AccueilFamille, vieillissement, territoire et innovation sociale

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Famille, vieillissement, territoire et innovation sociale

Family, ageing, territory and social innovation

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Publié le vendredi 10 mai 2019

Résumé

Notre appel à proposition a pour objectif de jeter un nouvel éclairage sur la contribution du territoire et de ses différents acteurs, et en particulier des familles, dans l’amélioration de la qualité de vie des personnes âgées. À travers des réflexions théoriques, des études de cas ou des analyses statistiques, nous invitons les auteur.e.s à réfléchir autour des questions suivantes : quelle est la contribution de la famille immédiate et élargie, des amis, des voisins afin de favoriser le maintien à domicile des aînés ? Cette contribution se manifeste-t-elle de la même manière en milieu rural et urbain ? Quelle est la place du bénévolat issu des membres de la famille, de la communauté et des amis à cet égard ? Quelles sont les stratégies organisationnelles mises en place par les membres de la famille et la communauté pour favoriser le maintien à domicile et le vieillissement actif des aînés ? Quel est l’apport de ces innovations sociales à ce chapitre ? Comment celles-ci contribuent-elles à la gestion territoriale du vieillissement ? Quels seraient les outils à développer afin que les acteurs locaux, les intervenants communautaires et les aidants familiaux puissent assumer pleinement leur rôle dans la mise en place d’un tel processus ? Quelle échelle géographique doit-on privilégier ? L’échelon local, régional, suprarégional, national, voire territorial ? Comment une véritable politique du vieillissement doit-elle imbriquer chacun de ces échelons les uns par rapport aux autres ? Des initiatives particulières, comme la démarche MADA, peuvent-elles contribuer à mieux soutenir la famille et les membres de la communauté à l’amélioration de la qualité de vie des aînés ? Comment les politiques publiques peuvent-elles contribuer à accompagner les aidants familiaux dans l’amélioration de la qualité de vie des personnes âgées ?

Annonce

Argumentaire

L’ONU ne manque pas d’épithètes pour qualifier le phénomène de vieillissement qu’elle considère comme une transformation « sans précédent », « universelle », de « grande portée », « durable » et irréversible ». Il est vrai que, dans la longue histoire de l’humanité, le vieillissement représente un phénomène inédit (Dumont, 2018a) et que l’évaluation de ses manifestations et de ses impacts, notamment au sein des familles, reste complexe (ONU, 2007 ; 2003). Parmi ces derniers, mentionnons : l’accroissement des dépenses de santé (Lord et Piché, 2018) et des besoins de proches aidant.e.s, le financement des régimes de retraite (Mandin, 2014), la réduction de la taille des familles et la pénurie de la main-d’œuvre (Chantereau, 2006). En outre, le vieillissement n’est pas sans conséquence sur le plan territorial, un aspect de plus en plus documenté (Argoud, 2017 ; Dumont, 2006a et b ; Thouez, 2001). La dimension territoriale du vieillissement, qui puise ses assises théoriques à travers des disciplines telles que la gérontologie environnementale, l’urbanisme, la sociologie, l’aménagement du territoire et le développement régional, pose son lot de défis en matière de gestion et de gouvernance territoriale et des solidarités intergénérationnelles (Simard, 2015). Au cours des dernières années, en effet, la contribution des pouvoirs publics s’est considérablement amenuisée au sein de plusieurs pays occidentaux en raison du recul, voire du retrait, de l'État, mais aussi sur le plan territorial, comme en matière d’aménagement du territoire et de développement régional. Il s’ensuit que les acteurs locaux, régionaux et les familles, bien que déjà présents depuis quelques décennies (Dumont, 1992), sont de plus en plus sollicités (McEwen et Moreno, 2005 ; Alberio, 2018a). À titre d’exemple, la gestion territoriale du vieillissement incite les acteurs sociaux (membres de la communauté et de la famille, élus municipaux, gestionnaires issus des secteurs public, privé ou associatif, etc.) à renforcer leurs capacités d’apprentissage (résilience, leadership, capital social, innovation sociale, etc.) dans des champs d’intervention comme le maintien à domicile, la prestation de services de proximité, l’aménagement du territoire et l’offre en matière de logements, d’infrastructures et d’équipements (Simard, 2018). Dans cet esprit, l’innovation sociale, telle que définie par le Centre de recherche sur les innovations sociales (CRISES) renvoie à « une intervention initiée par des acteurs sociaux (un individu ou un groupe d’individus) pour répondre à un besoin (social, culturel, territorial) ou une aspiration, apporter une solution, profiter d’une opportunité d’action afin de modifier des relations sociales, de transformer un cadre d’action ou de proposer de nouvelles orientations afin d’améliorer la qualité et les conditions de vie d’une collectivité » (Bouchard, 2011 : 7), agit comme puissant catalyseur dans le déploiement d’un tel processus (Henry, 2018 ; Klein, 2018 ; Djellal et al., 2004).

La démarche Municipalité Amie des aînés (MADA) conforte le rôle du territoire et de ses différents acteurs sociaux, en particulier ceux issus de l’échelon local, dans l’amélioration de la qualité de vie des aînés et leurs familles (Organisation mondiale de la Santé, 2007). En corollaire, les nouvelles responsabilités que doivent assumer ces mêmes acteurs, dont les familles, peuvent traduire une forme de désengagement de l’État et ainsi compromettre son rôle d’agent de régulation sociale. Compte tenu du fait que de nombreux États sont particulièrement affectés par le vieillissement de leur population, force est de reconnaître que la contribution des acteurs locaux et régionaux et des familles risque d’être encore plus prépondérante au cours des prochaines années (Ménard et Le Bourdais, 2012 ; Negron-Poblète, 2012). Dans ce contexte, il n’est pas illusoire de penser que les personnes âgées feront davantage appel aux acteurs locaux ainsi qu’aux membres de leur famille afin de répondre à leurs besoins (Carrière et al., 2006 ; Doneland, 1995). La prise en charge d’un parent âgé, en particulier quand se pose la question de la dépendance, apporte aussi son lot d’inconvénients pour les aidants familiaux pouvant manquer de savoir-faire et souvent démunis d’outils et de moyens, lesquels sont peu ou prou adaptés à leur situation ou à celle du milieu (Alberio 2018b ; Ribes, 2006). Dans un tel contexte, les politiques publiques sont appelées à devenir de plus en plus inventives afin de répondre de manière équitable aux besoins d’une société en constante recomposition et, de surcroît, marquée par des évolutions de la sociologie de la famille auxquels se jouxtent les changements, tant quantitatifs et que qualitatifs, inhérents au vieillissement (Broussy, 2014 ; Dumont, 2010).

Par ailleurs, si des personnes âgées peuvent bénéficier de l’aide d’un conjoint (et le plus souvent d’une conjointe) ou des enfants pour favoriser leur maintien à domicile, certain.e.s aîné.e.s n’ont pas d’autres choix que de compter sur leurs propres ressources pour satisfaire leurs attentes (Koff, 1992). Dans bien des cas, l’éloignement de la famille est susceptible d’accroître le risque d’isolement social, la perte d’autonomie et donc, d’accentuer les effets négatifs du vieillissement (Chapon, 2013 ; Hodge 2008). Accentuée par une société qui se caractérise par une forte mobilité et de surcroît, par son caractère de plus en plus individualiste, une telle situation aurait, selon certains observateurs, tendance à se manifester avec plus d’acuité en milieu urbain (Dumont, 2006b) où les contacts sociaux sont moins intenses et plus impersonnels (Pagès, 2013 ; Havens et al., 2004 ; Hall, 2004 ; Dugan et Vira, 1994). En conséquence, les personnes âgées qui vieillissent en milieu rural seraient mieux entourées par les membres de leur famille, leurs amis et leurs voisins, autant d’acteurs « nouveaux » qui occupent un rôle d’avant-plan en matière de dispensation de soins, d’où la volonté des aînés à demeurer au sein de leur communauté le plus longtemps possible (Mallon, 2013 ; Negron-Poblète, 2012, Garon et al., 2012 ; Dobbs et Strain, 2008). Cependant, des difficultés d’ordre structurel (éloignement géographique), institutionnel (absence de services spécialisés) et culturel (« culture de la débrouillardise ») peuvent s’avérer des obstacles à l’atteinte d’un tel objectif.

Dans tous les cas, il apparaît fondamental de ne pas considérer le vieillissement et les aînés comme un « problème ». Ces derniers peuvent constituer une ressource précieuse pour la société (Dumont, 2018b), et ce, à plus d’un titre. Plus que toute autre catégorie d’individus, les personnes âgées consacrent plus de temps à la vie familiale et communautaire, ce qui se reflète notamment par la pratique du bénévolat, le gardiennage et les services à la collectivité (Raymond et al., 2008 ; Ministère de la Santé, de la Famille et de la Condition féminine, 2006). Il s’ensuit que les aînés s’avèrent des ressources indispensables, non seulement pour assurer le bien-être de leur famille, mais aussi celui de la communauté où ils résident (Petito et al., 2010). Cette participation sociale, qui s’inscrit dans une perspective d’intergénérationnalité et de renforcement des capacités, entraîne, à son tour, toute une kyrielle d’initiatives et d’innovations sociales. En développant diverses stratégies organisationnelles en vue de favoriser le maintien à domicile, les aînés et leur famille deviennent, du coup, de véritables incubateurs de transformation sociale (Matte et Jones 1997).

Notre appel à proposition a pour objectif de jeter un nouvel éclairage sur la contribution du territoire et de ses différents acteurs, et en particulier des familles, dans l’amélioration de la qualité de vie des personnes âgées. À travers des réflexions théoriques, des études de cas ou des analyses statistiques, nous invitons les auteur.e.s à réfléchir autour des questions suivantes : quelle est la contribution de la famille immédiate et élargie, des amis, des voisins afin de favoriser le maintien à domicile des aînés ? Cette contribution se manifeste-t-elle de la même manière en milieu rural et urbain ? Quelle est la place du bénévolat issu des membres de la famille, de la communauté et des amis à cet égard ? Quelles sont les stratégies organisationnelles mises en place par les membres de la famille et la communauté pour favoriser le maintien à domicile et le vieillissement actif des aînés ? Quel est l’apport de ces innovations sociales à ce chapitre ? Comment celles-ci contribuent-elles à la gestion territoriale du vieillissement ? Quels seraient les outils à développer afin que les acteurs locaux, les intervenants communautaires et les aidants familiaux puissent assumer pleinement leur rôle dans la mise en place d’un tel processus ? Quelle échelle géographique doit-on privilégier ? L’échelon local, régional, suprarégional, national, voire territorial ? Comment une véritable politique du vieillissement doit-elle imbriquer chacun de ces échelons les uns par rapport aux autres ? Des initiatives particulières, comme la démarche MADA, peuvent-elles contribuer à mieux soutenir la famille et les membres de la communauté à l’amélioration de la qualité de vie des aînés ? Comment les politiques publiques peuvent-elles contribuer à accompagner les aidants familiaux dans l’amélioration de la qualité de vie des personnes âgées ? Voilà autant de questions auxquels tenteront de répondre les articles qui figureront dans ce numéro thématique de la revue Enfances, familles et générations.

Sous la direction de:

  • Majella Simard, Université de Moncton (Canada)
  • Marco Alberio, Université du Québec à Rimouski (Canada)
  • Gérard-François Dumont, Université Paris-Sorbonne (France). 

Modalités de soumissions

Les propositions (résumés) doivent être soumises sur notre site (http://www.efg.inrs.ca/formulaire-soumettre-proposition/) pour le 7 juin 2019. Veuillez sélectionner le titre du numéro thématique dans le formulaire de soumission.

La proposition doit comprendre un titre provisoire, un résumé (1 500 à 2 000 caractères, espaces compris) et les coordonnées de tous les auteur.e.s. Les auteur.e.s des propositions retenues devront remettre leur manuscrit au plus tard le 29 novembre 2019. Pour consulter les règles d’édition de la revue. Les manuscrits sont acceptés ou refusés sur la recommandation de la direction de la revue et des responsables du numéro après avoir été évalués à l’aveugle par deux ou trois lecteurs externes.

Catégories


Dates

  • vendredi 07 juin 2019

Mots-clés

  • famille, vieillissement, territoire, milieu rural, milieu urbain, innovation sociale

Contacts

  • Béatrice Lefebvre
    courriel : efg [at] ucs [dot] inrs [dot] ca

URLS de référence

Source de l'information

  • Béatrice Lefebvre
    courriel : efg [at] ucs [dot] inrs [dot] ca

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Famille, vieillissement, territoire et innovation sociale », Appel à contribution, Calenda, Publié le vendredi 10 mai 2019, https://doi.org/10.58079/12m7

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