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Enjeux sociaux – enjeux spatiaux

Social issues / social stakes - committing knowledge / knowing how commit?

Engager les savoirs / savoir s’engager ?

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Publié le mercredi 18 septembre 2019

Résumé

Le département de géographie et environnement de l'université de Genève organise au semestre d'automne 2019 un cycle de conférences publiques intitulé « enjeux sociaux - enjeux spatiaux » consacré cette année à la question de l'engagement des savoirs.

Annonce

Le département de géographie et environnement de l'Université de Genève organise au semestre d'automne 2019 un cycle de conférences publiques intitulé "enjeux sociaux - enjeux spatiaux" consacré cette année à la question de l'engagement des savoirs.

Argumentaire

Ces dernières décennies, le rapprochement de la géographie avec les sciences sociales a favorisé l'implication des géographes dans les débats de société. Dans le monde francophone, la collusion historique entre la création de savoirs sur l'espace et le monde politique et militaire a été dénoncée dans les années 1970 par des penseurs comme Yves Lacoste, mais celui-ci en appelait aussi à une prise de conscience du rôle de la discipline dans le développement d’une société démocratique. Le cycle de conférences « Enjeux sociaux – enjeux spatiaux » de l'automne 2019 aura pour but de questionner les formes d'engagement social et politique des géographies dites critiques, des recherches sur l'environnement dans un contexte social de montée des préoccupations environnementales, mais aussi les pratiques de chercheur·euse·s travaillant sur la dimension spatiale des sociétés provenant d'autres disciplines.

Tout au long du semestre, les intervenant·e·s aborderont tantôt la question de l'établissement de la vérité, de l'objectivité et la mise en place de techniques d'objectivation, tantôt les problèmes éthiques afférents aux liaisons entre chercheur·euse·s et mouvements politiques, syndicaux ou militants. Dans une acception large de l’idée d’engagement, nous aimerions aussi débattre du sens qu’elles/ils donnent à cette notion à travers un questionnement sur les différentes formes d’engagement, des causes et valeurs en jeu, et des capacités d'action dont elles/ils disposent. D’autres questionnements seront également au centre du cycle de conférences : « Comment envisager l'‘utilité’ sociale de la recherche ? » « Quelle responsabilité donner au savoir et à la transmission des connaissances ? » Questions primordiales d’autant que la géographie forme de futur·e·s enseignant·e·s, de futur·e·s acteurs·trices du développement local et de l'aménagement territorial, et qu’elle apporte des expertises dans les processus d'actions politiques territorialisées. Enfin, nous débattrons des modes d'écriture et de restitution des recherches scientifiques, et notamment de la place de l'image pour disséminer des savoirs engagés.

Programme

https://www.unige.ch/sciences-societe/geo/es2/2019/

Jeudi 19 septembre 2019

 

Introduction générale et présentation de l'évaluation

 

Jeudi 26 septembre 2019

  • Christine Chivallon S’engager en situation de dissymétrie coloniale : un défi impossible ?

Au cours de cette conférence, Christine Chivallon abordera la difficulté - une quasi aporie - de l’engagement en situation de recherche dans les contextes (post)coloniaux. De double formation, anthropologue et géographe, elle a consacré la plupart de ses recherches aux sociétés à fondement esclavagiste des Amériques et à celles de la Caraïbe en particulier. La présence sur « le terrain », véritable fétiche méthodologique des anthropologues et des géographes, reconduit la généalogie de nos disciplines ancrées dans l’expérience de la découverte du Nouveau-Monde et de la conquête. Elle partira du point de vue de Michel de Certeau (L’écriture de l’histoire, Paris, Gallimard, 1975, p. 9-10) pour qui la découverte de l’Amérique est « la scène inaugurale » de l’écriture du « vouloir occidental » quand celui-ci se met à fabriquer « l’histoire » en créant le corps de l’autre pour « y tracer sa propre histoire ». Comment dès lors parvenir à « engager » le savoir dans la déconstruction de processus de domination empreints de colonialité si la présence sur le terrain est elle-même porteuse d’une relation de dissymétrie structurelle ? Elle évoquera tour à tour les objets de ses recherches toujours focalisés sur les rapports de pouvoir ; les démarches réflexives qu’il a fallu mobiliser pour ne pas laisser à l’état d’impensé cette difficulté majeure qui fonde le socle épistémologique de nos disciplines ; les choix théoriques et conceptuels puisés chez les penseurs critiques de l’expérience coloniale (Stuart Hall, Paul Gilroy, Édouard Glissant, Achille Mbembe…) ; les expériences concrètes pour mettre à l’épreuve une tentative de « savoir symétrique » ; l’intérêt accordé aux dynamiques académiques qui contiennent et disciplinent les savoirs. Elle fera le bilan de ces diverses trajectoires empruntées pour en tirer une vision très mitigée où la question de la place du chercheur - par-delà sa volonté de s’engager dans des démarches constitutives de savoirs attachés aux principes de justice et de contestation des violences sociales - se pose toujours avec autant d’acuité à partir du moment où le monde académique et les pratiques qu’il engendre reste producteur de dissymétries anciennes.

Christine Chivallon est anthropologue et géographe, directrice de recherche au CNRS. Ses recherches portent sur les questions de cultures, mémoires et matérialité et s’intéressent au pouvoir des médiations matérielles dans les représentations sociales. Elles sont principalement consacrées aux univers caribéens et aux sociétés à fondement esclavagiste des Amériques.Parmi ses dernières publications : L’esclavage. Du souvenir à la mémoire, Paris, Karthala, 2012 ; « Decoding the diaspora of Stuart Hall, Historicity, Performativity and Performance of a Concept”, African and Black Diaspora: An International Journal, 2018, 11(3), pp. 279-292 ; « Mémoires du corps animalisé en contexte colonial : le faux débat de la modernité, de l’humain et du non-humain », in : Aje L., Gachon N. (Eds), La mémoire de l’esclavage. Traces mémorielles de l'esclavage et des traites dans l'espace atlantique, Paris, L’Harmattan, 2018, pp. 17-48 ; « En dialogue avec les utopies Africana », Tumultes, 2019, 52, pp. 129-145.

Jeudi 3 octobre 2019

Jörg Balsiger, Marlyne Sahakian, Pauline Plagnat Cantoreggi Etre enseignant, chercheur et citoyen face aux enjeux de développement durable

Regards croisés autour des enjeux de la recherche et de l’enseignement du développement durable.

Jörg Balsiger est professeur associé au Département de géographie et environnement et à l’Institut des Sciences de l’environnement. Politologue de formation, ses activités de recherche, d’enseignement et de service à la cité s’inscrivent dans le domaine du développement durable, du niveau très local (par ex. soutien aux étudiants cherchant à promouvoir la durabilité dans le périmètre universitaire ; enseignement du développement durable dans deux différents Master ; direction d’une formation continue en développement durable) au niveau national (par ex. participation à deux commissions des Académies suisses des sciences portant, respectivement sur la science de la viabilité et le paysage, les Alpes et les parcs), régional (par ex. projet de soutien institutionnel aux universités du Caucase actives dans le développement durable des régions de montagne) et global (par ex. présidence de la Mountain Research Initiative).

Pauline Plagnat-Cantoreggi est chargée de cours à l’ISE dans le MUSE. Elle est Docteure en économie du développement et ses sujets de recherche portent autour des enjeux économiques face au développement durable (analyse politique, relations Nord/sud, gouvernance, indicateurs, enjeux agricoles). Ses terrains de recherche sont principalement en Corée du Sud mais aussi plus largement en Asie du sud-est, et en Europe (projets de recherche européens). Elle est par ailleurs élue dans sa commune.

Marlyne Sahakian est professeur assistante en sociologie à l’Université de Genève, et affiliée à l’Institut des Sciences de l’environnement. Elle mène des projets de recherche et enseigne sur la thématique de la consommation dans une perspective de durabilité en milieu urbain. Elle coordonne des projets tout aussi bien sur les questions alimentaires et énergétiques, que sur les espaces urbains et le bien-être. Sa recherche est axée sur le lien entre gestion des ressources, pratiques sociales, et équité, avec comme intérêt principal les consommateurs/citoyens. Elle est membre fondatrice de SCORAI Europe, un réseau de recherche et actions en consommation durable.

Jeudi 10 octobre 2019

  • Hervé Munz Voies et voix de l’engagement anthropologique. Production du savoir, restitution aux informateurs/rices et visibilité

Sur la base de matériaux réunis lors d’une recherche postdoctorale sur les transferts de savoirs horlogers suisses à Hong Kong, la présente contribution entend interroger l’engagement de l’anthropologue sous trois aspects : l’engagement corporel du chercheur au cours du travail de terrain ; l’engagement déontologique de la phase de restitution des résultats de l’enquête aux partenaires de terrain ; l’engagement publique du savoir scientifique à travers différents leviers de mise en visibilité (conférences, publications, interventions dans les médias). Pour documenter ces trois axes de problématisation, Hervé Munz reviendra sur l’enquête qualitative qu’il a menée durant plusieurs mois, en qualité d’apprenti, dans un centre de formation hongkongais où un enseignant helvétique formait des praticiens locaux, à la demande de divers patrons. Il s’agira là de souligner l’ambivalence inhérente à la méthode immersive que constitue l’apprentissage tout en montrant les problèmes spécifiques qui se posent à l’ethnographe lorsque celui-ci suscite l’hostilité de ses partenaires de terrain. Que faire des matériaux produits dans un tel cadre (notes d’observation, descriptions, photographies, croquis, enregistrements vidéo) ? Dans quelles mesures sont-ils exploitables à l’insu des partenaires de terrain ? En quoi de tels problèmes d’exploitation des données caractérisent-ils les rapports de force qui peuvent s’exercer entre savants et praticiens dans un contexte politique et économique donné ?

Hervé Munz est docteur en anthropologie. Après avoir mené des recherches postdoctorales sur l’industrie horlogère suisse et ses rapports avec la Grande Chine aux universités de Hong Kong et Londres, il coordonne un projet de recherche sur l’invocation de la mondialité dans le Patrimoine Culturel Immatériel de l’UNESCO à la Faculté des sciences de la société de l’Université de Genève. Il est l’auteur de La transmission en jeu : apprendre, pratiquer, patrimonialiser l’horlogerie en Suisse (2016, Editions Alphil) et a co-écrit Politiques de la tradition. Le patrimoine culturel immatériel (2018, Presses universitaires romandes).

Jeudi 17 octobre 2019

  • Armelle Choplin (Re)penser le monde depuis les villes africaines : tentatives de décentrage et expériences participatives

Cette conférence reviendra sur deux formes d’engagement développé par Armelle Choplin au cours de son parcours d’enseignante-chercheuse. La première est d’ordre théorique et scientifique : depuis près de 20 ans, elle s’efforce de produire du savoir sur les villes africaines avec un but, celui de changer le regard sur ces espaces urbains qui ont été trop souvent oubliés, figurant à peine sur les cartes du monde. Dans la lignée des études post coloniales, cette démarche vise à désoccidentaliser nos manières de concevoir le monde et à montrer que depuis ces marges et espaces discrets de la mondialisation se joue (aussi) l’avenir de la planète. La seconde forme d’engagement est liée au terrain. Cette conférence sera l’occasion de revenir sur des projets de recherche-action menés en Afrique de l’Ouest ces trois dernières années. Deux projets seront l’occasion de parler d’engagement avec les communautés locales : l’exposition sur l’histoire de Cotonou (Bénin) et un projet d’innovation numérique et de cartographie participative mené dans un quartier précaire (projet Map&Jerry). Elle reviendra sur l’importance de la présence longue sur le terrain, la démarche participative, les attentes suscitées mais aussi les limites de ces deux initiatives.

Armelle Choplin est professeure associée au Département de géographie et environnement de l’UNIGE et au Global Studies Institute depuis 2019. Après un doctorat en géographie et aménagement en 2006 (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne), elle a été Maîtresse de Conférences à l’Université Paris-Est et à l’Ecole d’Urbanisme de Paris. De 2016 à 2018, elle a été chercheuse à l’Institut de Recherche pour le Développement, affectée en Afrique de l’Ouest.

Jeudi 24 octobre 2019

  • Emeric Lhuisset Présentation de l’exposition Quand les nuages parleront

Artiste plasticien, Emeric Lhuisset reviendra sur quelques étapes importantes de son parcours et sur le processus de création de son oeuvre. Travaillant au Moyen-Orient depuis plus de 15 ans, il a rencontré beaucoup de gens devenus par la suite réfugiés, il a donc entrepris un travail sur ces amis en exil, ceux qui viennent d’arriver à l’étranger et ceux de la seconde génération. Puis il a remonté le processus de migration, pour parler de ceux qui sont devenus ou qui auraient pu devenir des réfugiés, pour parler de l’avant. Et finalement il a décidé d’aller encore plus loin, en témoignant de la construction d’une situation amenant l’exil. C'est l'histoire d'amis, l’histoire des gens qu’il a rencontrés, l’histoire de territoires multiples, l'histoire de territoires où les histoires enfouies s’entremêlent.

Emeric Lhuisset est diplômé en art (École des beaux-arts de Paris) et en géopolitique (École normale supérieure Ulm / Université Panthéon-Sorbonne). Son travail traite essentiellement de problématiques géopolitiques. Il est présenté dans de nombreuses expositions à travers le monde (Tate Modern à Londres, Museum Folkwang à Essen, Institut du Monde Arabe à Paris, Stedelijk Museum à Amsterdam, Les Rencontres d’Arles, Sursock Museum à Beyrouth, musée du Louvre Lens...). En parallèle de sa pratique artistique, il enseigne à Sciences Po Paris sur la thématique art contemporain et géopolitique.

Jeudi 31 octobre 2019

  • Sarah Bittel Éthique et engagement sur et après le terrain : comment réunir militantisme pro-réfugiés et production de savoir ?

Cette intervention se base sur une recherche doctorale en cours qui se focalise sur la production visuelle de migrants et leur autoreprésentation dans un cadre de migration forcée. Il s’agit d’ouvrir un espace de réflexion critique sur les politiques et pratiques européennes en termes d’asile, et de nouvelles perspectives sur la façon dont l'autoreprésentation sert de médiateur aux réfugiés pour devenir acteurs du politique. La création d'images en collaboration avec les réfugiés est un élément méthodologique central à cette recherche. Qu’implique cette méthode en termes de responsabilités ? Donner une visibilité à certains éléments peut être délicat, car des stratégies visuelles peuvent être liées aux procédures d'asile. Faire une recherche sur le visuel dans un tel contexte demande donc une attention particulière pour ne pas risquer d’alimenter des débats sur l'"abus en matière d'asile", ou de ne pas "dénoncer" certaines stratégies. Cette intervention cherchera à réfléchir aux implications d’une chercheuse engagée et à la protection de ses interlocuteurs, tout en gardant à l’esprit la « mission » de produire du savoir.

Sarah Bittel est doctorante en deuxième année à l'Institut de hautes études internationales et du développement (IHEID) à Genève. Sa recherche se focalise sur la revendication de subjectivité de migrant·e·s forcé·e·s par diverses formes d’autoreprésentations visuelles. S'appuyant sur son ancienne activité de photojournaliste et sur son Master en géographie politique et culturelle (Unige), elle se réfère aux théories postcoloniales et à l'anthropologie visuelle pour réfléchir sur le migrant comme nouvelle figure du politique.

Jeudi 7 novembre 2019

Semaine de lecture

Jeudi 14 novembre 2019

  • Geoffroy de Lagasnerie La pensée dans l’espace

La question des rapports entre la science et la politique, entre la production intellectuelle et la mise en cause du monde hante les sciences sociales. Chaque tradition a proposé une manière de concevoir l'articulation (ou l'absence d'articulation) entre la pensée et la société, entre le champ scientifique et l'espace public, entre le producteur de connaissance et les autres acteurs du monde social en donnant une signification spécifique à un certain nombre de concepts comme ‘objectivité’, « neutralité », « valeur », « fait », « vérité », « science », « critique », « autonomie », etc. Cette discussion engage un certain nombre de conséquences sur les relations entre la pensée et l'espace, sur la circulation et la diffusion des œuvres, sur les publics, les disciplines et l'université. Cette intervention essaiera de dégager de nouvelles perspectives pour penser les rapports éthiques et spatiaux entre politique et sciences sociales, entre intellectuels et mouvement social, pour définir les concepts de neutralité, engagement, critique, vérité.

Geoffroy de Lagasnerie est philosophe et sociologue. Il est professeur à l'Ecole Nationale Supérieure d'Arts de Paris-Cergy. Il a publié plusieurs textes sur la question de l'Université et de l'éthique de la recherche ou de l'art parmi lesquels Logique de la création, Fayard, 2011 ; Penser dans un monde mauvais, PUF, 2017 ou The University and its Critics (Soziopolis, 2018).

Jeudi 21 novembre 2019

  • Claire Camblain Mener une recherche oppositionnelle antispéciste : réflexions autour d’enjeux épistémologique et méthodologique

Cette intervention présentera l’élaboration d’une recherche « oppositionnelle » (de Lagasnerie, 2015) menée dans le cadre d’une thèse consacrée à l’étude de trajectoires de vie de survivant·e·s de l’exploitation animale, communément qualifié·e·s d’« animaux de rente ». Dans un premier temps, il s’agira de discuter de l’évolution du rapport de la chercheuse à la notion d’engagement, ce qui lui permettra notamment d’aborder l’inscription de sa thèse dans les espaces de la lutte antispéciste. Dans un second temps, il sera question des moyens épistémologique et méthodologique mis en place pour produire une connaissance « déstabilisatrice » (Ibid.). Cette dernière partie traitera de son choix de sujet de doctorat, de l’ancrage théorique matérialiste de celui-ci et de l’écriture de biographies pour restituer et analyser les données récoltées.

Claire Camblain est doctorante en géographie à l’Université de Genève. Elle y réalise sa thèse Trajectoires hors de l’élevage : résister au spécisme dans les sanctuaires pour les « animaux dits de rente » sous la supervision de Jean-François Staszak.

Jeudi 28 novembre 2019

Aline Helg Le concept d’historical agency à l’épreuve, ou comment écrire une histoire des Amériques à partir de celles et ceux qui étaient soumis à l’esclavage

Cette contribution partira du renouveau historiographique né du concept d’historical agency, qui met en lumière l’agentivité historique de femmes et d’hommes exclus ou marginalisés par l’historiographie traditionnelle. Se fondant sur son ouvrage Plus jamais esclaves ! De l’insoumission à la révolte, le grand récit d’une émancipation (1492-1838) Aline Helg expliquera qu’en reconnaissant la historical agency des femmes et des hommes soumis à l’esclavage dans les Amériques et les Caraïbes, elle a pu démontrer comment des centaines de milliers d’entre eux ont réussi à se libérer de l’esclavage, bien avant l’abolitionnisme. Elle reviendra sur les principales conclusions de son analyse diachronique et transversale. Et surtout elle montrera comment sa méthodologie—tenant compte à la fois de la micro-histoire et de la macro-histoire, de l’espace local et de l’espace continental et maritime, du temps court et du temps long—l’a amenée à questionner ses hypothèses de départ, en particulier sur la centralité de la révolte comme moteur de l’histoire, mais pas sa conviction que les personnes esclavisées étaient des acteurs de l’histoire.

Aline Helg est historienne, professeure honoraire à l'Université de Genève depuis 2019. Ses domaines de recherche sont la diaspora africaine dans les Amériques, l’esclavage, le racisme, ainsi que la construction de la nation multiraciale et multiculturelle, notamment en Colombie et à Cuba. Elle a notamment publié Plus jamais esclaves ! De l’insoumission à la révolte, le grand récit d’une émancipation (1492-1838) (Paris: La Découverte, 2016).

Jeudi 5 décembre 2019

  • Eric Fassin Le savant, le politique et l'espace public. Retour sur un parcours

En France, les sciences sociales restent marquées, y compris à gauche, par un partage entre le savant et le politique. Cette opposition est redoublée par une autre : la professionnalisation de la sociologie encourage à considérer que la sphère publique est seulement un lieu de « vulgarisation » scientifique. Depuis longtemps défini par ma pratique publique comme un sociologue engagé, et me revendiquant tel, je voudrais proposer lors de ce séminaire une analyse réflexive, à partir de mon parcours, sur les enjeux épistémologiques, sociaux et pédagogiques de l’engagement, de la médiatisation et de la politisation.

Éric Fassin est professeur à l’université Paris 8 Vincennes – Saint-Denis (département d’études de genre et département de science politique), et chercheur au LEGS (Laboratoire d’études de genre et de sexualité, CNRS), professeur invité à l’Université de Genève, à l’Université de Barcelone et dans d’autres pays. Sociologue engagé dans le débat public, il travaille en particulier sur la politisation des questions sexuelles et raciales et donc sur l’intersectionnalité, mais aussi sur la démocratie, le populisme et les minorités. Parmi ses dernières publications : Gauche : l’avenir d’une désillusion (Textuel, 2014) et Populisme : le grand ressentiment (Textuel, 2017).

Jeudi 12 décembre 2019

  • Muriel Froment-Meurice Des territoires des exclus aux processus d’exclusion. Réflexions sur la construction de l’engagement dans un parcours de recherche

Cette communication cherchera à interroger les enjeux spécifiques tant épistémologiques que méthodologiques posés par des enquêtes sur les groupes dominants. En effet, les questions éthiques, régulièrement abordées en sciences sociales, le sont souvent à partir d’enquêtes sur ou avec les groupes dominés. Pourtant, « faire du terrain » auprès de services de sécurité ou de militants conservateurs des quartiers aisés engage également les chercheuses et chercheurs et les conduit à faire des choix en termes de présentation de soi et de relation aux enquêté·e·s qui peuvent soulever des problèmes moraux, avant, pendant et après l’enquête. L’engagement politique des chercheuses et chercheurs implique-t-il pour autant de se focaliser sur les groupes dominés ? La dénonciation de relations de pouvoir asymétriques ne nécessite-t-elle pas également d’étudier l’autre versant des rapports de domination ?

Muriel Froment-Meurice est maîtresse de conférences en géographie à l’Université Paris-Nanterre, membre de l’UMR LAVUE et du groupe JEDI. En 2016 elle a soutenu sa thèse « Produire les espaces publics contemporains. Les dispositifs de gestion de l’indésirabilité à Paris ». Elle a ensuite travaillé sur les politiques informelles des acteurs institutionnels dans les camps de rue du nord-est parisien. Récemment avec Lucie Bony (CNRS, UMR Passages) et Kaduna Demailly (Université Paris 8 Vincennes-Saint-Denis, UMR LADYSS) elles ont enquêté sur les oppositions à l’implantation de logements sociaux ou de centres d’hébergement d’urgence dans les quartiers aisés à Paris. 

Jeudi 19 décembre 2019

Séance de conclusion

 

Informations pratiques

Lieu :

Université de Genève - Uni Carl-Vogt

Salle CV001 Boulevard Carl Vogt 66 Genève

Contact: Estelle.Sohier@unige.ch

Entrée libre

Lieux

  • Salle B001 (rez de chaussée) - Boulevard Carl Vogt, 66
    Genève, Confédération Suisse (1211)

Dates

  • jeudi 26 septembre 2019
  • jeudi 03 octobre 2019
  • jeudi 10 octobre 2019
  • jeudi 17 octobre 2019
  • jeudi 24 octobre 2019
  • jeudi 31 octobre 2019
  • jeudi 31 octobre 2019
  • jeudi 14 novembre 2019
  • jeudi 21 novembre 2019
  • jeudi 28 novembre 2019
  • jeudi 05 décembre 2019
  • jeudi 12 septembre 2019

Mots-clés

  • engagement, postcolonialisme, développement durable, historical agency, antispécisme, migration, photographie

Contacts

  • Estelle Sohier
    courriel : estelle [dot] sohier [at] unige [dot] ch

URLS de référence

Source de l'information

  • Estelle Sohier
    courriel : estelle [dot] sohier [at] unige [dot] ch

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Enjeux sociaux – enjeux spatiaux », Cycle de conférences, Calenda, Publié le mercredi 18 septembre 2019, https://doi.org/10.58079/13go

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