AccueilImaginaires de l'identité

AccueilImaginaires de l'identité

Imaginaires de l'identité

The imagination of identity - auto images and representations of the self

Auto-images et représentations de soi

*  *  *

Publié le jeudi 17 octobre 2019

Résumé

En complémentarité avec la thématique du troisième congrès international du Centre de recherches internationales sur l’imaginaire (CRI2i), tenu en 2018 à Hammamet, en Tunisie, dédié aux imaginaires de l’altérité, le quatrième congrès se propose d’investiguer les imaginaires de l’identité, c’est-à-dire les auto-images que les peuples, les groupes et les individus se forment d’eux-mêmes.

Annonce

IVe congrès international du Centre de Recherches Internationales sur l’Imaginaire

25-27 juin 2020 (Cluj-Napoca, Roumanie)

Argumentaire

En complémentarité avec la thématique du 3eCongrès international du CRI2i, tenu en 2018 à Hammamet, en Tunisie, dédié aux Imaginaires de l’altérité, le 4eCongrès se propose d’investiguer les Imaginaires de l’identité, c’est-à-dire les auto-images que les peuples, les groupes et les individus se forment d’eux-mêmes.

Le concept moderne de l’identité est apparu, comme on le sait, au XIXesiècle, avec le culte romantique de l’individu et du moi, et la (ré)définition des peuples comme des nations, soit comme des nations civiques (Ernest Renan), basées sur un pacte social, soit comme des nations ethniques (J.G. Fichte), peuples qui ont des origines ethniques communes et partagent une même langue, religion et culture. Cette dernière acception, de facture essentialiste, posant l’existence d’un noyau identitaire hérité, a modelé autant à la formation des États modernes qu’à leurs dérives catastrophiques du XXesiècle. La recherche des origines ethniques (aryennes, celtes, pan-slaviques sarmates, daciques, asiatiques, etc.), le fantasme d’une race pure, ont mené à une exclusion violente et criminelle des « autres », concrétisée dans des politiques racistes et fascistes.

Le nouvel ordre mondial, créé après la Deuxième Guerre Mondiale, avec la déstructuration des empires coloniaux et le projet de la Communauté Européenne, ont eu pour objectif, entre autres, la mise en sourdine de ces idéaux de l’uniformité compulsive. De nos jours, le concept d’identité individuelle et de groupe (nationale inclue) ne se pose plus dans des termes essentialistes, mais relationnels, comme une structure conventionnelle acceptée d’une manière ou moins délibérée par les membres d’une collectivité. Celle ne veut pas dire que l’identité soit un construct artificiel et aléatoire, elle est le résultat d’un processus historique de longue durée, qui suppose des alluvions et des décantations aux cours des générations. Pas du tout artificiel et gratuit, le sentiment d’appartenance à un groupe a des racines profondes dans la conscience et l’inconscient des individus. Néanmoins, les philosophes sont d’accord que le moi ne se forme qu’en relation avec les autres (Buber, Lévinas etc.), que l’individu a une personnalité complexe, polyédrique, que les groupes sociaux, les peuples et les nations sont le résultat d’un métissage prolongé et inséparable, qu’on doit parler d’identités multiples, de multiculturalisme et d’interculturalisme.

Mais voilà que le phénomène actuel de la mondialisation, de la globalisation, de l’intégration dans des blocs continentaux (sinon dans un tout planétaire) risque de bouleverser cette ressource de stabilité psychologique qu’est le sentiment d’appartenance à un groupe sécurisant. La démocratie libérale et le néolibéralisme économique, le marché libre global, le rôle croissant des corporations transnationales, l’internationalisation des finances, la libre circulation et la permissivité des frontières, le transfert du pouvoir socio-politique des états nationaux à des entités supranationales, comme l’Union Européenne ou les Nations Unies, la globalisation de la culture (surtout celle de masse), ont pu créer l’anxiété, voire la panique, du déracinement, de la perte de l’identité de groupe et de nation, de la massification mondiale. Les différentes tendances de fuite du conglomérat européen, les Gréxit, Bréxit et autres « sorties », sont, en fin de compte, l’expression d’un repliement sur sa propre collectivité, ressentie comme protectrice face aux tensions centripètes de la mondialisation. Comme base théorique de cette attitude, aux visions cosmopolites a été opposée la théorie du choc des civilisations de Samuel P. Huntigton, qui pose que la principale source de conflits dans le monde contemporain puisera dans les différences religieuses et culturelles. Les conflits du Moi avec l’Autre (de nous avec les autres), la confrontation entre les auto-images et les hétéro-images, sont les manifestations d’une insécurité identitaire des collectivités se sentant soumises au siège.

Dans cette quête d’une nouvelle définition et d’une nouvelle pratique de l’identité collective, un rôle dont on ne saurait exagérer l’importance jouent les projections imaginaires. Autant les réalités pragmatiques (comme l’immigration et l’émigration) que les théories et idéologies politiques et juridiques (comme les mécanismes de gouvernance transnationale) ne peuvent (plus) ignorer la composante émotionnelle et imaginative du comportement des individus et des groupes, les mythes collectifs et les imaginaires sociaux.

Les imaginaires de l’identité doivent de fait être mises dans un contexte historique de survalorisation et de dévalorisation des identités individuelles et collectives. Mais focaliser sur les identités socio-culturelles ne risque-t-il pas de nous priver de l’étude des mécanismes imaginaires qui commencent avec l’image de soi individuel ? On gagnerait à enrichir plus la signification de l’identité en invitant à travailler les processus de construction des identités simples ou plurielles et leurs représentations psychologiques et morales. De même que l’altérité oblige à saisir les éléments de construction et leur double valence (positive et négative, de fusion et de rejet), de même l’identité doit faire place à l’imagination auto-poïétique dans ses deux versants : positifs et négatifs, créateurs et pathogènes. Il importe de souligner les processus d’élaboration imaginaire et leurs effets.

La question est double, existe-t-il quelque chose (pour un individu ou un groupe) qui a une unité- identité (le moi, le nous) ou est-ce déjà une fiction ? Comment ces fictions présumées sont-elles ensuite instrumentalisées, mythifiées, en bien ou en mal ? On peut ouvrir dès lors les textes mythologiques, littéraires et politiques à la psychanalyse, à l’herméneutique, à la phénoménologie, à la symbolique, à la mythologie, à l’anthropologie, à la sociologie, à l’histoire. Le colloque se propose d’inclure l’auto-fiction littéraire, les idéaux du moi en psychanalyse (Freud), le narcissisme, la distinction de Ricoeur entre idemet ipsedans l’herméneutique du soi, les processus d’individuation (Jung) ; qu’on peut étudier dans les  récits de vie, les mythes d’origine, les représentations des communautés, ethnies, races (la négritude), le roman national (story telling), la mémoire nationale collective (P. Nora), etc. Avec leurs corollaires pathologiques, mais aussi leurs stéréotypes et archétypes. À l’inverse on devrait porter attention aux formes de négation, de déconstruction de l’identité, à l’hybridation, au métissage, au pluralisme des identités, au cosmopolitisme, à l’internationalisme.

Le Congrès se propose donc d’investiguer les dimensions imaginaires des identités collectives et individuelles. Ses axes de réflexion correspondent aux principaux domaines et méthodologies des recherches sur l’imaginaire :

  • Identité et imaginaire (théories, concepts et méthodes)
  • Imagologies : auto-images et hétéro-images
  • Imaginaires historiques (récits historique, lieux de la mémoire etc.)
  • Imaginaires géographiques
  • Imaginaires sociaux et politiques (politiques nationalistes, etc.)
  • Imaginaires religieux (christianisme, Islam, mythes non européens, boudhisme, taoisme, etc.)
  • Imaginaires littéraires, artistiques, cinématographiques, new media etc.
  • Imaginaires du quotidien
  • Psychologie biographique, autobiographie
  • Postcolonialisme et études culturelles

Modalités de participation

Langues de communication : Français et Anglais

Les actes du colloque seront publiés dans le volume 39, 2020 des Cahiers Echinox.

Les propositions de communication (titre, résumé – une vingtaine de lignes –, 5 mots clefs), accompagnées d’une courte notice bibliographique, seront envoyées

jusqu’au plus tard le 30 décembre 2019

aux adresses suivantes :   

  • corinbraga@yahoo.com
  • mariusconkan@yahoo.com.sg

Prise en charge

Le colloque est intégré dans un projet de recherches dirigé par Phantasma, le Centre de recherches sur l’imaginaire de la Faculté des Lettres de l’Université Babes-Bolyai de Cluj-Napoca, Roumanie. Le projet a pour titre “The Encyclopedia of Romanian Imaginaries. Historical Patrimony and Cultural-Linguistic Identities” (ROMIMAG) et a pour objectif principal la rédaction d’une encyclopédie en cinq volumes portant sur les dimensions les plus importantes des représentations collectives roumaines : Imaginaire littéraire, Imaginaire linguistique, Imaginaire historique, Imaginaire religieux et Imaginaire des Arts et Media. Les équipes de travail comprennent plus de cent chercheurs des Universités de Cluj et de Bucarest et de l’Académie Roumaine. Le projet est financé par le Ministère de l’Éducation et de la Recherche de Roumaine, dans le cadre du programme Patrimoine et identités culturelles, Code PN-III-P1-1.2-PCCDI-2017-0326, Contrat no. 49PCCDI/2018.

Ce financement nous permettra de prendre en charge une partie des coûts de la participation aux congrès. Seulement pour le moment nous ne sommes pas encore assurées du montant du budget de l’an prochain, 2020.

En première instance, dans une hypothèse minimale, nous pourrons assurer :

  • La gratuité de la participation (pas de taxe d’inscription)
  • L’hébergement gratuit pour un nombre de 25 participants (un représentant par chaque centre membre du CRI2i)
  • L’hébergement à un prix modique (environ 25 euros la nuit) pour encore environ 25 participants
  • Une partie des repas

Si le budget sera confirmé à son montant prévu, nous pourrons assurer aussi :

  • Le remboursement du voyage, jusqu’au plafond de 400 euros par personne, pour 25 participants (un représentant par chaque centre membre du CRI2i)

Comité scientifique

  • Jean-Jacques Wunenburger (Université Jean Moulin Lyon3, France),
  • Corin Braga (Université Babeș-Bolyai, Cluj-Napoca, Roumanie),
  • Ioan Chirilă (Université Babeș-Bolyai, Cluj-Napoca, Roumanie),
  • Liviu Malița (Université Babeș-Bolyai, Cluj-Napoca, Roumanie),
  • Adrian Tudurachi (Académie Roumaine),
  • Sorin Mitu (Université Babeș-Bolyai, Cluj-Napoca, Roumanie),
  • Elena Platon (Université Babeș-Bolyai, Cluj-Napoca, Roumanie)

Comité d’organisation

  • Corin Braga,
  • Alin Mihăilă,
  • Marius Conkan,
  • Elena Onețiu

Lieux

  • Strada Universității 7-9
    Cluj-Napoca, Roumanie (400084)

Dates

  • lundi 30 décembre 2019

Mots-clés

  • identité, imaginaire, imagologie, post colonialisme

Contacts

  • Corin Braga
    courriel : corinbraga [at] yahoo [dot] com
  • Marius Conkan
    courriel : mariusconkan [at] yahoo [dot] com [dot] sg

Source de l'information

  • Aurosa Alison
    courriel : aurosa [dot] alison [at] me [dot] com

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Imaginaires de l'identité », Appel à contribution, Calenda, Publié le jeudi 17 octobre 2019, https://doi.org/10.58079/13mu

Archiver cette annonce

  • Google Agenda
  • iCal
Rechercher dans OpenEdition Search

Vous allez être redirigé vers OpenEdition Search