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Calenda - Le calendrier des lettres et sciences humaines et sociales

Faute de mots. Recherches sur l'histoire empêchée

In the absence of words. Research into prevented history

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Publicado el martes 07 de mayo de 2019

Resumen

Exercer le métier d’historien revient souvent à s’empêcher d’écrire, de penser, d’expérimenter, peut-être même d’espérer, bien des formes d’histoire. Le questionnaire s’en trouve étréci et les récits dépeuplés. Naturels ou intérieurs, bien des êtres sont ainsi relégués aux lisières de la prose historienne. Il ne s’agit pas de regretter ces scrupules, et encore moins de prétendre les enfreindre de manière désinvolte ou sauvage. Sans doute sont-ils constitutifs de l’opération historiographique elle-même, qui limite ses ambitions théoriques à ce qui peut réellement se dire. Mais en a-t-il toujours été ainsi ? N’avons-nous pas abandonné en cours de route une partie de notre dictionnaire, et au-delà du lexique, une certaine ambition d’embrasser la prose du monde ?

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Séminaire organisé par Romain Bertrand (CERI, Sciences Po-CNRS) et Patrick Boucheron (Collège de France) 

Exercer le métier d’historien revient souvent à s’empêcher d’écrire, de penser, d’expérimenter, peut-être même d’espérer, bien des formes d’histoire. Le questionnaire s’en trouve étréci et les récits dépeuplés. Naturels ou intérieurs, bien des êtres sont ainsi relégués aux lisières de la prose historienne. Il ne s’agit pas de regretter ces scrupules, et encore moins de prétendre les enfreindre de manière désinvolte ou sauvage. Sans doute sont-ils constitutifs de l’opération historiographique elle-même, qui limite ses ambitions théoriques à ce qui peut réellement se dire. Mais en a-t-il toujours été ainsi ? N’avons-nous pas abandonné en cours de route une partie de notre dictionnaire, et au-delà du lexique, une certaine ambition d’embrasser la prose du monde ? En faisant l’hypothèse que ces empêchements, nécessaires ou non, trouvent leurs raisons dans un défaut de langue, le séminaire de cette année ne peut prendre qu’une forme expérimentale. Il ne s’agit pas seulement de relancer le débat entre histoire et littérature au-delà du dilemme fictionnel dans lequel il est en train de s’enliser. Il s’agit d’élargir la conversation à l’anthropologie, à la psychanalyse, mais aussi à toutes les écritures du réel, par-delà nature et culture.

Programme

Salle 5 - Marcelin Berthelot, Collège de France. 

Première séance : 14 mai 2019

de 16h à 19h. 

Récits dépeuplés, êtres absents : sur différentes formes d'histoire à venir.

Il est des êtres – certains ligneux, d’autres éthérés, d’autres encore tapis au creux de nos âmes – pour lesquels nous n’avons plus de mots. Ces êtres, la question n’est pas d’y croire, mais de les écrire, ou plus précisément de les décrire : de les convoquer dans nos récits par le moyen d’un lexique et d’une syntaxe. Or, des mondes tout à la fois proches et lointains dont traite l’historien – et aussi bien l’anthropologue –, le parler souvent s’est perdu. Qui sait encore ce qu’est un élytre, et comment se comptent les tarses et les ocelles ? Peut-on ressusciter certains de ces lexiques ? Avant de s’y essayer, encore faut-il les inventorier. C’est à cette tâche que s’attelle le livre de Romain Bertrand, Le détail du monde. L’art perdu de la description de la nature (2019). Après une introduction générale de Patrick Boucheron, la conversation s’engagera sur la manière de poursuivre ce travail d’inventaire et de réinvention des possibilités d’une histoire à venir, dans les domaines du savoir les plus variés.

Avec Philippe Artières (CNRS) et Marielle Macé (EHESS).

Deuxième séance : 28 mai 2019

De 16h à 19h. 

La surface des choses : l'art oublié de la description des êtres naturels. 

Si les mots désormais nous font défaut pour dire les êtres et les lieux naturels au plus près de leurs apparitions et de leurs entremêlements, il n’en a pas toujours été ainsi. Au temps de Goethe et de Humboldt, le rêve d’une « histoire naturelle » attentive à toutes les créatures, sans restriction ni distinction aucune, s’autorisait des forces combinées de la science et de la littérature pour élever la « peinture de paysage » au rang d’un savoir crucial. La galaxie et le lichen, l’enfant et le papillon voisinaient alors en paix dans un même récit ; aucun phénomène ne possédait sur les autres d’ascendant narratif. Ce n’est pas que l’homme comptait peu, c’est que tout comptait infiniment. Cet art du détail du monde – la capacité à portraiturer le « grand Tout » de la nature en ses moindres existences et en chacune de ses métamorphoses – se soutenait du dialogue entre science et poésie aussi bien que d’une philosophie moniste incarnée, tour à tour, par Friedrich von Schiller et Lorenz Oken. En quoi cette « philosophie de la Nature » a-t-elle donné à Goethe et à Humboldt les moyens de leurs récits, et est-il possible, aujourd’hui, de retrouver, par un travail littéraire, le souci des surfaces du monde qui était le leur ?

Avec Marie-Noëlle Bourguet (Université Paris 7), Laurent Van Eynde (Université Saint-Louis de Bruxelles), et Maylis de Kerangal.

Troisième séance : 11 juin 2019

de 16h à 19h.

Les être intérieurs : ce qui converse en nous. 

Si les rapports entre histoire et psychanalyse ont longtemps semblé empêchés, ce n’est pas seulement du fait de la méfiance spontanée des historiens face à une conception de l’inconscient freudien comme ce « tuf primordial et infantile » dont parlait Alain Besançon, faisant obstacle à toute tentative d’historicisation par sa nature même, « stable, universel, monotone ». C’est aussi par la difficulté de ses deux disciplines à prendre langue, au-delà de l’emprunt paresseux et incontrôlé d’un lexique apparemment (mais faussement) commun. Par son sujet même – l’histoire politique d’une hallucination – comme par sa forme même – le roman épistolaire d’une rencontre impossible –, le livre que Philippe Boutry et Jacques Nassif faisait paraître en 1985 sous le titre de Martin l’archange désignait ces difficultés. À partir de lui, mais bien au-delà, on tentera de discuter de ces impasses, et des promesses paradoxales que dessinent ces impasses, non seulement pour les rapports entre histoire et psychanalyse, mais pour l’élargissement du questionnaire historien sur les êtres intérieurs.

Avec Philippe Boutry (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne), Stéphane Habib (Institut des Hautes Etudes en Psychanalyse / Institut Hospitalier de Psychanalyse de Sainte-Anne) et Stéphanie Sauget (Université de Tours).

Quatrième séance : 25 juin 2019

de 16h à 19h.

La composition des mondes ou le retour de Humboldt. Autour de l'œuvre de Philippe Descola.

L’œuvre de Philippe Descola a provoqué, dans le champ des sciences humaines, l’une des grandes secousses théoriques de ces dernières décennies. En dénaturalisant l’idée même de nature par la mise en exergue de la pluralité des ontologies ordonnant les rapports entre humains et non-humains, partant en provincialisant le grand partage anthropocentriste constitutif de la notion européenne de « modernité », les travaux de Philippe Descola n’ont pas fait que préciser les contours de « l’anti-mythe » de nos sociétés. Dans une veine humboldtienne, ils ont ré-ouvert l’espace des possibles descriptifs en redonnant droit de cité, dans le récit de l’historien et de l’ethnologue, aux êtres qui, par le jeu des (in)différences, en avaient été bannis. L’« anthropologie de la nature » de Philippe Descola nous invite ainsi à mieux décrire, c’est-à-dire à décrire plus : à multiplier les présences qui agitent nos histoires – et ce non pas sous la forme d’identités figées, mais sous celle d’entités labiles qui n’ont de propriétés que celles que fugacement leurs entrelacements leur assignent.  

Avec Etienne Anheim (EHESS), Philippe Descola (Collège de France) et Sophie Houdart (CNRS).

Lugares

  • Collège de France, salle 5 - 11 Place Marcelin Berthelot
    París, Francia (75)

Fecha(s)

  • martes 14 de mayo de 2019
  • martes 28 de mayo de 2019
  • martes 11 de junio de 2019
  • martes 25 de junio de 2019

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  • écriture, histoire empêchée

Contactos

  • Adrien Genoudet
    courriel : adrien [dot] genoudet [at] gmail [dot] com

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  • Adrien Genoudet
    courriel : adrien [dot] genoudet [at] gmail [dot] com

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« Faute de mots. Recherches sur l'histoire empêchée », Seminario, Calenda, Publicado el martes 07 de mayo de 2019, https://doi.org/10.58079/12pw

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