Social Science Languages
Langues et langages des sciences sociales
10th Summer School of the réseau international d'écoles doctorales en sociologie et sciences sociales (RéDoc) / Association internationale des sociologues de langue française (AISLF)
Xe Université d’été du réseau international d'écoles doctorales en sociologie et sciences sociales (RéDoc) / Association internationale des sociologues de langue française (AISLF)
Published on Tuesday, September 04, 2018
Abstract
La multiplicité de langues et de langages en sciences sociales soulève de nombreuses questions auxquelles les chercheur/ses sont confronté·e·s dans leur pratique. A l’image de la Suisse, les sciences sociales (et la sociologie en particulier) parviennent-elles à « faire communauté » malgré des langues et des langages pluriels ? Ou bien sommes-nous confrontés à une tour de Babel où des réseaux isolés dans des sous-champs bien particuliers parlent leur propre langue, sans qu’un savoir commun puisse émerger de cette cacophonie ? Quant aux jeunes chercheurs·e·s, ils et elles sont confrontés à des difficultés de stratégies langagières et linguistiques. Ont-ils/elles intérêt à miser sur une seule langue et à se spécialiser dans un langage théorique et/ou méthodologique particulier ? Ou bien doivent-ils/elles chercher la polyvalence, y compris au plan linguistique, afin de poursuivre les opportunités professionnelles et scientifiques là où elles se présentent ?
Announcement
Présentation
L’appel à candidature pour la dixième université d’été du RéDoc est ouvert. Elle se déroulera à Neuchâtel du 24 au 28 juin 2019, sous le thème « Langues et langages des sciences sociales ». Les universités d'été du RéDoc consistent en des communications scientifiques de doctorant·e·s francophones, couplées à des conférences de chercheurs, maîtres de conférences, et professeurs.
Objectifs
L’Université d’été du RéDoc à Neuchâtel/2019 sera l’occasion de développer une réflexion sur les enjeux du plurilinguisme académique au sein et entre les disciplines des sciences sociales. Les doctorant-e-s confronté-e-s à ces défis auront l’opportunité de partager leurs questionnements et stratégies. Par ailleurs, s’ils/elles conduisent des recherches à l’international, ils/elles pourront contribuer à des échanges sur la traduction et l’analyse des propos «indigènes». Les intervenant-e-s s’exprimeront sur le plurilinguisme, soit par une réflexion sur ses implications épistémologiques, soit par des considérations d’ordre plus pratique à l’égard des doctorants.
Présentation du thème
Les sciences sociales se caractérisent par une diversité de langages. Langages théoriques et conceptuels, d’abord, qui font que, par exemple, là où certains voient un habitus, d’autres parlent de compétences interpersonnelles. Langages méthodologiques, ensuite, qui demandent aux adeptes de la recherche qualitative de dépasser leur réticence devant le travail de leurs collègues statisticiens et vice-versa. Langages disciplinaires, aussi, qui constituent des barrières à la connaissance lorsque diverses disciplines des sciences sociales s’intéressent à des objets similaires et rendent difficile le travail interdisciplinaire. Et enfin, registres de langue et canaux de communication, selon que les chercheur/ses s’adressent à des pairs imprégnés d’un habitus académique, ou qu’ils tentent de communiquer leur science à un public général qui peut parfois se montrer réfractaire à la complexité intellectuelle.
À cette diversité des langages s’ajoute le plurilinguisme du travail scientifique. De plus en plus, les chercheur/ses en sciences sociales font usage de plusieurs langues au quotidien. Ils/elles lisent et se réfèrent à des publications en anglais dans leurs travaux et sont incité·e·s à publier en anglais pour avancer dans leurs carrières. Même lorsque ils/elles décident d’écrire en français, ils/elles sont souvent contraint·e·s à des emprunts tels que « scaling » ou « capabilities » et à des traductions bâtardes comme « empouvoirement », qui rendent leur propos plus opaque. Si ils/elles font des terrains à l’étranger, ils/elles doivent apprendre une langue autre que leur langue d’étude, puis traduire les données au moment de l'écriture. Et même lorsque leurs sujets de recherche viennent de la même région linguistique, les vocabulaires, expressions et manières de parler d’univers sociaux différenciés et étrangers rendent parfois l’intercompréhension difficile et demandent des efforts de traduction.
Cette multiplicité de langues et de langages en sciences sociales soulève de nombreuses questions auxquelles les chercheur/ses sont confronté·e·s dans leur pratique. A l’image de la Suisse, les sciences sociales (et la sociologie en particulier) parviennent-elles à « faire communauté » malgré des langues et des langages pluriels ? Ou bien sommes-nous confrontés à une tour de Babel où des réseaux isolés dans des sous-champs bien particuliers parlent leur propre langue, sans qu’un savoir commun puisse émerger de cette cacophonie? Quant aux jeunes chercheur/ses, ils et elles sont confrontés à des difficultés de stratégies langagières et linguistiques. Ont-ils/elles intérêt à miser sur une seule langue et à se spécialiser dans un langage théorique et/ou méthodologique particulier ? Ou bien doivent-ils/elles chercher la polyvalence, y compris au plan linguistique, afin de poursuivre les opportunités professionnelles et scientifiques là où elles se présentent ? Quatre axes de réflexion seront développés en particulier :
4 axes de réflexions
- Langues de terrain. Au niveau méthodologique, la diversité des langues soulève de nombreux défis. C’est le cas bien sûr lorsqu’on fait un terrain dans des régions linguistiques différentes et qu’il faut trouver des solutions pour dépasser les divisions linguistiques, tant au moment de l’enquête de terrain qu’au moment de l’analyse, de l’écriture et de la restitution. Comment rapporter, dans un article, des propos recueillis dans une langue différente? Comment gérer les différents moments de traduction, de l’expérience de terrain à la prise de notes et à l’écriture d’un article en français ou anglais, en conservant au maximum la richesse de la langue ? Ces questions se posent de manière tout à fait similaire lorsque le terrain «parle la même langue» que nous : la diversité des univers sociaux fait que nous sommes, là aussi, amenés à procéder à des formes de traduction tout au long de l’enquête, qui se doublent souvent d’enjeux épistémologiques liés à des différences de positions sociales entre observateurs et enquêtés. Finalement, la question des langues de terrain se pose à nouveaux frais dans le contexte de terrains numériques et des traces digitales de nos objets d’études. Comment traduire et analyser le langage digital (posts Facebook, tweets, photos et hashtags sur Instagram,..)
- Spécialisation et incompréhension. Face à la diversité théorique et méthodologique des sciences sociales, les jeunes chercheur/ses ont tendance à se spécialiser dans une approche théorique et méthodologique particulière, souvent celle de leur direction de thèse. Ce faisant, ils/elles participent à la reproduction des clivages qui traversent les champs disciplinaires. En sociologie, la spécialisation de plus en plus grande en sous-champs (sociologie des migrations, du travail, des parcours de vie, …), autour de communautés de chercheur/ses distinctes, rend difficile l’émergence de théories et d’approches transversales. D’un autre côté, une approche éclectique qui chercherait à mettre en rapport les différentes «niches» théoriques et méthodologiques comporte des risques importants dans un domaine où les possibilités de carrières dépendent de réseaux relativement étroits et les carrières se font précisément au sein des sous-champs. Quelles en sont les conséquences pour la sociologie et, de manière générale, pour les sciences sociales ? Il s’agit de réfléchir aux problèmes que cette variété de langages pose aux chercheur/ses, mais aussi aux avantages éventuels d’une telle diversité—malgré les incompréhensions qu’elle entraîne—pour la recherche.
- Choix linguistiques et carrières académiques. L’anglo-centrisme des sciences sociales renforce l’idée selon laquelle les chercheur/ses qui ne publient pas en anglais doivent renoncer à une carrière scientifique. Au lieu de déplorer l’hégémonie anglo-saxonne, il s’agit de réfléchir à des parcours alternatifs ou à des moyens de satisfaire ces exigences sans pour autant sacrifier la production et la réflexion dans d’autres langues. Par exemple, quels sont les avantages et les inconvénients de publier en français, ainsi que de faire traduire les textes avant (ou après) leur publication ? Sous cette rubrique, il s’agit également d’interroger les ressorts de cette hégémonie, tels que les critères de sélection employés par des revues en différentes langues ou la construction des indicateurs d’impact, et de considérer les moyens à la disposition des éditeurs de revues francophones pour attirer des propositions d’articles et assurer leur diffusion. Finalement, il s'agit aussi de porter un regard critique sur la place du français, dans le passé et actuellement, dans le paysage international des sciences sociales.
- Langage théorique et diffusion. L’analyse du monde social exige des constructions théoriques complexes et un ensemble de concepts inconnus du grand public. En même temps, des sciences sociales qui ne «parlent» pas aux acteurs sociaux et politiques sont condamnées à des critiques souvent féroces quant à leur prétendue inutilité, sans compter la réduction de soutiens financiers déjà exigus. Comment traduire le langage académique en un langage à même de susciter l’intérêt du public et des médias ? La montée en puissance des réseaux sociaux (Twitter, Facebook, etc.), blogs et autres plateformes digitales où sont débattus des problèmes de société en des termes souvent simplistes donne à cette problématique toute son actualité. Par ailleurs, de plus en plus d’institutions académiques valorisent voire exigent l’intervention des chercheur/ses dans le débat public. Les plateformes digitales, de même que d’autres formats, sont devenues des endroits où ceux-ci s’expriment, et constituent ainsi de nouveaux modèles de diffusion des connaissances, tant au sein de la communauté scientifique qu’en dehors. Cet axe s’intéresse aussi bien à l’expérience de chercheur/ses qui ont franchi le pas vers la médiatisation de leur recherche (ou souhaitent le faire) qu’à celle d’acteurs formés dans la recherche académique et qui ont su faire usage de ses outils théoriques dans d’autres milieux. Il appelle aussi les doctorant-e-s soucieux d’une plus grande visibilité ou encore ceux qui envisagent une carrière en-dehors du monde académique à partager leurs idées et leurs expériences sur les possibilités d’obtenir une plus grande diffusion sans trahir la rigueur intellectuelle propre à la discipline.
Candidature
Sont éligibles tous les doctorants actifs dans un programme d’études doctorales en sociologie/sciences sociales, le nombre de places est limité à 48.
Les doctorants des Écoles doctorales membres du RéDoc ont une priorité et des frais d’inscription réduits (75$CND) ; lors des éditions précédentes, environ le quart provenaient d’ED non membres, les frais d’inscription pour ces doctorants sont de 150$CND. Sous réserve de l’obtention des subventions demandées par le comité organisateur, un soutien financier pourra être accordé à quelques doctorants.es du Sud.
Le dépôt des candidatures des doctorants.es se fait sur le site du RéDoc entre le 14 septembre et
le 19 novembre 2018
en suivant le lien ci-dessous : pour s’inscrire
Comité scientifique
- Philip Balsiger, Université de Neuchâtel, Responsable du comité local
- Jacinto Cuvi, Université de Neuchâtel
- Mihaela Nedelcu, Université de Neuchâtel
- Jean-Marc Larouche, Université du Québec à Montréal, Président du Rédoc
Hébergement
École d’hôtellerie/School of Hotel Management (IHTTI), Neuchâtel, Suisse.
Les réservations se feront sur une plateforme de paiement associée au site de la 10e Université du RéDoc en janvier/février 2019. Le montant sera de 70 $ CND/par nuit, petit déjeuner inclus.
Conférenciers/ères confirmé.e.s
- Myriam Achour Kallel, IRMC Maghreb, Tunisie
- Hélène Combes, Sciences Po Paris, France
- Janine Dahinden, Université de Neuchâtel, Suisse
- Pierre Fournier, Professeur de sociologie à l'Université d'Aix-Marseille, France
- Monique Hirschhorn, Université Paris-Descartes, France
- Cornelia Hummel, Université de Genève, Suisse
- Céline Lafontaine, Université de Montréal, Canada
- Désiré Manirakiza, Université catholique d’Afrique centrale, Cameroun
- David Paternotte, Université libre de Bruxelles, Belgique
Information
Dépôt des candidatures sur le site du RéDoc : 14 septembre au 2 novembre 2018
Tenue de l'Université d'été : 24 au 28 juin 2019
Lieu : Faculté des lettres et des sciences humaines/Institut de sociologie, Université de Neuchâtel, Suisse
Pour toute information, communiquez avec la coordonnatrice scientifique du RéDoc, Pauline Neveu : coordination.redoc@aislf.org ou bien consulter notre site web https://redoc.uqam.ca/
Subjects
- Language (Main category)
- Mind and language > Epistemology and methodology > Research and researchers
- Society > Science studies > Sociology of science
- Mind and language > Thought > Intellectual history
- Mind and language > Epistemology and methodology > Methods of processing and representation > Qualitative methods
- Mind and language > Epistemology and methodology > Epistemology
- Mind and language > Epistemology and methodology > Corpus approaches, surveys, archives
Places
- Avenue du Premier-Mars 26, 2000 Neuchâtel, Suisse
Neuchâtel, Switzerland
Date(s)
- Monday, November 19, 2018
Keywords
- langues, langages, plurilinguisme, traduction, diffusion de la science
Contact(s)
- Pauline Neveu
courriel : coordination [dot] redoc [at] aislf [dot] org
Reference Urls
Information source
- Pauline Neveu
courriel : coordination [dot] redoc [at] aislf [dot] org
License
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To cite this announcement
« Social Science Languages », Summer School, Calenda, Published on Tuesday, September 04, 2018, https://doi.org/10.58079/10tg