What to do with religion?
Quoi faire de la religion ?
Tepsis theory workshops
Ateliers théoriques Tepsis
Published on Wednesday, November 07, 2018
Abstract
Une série de trois ateliers théoriques Tepsis intitulée « Quoi faire de la religion ? » aura lieu en 2018-2019. Ces ateliers théoriques Tepsis s’adressent en particulier aux doctorants et aux chercheurs confirmés qui, croisant sur leurs terrains d’enquête le phénomène religieux, s’interrogent sur les outils théoriques à mobiliser pour en rendre compte d’un point de vue sociologique. Il s’agit, à partir du point de vue d’une sociologie générale et réflexive, d’interroger les concepts classiques des sciences sociales des religions et leurs interprétations communes, en se demandant dans quelle mesure ceux-ci concourent à construire l’objet « religieux » comme spécifique. On se demandera plutôt comment les rendre opérationnels dans la perspective d’une pleine réinscription du religieux dans son contexte social.Le premier de ces ateliers aura lieu le 15 novembre 2018.
Announcement
Présentation
Une série de trois ateliers théoriques Tepsis intitulée « Quoi faire de la religion ? » aura lieu en 2018-2019.
Cet atelier théorique Tepsis s’adresse en particulier aux doctorants et aux chercheurs confirmés qui, croisant sur leurs terrains d’enquête le phénomène religieux, s’interrogent sur les outils théoriques à mobiliser pour en rendre compte d’un point de vue sociologique. Il s’agit, à partir du point de vue d’une sociologie générale et réflexive, d’interroger les concepts classiques des sciences sociales des religions et leurs interprétations communes, en se demandant dans quelle mesure ceux-ci concourent à construire l’objet « religieux » comme spécifique. On se demandera plutôt comment les rendre opérationnels dans la perspective d’une pleine réinscription du religieux dans son contexte social.
Le premier de ces ateliers aura lieu le 15 novembre 2018.
17 mai 2019, Un habitus religieux ?
ENS - salle R3-35
48 bd. Jourdan, Paris 14e
Selon Terry Rey, qui écrit dans le contexte des sciences sociales nord-américaines, les sociologues des religions ont trouvé dans la notion d’habitus un moyen privilégié de « localiser la croyance » : « thanks to Bourdieu, we can finally say that religious belief has a home. This home is the habitus, which is as much bodily as mentally constituted » (Bourdieu on Religion, 2007 : 128). La notion d’habitus permet en effet de penser la socialisation religieuse en termes d’incorporation et de dispositions distinctives, investies dans la pratique sur le mode de l’« invention sans intention d’une improvisation réglée ». Cette notion est pourtant quasiment absente du champ français des sciences sociales des religions.
On s’intéressera à l’occasion de cette séance aux usages possibles des principaux concepts élaborés par P. Bourdieu, et plus particulièrement l’habitus et le capital, dans la perspective d’une sociologie traitant des faits religieux.
- Terry Rey (Temple University, Philadelphia). Qu'est-ce que le capital religieux ? Sur une déconnexion transatlantique d’un concept théorique clé
La terminologie conceptuelle dérivée des sciences économiques s’est largement répandue dans la sociologie des religions au cours des trente dernières années, en particulier chez les partisans de la théorie du choix rationnel. La notion de « capital religieux » est au cœur de ce développement théorique. Cependant, les définitions du terme sont parfois vagues ou déconnectées de sa conception originelle. Deux courants de pensée autour de ce terme ont dès lors émergé, sans grande convergence ni conversation : une discussion largement européenne est issue des travaux de Max Weber et Pierre Bourdieu; l'autre, en grande partie américaine, est issue des travaux de Laurence Iannaccone et Rodney Stark. Cette communication évalue comparativement ces courants de pensée, tout en retraçant leur généalogie et en examinant certaines applications et critiques du concept de capital religieux. Pour ce faire, j’utiliserai des exemples concrets tirés de mon travail ethnographique dans des églises protestantes en Haïti.
- Heinrich Wilhelm Schäfer (Universität Bielefeld ). Bourdieusian tools for the analysis of religious praxis
In my contribution to the workshop, I will outline the Bourdieusian tools we are using at the Center for the Interdisciplinary Research on Religion and Society (CIRRuS, Bielefeld University, Germany) in order to conduct empirical research on religion.
We center the focus on the analysis of the habitūs of religious actors. For this goal, we apply and constantly refine a method developed during the last 30 years or so. We operationalize the concept of dispositions of perception, judgment, and action by means of a sociological adaptation of the Aristotelian/Apuleian syllogistic square: the praxeological square (which, only at a first glance, might appear similar to Greimas’ semiotic square).
The model is designed primary for the analysis of texts (interviews, speeches, written material etc.) but it also serves for iconic or pragmatic praxis. It facilitates relating non-religious and religious experiences of actors (according to their perception) with their criteria of judgment (their religious and non-religious symbolic tools) and their orientation of action (goal oriented projection). Thus, the identities and strategies of the actors can be modeled as a praxeological square of dispositions or, somewhat more sophisticated, as a network of dispositions.
The aspect of the experience links the model to the objective conditions of experience. We approach these by two complementary models, one for social stratification and the other for functional differentiation. The former is a simplification of Bourdieu’s model of the social space in La Distinction. It facilitates relating habitus-formations of religious actors to social positions, thus gauging their overall share of power in a society. The latter is based on Bourdieu’s basic model of the artistic field (Les règles de l’art). The two dimensions of religious credibility and organizational complexity of collective religious experts (religious organizations) facilitate modeling religious capital, assessing the specific share of power in the struggle between religious experts. In sum, the models facilitate operationalizing religion as a mode of social praxis with the distinctive feature of actors counting with a transcendent reference point for their judgment and action. We do not understand the models as goals in themselves. They are nothing else than frames of orientation for a better understanding of the dynamics of praxis, referred to by concepts of practical logic, power, violence, capital, struggle and so forth.
Organisateurs : Yannick Fer et Patrick Michel (Centre Maurice Halbwachs)
26 mars 2019, Religieux ou spirituel ?
ENS - Salle R1-07
48 bd. Jourdan, Paris 14e
La distinction entre religieux et spirituel est ancienne et recouvre une série d’enjeux en termes de rapport à l’institution, de régime de légitimité et d’authenticité. Elle a été réaffirmée notamment dans des travaux de sociologie sur la génération des Baby Boomers et sur les « nouveaux mouvements religieux », pour rendre compte des pratiques religieuses contemporaines en insistant plus particulièrement sur l’émancipation des individus croyants vis-à-vis des systèmes d’encadrement institutionnel. Comme l’a noté le sociologue Matthew Wood, cette acclimatation de la notion de « spirituel » au sein de la sociologie tend souvent à sous-estimer les rapports de pouvoir et les inégalités de capitaux qui président aux « bricolages » individuels. On interrogera donc la genèse et les effets de cette acclimatation pour évaluer la pertinence sociologique de l’opposition religieux/spirituel.
- Véronique Altglas (Queen’s University Belfast). Repenser les relations entre pouvoir et religion: la question de la ’spiritualité’.
Religion in modernity is increasingly thought of as individual-centred and shaped by self-authority. This would explain the decline of – constraining, coercive – organised and inherited religions and the ascendance of ‘spirituality’, based on subjective experience and responding to universal human needs for meaning and fulfilment. This paper will argue that such a paradigm conflates emic and etic discourses and reiterates common sense assumptions about power. Bringing the social back into the sociology of deregulated forms of religion involves the understanding of individuals’ discourses and action, including claims of self-authority and heterodox religious choices, as manifestations of social trends. Individualism and subjectivism actually contribute to a new way of regulating social actors, through individual responsibility and self-discipline. Progressive liberal ideals underlie the polar distinction religion / spirituality and confer the consequent normative and ethnocentric implications: we also need to ponder the assumption that individuals inherently seek emancipation from social norms. Indeed, agency is not only a way of resisting norms but also as a way of inhabiting them.
- Sean McCloud (University of North Carolina at Charlotte). Everything Blended: Engaging Combinations, Appropriations, Bricolage, and Syncretisms in Our Teaching and Research
In this essay I do two things. First, I illustrate that the combining and blending of practices in what practitioners describe as "religion" or "spirituality," while perhaps more visible in the contemporary period, is a constant in the history of American religions. Second, I provide a case study that heeds the anthropologist Charles Stewart’s suggestion that one useful way to approach syncretism (and its synonyms, such as bricolage and combining) is by examining the discourses and debates that individuals and groups have over what activities and ideas are viewed as such. Overall here I hope to open a discussion on how the blending and combining of cultural elements are understood and engaged in our classrooms and research. I am interested in the terms we use to describe the appropriations of various idioms in religious practice and how these combinative actions are infused with and spurred by power differentials. Actively at work on their worlds within the constraints of their social locations, those we study and teach about have sought out that which worked and duct-taped together what was at hand. But, one can ask, “So what?” In terms of the analysis of religion, one simple answer would be that attention to the active and unnoticed appropriation of various elements should give us pause when we teach and write about religion solely through the trope of religious traditions. The process of ordering the messiness of “religion” by narrowing it to the category of traditions conceals more than it reveals. But even more, we need to develop a method for examining the appropriative bricolage that makes up religious practices. If, indeed, everything is always already blended, then what do we do with that information, other than point it out? In this workshop I am interested in thinking about how the subject of religious/cultural combining might be studies and taught with attention to categories such as "religious" versus "spiritual," power, and notions such as "tradition."
Organisateurs : Yannick Fer et Patrick Michel (Centre Maurice Halbwachs)
15 novembre 2018, 14h-17h
« Vous avez dit “charismatique” » ? Retour sur la notion de charisme
ENS - Salle Serre (5e étage)
24, rue Lhomond, 75005 Paris
- Isabelle Kalinowski (CNRS, Pays Germaniques). Le concept de charisme chez Weber : origine, nature et fonctions
Chez Weber, la notion de charisme a été, lui-même est explicite sur ce point, empruntée à des théologiens protestants qui en ont fait usage au tournant de 1900 et l’avaient eux-mêmes utilisée en référence à des débats théologiques antérieurs qui, toujours au sein du protestantisme allemand, portaient sur la structuration collective des premiers chrétiens. Weber reprend ce concept pour en faire l’idéaltype d’un mode d’exercice de l’autorité qu’il distingue d’autres modes de « domination ». L’usage qu’il en fait pose d’emblée le problème de l’articulation entre sociologie religieuse et sociologie politique, entre lesquelles les circulations sont nombreuses mais ne fonctionnent pas, loin s’en faut, sur le simple mode d’une analogie.
- Jean-Philippe Heurtin (IEP de Strasbourg, Sage). Le charisme de fonction : l’apport de l’ecclésiologie catholique à la sociologie du charisme
Le propos de cette communication est de revenir sur le concept de « charisme de fonction », tel que max Weber l’a introduit dans sa Sociologie des religions. La conceptualisation qu’en propose Weber semble toutefois inachevée, et utilisée seulement pour caractériser une forme de dégénérescence du charisme personnel, et, plus précisément, comme la forme que prend le charisme quand il se « quotidiennise ». On peut trouver une explication de cet inachèvement dans le contexte allemand de l’époque, marqué par un débat interne au protestantisme allemand suite à la publication en 1892 du livre de Rudoph Sohm, Kirchenrecht. Il semble que Weber, dans l’interprétation et la sécularisation qu’il opère de la notion de charisme, est resté prisonnier de ces attendus luthériens ; ils l’ont, en particulier, empêché de penser véritablement, et de façon autonome, le « charisme de fonction ». Mais, le livre de Sohm n’a cessé d’alimenter aussi la réflexion des catholiques sur la question du charisme ; elle les a amenés, en particulier, à redécouvrir la dimension pneumatique dans leur théologie de l’église et des ministères. La question qui s’ouvre, dès lors, est celle de savoir si la théologie catholique, et plus précisément son ecclésiologie, ne peuvent pas permettre de penser autrement le charisme, en particulier dans l’articulation qu’elle opère entre l’esprit et l’institution – de sorte que cette ecclésiologie serait porteuse d’un possible latéral pour la sociologie du charisme. Il s’agit dès lors de découvrir comment on peut, à la lumière de la réflexion catholique, reconstruire un concept alternatif de charisme de fonction.
Organisateurs : Yannick Fer et Patrick Michel (Centre Maurice Halbwachs)
Subjects
- Sociology (Main category)
Places
- ENS - Salle R1-07 - 48 boulevard Jourdan
Paris, France (75014)
Date(s)
- Thursday, November 15, 2018
- Tuesday, March 26, 2019
- Friday, May 17, 2019
Keywords
- charisme, religion, catholicisme, Weber
Contact(s)
- Yannick Fer
courriel : yannick [dot] fer [at] ens [dot] psl [dot] eu
Information source
- Yannick Fer
courriel : yannick [dot] fer [at] ens [dot] psl [dot] eu
License
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To cite this announcement
« What to do with religion? », Lecture series, Calenda, Published on Wednesday, November 07, 2018, https://doi.org/10.58079/119j