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The production and circulation of knowledge in gender in the South
Production et circulation des savoirs sur le genre au Sud
Published on Wednesday, July 18, 2018
Abstract
Ces journées d’étude proposent d’analyser les conditions de production des savoirs sur le genre, en partant des pays dits du Sud. Il s’agit d’une part de mettre en évidence les dynamiques locales, régionales et globales, de production et de circulation de ces savoirs sur le genre et d’autre part de s’intéresser au contenu de ces savoirs et d’en souligner les spécificités (ou non) sur les plans théorique et épistémologique.
Announcement
Journées d’études – 17-18 Décembre 2018 – CEIAS (CNRS/EHESS), Paris
Argumentaire
Ces journées d’étude proposent d’analyser les conditions de production des savoirs sur le genre,en partant des pays dits du Sud. Il s’agit d’une part de mettre en évidence les dynamiques locales, régionales et globales, de production et de circulation de ces savoirs sur le genre et d’autre part de s’intéresser au contenu de ces savoirs et d’en souligner les spécificités (ou non) sur les plans théorique et épistémologique.
L’objectif premier de ces journées est d’éclairer la fabrique des savoirs sur les femmes et le genre dans les pays du Sud, et non pas au sujet de ces pays. En effet, les études sur les femmes, féministes et de genre, leurs histoires, idées et concepts clés, commencent à être bien documentés dans les cas de l’Europe et des États-Unis (Lagrave 1990; Brown 1997; Bereni etal. 2008; Clair & Heinen 2013). Ceci est moins vrai pour les pays dits du Sud, le plus souvent envisagés comme terrains d’étude et réceptacles de concepts élaborés par les espaces savants du Nord (Mohanty 1984 ; Naples et Desai, 2002 ; Desai, 2005 ; Spivak 2009). En s’intéressant aux savoirs tels qu’ils sont élaborés et théorisés dans les pays dits du Sud, ces journées visent donc à questionner les rapports de pouvoir qui sous-tendent le discours scientifique et savant –y compris les études de genre, et notamment, mais pas exclusivement, les rapports Nord-Sud (Bhaskaran 2004; Dutoya 2016).
Cependant, il ne s’agit pas d’envisager la fabrique des savoirs uniquement par le prisme de larelation Nord-Sud. En effet, sans nier l’émergence première du concept de genre en Amérique du nord, le paradigme de la diffusion et de la dépendance théorique n’est pas toujours pertinent (John 2014a). Si l’on prend l’exemple de l’Inde, les études sur les femmes s’y sont développées dès les années 1970, et on compte aujourd’hui plus d’une centaine de centres d’études sur les femmes. Malgré l’importance et la richesse de la littérature produite à ce sujet par les actrices de ce processus (Rege 1997; Bhagwat & Rege 2002; John 2014b), cette histoire et ses débats sont peu connus au-delà du sous-continent. De même, l’apport théorique des travaux sur legenre en Afrique demeure encore trop souvent négligé (Amadiume, 1987 ; Oyewumi, 1997 ;2003 ; Imam, Mama et Sow, 2004 ; Cornwall, 2005 ; Sow, 2009).
Dans ce contexte, l’objectif de ces journées d’étude est de comprendre comment sont élaborés les savoirs sur le genre, par qui, et avec quels contenus. La production des savoirs sur le genre sera envisagée de façon décloisonnée et décentrée, afin de tenir compte de la diversité des sites de production de ces savoirs, et de la pluralité des choix épistémiques et théoriques. Pour cela, trois axes d’analyse ont été retenus :
1/Sites et conditions de production des savoirs sur le genre
Le premier axe s’intéressera aux conditions de production des savoirs sur le genre, en privilégiant les approches sociologiques, attentives aux propriétés des actrices et des acteurs, et à l’historicité des processus étudiés (Cîrstocea, 2010b).
Quelles sont les propriétés et les trajectoires sociales des acteurs et actrices impliqué.e.s ? Quelles sont leurs ressources et capitaux ? Quels sont leurs parcours universitaires etprofessionnels ? Par ailleurs, quelles sont les conditions institutionnelles, tant locales que globales, de production de ces savoirs ? Les communications pourront également s’intéresser aux conditions matérielles de la fabrique des savoirs, aux financements en particulier, qui peuvent être locaux ou internationaux (Hatton 1994), publics ou privés. Traiter ces questions implique une attention particulière aux différents espaces de production des savoirs sur le genre qui ne se limitent pas au contexte universitaire ou aux organisations féministes et peuvent inclure des organisations non-gouvernementales, les institutions internationales, les think tanks.
2/La production globalisée des savoirs et leur circulation
Le deuxième axe analysera les dynamiques de diffusion, de réception et d’appropriation de ces savoirs (Marques-Pereira et al. 2010; Cîrstocea 2010a). S’il est possible d’aborder directement ces questions au travers des acteurs et des institutions internationaux (Tickner et Sjoberg, 2011 ;Caglar, Prügl et Zwingel, 2013; Bustelo, Ferguson et Forest, 2016), dans le cadre de ces journées d’étude, la focale sera mise sur les acteurs locaux avec l’objectif de rendre compte d’un triple travail : travail de sélection (quels savoirs, concepts, auteur.e.s sont lus et diffusés ?), de marquage (qui sont les passeur.e.s et comment marquent-ils les savoirs ?) et de lecture (comment sont interprétés les savoirs ?) (Bourdieu 2009; Cîrstocea 2010b).
Les communications pourront ainsi porter sur les institutions, les réseaux et les individu.e.s quipermettent la diffusion internationale des savoirs. Quel est par exemple le rôle des organisations internationales (Saiget, 2015 ; 2017) ou encore des institutions scientifiques internationales (Heilbron, Guilhot et Jeanpierre, 2009) ? Comment les carrières et les institutions s’internationalisent et quels sont les liens entre la globalisation des savoirs sur le genre et celle du féminisme ? Quel est le rôle des échanges Sud-Sud et constituent-ils ou non des alternatives à la domination des pays du Nord (Valdés 2014) ? On pourra également s’intéresser aux dynamiques d’inclusion et d’exclusion qui caractérisent ces processus d’élaboration des savoirs et construisent un entre soi (Fuest 2010). La perception des « migrations intellectuelles »(Heilbron, Guilhot et Jeanpierre, 2009, p. 129) des universitaires et intellectuels mérite à ce titre d’être interrogée. En quoi l’internationalisation peut-elle constituer une ressource, mais aussi une faiblesse, dans un contexte postcolonial où l’ « authenticité » et l’enracinement peuventêtre des atouts ?
3/ Le genre au Sud : épistémologie et usages
On s’intéressera enfin au contenu des savoirs sur le genre et à leurs usages. En premier lieu, il serait utile de s’interroger sur les stratégies de traduction (Kaplan, Keates et Scott, 1997) du genre, c’est-à-dire aux opérations de réinterprétation et d’ajustement de ces concepts afin de permettre l’émergence d’un « idiome commun entre les différentes sources de production de savoirs de genre » (Stoffel, 2011 : 134). Comment le concept de genre est-il traduit, et avec quelles définitions ? Dans le contexte universitaire, quelles disciplines se montrent les plus ouvertes à ce concept, et pourquoi ?
Un enjeu récurrent est celui de la dénomination choisie : faut-il parler des études sur les femmes, féministes, de genre, queer, et dans quelle langue ? Cette question se retrouve en Amérique dunord ou en Europe (Lagrave 1990; Richardson & Robinson 1994), mais les arguments mobilisés au Sud mettent souvent en avant la spécificité des pays du Sud en opposition à « l’Occident » (que les pratiques et concepts qui lui sont attribués soient fondés ou non). Ainsi, les choixépistémologiques sont souvent inscrits, sans s’y limiter, dans des débats plus larges surl’impérialisme, la domination du Nord ou l’imposition des normes internationales. À cet égard, la mise en commun et la comparaison des usages du concept de genre et des définitions qui ensont données permettra de discuter l’hypothèse de la dilution du potentiel critique de ce concept, au profit d’un usage institutionnel essentiellement descriptif des inégalités entre les hommes et les femmes (Cîrstocea, 2010a). Il sera également possible d’engager une réflexion critique surles approches postcoloniales du genre (Rao 2014). Quelles reformulations du genre proposent-elles, et en quoi ces reformulations reposent-elles sur des traditions intellectuelles locales (John 2014a) ? Quelle est la réception de ces approches dans les pays du Sud, et sont-elles toujoursperçues comme émancipatrices ?
La mise en dialogue des trois axes permettra d’engager une réflexion sur la fabrique et la circulation des savoirs sur le genre au Sud, en s’intéressant aussi bien aux processus concrets qu’aux productions théoriques. Pour ce faire, les communications reposant sur des données empiriques (observations, entretiens notamment prosopographiques, analyse documentaire detype socio-historique) seront privilégiées et les approches ethnographiques seront appréciées. Les jeunes chercheur.e.s ainsi que les chercheur.e.s basé.e.s dans les pays dits du Sud sont particulièrement invité.e.s à proposer un papier. Les frais liés à la participation du colloque pourront être pris en charge.
Modalités de soumission
Les propositions de communication devront être envoyées en anglais ou en français aux organisatrices :
avant le 10/09/2018
Les propositions d’une à deux pages devront inclure un titre,un résumé mettant en évidence une question de recherche, la méthodologie et les données mobilisées, ainsi que l’axe dans lequel s’inscrit la communication. Les propositions retenuesseront annoncées le 20/09/2018. Afin de faciliter le dialogue et les échanges durant la journée, il sera demandé aux participant.e.s d’envoyer le texte de leur communication avant le 01/12/2018.
Les journées sont prévues le 17 et 18 décembre 2018, au Centre d’Etude de l’Inde et de l’Asie du Sud, à l’EHESS, Paris, avec le soutien du GIS Institut du Genre. Il est attendu des participant.e.s qu’ils/elles assistent à l’ensemble des journées d’étude, dans la mesure où ces journées visent à mettre en place un réseau de recherche dont les activités pourraient continuer après cette rencontre et prendre des formes diverses.
Contact des organisatrices
- Emmanuelle Bouilly, Postdoctorante à l'Université Laval, emmanuelle.bouilly (at) yahoo.fr
- Virginie Dutoya, Chargée de recherche CNRS, CEIAS-EHESS, virginiedutoya(at)gmail.com
- Marie Saiget, Mcf Université Lille 2, CERAPS, Marie Saiget : saiget.marie (att) gmail.com
Bibliographie indicative
Amadiume, I. (1987). Male daughters, female husbets: gender et sex in an African society.Londres : Emecheta, Buchi
Bereni, L., Chauvin, S., Jaunait, A. et Revillard, A. (2008) Introduction aux Gender Studies : Manuel des études sur le genre. Bruxelles: De Boeck.
Bhagwat, V. et Rege, S. (2002) Our Story: Twenty Years of LAWS. Pune: IAWS.
Bhaskaran, S. (2004) Made in India: Decolinizations, Queer Sexualities, Trans/nationalProjects. Basingstoke: Palgrave Macmillan.
Bourdieu, P. (2009) ‘Les conditions sociales de la circulation internationale des idées’, inShapiro, G. (ed.) L’espace intellectuel en Europe. Paris: La Découverte, pp. 27–39.
Brown, W. (1997) ‘The Impossibility of Women’s Studies’, Differences: A Journal of FeministCultural Studies, 9(3), pp. 79–101.
Bustelo, M., Ferguson, L., et Forest, M. (eds) The Politics of Feminist Knowledge Transfer: Gender Training and Gender Expertise. Basingstoke: Palgrave Macmillan.
Caglar, G., Prügl, E. et Zwingel, S. (eds) (2013) Feminist Strategies in InternationalGovernance. Abingdon: Routledge.
Chaudhuri, M. (2012) ‘Feminism in India: The Tale et its Telling’, Revue Tiers Monde, (209),pp. 19–36.
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Subjects
Places
- Paris, France (75)
Date(s)
- Monday, September 10, 2018
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Keywords
- genre, Sud,
Contact(s)
- Emmanuelle Bouilly
courriel : e [dot] bouilly [at] sciencespobordeaux [dot] fr
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« The production and circulation of knowledge in gender in the South », Call for papers, Calenda, Published on Wednesday, July 18, 2018, https://doi.org/10.58079/10my