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Théories et méthodes à travers l'usage du numérique

Theories and methods via the digital hub

Numéro 14 de la revue « Parcours anthropologiques »

Parcours anthropologiques journal, issue 14

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Publié le mercredi 04 juillet 2018

Résumé

Nous attendons des articles issus ou mobilisant diverses disciplines des sciences humaines et sociales qui présentent des usages des technologies numériques comme méthodes d’enquête capable de répondre à des exigences théoriques que l’attention soit portée à l’expression d’un sujet, à la relation à l’environnement et à l’activité collective. Ces différents points peuvent être combinés pour permettre de saisir, par exemple, des stratégies de préservation de soi, des modalités d’apprentissage ou encore des modes de négociation avec l’entourage humain et/ou non humain.

Annonce

Argumentaire

Si l’enquête ethnologique ou anthropologique reposait en grande partie sur le langage en accordant une place centrale à l’entretien (mené en présentiel et de manière statique) et à la description ethnographique de type manuscrite, elle faisait la part belle au corps du chercheur (peu souvent interrogé – voir cependant; Andrieu, 2017, 2010; Mazzocchetti et Piccoli, 2016; Cerclet, 2015, 2014; Favret-Saada, 1990) : observer, écouter, patienter ou encore sentir et accorder de l’importance aux vibrations, aux émois et aux relations avec l’environnement.

Bien que divers chercheurs aient noté des lacunes dans la formation universitaire sur l’anthropologie du cyberespace et sur l’ethnographie virtuelle aux États-Unis et en France (Lévy et Lasserre, 2011) et que Forte évoque à ce propos « une révolution ratée » (2002), le numérique est parvenu à se faire une place de choix à travers l’enregistrement de la voix (des entretiens mais aussi des ethnotextes, des contes et toutes formes de sonorités organisées) en augmentant la qualité sonore et en réduisant l’encombrement du matériel. Souvenons-nous qu’Arnold Van Gennep parvenait à reconstituer intégralement un entretien de plusieurs heures une fois son bureau regagné. Mais comme certains médecins qui ont troqué l’art de la palpation et de l’écoute pour les scanners et les IRM, certains ethnologues et anthropologues succombent aux charmes des nouvelles technologies. Ainsi, l’usage des téléphones intelligents, des caméras numériques, dont certaines sont dites à 360°, des capteurs de mouvement, des GPS embarqués ou des oculomètres est devenu plus courant. Ces instruments font peu à peu partie de la panoplie du parfait ethnologue.

N’est-ce qu’un engouement technique, une mode liée à une généralisation de la médiation technologique ou une véritable mutation ? Grâce au numérique, l’ethnologue et l’anthropologue ne cherchent-ils pas un accès privilégié aux modalités d’établissement d’un rapport au monde toujours en train de se faire ? En privilégiant la mesure dans les démarches scientifiques, ces emplois du numérique n’instaurent-ils pas une distanciation entre le chercheur et le participant ? S’agit-il de mener l’enquête dans un monde toujours changeantou bien s’agit-il d’observer des manières de faire inaccessibles à l’œil et aux autres sens, nus ?

Les approches de type écologique fleurissent ces dernières années et semblent être autant de symptômes d’un tournant entamé selon certains par Berkeley, Bergson, James, von Uexküll (2004), Husserl, Merleau-Ponty (2006, 1981) puis Berque (2016, 2015) et Ingold (2011, 2009). Elles ont pour effet de déplacer les intérêts de la recherche en se focalisant sur les relations plutôt que sur les êtres et les objets et en développant des approches de types osmotiques plutôt que systémiques (dans la lignée de Zazzo, 1974). Le lien tressé entre perception et action (Gibson, 2014; Berthoz, 2009, 1997; Noé, 2005, entre autres; Jeannerod, 1997) conduit à s’intéresser aux postures, aux gestes mais aussi aux prises et à tout ce qui permet le déroulement des actes, désormais nécessairement partageables et partageants.

Les approches telles que celle de Ingold considèrent les relations comme indéfectiblement sociales, résultant de l’immersion des individus et de leur activité commune dans un même environnement. Les objets qui deviennent significatifs émergent du déplacement, de l’action et de la perception. De là à privilégier une anthropologie de l’action (Piette, 2009; Alvarez-Pereyre, 2001), une culture d’action (Barbier, 2010) ou encore mettre à jour des communautés de pratiques (Wenger, 1998) il ne semble y avoir qu’un pas.

Mais l’action est rapide, toujours changeante, les gestes et leurs contextes d’usage sont nombreux et hétérogènes. L’observation nécessite de mettre en place des protocoles d’observation et de transcription rigoureux et surtout de pouvoir, comme ce fut le cas à partir des retranscriptions, de voir et de revoir, de regarder et d’observer jusqu’à incorporer les significations telles qu’elles peuvent être vécues à la première personne, en présentiel et en virtuel. Parce qu’il s’agit aussi de questionner la relation sensible que le chercheur entretient avec son terrain en tant que vecteur de la compréhension, les supports numériques paraissent présenter toutes les qualités de partageabilité nécessaire à un travail en équipe.

Nous attendons des articles issus ou mobilisant diverses disciplines des sciences humaines et sociales qui présentent des usages des technologies numériques comme méthodes d’enquête capable de répondre à des exigences théoriques que l’attention soit portée à l’expression d’un sujet, à la relation à l’environnement et à l’activité collective. Ces différents points peuvent être combinés pour permettre de saisir, par exemple, des stratégies de préservation de soi, des modalités d’apprentissage ou encore des modes de négociation avec l’entourage humain et/ou non humain.

Coordinateurs

  • Denis Cerclet (Environnement, Ville, Société EVS-UMR 5600, Université Lumière Lyon 2)
  • Mouloud Boukala (Centre Cultures, Arts, Sociétés CELAT, Université du Québec à Montréal)

Modalités de soumission des textes

Les chercheurs (chercheur, enseignant-chercheur, doctorant, post-doctorant) de toutes les disciplines des sciences humaines et sociales sont invités à adresser des articles originaux, en français ou en anglais, fondés sur des données de recherche empiriques et n'ayant pas déjà fait l'objet d'une publication dans des revues, ouvrages ou actes de colloques.

Ces propositions doivent être envoyées par courrier électronique au format .doc uniquement à l'adresse suivante : denis.cerclet@univ-lyon2.fr, boukala.mouloud@uqam.ca. Elles peuvent être accompagnées de documents photographiques et/ou vidéos de bonne qualité.

Un accusé de réception sera adressé en retour.

Échéancier

1er octobre 2018 : Soumission des articles (50 000 caractères : espace, notes et bibliographie compris)

  • 15 novembre 2018 : Fin du processus d’évaluation par les pairs et communication des résultats aux auteurs.
  • 20 décembre 2018 : Dépôt des versions finales des articles retenus.
  • 20 février 2019 : Publication de la revue en ligne.

Références bibliographiques

Frank ALVAREZ-PEREYRE, « Une anthropologie de l’action », Journal des anthropologues [En ligne], no 85-86, 2001, mis en ligne le 1er juin 2002. URL : http://jda.revues.org/2919 

Bernard ANDRIEU, Le monde corporel de la constitution interactive de soi, Lausanne, L'Âge d'Homme, 2010.

B. ANDRIEU, L’écologie corporelle. Tome 2. Émersion vivante et techniques écologiques, Paris, L’Harmattan, 2017.

Jean-Marie BARBIER, « Cultures d'action et modes partagés d'organisation des constructions de sens », Revue d'anthropologie des connaissances, vol. 4, no 1, 2010, pp. 163-194.

Augustin BERQUE, Écoumène. Introduction à l’étude des milieux humains, Paris, Belin, 2015.

A. BERQUE, « La relation perceptive en mésologie : du cercle fonctionnel d’Uexküll à la trajection paysagère », Revue du MAUSS, vol. 1, no 47, 2016, pp. 87-104.

Alain BERTHOZ, Le sens du mouvement, Paris, Odile Jacob, 1997.

A. BERTHOZ et Yves CHRISTEN, Neurobiology of "Umwelt". How Living Beings Perceive the World, New York, Springer, 2009.

Denis CERCLET, « Marcel Jousse : à la croisée de l’anthropologie et des neurosciences, le rythme des corps », Parcours anthropologiques, no 9, 2014, pp. 24-38.

D. CERCLET, « Au cœur de la relation moi-autrui-le monde, le geste », Rhuthmos [en ligne], mis en ligne le 15 mars 2015. URL : http://rhuthmos.eu/spip.php?article1508

Jeanne FAVRET-SAADA, « Être affecté », Gradhiva, no 8, 1990, pp. 3-9.

Maximilian C. FORTE, « Another revolution missed: Anthropology of cyberspace », Anthropological News [en ligne], vol. 43, no 9, décembre 2002. URL : https://zeroanthropology.net/2007/10/15/another-revolution-missed-anthropology-of-cyberspace/

James J. GIBSON, Approche écologique de la perception visuelle, Bellevaux, Éditions Dehors, [1979] 2014.

Emmanuel GRIMAUD, « Le point de vue de la pupille. Mouvement oculaire et infra- perspectivisme », in Catherine RÉMY et Laurent DENIZEAU (dir.), La vie, mode mineur, Paris, Presses des Mines, 2015. pp. 115-142.

E. GRIMAUD, « From the squid’s point of view: Mountable cameras. Flexible studios and the perspectivist turn », in Alex WILKIE and Ignacio FARÍAS (dir.), Studio Studies : Operations, Topologies & Displacements, Londres / New York, Routledge, Taylor & Francis Group, 2016, pp. 56-69.

Marc JEANNEROD, The cognitive neuroscience of action, New York, Blackwell, 1997.

Tim INGOLD, « Point, line and counterpoint: From environment to fluid space », in Alain BERTHOZ et Yves CHRISTEN (dir.), Neurobiology of "Umwelt". How Living Beings Perceive the World, New York, Springer, 2009, pp. 141-155.

T. INGOLD, Une brève histoire des lignes, Bruxelles, Zones sensibles, 2011.

T. INGOLD, « Prêter attention au commun qui vient. Entretien avec Martin Givors et Jacopo Rasmi », Multitudes, no 68, 2017, pp. 157-169.

Joseph J. LÉVY et Évelyne LASSERRE, « Internet, savoirs et savoir faire : de quelques perspectives anthropologiques », Anthropologie et Sociétés, vol. 35, no 1-2, 2011, pp. 17–34. DOI : 10.7202/1006366ar

Jacinthe MAZZOCCHETTI et Emmanuelle PICCOLI (dir.), « Ethnographier l’intime, les silences et les situations de violence », Parcours anthropologiques [en ligne], no 11, 2016, mis en ligne le 20 décembre 2016. URL : http://journals.openedition.org/pa/471 

Maurice MERLEAU PONTY, Phénoménologie de la perception, Paris, Gallimard, [1945] 1981.

M. MERLEAU PONTY, Le visible et l’invisible, Paris, Gallimard, [1964] 2006.

Alva NOÉ, Action in perception, Cambridge (London), The MIT Press, 2005.

Albert PIETTE, Anthropologie existentiale, Editions Pétra, coll. « Anthropologiques », 2009.

Jakob VON UEXKÜLL, Mondes animaux et monde humain. Suivi de La théorie de la signification, Denoël, Paris, [1956] 2004.

Etienne WENGER, Communities of practice. Learning, Meaning and Identity, Cambridge (London), Cambridge University Press, 1998.

René ZAZZO (dir.), L’attachement, Neuchâtel (Suisse), Delachaux et Niestlé, [1974] 1992.

Catégories


Dates

  • lundi 01 octobre 2018

Mots-clés

  • numérique

Contacts

  • Denis CERCLET
    courriel : denis [dot] cerclet [at] univ-lyon2 [dot] fr
  • Mouloud Boukala
    courriel : boukala [dot] mouloud [at] uqam [dot] ca

URLS de référence

Source de l'information

  • Mouloud Boukala
    courriel : boukala [dot] mouloud [at] uqam [dot] ca

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Théories et méthodes à travers l'usage du numérique », Appel à contribution, Calenda, Publié le mercredi 04 juillet 2018, https://doi.org/10.58079/10k8

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