Inicio(Dé)construire les archives coloniales : enjeux, pratiques et débats contemporains

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(Dé)construire les archives coloniales : enjeux, pratiques et débats contemporains

Deconstructing colonial archives: issues, practices and contemporary debates

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Publicado el miércoles 19 de junio de 2019

Resumen

Le Groupe de recherche sur les ordres coloniaux (GROC) et les Archives nationales d'outre-mer (ANOM) organisent une double journée d'étude sur les archives dites "coloniales". En plus des panels de discussion et tables rondes réunissant historiens et archivistes, cette journée d’étude prévoit une présentation des ANOM et de certains de ses fonds par les archivistes de l’institution. Ces deux journées cherchent à nourrir une réflexion sur l'histoire de ces archives, leur production, leur organisation et leur usages, scientifiques comme politiques. 

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Présentation

Qu’il s’agisse de la restitution d’archives aux pays anciennement colonisés ou de la déclassification de certains fonds jusqu’ici non-consultables, ces vingt dernières années ont été marquées par des controverses vives dont les « archives coloniales » ont été le centre. L’expression « archives coloniales » a désormais fait son entrée dans le débat public, corollaire de la prolifération du terme « colonial ». Ces dernières semaines, les médias se sont ainsi emparés d’une polémique scientifique, autour de la publication de Sexe, Race, et Colonies, reproduisant et diffusant des archives coloniales bien particulières : celles issues de la domination sexuelle en situation coloniale. Certain-e-s chercheurs-euses ou/et militant-e-sont avancé que cette démarche, insuffisamment appuyée sur un appareil critique spécifique, tendait au voyeurisme et, ce faisant, reproduisait en partie le geste colonial.

La parution de ce livre prend place dans un contexte marqué par l’actualité d’une réflexion épistémologique sur les archives coloniales. Il y a près de dix ans, Ann Laura Soler publiait Along the Archival Grain (qui attend toujours sa traduction) au retentissement encore important de nos jours. Dans cet essai, l’anthropologue s’oppose à l’approche, devenue dominante, de prendre « à contre-pied » des archives coloniales, ou de les contourner par « l’invention » d’autres sources (entendues comme « non-coloniales »), à la recherche des voix des colonisé-e-s. L’auteure propose en effet de plonger frontalement dans les archives coloniales et, au moyen d’un appareil critique ajusté, de les prendre au sérieux dans ce qu’elles nous apprennent sur leur contexte de production, les catégories sociales et administratives mais aussi les affects qui les traversent, ainsi que la manière dont les institutions archivistiques coloniales se construisent et se structurent au sein des sociétés coloniales.

Axes de réflexion

À l’image du passé colonial qu’elles interrogent, les archives coloniales sont des matériaux historiques qui font constamment l’objet de controverses. Cette journée a donc pour objectif d’alimenter une réflexion, à la fois épistémologique, théorique et pratique sur les usages des archives coloniales. Elle aura lieu au cœur d’une institution centrale pour les recherches portant sur le passé colonial français et le passé de nombreux autres pays ; elle permettra également de faire dialoguer les approches archivistes et historiennes.

Qu’est-ce qu’une « archive coloniale » ?

Cette dénomination cache, en effet, une multiplicité de documents souvent (mais pas exclusivement) écrits. Qui les produit ? Si les archives sont constituées par les autorités coloniales elles-mêmes, les matériaux qu’elles regroupent peuvent être de simples saisies, originellement produits par d’autres groupes et donc, parfois, par les populations colonisées (courriers, brochures, pamphlets, etc.). Dès lors, comment user des catégories « coloniales » qui les structurent ? Sont-elles toutes marquées par un rapport de domination coloniale comparable ? Quelles méthodes, pratiques, voire précautions les historien-ne-s doivent-ils adopter face, et avec, ces dites « archives coloniales » ?

Comment articuler l’« archive coloniale » à d’autres archives ?

Si le premier axe vise à identifier les catégories coloniales de même que les précautions à prendre à leur égard, il s’agira, dans un second temps, de souligner l’articulation avec, d’une part, des documentations « non-coloniales » (en interrogeant la pertinence de cette catégorisation). Ainsi, le recueil de témoignages oraux par les historien-ne-s, de même que la recherche des écrits de l’intime sont souvent mobilisé-e-s pour obtenir des alternatives aux récits des archives coloniales. D’autre part, dans le cadre de l’étude des archives coloniales, les fonds abrités aux Archives nationales d’Outre-mer (ANOM) peuvent être mis en regard avec ceux d’autres lieux de conservation (archives d’autres puissances coloniales, archives coloniales conservées localement ou fonds « diplomatiques » comportant un nombre important de volumes produits durant la colonisation). C’est notamment ainsi que peuvent s’observer les tensions, divergences ou cohérences entre différentes branches des administrations coloniales. Il s’agira donc ici d’interroger l’articulation de corpus archivistiques distincts, de décloisonner les approches, d’interroger l’unilatéralité des « archives coloniales », de saisir le « colonial » à travers des archives résultant de divers contextes de productions. L’établissement de tableaux synoptiques de répartition des archives, encore souvent difficile à saisir, voire de premiers « inventaires bilatéraux » pourra être abordée.

Les « archives coloniales » comme lieux d’histoire et de mémoire

En témoignent les événements scientifiques (congrès de la French Colonial Historical Society), et grand-publics (journées du patrimoine) organisés aux ANOM : l’institution abritant les documents issus de la colonisation française a une place centrale dans la production de discours sur le passé colonial exclusivement. Quelle est l’histoire de ces archives ? Quelles sont les continuités et les ruptures dans l’histoire de l’institution ? Plus largement, comment ont cheminé les documents aujourd’hui consultables aux ANOM depuis leur production et leur organisation dans les armoires des institutions coloniales ? Quels gestes, quelles intentions et quels hasards ont conduit à la constitution des fonds ? Au-delà du moment de production et de classification des documents, quels usages en ont été faits et en sont faits à l’heure actuelle ? Qui les consulte et pourquoi ? En plus de ces interrogations d’ordre scientifique, quels sont les enjeux politiques et mémoriels entourant une institution rarement évoquée dans le débat public alors même qu’elle abrite des documents sensibles ? Comment mobiliser ces archives dans le cadre de la transmission et de l’enseignement de l’histoire de la colonisation française ?

En plus des panels de discussion, cette journée d’étude prévoit une présentation des ANOM et de certains de ses fonds par les archivistes de l’institution.

Les inscriptions, obligatoires, sont malheureusement déjà complètes. L'événement sera relayé sur les réseaux sociaux grâce au compte Twitter@grocanom2019. 

Programme

Archives nationales d'outre-mer, 27 et 28 juin 2019

Organisé par le groupe de recherches sur les ordres coloniaux (GROC)

Jeudi 27 juin 2019

9h - 9h30

Accueil des participant-e-s, café

9h30 - 10h00

Mot de bienvenue

10h00 - 12h00

Visite des ANOM et présentation d’un fonds

Avec Isabelle Dion, directrice par interim des ANOM

12h00 - 13h00

Pause déjeuner

13h00 - 15h00

« Quelles pratiques archivistiques en contexte colonial ? »

Panel présidé par Isabelle Merle (CNRS, CREDO)

  • Charly Jollivet (CNRS, Temos), « Construire l’histoire des archives pour mieux contextualiser les archives coloniales de Madagascar et des Comores »
  • Fabienne Chamelot (University of Portsmouth), « Politique des archives, gouvernance et administration coloniale en Indochine et AOF des années 1910 aux indépendances »
  • Marie Bossaert (ÉFR, CETOBAC), « Les Archives à la mer ! : la réorganisation de l’« Archivio turco » de Tripoli par les autorités coloniales italiennes (1911-1913) »
  • Joseph Tsigbe (Université de Lomé), « Écrire l’histoire du Togo de la période 1914 – 1922 : quelle articulation entre archives coloniales et d’autres sources ? »

15h30 - 16h30

Table-ronde : « Conservation et accessibilité des archives coloniales : quels enjeux institutionnels ? »

  • Éric Lechevallier (CADN)
  • Margo Stemmelin (Paris 8, IDHES)

Vendredi 28 juin 2019

9h15 - 10h45

« Production documentaire et construction du pouvoir colonial »

Panel présidé par Emmanuelle Sibeud (Paris 8, IDHES)

  • Romain Tiquet (Université de Genève), « Rendre compte pour ne pas avoir à rendre des comptes : le rapport politique colonial comme objet ethnographique »
  • Mathieu Marly (Lille 3, IRHIS), « Archiver l’Autre. Maintien de l’ordre et ethnographie militaire dans les montagnes de l’Atlas marocain (1912-1956) »
  • Antoine Perrier (Science Po Paris, CHSP), « Gouverner avec les yeux. Archives coloniales et sources des monarchies marocaine et tunisienne sous le protectorat français. »

11h00 - 13h00

« Le colonial en filigrane : comment faire parler l’archive ? »

Panel présidé par Emmanuel Blanchard (UVSQ, CESDIP)

  • Antonin Plarier (Paris 1, CHS) et Thierry Guillopé (Paris Est Marne-la-Vallée, ACP),

« De l’articulation des archives à la micro-histoire d’une ville-mine d’Algérie (Aïn Mokra, mi 19e - début 20e siècle) »

  • Dominique Taurisson (Université de Montpellier, Dynamiques du Droit), « Les archives coloniales au secours de la diversité génétique des petits ruminants du Maghreb »
  • Amandine Dabat (EHESS, CASE), « Analyser l’histoire coloniale du Laos sans les archives de la Résidence supérieure : potentiel d’autres fonds »
  • Raphaël Gallien (Paris 7), « Le fou invisible ? (Re)penser l’ordre colonial à partir de ses marges : itinéraires, pour une histoire de la folie à Madagascar (1900- 1960) »

13h00 - 14h00

Pause déjeuner

14h00-15h

Table ronde : « Conjuguer les archives coloniales au présent : place et rôle dans les sociétés contemporaines »

  • Abdou Nouhou Badroudine (Université de la Réunion, OSOI)
  • Flora Losch (EHESS, Centre Alexandre-Koyré)
  • Marie-Claire Pontier (directrice des AD 13)

15h15 - 16h45

Conclusion générale par Isabelle Grangaud (CNRS , LaDéHiS)

Categorías

Lugares

  • 29 chemin du moulin de Testas
    Aix-en-Provence, Francia (13)

Fecha(s)

  • jueves 27 de junio de 2019
  • viernes 28 de junio de 2019

Archivos adjuntos

Palabras claves

  • Archives , colonisation , outre-mer , archivistique , colonial studies , postcolonial studies

Contactos

  • GROC
    courriel : grocolloque [at] gmail [dot] com

Fuente de la información

  • Sara Legrandjacques
    courriel : sara [dot] legrandjacques [at] gmail [dot] com

Licencia

CC0-1.0 Este anuncio está sujeto a la licencia Creative Commons CC0 1.0 Universal.

Para citar este anuncio

« (Dé)construire les archives coloniales : enjeux, pratiques et débats contemporains », Jornada de estudio, Calenda, Publicado el miércoles 19 de junio de 2019, https://doi.org/10.58079/132o

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