AccueilOrganitechnoscience. Organicité et technicité dans le discours sur la littérature

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Organitechnoscience. Organicité et technicité dans le discours sur la littérature

Organitechnoscience. The organic and technological in discourse about literature

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Publié le mardi 25 juin 2019

Résumé

La théorie littéraire contemporaine s’appuie sur de nombreuses figures de pensée qui mêlent l’organique et le technique, rejouant un changement de paradigme déjà à l’œuvre dans d’autres disciplines scientifiques depuis le milieu du XXe siècle. Le colloque examinera certaines de ces figures de l’hybridation plus particulièrement dans le domaine germanophone, sans exclure les influences théoriques et les transferts venus des pays francophones et anglophones.

Annonce

Argumentaire

On observe depuis le milieu du XXe siècle un important changement de paradigme dans les discours scientifiques de différentes disciplines : la séparation entre l’organique et le technique, qui a marqué des siècles durant l’histoire « occidentale » des idées et structuré durablement son imaginaire semble levée. Le rapprochement esquissé dès le XVIIe siècle entre l’organique et le technique (notamment à travers l’homme-machine chez Descartes et La Mettrie) se trouve aujourd’hui radicalisé par l’hybridation de domaines qu’on croyait incompatibles. On note ainsi un regain d’intérêt pour les relations entre nature et culture. Pierre Charbonnier examine par exemple dans La fin d‘un grand partage (2015) à la lumière de textes de Durkheim, Levi-Strauss et Descola comment le dualisme nature-société a progressivement été révisé et dépassé, dans un contexte où le changement climatique et les questions environnementales gagnaient en importance. Une évolution similaire a marqué le discours (post-)féministe des dernières décennies, comme l’illustrent les différents manifestes de Donna Haraway, articulés d’abord autour de la figure centrale du cyborg (The Cyborg Manifesto, 1985) puis du chien (The Companion Species Manifesto, 2003). On peut y ajouter l’actualisation que connaissent les positions de Gilles Deleuze et Félix Guattari sur l’association de l’organique et du technique (Mille Plateaux. Capitalisme et schizophrénie 2, 1980) dans les débats traitant plus largement des nouveaux matérialismes (notamment Jane Bennett, 2010).

Ce changement de paradigme – de la séparation à l‘hybridation – s’avère dans ces différents travaux un processus multiple et un terrain de luttes conceptuelles. Des associations auparavant impensables telles que „naturecultures“ (Donna Haraway, 2003) ou „écotechnie“ (Jean-Luc Nancy, 2007), traduisant l’hybridation de l’organique et du technique (en une sorte d’« organitechnoscience » ?) ont vu le jour. Et elles semblent marquer la fin d’une ère de la « technoscience » (Bruno Latour, 1987 ; Marie-Luise Angerer, 1999), qu’augurait le dernier quart du XXe siècle.

Situées au croisement de plusieurs disciplines, les études littéraires ont été et restent un espace privilégié de la renégociation des rapports entre organicité et technicité. Le discours sur la littérature a toujours été transdisciplinaire et s’est nourri de figures de pensée empruntées à la philosophie, la sociologie des sciences et aux Kulturwissenschaften. Un grand nombre des approches les plus récentes dans le domaine de la théorie littéraire travaillent à partir de modèles techniques ou organiques tels que l‘hybride (Norbert Mecklenburg, 2008), mais aussi la nuée (Eva Horn / Lucas Marco Gisi, 2009), la diffraction (Birgit M. Kaiser / Kathrin Thiele, 2017) ou la greffe (Uwe Wirth, 2011). Tandis que technicité et organicité ont longtemps été considérées comme antithétiques, on les voit tisser de nouveaux liens aussi dans ce domaine, qu’il s’agisse d’associations complexes, d’intersections scandaleuses ou d’un savant entrelacs.  Chaque nouvelle image donne à voir nature et technique comme les deux visages de Janus. Que de telles relations se nouent aussi au sein des études littéraires est intéressant à plus d’un titre et pas seulement pour la circulation des concepts et des problématiques qu’elles révèlent. Leur productivité tient bien davantage aux questionnements propres qu’elles adressent au discours littéraire. On pourrait ainsi confronter le parasite (Michel Serres, 1980) et l’interférence (Sebastian Donat et al., 2018) comme deux modèles possibles pour penser la perturbation dans les processus de production ou de réception des textes. Ou encore analyser ce qui distingue le « rhizome » de Deleuze et Guattari (Mille Plateaux, 1980) de la théorie des réseaux (Stefan Kaufmann, 2007) dans les discours sur le champ littéraire ou l’intertextualité. C’est ce type d’enjeux que se propose d’examiner ce colloque international.

La relation de l’organique et du technique (comme tension, va-et-vient ou combinaison) sera au cœur des échanges à travers l’étude de figures ou modèles de pensées organico-techniques dans des textes de langue allemande portant d’une façon ou d’une autre sur la littérature (textes de théorie littéraire, littérature métadiscursive, philosophie, Kulturwissenschaft, essayisme).

La discussion des rapports entre organicité et technicité pourra notamment se faire au travers des aspects suivants :

  • Conceptualisations antérieures des rapports entre l’organique et le technique (du Moyen Âge à nos jours)
  • Influences francophones et anglophones sur le discours théorique et littéraire dans les pays de langue allemande (transferts de théories et transferts culturels)
  • Distinctions conceptuelles entre paradigme, figure de pensée (Denkfigur), modèle de pensée, métaphore, etc.
  • Matérialité de la théorie : son recul et les tentatives d’y revenir
  • Enjeux politiques de la théorie (biopolitique, Queer theory, Critical Race Theory, héritage des Lumières et sa remise en question, dynamiques rivales entre une hybridation et une nouvelle essentialisation des concepts de nature et de culture).

Modalités de soumission des propositions 

Les propositions de contribution en allemand ou en anglais (max. 300 mots) accompagnées d’un titre de travail et d’une courte notice biobibliographique sont à envoyer par mail avant le 31 juillet 2019 à Sarah Neelsen (sarah.neelsen@sorbonne-nouvelle.fr) et Julia Prager (julia.prager@tu-dresden.de) 

Langues de travail : allemand et anglais

Le colloque international aura lieu du 1er au 3 avril 2020 à la Sorbonne Nouvelle à Paris. Une demande de subvention pour la prise en charge des frais de voyage et de séjour a été déposée.

Frais d’inscription au colloque : 50€

Comité scientifique

Les propositions seront évaluées par :

  • Sarah Neelsen, Université Sorbonne Nouvelle - Paris 3
  • Julia Prager, TU Dresden

Lieux

  • Université Sorbonne Nouvelle
    Paris, France (75)

Dates

  • mercredi 31 juillet 2019

Mots-clés

  • théorie littéraire, littérature allemande, ecocriticism, hybride, cyborg, anthropocene, biopolitics, matérialisme

Contacts

  • Sarah Neelsen
    courriel : sarah [dot] neelsen [at] sorbonne-nouvelle [dot] fr
  • Julia Prager
    courriel : julia [dot] prager [at] tu-dresden [dot] de

Source de l'information

  • Sarah Neelsen
    courriel : sarah [dot] neelsen [at] sorbonne-nouvelle [dot] fr

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Organitechnoscience. Organicité et technicité dans le discours sur la littérature », Appel à contribution, Calenda, Publié le mardi 25 juin 2019, https://doi.org/10.58079/131c

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