AccueilInnovation et territoires face aux inégalités

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Innovation et territoires face aux inégalités

Innovation and terrorities and the challenge of inequality

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Publié le mercredi 24 avril 2019

Résumé

Ce colloque international réunira plus de 60 conférenciers autour d'une réflexion multidisciplinaire sur le territoire, plus précisément sur les inégalités territoriales et les capacités des institutions et acteurs territoriaux à relever le défi du développement - social, économique, politique, environnemental - par des démarches innovantes.

Annonce

Argumentaire

Dans une période de reconfiguration des institutions, l’innovation sociale se présente comme une réponse originale et hybride (provenant de plusieurs acteurs et secteurs d’action) aux inégalités et se donne explicitement ou implicitement pour but d’améliorer ou d’inverser les trajectoires de développement des communautés. Alors que les démarches de mobilisation « par le bas » sont plébiscitées dans le discours public, l’innovation sociale permet-elle véritablement aux communautés de satisfaire des besoins que ni l’État ni le marché n’arrivent à combler ? Donne-t-elle une inflexion positive à un déploiement postfordiste porteur d’inégalités, ou contribue-t-elle involontairement à perpétuer ou accroître les disparités, voire la marginalisation de certaines communautés et territoires ?

Le territoire a acquis une nouvelle centralité dans les sciences sociales. Il a été amplement conceptualisé dans le champ de recherche du développement territorial, qui ne se réduit pas aux dynamiques et acteurs productifs, mais prend en compte de plus en plus d’acteurs variés. Les recherches menées dans ce domaine montrent que la réalisation du potentiel de développement et d’émancipation attaché à l’innovation sociale dépend de la capacité des acteurs territoriaux à mobiliser des ressources humaines et matérielles au profit d’une dynamique d’ensemble favorable au développement. Il dépend également de différentes modalités de gouvernance territoriale impliquant des niveaux variés.

Ainsi le territoire et son développement - économique, social, politique - formeront la trame des questions soulevées dans le cadre de ce colloque. Plus encore, c’est la jonction entre l’environnement et les communautés, foyer de tensions qui modifie les uns et les autres de manière inégale, qui nourrira les réflexions. In fine, il s’agira de comprendre comment, derrière l’unanimisme affiché d’un développement juste et équitable promu par l’État et l’apparente égalité de répartition des ressources, sont gérés territorialement les questions et paradoxes soulevés par la notion d’innovation.

1) Inégalités environnementales et sociales et pluralité des enjeux

Dans un idéal étatique (républicain ou national), les territoires constitutifs de l’ensemble sont dotés des mêmes outils et instruments leur permettant d’évoluer vers un développement commun optimal. L’action publique vise ainsi un traitement équitable des territoires et des populations sur des espaces où les ressources sont néanmoins inégalement distribuées, et les enjeux différenciés. Or ces différences et spécificités territoriales sont masquées dans des dispositifs normés et uniformes qui échouent à répondre aux besoins de certaines communautés, voire accentuent les difficultés auxquelles celles-ci, souvent en marge des territoires « qui gagnent », sont confrontées.

Dans cet axe du colloque, il importera de comprendre les effets de ces dissonances entre action publique et pluralité des enjeux, que ce soit sur les individus, les familles, les communautés ou les territoires socionaturels, ainsi que les impacts de certaines démarches innovantes visant à dépasser/contrer ces dissonances. Comment les populations et les territoires s’inscrivent-ils dans un jeu où les facteurs externes (politiques et économiques) semblent désencastrés du social ? Comment se positionnent la nature et l’environnement dans ce cadre ? Les travaux sur les inégalités environnementales postulent généralement la compatibilité des causes entre protection de l’environnement et cohésion sociale ou encore lutte contre les vulnérabilités. Mais comment se traduit cette articulation des causes dans les actions et dispositifs mis en place à l’échelle de territoires dits périphériques, aux besoins et aux caractéristiques variables ? La compatibilité se vérifie-t-elle, quels que soient les enjeux environnementaux et les échelles territoriales considérées ?

2) L’économie ressource, des marchés aux territoires

La littérature a souligné qu’une part du développement économique repose sur les dynamiques de proximité et de coordination des acteurs, permettant de valoriser certaines ressources territoriales et de construire un avantage comparatif conforme à la logique ricardienne.

Les territoires sont également affectés par des conditions économiques exogènes, souvent attribuables aux effets d’une dynamique globale dirigée par les lois régulatrices du marché. Dans cette optique, une région performante serait une région exportatrice dont les ressources lui permettraient de prendre sa place dans l’échiquier global. Le paradoxe réside dans le fait qu’ainsi invités à se renforcer en construisant un avantage qualitatif, les territoires sont simultanément sommés d’entrer dans un rapport de forces inégal qui fragilise leur développement.

Cet axe du colloque vise à questionner les liens entre territoire et marché global. Face à la globalisation des marchés, l’innovation sociale se pose comme un ensemble de nouvelles dynamiques économiques locales (économie du partage, économie circulaire, économie de proximité, etc.) s’appuyant sur ou réactivant certains liens sociaux. Ces tendances innovantes permettent-elles à certains territoires moins bien dotés de tirer leur épingle du jeu dans le contexte compétitif global et d’orienter leurs dynamiques de développement par la valorisation de nouvelles ressources, formes d’échanges ou de production ? En d’autres termes, le développement économique territorial peut-il être pensé au sein des cadres et tendances globales, sans pour autant aboutir à une pure et simple dépendance ? Si oui, sur la base de quels types de ressources et de quelles conditions ?

3) Du collectif aux territoires, entre gouvernance et gouvernementalité

En dehors du milieu académique, les territoires sont souvent conçus comme les réceptacles passifs et interchangeables des politiques publiques, des projets socioéconomiques ou des initiatives exogènes qui transforment leur nature (écologique, paysagère, symbolique, culturelle, politique). Pourtant, les territoires sont dotés de capacités d’action propres, et peuvent aussi être considérés en tant que sujets - notamment politiques - créateurs de dynamiques originales entre des acteurs cheminant vers leur propre développement. Cette tension entre différentes conceptions du territoire se répercute dans les conceptions de la gestion publique et collective de ce territoire, de ses communautés ou ses projets. D’une part, une logique de « gouvernementalité » fait appel à des processus, des normes et des autorités décisionnelles structurant fortement les territoires, mais le plus souvent en n’accordant que peu de place aux collectifs territoriaux. D’autre part, les acteurs territoriaux sont loin d’être inactifs, comme le révèle un questionnement en termes de « gouvernance », qui observe les rapports politiques entre les individus et les groupes – et qui, à ce titre, témoigne du rôle de plus en plus important des acteurs locaux dans les projets qui les concernent. Comment ces différentes logiques se construisent-elles et comment agissent-elles lorsque surviennent certains enjeux environnementaux ?

Cet axe du colloque souhaite observer la tension entre les processus de gouvernementalité (évaluations environnementales, plans de développement, plans de conservation, etc.) et ceux qui émergent des territoires locaux et régionaux (appartenance, impacts, décisions, démocratie participative). Ces différents processus, qui se présentent la plupart du temps comme innovants, remettent-ils en question les fondements mêmes des politiques et des modèles ? Permettent-ils une décentralisation dans un contexte où les territoires sont appelés à décider de leurs trajectoires mais sans en avoir forcément les moyens ? Ces innovations favorisent-elles au final la réduction des inégalités, ou les cristallisent-elles ?

Programme

Mercredi 22 mai

14h00 Accueil des participants

16h00 Conférence inaugurale : 

  • André Torre, directeur de recherche, Université Paris-Saclay, INRA, AgroParistech : « Innovations territoriales : leur rôle dans les dynamiques territoriales »

17h00 Cocktail et réseautage

Jeudi 23 mai

8h45 Séance plénière : Introduction aux trois axes du colloque

  • Avec Michel Messu, professeur émérite, Centre de philosophie, d'épistémologie et de politique (PHILéPOL), Richard Shearmur, directeur, School of Urban Planning, Université McGill, et Patrick Le Galès, directeur de recherche CNRS, Centre d’études européennes et de politique comparée 

10h15 Pause-café

10h45 Sessions parallèles 1

  • SESSION A - Nouveaux acteurs, nouveaux référentiels : les espaces intermédiaires (1)
  • SESSION B - Territoires d’analyse et d’action : les enjeux de la gouvernance (1)
  • SESSION C - Le potentiel d’innovation des territoires éloignés ou fragiles : conditions et limites

12h15 Repas sur place

13h30 Sessions parallèles 2

  • SESSION A - Nouveaux acteurs, nouveaux référentiels : les espaces intermédiaires (2)
  • SESSION B - Territoires d’analyse et d’action : les enjeux de la gouvernance (2)
  • SESSION C - Le potentiel d’innovation des territoires éloignés ou fragiles : l’enjeu énergétique

15h00 Pause-café

15h30 Grande conférence :

  • Paule Halley, professeure, titulaire de la Chaire de recherche du Canada en droit de l’environnement, Université Laval : « Accès à la justice en matière d’environnement »

17h00 Présentation de livre et réseautage

  • Présentation de Western Capitalism in Transition: Global Processes, Local Challenges (Manchester University Press, 2018). Avec la participation de Yuri Kazepov, professeur, Université de Vienne, coéditeur scientifique de l’ouvrage, Patrick Le Galès, directeur de recherche CNRS, Centre d’études européennes et de politique comparée, coauteur, Marco Alberio, professeur titulaire de la Chaire de recherche du Canada en innovation sociale et développement des territoires, et Yann Fournis, professeur, Université du Québec à Rimouski. 

19h00 Souper

Vendredi 24 mai

8h45 Sessions parallèles 3

  • SESSION A - Le territoire comme cadre et enjeu de mobilisation et de luttes sociales (1)
  • SESSION B - Territoires d’analyse et d’action : les enjeux du vieillissement
  • SESSION C - Participation citoyenne et pratiques collaboratives : conditions et limites

10h15 Pause-café

10h45 Sessions parallèles 4

  • SESSION A - Le territoire comme cadre et enjeu de mobilisation et de luttes sociales (2)
  • SESSION B - Économie et innovation sociale
  • SESSION C - Innovation et territoires : des organisations et des réseaux
  • SESSION D - Gouverner la nature : le cas de la forêt

12h15 Repas sur place

13h30 Sessions parallèles 5

  • SESSION A - Innovation et trajectoires de développement
  • SESSION B - Politiques sociales : sentiers d’innovation
  • SESSION C - Gouverner la nature : sentiers d’innovation

15h30 Séance plénière : Conclusion aux trois axes du colloque

  • Avec Caroline Lejeune, première assistante, Université de Lausanne, Sébastien Breau, professeur agrégé, Université McGill, Bruno Jean, professeur émérite, Université du Québec à Rimouski 

17h00 Clôture

Samedi 25 mai 2019

Atelier chercheurs-milieu - Les acteurs de l’énergie : dynamiques et enjeux

9h30 SESSION 1 : Grands projets

  • Introduction par Geneviève Brisson et Yann Fournis, professeurs, Université du Québec à Rimouski
  • Avec la participation d’Olivier Labussière chargé de recherche, Laboratoire Pacte, et Alain Nadaï, directeur de recherche, CIRED
  • Échanges entre chercheurs, citoyens et acteurs / animation : Geneviève Brisson
  • Synthèse et présentation conclusive : Marie-Ève Maillé, professeure associée, Université du Québec à Montréal

12h00 Repas sur place

13h00 SESSION 2 : Transition énergétique

  • Conférence introductive : Yves-Marie Abraham, professeur agrégé, HEC Montréal
  • Échanges entre chercheurs et militants / animation : Yann Fournis
  • Conclusion par Olivier Labussière, chargé de recherche, Laboratoire Pacte, et Alain Nadaï, directeur de recherche, CIRED

15h30 Clôture

Modalités d'inscription

Les inscriptions se font en ligne (système de paiement par Paypal). Les montants ci-dessous sont indiqués en dollars canadiens et incluent le cocktail d’ouverture, les pauses café, les repas du midi et les taxes applicables. Les frais pour le souper de gala s’ajoutent aux frais d’inscription.

Frais d'inscription

  • Chercheurs et professionnels : 250 $
  • Étudiants et jeunes chercheurs (diplômés depuis 5 ans et moins) : 125 $
  • Grand public : 50 $ par jour
  • Atelier du samedi seul : 25 $
  • Souper de gala : 75 $

Organisation

Comité scientifique

  • Nathalie Lewis, Université du Québec à Rimouski
  • Marco Alberio, Chaire de recherche du Canada en innovation sociale et développement des territoires (ISDéT), Université du Québec à Rimouski
  • Geneviève Brisson, Université du Québec à Rimouski
  • Nicolas Devaux, Université du Québec à Rimouski
  • Maude Flamand-Hubert, Université Laval
  • Yann Fournis, Université du Québec à Rimouski
  • Mario Gauthier, Université du Québec en Outaouais
  • Martine Mespoulet, Université de Nantes
  • Anne Mévellec, Université d’Ottawa
  • Marina Soubirou, Université du Québec à Rimouski
  • Didier Vranken, Université de Liège

Comité organisateur

  • Nathalie Lewis, Université du Québec à Rimouski
  • Marco Alberio, Chaire de recherche du Canada en innovation sociale et développement des territoires (ISDéT), Université du Québec à Rimouski
  • Geneviève Brisson, Université du Québec à Rimouski
  • Olivier Clément Ste-Marie, Université du Québec à Rimouski
  • Valérie Jean, Université du Québec à Rimouski
  • Abigaïl Rezelman, Université du Québec à Rimouski
  • Marina Soubirou, Université du Québec à Rimouski

Partenaires

  • Agence universitaire de la Francophonie
  • Association internationale des études québécoises
  • Association internationale des sociologues de langue française
  • Centre de recherche sur le développement territorial – Pôle UQAR
  • Chaire de recherche du Canada en innovation sociale et développement des territoires
  • Fondation de l’UQAR (Fonds DEVTERRA – Hydro-Québec)
  • Groupe de recherche interdisciplinaire sur le développement régional, de l’Est du Québec
  • Projet ATISÉE - UQAR (Conseil de recherches en sciences humaines du Canada)
  • Université du Québec à Rimouski

Lieux

  • 300, allée des Ursulines
    Rimouski, Canada (G5L 3A1)

Dates

  • mercredi 22 mai 2019
  • jeudi 23 mai 2019
  • vendredi 24 mai 2019
  • samedi 25 mai 2019

Fichiers attachés

Mots-clés

  • innovation, territoire, inégalités, développement, environnement, communauté, gouvernance, région, ressources, transition

Contacts

  • Abigaïl Rezelman
    courriel : grideq [at] uqar [dot] ca
  • Nathalie Lewis
    courriel : cecilia [dot] claeys [at] univ-amu [dot] fr

URLS de référence

Source de l'information

  • Abigaïl Rezelman
    courriel : grideq [at] uqar [dot] ca

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Innovation et territoires face aux inégalités », Colloque, Calenda, Publié le mercredi 24 avril 2019, https://doi.org/10.58079/12j0

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