AccueilInformation scientifique et diffusion des savoirs : entre fragmentations et intermédiaires

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Information scientifique et diffusion des savoirs : entre fragmentations et intermédiaires

Scientific information and the distribution of knowledge - between fragmentation and intermediaries

Revue française des sciences de l’information et de la communication

Revue française des sciences de l’information et de la communication journal

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Publié le mercredi 21 mars 2018

Résumé

Pour ce dossier thématique, la contribution des sciences de l’information et de la communication, se situe dans l’analyse des processus info-communicationnels des enjeux énoncés, à savoir la fragmentation croissante et l'hybridation accrue des modèles et des processus de production, de diffusion et de partage de savoirs scientifiques, et la diversification des acteurs impliqués. La granularité de l’information scientifique, jusque-là liée à l’article scientifique, s’affine à ses contenus et s'émancipe dans une certaine mesure de plus en plus du modèle de l'article scientifique. Les formats des contenus scientifiques se diversifient et font l'objet de recherche sur les moteurs de recherche, de citation et d’indexation sans oublier les différents canaux de partage de diffusion numériques. De nouveaux modèles de revues et de plateformes voient le jour pour diffuser et valoriser les différents niveaux de granularité de ces contenus scientifiques.

Annonce

Argumentaire

Il ne se passe pas une semaine sans que l’information scientifique fasse l’objet d’une actualité dans la presse (nationale ou internationale) ou dans les blogs spécialisés, pour relayer les derniers évènements d’une évolution, d’une rupture, ou bien encore d’une transformation. Parmi les sujets qui reviennent le plus souvent à la une des titres, la généralisation annoncée de l’Openness (Chartron & Schöpfel, 2017) (Neylon, 2017), des réseaux sociaux académiques (Baudry & Bouchard, 2017) qui prennent une place toujours plus importante dans les pratiques des chercheurs, le problème des revues prédatrices qui “harponnent” des chercheurs soumis à la pression de la publication (Tzarnas, 2014), ou bien encore les “bibliothèques pirates” qui jouent les “Robins des Bois” (Cabanac, 2016) de la publication scientifique pour des communautés de chercheurs en demande d’un accès direct et sans limite aux articles scientifiques.

Cette actualité témoigne des évolutions qui agitent l’univers de l’information scientifique, majoritairement dans les domaines des sciences et de la santé, même si les sciences humaines et sociales ne sont pas en reste. La littérature scientifique, qui documente ces évolutions, montre qu’outre les sciences de l’information et de la communication, plusieurs disciplines se saisissent des enjeux de ces évolutions. Ce dossier thématique a donc pour objectif de proposer des travaux inédits en lien avec les modalités de conception, de production, de médiation et de valorisation de savoirs scientifiques afin de proposer à la fois un état de l’art des recherches en sciences de l’information et de la communication et de rassembler, dans une perspective résolument interdisciplinaire, des travaux issus de la sociologie des sciences, l’économie, les sciences politiques, l’histoire des sciences, l’anthropologie, l’éthique, les sciences de la culture ou bien encore les Sciences and Technology Studies (Lamy & Saint-Martin, 2007). La pluridisciplinarité des analyses est en effet en résonance avec la complexité des tensions qui se jouent actuellement pour l’information scientifique numérique.

Sans remettre en question l’apport et la pertinence de ces approches pluri-disciplinaires pour ce dossier thématique, la contribution des Sciences de l’Information et de la Communication, se situe dans l’analyse des processus info-communicationnels des enjeux énoncés, à savoir la fragmentation croissante et l'hybridation accrue des modèles et des processus de production, de diffusion et de partage de savoirs scientifiques, et la diversification des acteurs impliqués (Boukacem-Zeghmouri, 2015a). La granularité de l’information scientifique, jusque-là liée à l’article scientifique, s’affine à ses contenus et s'émancipe dans une certaine mesure de plus en plus du modèle de l'article scientifique. Les formats des contenus scientifiques se diversifient et font l'objet de recherche sur les moteurs de recherche, de citation et d’indexation sans oublier les différents canaux de partage de diffusion numériques. De nouveaux modèles de revues et de plateformes voient le jour pour diffuser et valoriser les différents niveaux de granularité de ces contenus scientifiques.

Ces transformations se manifestent comme une nouvelle phase d’industrialisation du champ de l’information scientifique, et s’accompagnent de la montée en puissance des intermédiaires du Web et d’initiatives émanant d’acteurs publics. En regard des acteurs traditionnels de la publication scientifique, ces initiatives proposent de nouvelles formes de diffusion d’information et de savoirs scientifiques.

Ces deux tendances sont intriquées et se renforcent l’une l’autre pour créer des tensions qui posent de nouvelles questions. C’est à ces questions que ce dossier thématique entend se consacrer. Le dossier vise donc précisément à investir la complexité des enjeux qui découlent des transitions qui se jouent actuellement pour l’information scientifique. Il accueille des contributions théoriques et empiriques, issues du monde académique et du monde professionnel, dédiées à rendre compte des mutations qui sont en cours.

Les propositions attendues émargeront à l’un des 4 axes décrits ci-dessous :

Axe 1. Nouveaux intermédiaires et anciens médiateurs de l’information scientifique : affrontements ou ajustements ?

Le premier axe de cet appel à articles accueille des contributions qui analysent les tensions qui se jouent entre les acteurs historiques de l’information scientifique (éditeurs, bibliothèques, agences d’abonnements) et les nouveaux intermédiaires (moteurs de recherche, réseaux sociaux grand public et réseaux sociaux académiques) (Boukacem-Zeghmouri, 2015b). Les premiers sont de plus en plus souvent remis en question dans leur « utilité », tandis que les autres sont remis en questions dans leur « légitimité ». Les travaux attendus au sein de cet axe analyseront donc les stratégies différenciées de captation de valeur de ces acteurs pour se concurrencer, cohabiter, voire dans certains cas coopérer, ceci alors même que les modes de gouvernance des savoirs produisent des injonctions paradoxales (Dillaerts, 2017). Nous mettons donc au cœur de cet axe deux types de questionnements. D’abord, la transformation des rôles et des missions des acteurs historiques qui tentent de maintenir leur place en développant de nouveaux contenus et de nouveaux services. Ensuite, les stratégies déployées par les intermédiaires pour prendre pied dans la filière et monétiser leur valeur.

Axe 2. Questionner les pratiques de conception du document scientifique fragmenté

Cet axe a pour ambition d’aborder une thématique encore peu couverte par la littérature : l’évolution des pratiques de conception des chercheurs sous l’effet de la fragmentation et de l’hybridation accrue des modes de production et de diffusion des savoirs. Celle-ci, intégrée aux nouveaux modèles de publication (article du futur, Mégarevues, Data Journals), devient une valeur à part entière pour la diversification des formes et des modes de production des acteurs historiques, mais aussi des nouveaux intermédiaires. Cet axe thématique entend donc interroger la résonnance des processus de fragmentation dans les pratiques de conception des chercheurs, à l’ère de la Super Science pour les sciences et à l’ère des Digital Humanities pour les sciences humaines et sociales. Il s’agit par la même occasion de comprendre dans quelle mesure, ces pratiques de conception fragmentée participent – ou non – à des intentionnalités de recherches ouvertes et collaboratives (Cotte, 2017). De manière corollaire, il est question de rendre compte d’un mécanisme supplémentaire dans la professionnalisation des chercheurs qui participe ainsi aux mutations du statut du document scientifique.

Axe 3. Nouvelles compétences, nouveaux métiers de l’information scientifique

Les mutations de l’information scientifique, exacerbées par les discours de l’Openness, ne sont pas sans conséquences sur la reconfiguration des compétences et des métiers de l’édition scientifique, des bibliothèques et de la recherche. Ces reconfigurations sont valorisées par des curriculums destinés aux « artisans » de la science contemporaine, ouverte et collaborative. Les données de la recherche - avec leurs outils, compétences et métiers corollaires - devenues un véritable enjeu de professionnalisation pour l’ensemble des acteurs de l’information scientifique, sont certainement l’exemple le plus représentatif des enjeux politiques et institutionnels que suscitent les nouvelles formes de professionnalisation (et de diplomation) pour l’information scientifique (Schöpfel, Prost, 2016 ; Schöpfel, Prost, Rebouillat, 2016). Pour autant, peu de travaux proposent une analyse critique de ces reconfigurations qui s’appuient aux technologies numériques pour mettre en place à la fois, un nouveau marché de l’emploi, et de nouvelles régulations propres à une informationnalisation de la société (Miège, 2004). Cet donc à ce type de propositions que l’axe 3 est dédié, afin de mieux comprendre la contribution des reconfigurations professionnelles à celles de l’information scientifique.

Axe 4. Promesses collaboratives et interdisciplinaires, à l’heure de la fragmentation

Parmi les effets d’annonce des discours des acteurs de l’information scientifique (acteurs traditionnels et intermédiaires) autour de l’Openness, l’interdisciplinarité est une valeur sur laquelle les discours convergent (Dillaerts, 2014). De même que les plateformes développent des services et des fonctionnalités dédiées aux démarches, dites “collaboratives et interdisciplinaires” des chercheurs. Dans le même temps, les politiques publiques de la recherche scientifique et les agences de moyens et de financement de la recherche valorisent dans leurs modalités d’appel à projets et d’évaluation la collaboration et l’interdisciplinarité comme un critère d’originalité et d’excellence. Cet axe vise à interroger la réalité de ces effets d’annonce à l’aune du paradigme de la collaboration (Bouquillion, 2013). Les propositions attendues discuteront les articulations et les tensions qui existent entre, d’une part la réalité des pratiques de collaboration et d’interdisciplinarité des chercheurs, telles qu’elles sont inscrites dans leur culture scientifique et disciplinaire. Et d’autre part les nouveaux modèles de diffusion des savoirs (Mégarevues, Articles augmentés, Blogs scientifiques...) destinés à favoriser et à véhiculer une pratique plus collaborative et plus interdisciplinaire de la science.

Conditions de soumission

La diffusion de cet appel à articles se fait dans sa version française et anglaise. Les propositions peuvent donc se faire en français ou en anglais. Ceci a pour but d’optimiser les échanges et les discussions d’une thématique à la fois internationale et pluridisciplinaire.

Ce numéro thématique propose des articles de recherches (5000 à 7000 mots), ainsi que des études de cas pratiques (retours d’expérience, réflexions sur les pratiques professionnelles) en lien avec les axes de ce numéro thématique (1200 à 2000 mots).

Les propositions doivent être envoyées à hans.dillaerts@univ-montp3.fr et cherifa.boukacem-zeghmouri@univ-lyon1.fr.

La Revue française des sciences de l’information et de la communication(http://rfsic.revues.org/) est une revue scientifique en ligne éditée par la Société française des sciences de l’information et de la communication, inscrite dans la liste des revues scientifiques établie par le Conseil national des universités (section 71, sciences de l’information et de la communication) et le Haut Conseil de l’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur.

Calendrier

  • 15 avril 2018 : Envoi des propositions d'articles (environ 1200 mots)

  • 15 mai 2018 : Réponse d'acceptation ou de rejet des propositions
  • 15 juillet 2018 : Envoi des articles complets pour évaluation
  • 15 septembre : Envoi des commentaires des évaluations aux auteur.e.s
  • 1er novembre : Envoi des textes définitifs

Pour les normes, se référer à celles de la revue : https://rfsic.revues.org/401

La Revue française des sciences de l’information et de la communication (http://rfsic.revues.org/) est une revue scientifique en ligne éditée par la Société française des sciences de l’information et de la communication, inscrite dans la liste des revues scientifiques établie par le Conseil national des universités (section 71, sciences de l’information et de la communication) et le Haut Conseil de l’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur.

Coordinateurs scientifiques

  • Dossier coordonné par
    Hans DILLAERTS (Université Paul-Valéry Montpellier 3, LERASS-CERIC) Courriel : hans.dillaerts@univ-montp3.fr,
    et Chérifa BOUKACEM-ZEGHMOURI (Université de Lyon, Lyon 1- Elico) Courriel : cherifa.boukacem-zeghmouri@univ-lyon1.fr

Références bibliographiques indicatives

  • Boudry Christophe, Bouchard, Aline., 2017. Réseaux sociaux académiques et diffusion de la production scientifique des chercheurs en biologie/médecine. L’exemple de ResearchGate. Médecine Sciences 33 (6/7), 647–652.
  • Boukacem-Zeghmouri Chérifa., 2015a. Mutations dans la sous-filière de la revue scientifique dans les domaines STM : une analyse par les industries culturelles. Habilitation à Diriger des Recherches, Université Claude Bernard, Lyon 1.
  • Boukacem-Zeghmouri Chérifa., 2015b. Nouveaux intermédiaires de l’information : nouvelles logiques de captation de la valeur. Information, Document, Données (4), 34–35.
  • Bouquillion Philippe, Miège, Bernard., Moeglin, Pierre., 2013. L’industrialisation des biens symboliques : les industries créatives en regard des industries culturelles. Presses Universitaires de Grenoble.
  • Cabanac Guillaume (2016). Bibliogifts in LibGen ? A study of a text-sharing platform driven by biblioleaks and crowdsourcing. Journal of the Association for Information
  • Science and Technology, 67(4) :874–884. doi : 10.1002/asi.23445
  • Chartron Ghislaine, Schöpfel Joachim (dir.) (2017). Libre accès aux publications et sciences ouvertes en débat (numéro thématique). RFSIC, http://journals.openedition.org/rfsic/2868
  • Cotte, Dominique (2017). Économies scripturaires, formes documentaires et autorité. Réflexions et esquisse d’analyse des architextes de la science ouverte. Communication & Langages (192), pp. 117-129.
  • Dillaerts Hans (2014). Le libre accès et le financement de projets de recherche transversaux : des vecteurs d’interdisciplinarité dans l’économie de la connaissance ? Revue européenne des sciences sociales, vol. 52, n° 1
  • Dillaerts Hans (2017). Ouverture et partage des résultats de la recherche dans l’économie de la connaissance européenne : Quelle(s) liberté(s) de circulation pour l’IST ? Communication et Management, vol. 14, n° 1
  • Lamy Jérôme, Saint-Martin Arnaud. Un dilemme pratique : sociologie et histoire des sciences au prisme des STS. Carnets de bord en sciences humaines, 2007, pp. 52-64.
  • Miège Bernard, 2004. L’information-communication, objet de connaissance. De Boeck, Bruxelles.
  • Neylon Cameron., 2017. Openness in scholarship : A return to core values ? In : Chan, L., Loizides, F. (Eds.), Expanding Perspectives on Open Science : Communities, Cultures and Diversity in Concepts and Practices. IOS Press, pp. 6–17, URL http://dx.doi.org/10.3233/978-1-61499-769-6-6
  • Schopfel Joachim, Prost Hélène, 2016. Research data management in social sciences and humanities : A survey at the University of Lille (France). LIBREAS. Library Ideas, 29
  • Schopfel Joachim, Prost Hélène, Rebouillat Violaine, 2016. Research Data in Current Research Information Systems. 13th International Conference on Current Research Information Systems, CRIS2016, 9-11 June 2016, Scotland, UK, Jun 2016, St Andrews, United Kingdom. Procedia Computer Science 2016, 2016
  • Tzarnas Stephany, Tzarnas, Chris. D., 2014. Publish or perish, and pay - the new paradigm of Open-Access journals. Journal of Surgical Education 72 (2), 283–285.

Dates

  • dimanche 15 avril 2018

Mots-clés

  • Information scientifique et technique, libre accès, édition scientifique, science ouverte, communication scientifique, interdisciplinarité, revues scientifiques, openness, métiers, pratiques scientifiques, pratiques de collaboration

Contacts

  • Hans Dillaerts
    courriel : hans [dot] dilaerts [at] univ-montp3 [dot] fr
  • Chérifa Boukacem-Zeghmouri
    courriel : cherifa [dot] boukacem-zeghmouri [at] univ-lyon1 [dot] fr

Source de l'information

  • Hans Dillaerts
    courriel : hans [dot] dilaerts [at] univ-montp3 [dot] fr

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Information scientifique et diffusion des savoirs : entre fragmentations et intermédiaires », Appel à contribution, Calenda, Publié le mercredi 21 mars 2018, https://doi.org/10.58079/zuf

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