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Penser l’intersectionnalité dans l’espace public

Thinking intersectionality in the public space

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Publié le mardi 26 mars 2019

Résumé

L’objectif de cette journée est de penser les rapports entre intersectionnalité et espace public. Elle est ouverte à toutes les disciplines des sciences sociales, nous privilégierons cependant les communications s’appuyant sur des travaux empiriques issus d’enquêtes de terrain.

Annonce

Paris CNRS site Pouchet, le 18 octobre 2019

Argumentaire

"Tandis que les catégories de sexe, de race et de classe sont toutes potentiellement pertinentes dans la vie sociale, les individus occupent différentes identités et celles-ci peuvent être accentuées ou mises en sourdine en fonction de la situation." (West Fenstermaker ; 2006)

Forgé par la pratique militante et réinvesti par la recherche, le concept d’intersectionnalité permet de penser l'expérience particulière vécue par des actrices et acteurs à l'intersection de différents rapports sociaux et l'imbrication de ceux-ci. L'une des fortes critiques qui est adressée au concept est de naturaliser une sectorisation et d'enfermer les sujets dans des identités altérisées. Penser et rendre observable ces imbrications, voire cette consubstantialité des rapports sociaux, tout en leur conservant une propension processuelle et dynamique est alors l'un des enjeux de l'opérationnalité de ce concept, notamment dans sa dimension empirique. C'est dans cette perspective que s'inscrit cette journée d'étude, souhaitant nourrir le questionnement à partir de travaux et de terrains de recherche prenant pour objet l’espace public.

L’espace public est ici considéré comme un terrain privilégié pour l’étude de différents rapports sociaux et leurs imbrications. Pour certains il est une scène où se publicisent des rapports sociaux, pour d’autres l’espace public se co-construit en relation dialectique avec ces rapports. Les espaces publics sont également tributaires de décisions politiques et économiques. Prendre en compte cette multiplicité d’enjeux invite à nuancer l’image d’un lieu où les usager∙e∙s disposeraient d’une liberté d’aller et de venir. Ils sont des espaces où se jouent des relations basées sur l'interaction et la visibilité, sur des régimes multiples (de légitimité, identitaires...). Ils offrent ainsi des situations de coprésence qui donnent à voir des conflictualités sociales, "raciales" (entendue ici dans sa dimension de rapport social), religieuses ou de genre.

L’objectif de cette journée est de penser les rapports entre intersectionnalité et espace public. Elle est ouverte à toutes les disciplines des sciences sociales, nous privilégierons cependant les communications s’appuyant sur des travaux empiriques issus d’enquêtes de terrain.

Nous proposons trois axes dans lesquels pourront s'inscrire les propositions :

Axe 1. Les effets des dispositifs sur les acteurs∙trices : assignations, discriminations,criminalisations dans l’espace public.

Les catégories de l’action publique (lois, politiques de la ville, actions policières) et le rôle jouépar les acteurs privés en termes de gouvernementalité déterminent les expériences desacteurs∙rices. Plus spécifiquement, la production de ces catégories affecte les expériences desindividus à plusieurs niveaux et dans plusieurs domaines qu’on nomme ici expériencesintersectionnelles. Le rapport entre la production de ces catégories et ces expériencesintersectionnelles sont l’objet d’analyse de cet axe. Comment les politiques publiques visant lestravailleurs∙ses du sexe ou leurs client∙e∙s affectent les pratiques des acteurs∙rices dans cetespace ? Comment les actions policières modifient-elles les pratiques quotidiennes des hommesracisés dans l’espace public ? L’analyse des dispositifs et des modes de gouvernementalité quidéterminent l’ordre social sur un territoire donné, en l'occurrence l’espace public, peutégalement être proposé dans cet axe.

Axe 2. Visibilité, invisibilité et jeux de résistances : négociations quotidiennes par lesacteurs

Dans cet axe pourront être abordés les jeux de visibilisation ou d'invisibilisation mis en placepar les personnes, stratégies d'évitement ou de résistance, les possibilités des acteurs et actricesde sélectionner une forme spécifique de capital dans un contexte précis. Est-il possible de jouerde ses identités multiples ou de se réapproprier les identités du groupe dominant sur un territoiredonné ? Est-ce qu’une désethnicisation peut s’opérer lorsque l’individu transcende uneappartenance ethnique (en la cachant, reniant, modifiant…) et intègre une classe sociale ouadhère à l’idéologie du groupe dominant ? Dans ce cas, quel serait le rôle joué par le phénotypedans ces processus de changements identitaires ? Certaines assignations, notamment de classe,donnent lieu à des jeux de “passing” tandis que d’autres, comme les assignations raciales oucertaines caractéristiques visuelles telles que le port du voile sont plus difficiles à dissimuler.On peut penser aux hommes sans-papiers qui revêtent le costume et modifient également leurhexis corporel pour être perçus comme des hommes d’affaires.

Axe 3. L’intersectionnalité sur le terrain : défis et difficultés

Dans cet axe peuvent être abordées les difficultés et défis rencontrés au cours d’enquêtes deterrain prenant pour objet l’intersectionnalité dans l’espace public. Comment observer etanalyser l’imbrication des rapports d’altérité et de domination dans l’espace public ? Au-delàdes limites, ces difficultés peuvent mener à des bricolages et des explorations méthodologiques.Ces questionnements peuvent porter sur des problématiques méthodologiques,épistémologiques ou réflexives : comment et quels terrains choisir ? Quelles méthodesd'observation mettre en place ? Comment ne pas surinterpréter les caractéristiques sociales enjeu dans l'interaction, à partir notamment de l'observation ? Quelles implications et quels effetsdu point de vue situé du chercheur ou de la chercheuse ?

Carnet hypothèses : https://jeintersections.hypotheses.org/

Modalités de soumission

Les propositions devront comporter un titre, un résumé (3000 signes espaces compris) et l'axe choisi. Elles sont à soumettre

avant le 30 Avril 2019,

à je.intersectionnalite@gmail.com, le document devra être intitulé comme tel : Nom_prénom_axe.

Les réponses seront communiquées après le 1er Juin.

Les textes des communications seront à envoyer le 15 septembre.

Organisation 

  • Sarah Barnier (EHESS-CEMS- ANR Babels),
  • Victor Albert Blanco (Paris 8 -CRESPPA-GTM),
  • Cléa Pineau, (Paris 1-CESSP)

Bibliographie indicative

Agier, M., (2015) Anthropologie de la ville. Editions PUF, Paris.

Ait Ben Lmadani, F., Moujoud, N. (2012). Peut-on faire de l'intersectionnalité sans les ex-colonisé-e-s ?. Mouvements, 72(4), 11-21.

Balibar E., Wallerstein I. (2007 (1988)), Race, nation, classe. Les Identités ambiguës. Editions La Découverte, Paris.

Bilge, S. (2015). « Le blanchiment de l’intersectionnalité », Recherches féministes, 28(2), 9–32.

Crenshaw, K. (2005). « Cartographies des marges : intersectionnalité, politique de l'identité et violences contre les femmes de couleur », Cahiers du Genre, 39(2), 51-82.

Fassin, D., Fasssin E. (2009), De la question sociale à la question raciale, Ed. La Découverte, Paris.

Goffman, E. (2013) Comment se conduire dans les lieux publics, Economica, Coll. Etudes sociologiques.

Jaunait A., Chauvin S. (2012) « Représenter l'intersection. Les théories de l'intersectionnalité à l'épreuve des sciences sociales », Revue française de science politique (Vol. 62), p. 5-20.

Hajjat A., Larcher S. (2019), « Intersectionnalité », Revue Mouvements. [En ligne]

Joseph, I. (1984) Le passant considérable : essai sur la dispersion de l’espace public, Ed. Meridiens- Klincksieck, Coll. Sociologie des formes, Paris

Kergoat, D. (2009) « Dynamique et consubstantialité des rapports sociaux », in Dorlin, E., (dir.) 2009 Sexe, race, classe, Paris, PUF, pp 111-126.

Lépinard E., Mazouz S. (2019), « Cartographie du surplomb », Revue Mouvements. [En ligne]

Quéré L., Brezger D. (1992) « L'étrangeté mutuelle des passants : Le mode de coexistence du public urbain » Les Annales de la recherche urbaine, N°57-58.

West C., Fenstermaker S. (2006) « « Faire » la différence. (Traduction de Laure de Verdalle et Anne Revillard) », Terrains & travaux (n° 10), p. 103-136.

Lieux

  • 59-61 Rue Pouchet
    Paris, France (75017)

Dates

  • mardi 30 avril 2019

Mots-clés

  • espace public, intersectionnalité, genre, ville, urbain, migrations, classe, racialisation

Contacts

  • Sarah Barnier
    courriel : sarah [dot] barnier [at] ehess [dot] fr

URLS de référence

Source de l'information

  • Sarah Barnier
    courriel : sarah [dot] barnier [at] ehess [dot] fr

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Penser l’intersectionnalité dans l’espace public », Appel à contribution, Calenda, Publié le mardi 26 mars 2019, https://doi.org/10.58079/12bw

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