AccueilUne société d’individus, c’est-à-dire ?

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Une société d’individus, c’est-à-dire ?

A society of individuals? What does it mean?

Collloque international pour les 20 ans du CERLIS

CERLIS 20th anniversary international conference

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Publié le jeudi 10 janvier 2019

Résumé

Ce colloque international, qui se tiendra à la Sorbonne au cours de trois journées, offrira un espace de discussion à ces questions en les déclinant sur les objets au cœur des domaines de spécialisation du CERLIS : jusqu’où la famille s’est-elle individualisée ? Les enfants sont-ils des individus comme les autres ? Comment est-on « individu » dans les classes populaires ? Le récit biographique est-il une illusion ? L’individu : spect-acteur de la culture ? Que fait le numérique à une société d’individus ? Chercheur·e·s du CERLIS et chercheur·e·s invité·e·s pour la fertilité de leurs travaux sur ces questions confronteront leurs analyses, leurs enquêtes, leurs méthodes et leurs résultats. Et une session « Posters » permettra aux doctorant·e·s du CERLIS de présenter leurs recherches originales.

Annonce

Argumentaire

A l’occasion de ses vingt années d’existence, le CERLIS organise un colloque international qui, au-delà de sa dimension commémorative, permettra de traiter la question exprimée par le titre même : « Une société d’individus, c’est-à-dire ? ».

« Une société d’individus, c’est-à-dire ? » : dans « Les transformations de l’équilibre ‘nous-je’ » (1991), Norbert Elias affirme que « la structure des sociétés évoluées de notre temps a pour trait caractéristique d’accorder une plus grande valeur à ce par quoi les hommes se différencient les uns des autres, à leur ‘identité du je’, qu’à ce qu’ils ont en commun, leur ‘identité du nous’ ». A ses yeux le terme « individu » exprime ce « primat de l’identité du je ». De cette perspective, on peut déjà en tirer au moins deux conséquences et plusieurs questions. La première conséquence est que le « nous » ne disparaît pas : chaque individu existe à la fois à titre de personne sociale et à titre de personne individuelle. La deuxième conséquence, souvent occultée, est que ce changement d’équilibre ne fait pas disparaître l’action des déterminants sociaux. Parmi les principales questions posées par cette problématisation du « je-nous », citons : quelles sont les conditions sociales qui ont rendu possible cette modification de l’équilibre ? quels sont les effets associés à ce nouvel équilibre ? Un des effets, souligné déjà chez Durkheim, est le risque de la « crise du lien social ». Cette expression exprime l’inquiétude d’une certaine instabilité et d’une certaine faiblesse des relations elles-mêmes, avec la crainte de l’individu replié sur lui-même, à l’écart du collectif.

« Une société d’individus, c’est-à-dire ? » : la question est donc également celle des formes contemporaines des liens sociaux. Le déclin de certaines institutions ne s’explique-t-elle pas le changement qu’ont connu les individus ? A l’inverse, par exemple, la force du mouvement des femmes ne vient-elle pas d’avoir combiné expression collective et affirmation d’un pouvoir sur soi ? L’équilibre entre le « je » et le « nous » est instable par définition : il est lui-même objet de luttes, entre ceux et celles qui veulent renforcer le primat du « je », et ceux et celles qui veulent mettre davantage de « nous ». Le « retour » à la fois du national, du nationalisme, et du religieux désigne une des modalités de ces luttes.

Ce colloque international, qui se tiendra à la Sorbonne au cours de trois journées, offrira un espace de discussion à ces questions en les déclinant sur les objets au cœur des domaines de spécialisation du CERLIS : jusqu’où la famille s’est-elle individualisée ? Les enfants sont-ils des individus comme les autres ? Comment est-on « individu » dans les classes populaires ? Le récit biographique est-il une illusion ? L’individu : spect-acteur de la culture ? Que fait le numérique à une société d’individus ? Chercheur·e·s du CERLIS et chercheur·e·s invité·e·s pour la fertilité de leurs travaux sur ces questions confronteront leurs analyses, leurs enquêtes, leurs méthodes et leurs résultats. Et une session « Posters » permettra aux doctorant·e·s du CERLIS de présenter leurs recherches originales.

Programme

16,17 et 18 janvier 2019

Ampithéâtre Durkheim, Sorbonne, Paris 

Mercredi 16 janvier

9h30 Ouverture du colloque

  • Olivier Martin, directeur du CERLIS avec :
  • Frédéric Dardel, président de l’Université Paris Descartes
  • Laurent Creton, vice-président Recherche, Université Sorbonne Nouvelle Sandrine Lefranc, directrice adjointe scientifique à l’INSHS – CNRS Joël Lebeaume, doyen de la Faculté SHS, Université Paris Descartes

10h30-13h

Jusqu’où la famille s’est-elle individualisée ?

Coordonné par Christophe Giraud et François de Singly

La question sous-entend que pendant la période contemporaine, la famille s’est individualisée, mais pas totalement. Cette session sera donc consa- crée à définir les contours du processus d’individualisation qui a affecté l’institution familiale. D’un côté, les revendications, surtout par les femmes et les jeunes, d’avoir des territoires personnels, « intimes » et sociables en même temps, une vie personnelle, moins contrôlée par le conjoint ou les parents, affectent les phases de la vie conjugale et familiale, de l’entrée à la sortie, et leur contenu. De l’autre, la crispation sociale et politique autour de la question dessinent certaines limites à « la centration sur les per- sonnes », selon l’expression de Durkheim dans ses cours de sociologie de la famille. On tentera donc un bilan des tensions entre la construction d’un nous conjugal, familial et des je, tentant d’être plus forts.

Intervenant·e·s :

  • Michel Bozon, directeur de recherches, INED. Sexualité, pratiques amou- reuses et sphère commune dans la vie conjugale
  • Jean-Hugues Déchaux, professeur Université Lyon 2, CMW. Individua-
  • lisme et parenté : réflexions sur la génétique procréative
  • Anne Gotman, directrice de recherches CNRS, CERLIS. Part d’héritage et
  • place dans la famille : une difficile équation
  • Vanessa May, University of Manchester. Contemporary relationships and
  • the significance of studying the ‘in-between’ spaces
  • François de Singly, professeur Université Paris Descartes, CERLIS. « Mes devoirs les plus sacrés ? Mes devoirs envers moi-même », Féminisme, couple et famille

13h–14h15

Buffet

Salle E 637

14h30–17h

Les enfants sont-ils des individus comme les autres ?

Coordonné par Gaële Henri-Panabière et Régine Sirota

Se demander si les enfants sont des individus comme les autres, c’est interroger les rapports individus/sociétés sous un angle particulier mais c’est aussi questionner les spécificités de cet âge de la vie et la manière dont la sociologie a été amené à l’envisager. Faire des enfants des individus dignes d’intérêt pour les sciences sociales oblige à dépasser une vision de l’individu clos sur lui-même, simple cire molle et sans passé, et admettre qu’il est socialisé autant qu’il se socialise. On peut donc s’interroger sur ce que ce nouveau regard introduit dans le raisonnement, en d’autres termes ce que l’enfance fait à la sociologie, ce que la prise en compte de ce pe- tit individu fait bouger, comment sont réinterrogées les variables les plus classiques, comme s’ouvrent d’autres territoires, et comment se complexi- fient le rapport aux institutions éducatives et l’approche des processus de socialisation qu’ils soient entendus en termes de politiques éducatives ou de pratiques quotidiennes.

Intervenant·e·s :

  • Héloïse Dürler, chargée d’enseignement, Haute Ecole Pédagogique ducanton de Vaud. La fabrication scolaire de l’élève autonome : entre dispositifs pédagogiques et contradictions sociales
  • Gaële Henri-Panabière, maîtresse de conférences Université Paris Des- cartes, CERLIS et Régine Sirota, professeure Université Paris Descartes, CERLIS. Quand un petit individu devient grand
  • Sarra Mougel, maîtresse de conférences Université Paris Descartes, CERLIS. Quand l’enfant devient inséparable de ses parents : hospitalisa- tion et tensions dans la reconnaissance de l’enfant-acteur
  • Ana Nunes de Almeida, professeure Institut des Sciences Sociales, Lis- bonne. Enfants, individus, citoyenneté
  • Sylvie Octobre, chargée d’études DEPS, ministère de la Culture. Grandir avec les consommations culturelles : de la naissance à la grande adoles- cence

17 janvier 2019

9h30–12h

Comment est-on « individu » dans les classes po-pulaires ?

Coordonné par Olivier Masclet, Olivier Schwartz et Delphine Serre« Il n’y a pas d’identité du je sans identité du nous.

Seule la pondération du rapport je-nous, la confi guration de ce rapport change », écrivait Norbert Élias il y a trente ans. Le rapport du « je » et du « nous » prend toutefois des formes différentes selon les milieux sociaux d’appartenance, les ressources matérielles et culturelles mobilisables, les « chances devie ». Dans les catégories supérieures, l’affi rmation du « nous » coexiste aujourd’hui avec celle du « je ». Dans les catégories du bas de l’échelle, traditionnellement considérées comme les mondes sociaux du « nous » par excellence, le « nous » semble avoir perdu de sa force : les processus dedécollectivisation pratique et symbolique au travail comme dans la familleou sur les scènes politique et culturelle donnent une place plus grande au« je ». On cherchera à analyser ce processus d’individualisation à l’œuvredans les univers populaires. Comment est-on « individu » dans les classespopulaires aujourd’hui ? Sous quelles formes ? Jusqu’où ? Selon quelles significations ?

Intervenant·e·s :

  • Anne-Marie Arborio, maîtresse de conférences Université Aix-Marseille, LEST et Marie-Hélène Lechien, maîtresse de conférences Université de Limoges, GRESCO. Que font les usages « psy » aux classes populaires Nicolas Duvoux, professeur Université Paris 8, CRESPPA. L’individu à l’épreuve de l’insécurité sociale : retour sur trois enquêtes
  • Olivier Masclet, maître de conférences Université Paris Descartes, CERLIS. “Je” de nécessité et “je” d’aspiration. À propos des fractions stables et non démunies des catégories du bas de l’échelle
  • Franz Schulteis, professeur Université Saint Gallen (Suisse). Histoires de vie sans scénarios : le rapport à soi dans les classes populaires
  • Olivier Schwartz, professeur Université Paris Descartes, CERLIS. Des “individus” dans la classe ouvrière ? Réflexions sur une question

12h–14h30

Session poster des doctorant·e·s du CERLIS

Autour d’un buffet déjeunatoire - Salle F 673

14h30–17h

Le récit biographique : une illusion ?

Coordonné par Jennifer Bidet, Catherine Pugeault et Rebecca Rogers

Au sein des sciences sociales, la méthode biographique fait l’objet de questionnements depuis des décennies. Que nous apprennent les ap-proches méthodologiques individualisantes pour saisir des phénomènes collectifs ? L’histoire de vie reste-t-elle « une illusion rhétorique » (Bourdieu, 1986) ? Quels sont les enjeux pour l’écriture des sciences sociales ? À tra-vers des cas pratiques venus d’horizons disciplinaires et épistémologiques différents et choisis en raison de leur articulation avec les principaux do-maines de recherches du CERLIS, la session permettra d’interroger l’articu-lation des cas individuels avec les approches théoriques de l’individu dans la société. Il s’agira de confronter des méthodes et des disciplines : l’his-toire avec la reconstitution de biographies à partir d’archives et les récits de vie, la sociologie avec les récits de vie, les monographies de famille etl’articulation entre approche quantitative et qualitative... En questionnant le statut des cas singuliers (exceptionnels ou représentatifs ?), les intervenant·e·s seront invité·e·s à expliciter leur compréhension de l’articulation entre individu et société, échelle individuelle et échelle collective, ainsi quela manière dont cette interprétation trouve un écho dans leur cheminementempirique et leurs conclusions théoriques.

Intervenant·e·s :

  • Philippe Artières, directeur de Recherches CNRS, IIAC. Les archives ou la vie ? Réflexions sur les usages d’égo-documents dans les projets bio- graphiques
  • Stéphane Beaud, professeur Université de Poitiers, GRESCO. Raconter l’histoire d’une famille immigrée de huit enfants : quels enjeux ?
  • Cécile Lefèvre, professeure Université Paris Descartes, CERLIS. Le récit biographique face à “l’enchevêtrement des catastrophes” : histoires et Histoire en Arménie post-soviétique
  • Marie Le Grandic, docteure Université Sorbonne Nouvelle, CERLIS. His- toires de familles, narration de soi et autorisation festive : le choix d’une approche impliquante
  • Maria Tamboukou, professeure, University of East London. Politiques culturelles et relations de genre dans le mouvement ouvrier : approches auto/biographiques dans un domaine interdisciplinaire

17h30

Les 20 ans du CERLIS

Intervention d’Olivier Martin et François de Singly

Vendredi 18 janvier

Intervenant·e·s :

  • Christine Detrez, professeure ENS Lyon, CMW. Le tournant émotionnel : une révolution pour la sociologie de la culture ?
  • Jacqueline Eidelman, conservatrice générale du patrimoine ministère de la Culture. Le musée du XXIe siècle et la culture des individus
  • Bruno Péquignot, professeur Université Sorbonne Nouvelle, CERLIS. La dialectique je-nous dans l’activité de production artistique
  • Cécile Prévost-Thomas, maîtresse de conférences Université Sorbonne Nouvelle, CERLIS et Catherine Rudent, professeure Université Sorbonne Nouvelle, CERLIS. L’équilibre je-nous dans les pratiques musicales au- jourd’hui en France
  • Roger Sue, professeur Université Paris Descartes, CERLIS. Les paradoxes du lien d’association

12h30–14h

Buffet

Salle E 637

14h–16h30

Que fait le numérique à une société d’individus ?

Coordonné par Éric Dagiral et Olivier Martin

De quelle manière les outils numériques participent-ils au façonnage de l’articulation du collectif et de l’individuel, en contribuant à faire des indivi-dus ce qu’ils sont, à élaborer des faits collectifs et à fabriquer du «nous» ? Le défi est de parvenir à saisir les dimensions numériques du social, sansles isoler artifi ciellement ni en négliger les rôles. Cela pose des questionsconceptuelles et théoriques, puisqu’il faut à la fois penser non seulementl’individu et le collectif mais aussi le technique et le social. Se soucier dela place du numérique pose aussi des problèmes méthodologiques etempiriques, puisqu’il faut parvenir à enquêter sur des pratiques devenues ordinaires (donc presque invisibles) enfouies dans la technicité des com-munications modernes et qui doivent pourtant être resituées de manière précise. À partir d’une pluralité de perspectives interrogeant la place dunumérique en société, les interventions de cette session éclaireront lesformes concrètes que peuvent prendre les travaux sociologiques dans l’analyse de l’articulation des individus et des collectifs, et des reconfi gura-tions contemporaines de celle-ci.

Intervenant·e·s :

  • Dominique Cardon, professeur à Sciences-Po Paris, Médialab. Calculer la
  • société par le bas : l’individu et les algorithmes
  • Éric Dagiral, maître de conférences Université Paris Descartes, CERLIS et Olivier Martin, professeur Université Paris Descartes, CERLIS. Liens sociaux et numérique : défis et illustrations
  • Dominique Pasquier, directrice de recherches CNRS, I3-DSES. Une démo- cratisation en demi-teinte ? Usages d’internet en milieu populaire Hartmut Rosa, professeur Université Friedrich-Schiller d’Iéna. Accelera- tion, Alienation and Resonance in the Digital Age

16h30

Clôture du colloque

Informations

Mot de clôture d’Olivier Martin, directeur du CERLIS

Centre de Recherche sur les Liens Sociaux

UMR 8070, CNRS, Université Paris Descartes, Université Sorbonne Nouvelle

Quatre domaines thématiques de recherche

Culture, médias, sociabilités Éducation, socialisation, âges de la vie Famille, individualisation, institutions Travail, classes, styles de vie

Deux axes transversaux de recherche

Numérique

Rapports de genre

Adresse du colloque Amphithéâtre Durkheim, Sorbonne 54, rue St Jacques - 75005 Paris Pré-inscription nécessaire

https://goo.gl/forms/MmY59p7XT4NWaBI82

Contact

colloque20ans-cerlis@shs.parisdescartes.fr

www.cerlis.eu

Lieux

  • Amphithéâtre Durkheim - La Sorbonne, 54 rue Saint-Jacques 75005 Paris
    Paris, France (75)

Dates

  • mercredi 16 janvier 2019
  • jeudi 17 janvier 2019
  • vendredi 18 janvier 2019

Fichiers attachés

Mots-clés

  • Lien social, Sociologie des individus, Famille, Classes populaires, Numérique

URLS de référence

Source de l'information

  • Séverine Dessajan
    courriel : severine [dot] dessajan [at] u-paris [dot] fr

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Une société d’individus, c’est-à-dire ? », Colloque, Calenda, Publié le jeudi 10 janvier 2019, https://doi.org/10.58079/11qf

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