AccueilFoucault, la discipline et l’histoire pénale et carcérale aux États-Unis

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Foucault, la discipline et l’histoire pénale et carcérale aux États-Unis

Foucault, discipline and penal history in the United States

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Publié le mardi 15 janvier 2019

Résumé

Près d'un demi-siècle après la publication de Surveiller et punir le maître-livre de Michel Foucault sur la naissance de la prison et la « discipline », et à l'occasion du congrès annuel de l'Association française des études américaines (AFEA) à Nantes du 21 au 24 mai 2019 dont le thème est « Discipline et indiscipline », nous souhaitons revisiter les apports et les limites de la théorie foucaldienne pour expliquer l'histoire carcérale et pénale des États-Unis. Nous recherchons des contributions sur ce thème (en français ou en anglais) en civilisation américaine, histoire, sociologie, géographie, anthropologie ou philosophie politique. 

Annonce

Atelier, Congrès annuel de l'AFEA, Nantes, 21-24 mai 2019

Argumentaire

Michel Foucault a longtemps entretenu une relation étroite avec les États-Unis. Invité à donner un séminaire à l’Université de Buffalo (New York) dès 1970, il fait ensuite, à partir de 1975, de fréquents séjours en Californie et ce jusqu’à sa mort en 1984. Cette période correspond chez l’auteur à la publication de Surveiller et punir puis à sa traduction en anglais, qui met en avant l’essor aussiséduisant que mystérieux de la « discipline » pour expliquer la prédominance occidentale du toutcarcéral dans l’économie des châtiments à partir du XIXème siècle. À la question « pourquoi la prison ? », il propose des réponses permettant de repenser en profondeur la thématique du contrôle social. Le choix de la prison résulte d’une volonté d’invisibiliser le contrôle exercé par l’État. Il s’agitdès lors pour Foucault de « dévoiler et d’analyser la mise en communication des différents dispositifsdisciplinaires dont l’objectif est de généraliser la fonction punitive dans l’espace social ».

Dans cette perspective, l’une des fonctions principales de la prison est de « créer de la délinquance » et d’imposer la figure du délinquant comme un contre-modèle afin de justifier un contrôle plus vastedes populations. Toutefois, la prison telle qu’elle est pensée au XIXème siècle n’a pas pour fonction d’exclure les déviants. Elle est au contraire envisagée comme un outil de rationalisation descomportements : transformer les individus en restaurant la moralité du détenu conformément à cequ’attend l’ordre social dominant. L’ouvrage de Foucault paraît dans un contexte intense de lutte pour l’émancipation des prisonniers (San Quentin, Attica en 1971 aux États-Unis, mutinerie de Clairvaux en France, formation du GIP,etc.), contexte qui accompagne également la publication d’ouvrages importants d’historiens comme David J. Rothman ou Michael Ignatieff. Depuis, les thèses foucaldiennes autour de la discipline n’ont cessé d’être utilisées, discutées et débattues par les chercheurs en sciences humaines se confrontant à la justice et à la prison auxEtats-Unis. Foucault a pris place dans un canon indispensable au côté de Marx, Durkheim ou Weber.Dans le même temps, le système carcéral étatsunien a subi d’importantes transformations, avec ledéveloppement d’un complexe carcéro-industriel caractérisé par l’apparition d’acteurs privésproposant des services à moindre coût censés soulager la puissance publique dans un contexted’incarcération de masse. Depuis la publication de l’ouvrage de Michelle Alexander en 2010, denombreux travaux ont confirmé que cette incarcération de masse touche de façon disproportionnéeles groupes racisés (essentiellement les Noirs et les Latinos).Près d’un demi-siècle après Surveiller et punir, cet atelier se propose donc d’interroger la pertinencede la vision foucaldienne de la discipline pour analyser et rendre compte de la justice et de la prisonaux États-Unis, autant dans ses dimensions historiques que contemporaines.

Nous recherchons des contributions en histoire, en civilisation américaine, en sociologie, en géographie ou en anthropologie qui proposent un dialogue critique entre un travail de recherches sur la justice ou les prisons américaines et l’œuvre de Michel Foucault.

Les questions suivantes pourront notamment être abordées :

  • La thèse foucaldienne de l’essor de la discipline garde-t-elle un intérêt pour expliquer la naissance de la prison aux États-Unis dans la première moitié du XIXème siècle ?
  • Comment réactualiser les thèses foucaldiennes à l’aune des évolutions du système juridiqueet carcéral étatsunien opérées depuis les années 1970 comme par exemple l’incarcération demasse ou la survivance de la peine de mort ?
  • Le projet de transformation des individus porté par les tenants du tout carcéral au XIXèmesiècle peut-il être comparé à la pratique de l’incarcération telle qu’on la connaît aujourd’huiaux États-Unis ? S’agit-il encore d’agir sur les comportements des détenus afin de prévenir la récidive ou de mettre certaines catégories définitivement à l’écart de la société encontinuant à nourrir un système fort rentable ?
  • Surveiller et punir interroge la nécessité et l’inexorabilité de l’enfermement comme moyende punition et de redressement. Quelle place occupe la réflexion sur les alternatives àl’incarcération dans la société états-unienne, et, plus globalement, quelle(s) critique(s) de laprison (de sa fonction, de son efficacité, des biais qui marquent les condamnations…) peuton y trouver ?
  • Enfin, les propositions de communication traitant de la prison comme lieu deconscientisation politique et de résistance au pouvoir (de la réflexion menée par GeorgeJackson dans ses lettres à la fin des années 19608 au mouvement de grève opéré dans lesprisons de l’ensemble du pays au mois d’août 2018) ou comme objet de la contestation del’ordre social et racial dominant (cf. les campagnes menées par BlackLivesMatter et d’autres organisations appelant à une réforme du système carcéral) seront particulièrementbienvenues.

Modalités de soumission

Propositions à envoyer à Simon Grivet (simon.grivet@univ-lille.fr) et Yohann Le Moigne(yohann.lemoigne@univ-angers.fr)

Proposition accompagnée d'une courte présentation biographique à envoyer

avant le 29 janvier 2019 

Lieux

  • chemin la Censive du Tertre
    Nantes, France (44)

Dates

  • lundi 28 janvier 2019

Mots-clés

  • prison, surveiller, punir, incarcération de masse, résistance, discipline

Contacts

  • Simon Grivet
    courriel : simon [dot] grivet [at] univ-lille [dot] fr
  • Yohann LeMoigne
    courriel : yohann [dot] lemoigne [at] univ-angers [dot] fr

Source de l'information

  • Simon Grivet
    courriel : simon [dot] grivet [at] univ-lille [dot] fr

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Foucault, la discipline et l’histoire pénale et carcérale aux États-Unis », Appel à contribution, Calenda, Publié le mardi 15 janvier 2019, https://doi.org/10.58079/11sb

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