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Produire et publier de la théologie dans le monde catholique (Des restaurations à Vatican II)

Producing and publishing theology in the Catholic world (from the Restorations to Vatican II)

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Publié le mardi 25 juin 2019

Résumé

L’histoire de la théologie contemporaine commence à voir émerger un renouvellement d’approches. À côté de l’analyse d’un objet particulier dans le discours théologique, d’autres recherches explorent le statut de la théologie et de son énonciation, ainsi que le statut des théologiens, dans une démarche d’histoire sociale et culturelle des savoirs. Ces études ont montré à quel point l’histoire de la théologie demeure trop dépendante du « grand récit » construit par les théologiens eux-mêmes, lequel s’impose aux historiens du religieux. Ce colloque entend poursuivre dans ce sens et cherche à rassembler des historiens travaillant sur la production et la publication des savoirs théologiques, du temps des restaurations européennes à la période du Concile Vatican II, période décisive pour la reconfiguration de la place des théologiens dans le monde des savoirs et des savants, ainsi que dans les églises.

Annonce

Belgique, Louvain-la-Neuve, 18-20 mars 2020

Argumentaire

L’histoire de la théologie contemporaine commence à voir émerger un renouvellement d’approches. À côté de l’analyse d’un objet particulier dans le discours théologique, d’autres recherches explorent le statut de la théologie et de son énonciation, ainsi que le statut des théologiens, dans une démarche d’histoire sociale et culturelle des savoirs. Ces études ont montré à quel point l’histoire de la théologie demeure trop dépendante du « grand récit » construit par les théologiens eux-mêmes, lequel s’impose aux historiens du religieux. Ce colloque entend poursuivre dans ce sens et cherche à rassembler des historiens travaillant sur la production et la publication des savoirs théologiques, du temps des restaurations européennes à la période du Concile Vatican II, période décisive pour la reconfiguration de la place des théologiens dans le monde des savoirs et des savants, ainsi que dans les églises. Du point de vue de l’histoire religieuse, l’usage d’un tel questionnaire permet-il de revoir la chronologie de l’histoire du christianisme et conduit-il à se dégager des périodisations des récits dominants sur le devenir du catholicisme dans le premier âge contemporain.

Partant d’un agenda d’histoire des savoirs, les communications pourront porter à la fois sur des questions relatives à la publication/édition (axe 1) et à la production/écriture (axe 2) du savoir dogmatique qu’est la théologique.

Axe 1. Publier de la théologie

La recherche sur la production imprimée de la théologie – pour l’édition religieuse plus généralement, il n’est plus à démontrer qu’il existe un lien fort entre « religion et culture de l’imprimé » –, que constituent les périodiques savants et les grandes entreprises éditoriales (dictionnaires, encyclopédies, collections) demeure peu développée – excepté peut-être l’histoire de l’édition des pères de l’Église et quelques monographies sur des maisons d’édition religieuse. Sur la base d’étude de cas, il s’agira donc d’analyser :

1/ l’articulation, d’un point de vue théorique et méthodologique – sources, méthodes et problématiques –, entre histoire de l’édition et histoire de la théologie : il s’agit de voir dans quelle mesure l’une et l’autre peuvent se compléter et offrir un apport à notre compréhension de la place de ce savoir à ce moment de l’histoire du catholicisme.

2/ les acteurs de l’édition de la théologie : les individus prenant part à l’entreprise éditoriale sont-ils tous issus du monde ecclésiastique ? Qui sont les initiateurs de ces entreprises ? Quels rapports entretiennent les directeurs, éditeurs et imprimeurs entre eux ; et de quelles manières se reconfigurent-ils sur le temps long ? Qui peut être qualifié de professionnel et/ou d’amateur dans le domaine ? : il s’agit de proposer une sociologie des acteurs qui rende compte de la spécificité de leurs parcours et de leurs places dans un milieu social particulier, mais aussi de leur inscription ecclésiale. On pourra aussi ici aborder la question de la capacité d’action de ces entrepreneurs vis-à-vis du poids des contextes économiques plus larges et du poids des institutions religieuses. On devra également prendre en compte leurs places à l’intérieur, à la fois de réseaux ecclésiastiques et à la fois de réseaux savants. Si cela s’avère possible, une étude des libraires spécialisés en livres religieux, et de la place qu’ils font à la théologie serait particulièrement bienvenue.

3/ la publication comme entreprise économique et soumises à des contraintes en ressources humaines et matérielles : quels sont les enjeux et les risques à entreprendre l’édition de théologie par rapport à l’édition d’autres savoirs comme l’histoire ou les sciences naturelles ? En quoi un livre de théologie est à la fois un objet commercial ? Comment s’organise sa diffusion et sa publicisation ? : il s’agit d’interroger les stratégies déployées par les éditeurs, imprimeurs, etc. pour perpétuer l’entreprise – la publicité par exemple – et assurer la rentabilité économique de leurs entreprises. Outre les questions relatives au management de ce type d’entreprise éditoriale spécifique – notamment la manière dont les acteurs mettent en œuvre des stratégies de contenu et définissent une niche de marché « théologique » – il faudra donc essayer de caractériser les spécificités de ces entreprises éditoriales dans l’histoire du livre et de la publication au XIXe siècle. Le comprendre suppose encore de s’intéresser à l’évolution des techniques de communication, de collation et d’impressions.

4/ les formes de la publication : quelles formes peuvent prendre l’édition de théologie – et de ses différentes sous-disciplines (dogmatique, morale, biblique, etc.) ? En quoi les enjeux de fondation d’un périodique de théologie différent-ils à la fois d’une revue savante – objet classique en histoire des sciences et « lieu idéal-typique de l’élaboration d’une histoire sociale et économique du savoir » – d’une autre discipline et à la fois d’un manuel, d’une monographie ou encore d’un dictionnaire encyclopédique ? Est-il possible de dégager des typologies spécifiques de formes de publication théologique ? : les communications sont invitées à questionner les formes adoptées par la publication et plus spécialement celle des revues de théologie et de sciences religieuses et analyser en quoi ces formes impactent à la fois la publication mais aussi la circulation de ce savoir théologique. On pourra également évoquer la spécificité des catalogues de bibliothèques ou d’éditeurs théologiques, des revues de bibliographies.

5/ la géographie et la typologie des lieux de la production de la théologie : quels sont les lieux d’édition de ces œuvres : lieux des maisons d’édition, bibliothèques, séminaires, universités ? L’enjeu de la publication est-il plutôt local ou global ? Que révèle une étude des lieux de production ? Manifestent-ils des similitudes avec la géographie des lieux des publics « réels » et imaginés – qu’on peut, entre autres, étudier à partir des prix des revues et des abonnements et des collaborateurs publicisés ? L’objectif étant de situer les savoirs dans l’espace autant que dans le temps. Par exemple, l’étude systématique d’une rubrique « recensions/comptes rendus » d’une revue de théologie permet d’évaluer le poids de la présence des théologies en fonction de leur lieu de production. De plus la globalisation du catholicisme au XXe siècle en faisant naître de nouveaux lieux de savoir affecte-t-elle aussi et au même rythme l’édition théologique ? Quelles sont les spécificités de ces lieux ? Quelle évolution de la géographie du savoir (Europe, Amériques, Asie, Afrique etc.) peut-on observer dans cette séquence de l’histoire du christianisme contemporain. Il s’agira aussi d’analyser la place occupée par ces entreprises dans les lieux repérés et les liens qu’elle entretiennent avec les autorités de ces lieux (maisons d’édition, séminaires, universités, congrégations, etc.).

Axe 2. Écrire et produire de la théologie

1/ l’écriture de la théologie comme performance savante et sa définition disciplinaire : dans quelle mesure peut-on qualifier une production théologique des XIXe et XXe siècles de production scientifique ? et quels sont les critères de cette scientificité ? Voir même ses cadres épistémologiques ? Peut-on dresser une chronologie de la transformation de ces critères – en fonction de la variation de lieux (séminaires, universités, facultés des ordres religieux, voire même à l’extérieur des lieux classiques de production) et d’espaces (France, Allemagne, Belgique, Pays-Bas, Italie) – et par là du statut de la théologie en tant que discipline académique par rapport aux autres savoirs ? Cette (re)configuration passe-t-elle par l’adoption des critères similaires à l’écriture d’autres savoirs ? : il s’agit d’interroger le rapport entre le théologien et les modalités de son écriture, et par là à la discipline, et donc la capacité du théologien à s’affirmer face à une autorité plus générale des savoirs – en prenant en compte l’impact d’événement majeur comme la crise moderniste. On pourra également aborder ici les questions de matérialité de cette écriture : que révèle une étude des archives des scientifiques voire des articles d’un périodique scientifique – par la présence d’un résumé, d’articles en traduction, de l’utilisation des notes de bas de pages (tant la forme que le contenu) que par le choix des langues (entre langues nationales et latin comme langue du savoir) – sur les pratiques savantes du théologien ?

2/ la production de la théologie et son statut dans un cadre ecclésial : dans quelle mesure les œuvres des théologiens sont-elles lues, reçues et jugées par les différents acteurs du Magistère ? Et lorsque ce dernier vient censurer l’écriture de ces savoirs théologiques, sur quoi portent les arguments de la condamnation ? Puisqu’on se propose de faire une histoire des théologiens, plus que des idées théologiques, on interrogera donc ici les pratiques de la régulation romaine – ou celles des évêques ou encore celles des supérieurs d’instituts catholiques (par une mise à l’écart des enseignements par exemple) – pour contrôler les théologiens. Dans ce cadre, il s’agit aussi de revenir sur la capacité du théologien à s’affirmer comme détenteur d’une écriture qui lui fournit un pouvoir d’action face au magistère. En retour qu’elle autorité les théologiens parviennent-ils à construire et quel rôle joue l’autorité académique dans cette construction ?

3/ les publics de la théologie : dans quelle mesure peut-on dresser une typologie, si pas des lecteurs, des publics visés par la production d’œuvres théologiques contemporaines ? Dans le cas d’un périodique scientifique – dans la mesure où le format revue formalise les contacts entre théologiens –, que révèle une étude de son positionnement sur les logiques de construction des publics et donc à termes sur notre connaissance de la circulation de cette production ? En effet, des rubriques telles que les chroniques ou les notes critiques créent des espaces de discussions spécifiques à la controverse, ou tout du moins à la conflictualité. On veillera aussi à interroger les publics des écritures semi ou para théologiques ; et inversement, comment les publics affectent l’écriture du savoir théologique – des échanges entre étudiants et théologiens en cours à l’écriture de la monographie du professeur par exemple. De nombreuses archives universitaires préservent des cours de théologie, peut-on voir sur cette base un lien mais aussi un écart entre théologie publiée et théologie enseignée.

Consignes aux communicants

Les propositions (en français, anglais, néerlandais, allemand ou italien) faisant entre 3000 et 5000 signes maximum (comprenant un titre et accompagnées d’une note bio-bibliographique) doivent être envoyées à martin.dutron@uclouvain.be,  jpgay@ucclouvain.be et sylvio.defranceschi@ephe.psl.eu. Elles seront lues et évaluées par le comité organisateur/scientifique.

Les communications n’excéderont pas les 30 minutes, permettant ainsi 5 à 10 minutes de questions et de discussion lors des trois journées de colloque.

Les contributions, après examen des textes par le comité, feront l’objet d’une publication en 2021.

  • Date limite d’envoi des propositions : 15 octobre 2019

  • Sélection : 31 octobre 2019
  • Colloque à Louvain-la-Neuve : 18-19-20 mars 2020
  • Date limite d’envoi des articles : 1 septembre 2020

Comité d'organisation

  • Sylvio Hermann De Franceschi (Directeur d'études à l'EPHE)
  • Martin Dutron (Doctorant, UCLouvain, RSCS)
  • Jean-Pascal Gay (Professeur d’histoire du christianisme, UCLouvain, RSCS)

Lieux

  • Louvain-la-Neuve, Belgique (1348)

Dates

  • mardi 15 octobre 2019

Mots-clés

  • savoirs théologiques, histoire des savoirs, édition religieuse, écriture théologique, science studies, periodical studies, histoire de l'édition

Contacts

  • Martin Dutron
    courriel : martin [dot] dutron [at] uclouvain [dot] be

URLS de référence

Source de l'information

  • Martin Dutron
    courriel : martin [dot] dutron [at] uclouvain [dot] be

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Produire et publier de la théologie dans le monde catholique (Des restaurations à Vatican II) », Appel à contribution, Calenda, Publié le mardi 25 juin 2019, https://doi.org/10.58079/131d

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