, bien des objets ou processus invisibles pourraient encore être mis en lumière pour ce qu’ils contribuent à la fabrique et au fonctionnement de la ville. D’autre part, considérant que ce qui est visible ou invisible ne l’est pas de fait, mais résulte de choix (in)conscients, la dualité visible/invisible comme clé de lecture permettrait d’interroger les processus de visibilisation et d’invisibilisation, et donc les rapports de forces à l’œuvre entre objets ou acteurs (institutionnels ou profanes). Cette perspective analytique est à même de mettre en lumière les valeurs qui concourent aujourd’hui, d’une part à la fabrique de la ville et d’autre part, à la production de la recherche urbaine de l’autre.
Announcement
Argumentaire
Bien des recherches se sont attelées à mettre en lumière des objets ou processus peu visibles qui pourtant régissent la fabrique et le fonctionnement de la ville, en s’emparant explicitement de cette dialectique du visible ou de l’invisible comme catégorie d’analyse (par exemple : Bonnin, 2008 ; Choné, 2012 ; De Boeck et Plissart, 2005 ; Devisme, 2014 ; Latour et Hermant, 2009), ou plus souvent implicitement, en mobilisant alors d’autres dialectiques : inclusion/exclusion ; centre/périphérie ; dominant/dominé ; matériel/immatériel ; formel/représentations ; visuel/multisensoriel.
Cet appel à textes s’appuie sur plusieurs hypothèses. Tout d’abord, bien des objets ou processus invisibles pourraient encore être mis en lumière pour ce qu’ils contribuent à la fabrique et au fonctionnement de la ville. D’autre part, considérant que ce qui est visible ou invisible ne l’est pas de fait, mais résulte de choix (in)conscients, la dualité visible/invisible comme clé de lecture permettrait d’interroger les processus de visibilisation et d’invisibilisation, et donc les rapports de forces à l’œuvre entre objets ou acteurs (institutionnels ou profanes). Cette perspective analytique est à même de mettre en lumière les valeurs qui concourent aujourd’hui, d’une part à la fabrique de la ville et d’autre part, à la production de la recherche urbaine de l’autre.
Ce numéro de la revue Territoire En Mouvement invite les auteurs à porter un regard épistémologique, réflexif et critique selon deux axes :
- Sur l’intérêt scientifique (ou les limites) d’analyser la ville et son fonctionnement à travers la dialectique de la visibilité / invisibilité,
- Sur les processus de survisibilisation de certains thèmes ou types de recherche aux dépens d’autres, qui, de fait, se feraient plus périphériques et moins visibles.
Axe 1. Mieux comprendre la ville en analysant l’invisible et l’invisibilisé
Multiples sont les objets urbains dont l’invisibilité est inversement proportionnelle à leur nécessité pour le fonctionnement de la ville. Il n’est que de penser aux réseaux souterrains (Fernandez, 2014) ou aux millions de données numériques qui circulent entre les citadins et qui permettent d’organiser, de réguler et de gérer nos manières d’habiter (Wachter, 2011). Outre ces objets urbains spécifiques, l’invisibilité peut aussi concerner certains groupes de la population. Ces invisibilités peuvent avoir des raisons pratiques et techniques, comme elles peuvent être pensées pour favoriser l’acceptabilité d’objets, de projets ou de situations sociales susceptibles de générer une controverse.
La visibilité des sans-abri dans les espaces publics, considérée souvent comme un obstacle à l’attractivité d’une ville, est réduite à travers divers mécanismes de criminalisation de la pauvreté ou d’aménagements hostiles à leur présence (Terrolle, 2004). Certain-e-s infrastructures (antennes relais ou bornes électriques) peuvent également faire l’objet d’une dissimulation de leur fonction première à travers leur embellissement ou mise hors champ à travers leur enfouissement.
Dans cette perspective, les auteurs sont invités :
- À mettre en lumière les actants invisibles, ou peu visibles (systèmes sociotechniques, systèmes de régulation et groupes sociaux), qui participent à la production, au fonctionnement et/ou à la vie de la ville. Il conviendra d’analyser les raisons de ces invisibilités et les processus qui les sous-tendent : quels systèmes et groupes sociaux invisibles participent à la conception, à la production, à la gestion et à la vie de la ville contemporaine ? Comment comprendre ces invisibilités ? Sont-elles liées à la nature de ces objets ou groupes sociaux ou sont-elles le fruit de stratégies d’effacement, de camouflage, d’invisibilisation ? En quoi l’analyse de dynamiques invisibles permet-elle de mieux comprendre les logiques qui sous-tendent la fabrique de la ville ?
- À interroger l’intérêt scientifique de mobiliser le visible ou l’invisible, comme catégorie d’analyse de phénomènes sociaux, urbains, paysagers ou architecturaux, non encore analysés sous cet angle : quel est l’intérêt d’interroger les dynamiques urbaines au prisme du visible ou de l’invisible ? En quoi ce prisme pose-t-il de nouvelles questions sur la ville et les manières dont on la pense ? En quoi le thème de l’« invisible » peut-il renouveler les questionnements sur des sujets et dynamiques traités jusque-là à travers d’autres prismes ? Dans quelle mesure cela peut-il renouveler les réflexions sur les rapports de pouvoir dans la ville ?
Axe 2. Interroger les modalités de la recherche urbaine et les dynamiques d’invisibilisation et/ou de survisibilisation qui en découlent
La dialectique de la visibilité et de l’invisibilité semble également se manifester au sein de la recherche urbaine. En effet, au fil de l’urgence de certaines thématiques, de l’engouement pour certains sujets et des effets de modes, la saturation du champ des études urbaines par quelques objets tend à en invisibiliser d’autres. À l’instar des petites villes (Authier et Bidou-Zachariasen, 2017), souvent oubliées des grands débats théoriques, de nombreux objets urbains paraissent en effet absents de la recherche.
Au-delà de l’actualité et des crises, le fonctionnement de la recherche semble également jouer un rôle dans l’invisibilisation de certains objets. Les financeurs des projets de recherche paraissent privilégier de plus en plus les consortiums d’acteurs académiques, universitaires, économiques et industriels. De manière concomitante, la production de nouveaux savoirs semble de plus en plus n’avoir d’intérêt que si ces derniers participent, dans la même recherche, et suivant les codes de la recherche appliquée, au développement d’outils ou produits appropriables par le monde professionnel. Les recherches dissociant les temps de la production de savoirs de celle d’outils semblent de plus en plus marginalisées, et c’est alors, possiblement, tout un pan de la recherche dans ses méthodes et contenus qui se voit progressivement marginalisée. Pour autant, ces mécanismes de visibilisation ou d’invisibilisation mériteraient d’être explorés plus en profondeur dans les articles attendus.
Les auteurs sont donc invités à interroger ces processus à travers lesquels se dessine au sein de la recherche urbaine une dualité visible/invisible structurée par - et structurant - les objets considérés comme prioritaires, les financements attribués, les mécanismes de valorisation, etc., révélant par conséquent une vision sous-jacente de ce que sont les enjeux urbains actuels et de manière plus générale de ce qu’est la ville. Quelles sont les logiques qui amènent un objet à devenir plus visible qu’un autre dans la recherche urbaine ? Que disent ces dynamiques sur les modalités de financement et de valorisation de la recherche urbaine en France ou à l’étranger ? Comment expliquer la mise en visibilité ou au contraire l’invisibilisation, par la recherche urbaine et ses financeurs, de certains thèmes, sujets ou objets ?
Références bibliographiques
- Bonnin P., 2008, Ville Visible, Ville Invisible, in J. Boissonade, S. Guével, F. Poulain, Ville Visible, Ville Invisible – La jeune recherche urbaine en Europe, Paris, L’Harmattan, pp. 9-11
- Choné C., 2012, Villes invisibles et écritures de la modernité : vers une nouvelle géographie de l’identité, programme MISHA, 2009-2012.
- De Boeck F. et Plissart M., 2005, Kinshasa, Récits de la ville invisible, Paris, La Renaissance du livre, 285 p.
- Devisme L. (coord.), 2014, Péri-Ville invisible : enjeux et outils d’un urbanisme descriptif, Du périurbain à l’urbain, Rapport de recherche pour le compte du PUCA.
- Fernandez M., 2014, Approche topographique historique du sous-sol parisien : 1800-2000. La ville épaisse, genèse et évolutions morphologiques, thèse sous la direction d’André Guillerme, Paris, CNAM.
- Latour B et Hermant E., 1998, Paris ville invisible, Les empêcheurs de tourner en rond & Le Seuil, 160 p.
- Terrolle D, La ville dissuasive : l’envers de la solidarité avec les SDF, Espaces et Sociétés, vol 1-2, n° 116-117, pp. 143-157.
- Wachter S, 2011, La ville numérique : quels enjeux pour demain ? , Métropolitiques, 28 novembre 2011, en ligne : http://www.metropolitiques.eu/La-ville-numerique-quels-enjeux.html.
Consignes aux auteurs
Les articles sont à envoyer à Maryvonne Prévot (prevot.maryvonne@neuf.fr) et à l’adresse temrevue@univ-lille1.fr
au plus tard le 1 juin 2018.
Les articles peuvent être rédigés en français ou en anglais. Un article publié dans la revue Territoire en Mouvement ne dépasse pas 50 000 signes (espaces compris) et est rédigé selon le respect des consignes de la note aux auteurs de la revue (http://tem.revues.org/1379).
Les modalités d’envoi des différents formats de fichiers doivent aussi être respectés (se conformer aux informations de la note aux auteurs : http://tem.revues.org/1379).
Les articles sont évalués en double aveugle.
Pour information, la revue Territoire en Mouvement comprend une rubrique « Pré-publication » qui propose, au fil de l’eau, des articles acceptés pour publication par le comité de rédaction, dans l’attente de leur insertion dans un numéro thématique selon la programmation de la revue et l’avancement des travaux du comité de rédaction pour finaliser la publication des numéros thématiques.
La revue Territoire en Mouvement est notamment indexée dans SCOPUS et le DOAJ, référencée par le Hcéres pour le domaine géographie, aménagement-urbanisme et architecture.
Calendrier
- Date limite pour l’envoi des articles : 1 juin 2018.
- Date de publication prévisionnelle : premier trimestre 2019.
Contacts
- Maryvonne Prévot : prevot.maryvonne@neuf.fr
- Silvère Tribout : silvere.tribout@univ-grenoble-alpes.fr
- Antonin Margier : antonin.margier@gmail.com
- Christophe Leclercq : c.leclercq@cegetel.net
Responsables du numéro
Maryvonne Prévot
Maître de Conférences HDR en Urbanisme
Université de Lille
TVES EA 4477
prevot.maryvonne@neuf.fr
Silvère Tribout
Maître de Conférences en aménagement et urbanisme
Université Grenoble Alpes
UMR PACTE 5194
silvere.tribout@univ-grenoble-alpes.fr
Antonin Margier
Chercheur post-doctoral en aménagement et urbanisme
Fédération Universitaire et Polytechnique de Lille
Chaire Explorateurs de la Transition
antonin.margier@gmail.com
Christophe Leclercq
Architecte DPLG
Enseignant en aménagement et urbanisme
Université de Lille
Institut d’Aménagement et d’Urbanisme de Lille
c.leclercq@cegetel.net
Subjects
Date(s)
- Friday, June 01, 2018
Keywords
- études urbaines, ville, visible, invisible, urbanisme, aménagement
Contact(s)
- Maryvonne Prévot
courriel : maryvonne [dot] prevot [at] univ-lille [dot] fr - Christophe Leclercq
courriel : c [dot] leclercq [at] cegetel [dot] net - Sylvère Tribout
courriel : silvere [dot] tribout [at] univ-grenoble-alpes [dot] fr - Antonin Margier
courriel : antonin [dot] margier [at] gmail [dot] com
Information source
- PHILIPPE DEBOUDT
courriel : philippe [dot] deboudt [at] univ-lille [dot] fr
License
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To cite this announcement
« Of the visible and invisible in the manufacture of the city and urban studies », Call for papers, Calenda, Published on Wednesday, January 31, 2018, https://doi.org/10.58079/zga