AccueilTaire, confier, révéler. Le secret, de l’intime au social

Calenda - Le calendrier des lettres et sciences humaines et sociales

Taire, confier, révéler. Le secret, de l’intime au social

Silence, confession and revelation. Secrets, from private to public life

*  *  *

Publié le mardi 22 octobre 2019

Résumé

Dans le cadre de la recherche ANR DERVI (« Dire, entendre, restituer les violences incestueuses ») cette année, le thème du séminaire portera sur le secret. Il réunira, dans une perspective d’échanges interdisciplinaires, des actrices et des acteurs du monde professionnel ainsi que des chercheuses et des chercheurs issus des sciences humaines et sociales (anthropologie, sociologie, droit, histoire, lettres).

Annonce

Présentation

Témoignages de victimes, travaux anthropologiques ou historiques, rapports de professionnels de la justice ou de l’aide sociale à l’enfance, tous le montrent : les histoires d’inceste, compris comme une relation sexuelle engagée avec un enfant dans le cadre familial, sont des histoires de secret. Caché, plus ou moins volontairement ou consciemment préservé, le secret est difficile, voire impossible à révéler ou à découvrir. 

Lié au tabou, le secret de l’inceste résulte de « l’injonction au silence, véritable règle d’or de la famille incestueuse » (D. Dussy et L. Le Caisne), qui scelle la relation de domination entre la victime et son agresseur, confirmant l’interdit de l’inceste tout en autorisant sa transgression. Comprendre en effet comment les violences incestueuses, quoique publiquement dénoncées comme un mal absolu, perdurent dans la trame ordinaire du quotidien et peinent à accéder à la visibilité et à être judiciarisées, implique de prendre en compte le secret qui pèse sur elles, son rôle et son fonctionnement dans les familles concernées par l’inceste, voire dans leur entourage et plus largement dans la société.

Comment la relation incestueuse se constitue-t-elle en secret et comment le secret s’impose-t-il et se transmet-il ? Comment « suinte »-t-il (S. Tisseron) en instillant doute, soupçon, commérage ou rumeur publique ? La notion de secret permet de penser le piège de l’inceste pour les victimes mais interroge également l’ordinarité des violences sexuelles subies par les enfants lorsqu’elles sont suspectées, connues, mais tues, voire tolérées. Quand, par qui, à qui, comment, dans quelles conditions et avec quelles conséquences le secret est-il révélé ? Comment ce qui est mis à part, placé à l’écart, retiré (secretus), peut-il revenir dans le champ de l’énonciation, de la dénonciation, de la mémoire, de la prise en charge institutionnelle ?

Afin d’éclairer l’inceste et de mieux comprendre ce qui empêche ou permet de le dire, de l’entendre et de le restituer aujourd'hui, le séminaire, animé par les anthropologues et les historiennes de la recherche ANR DERVI (« Dire, Entendre, Restituer les Violences Incestueuses »), propose de réfléchir à la thématique du secret, dans une perspective large. 

Le secret connaît en effet des domaines d’application multiples (le mythe, le droit, la politique, la psychologie, etc.) et offre toutes sortes de déclinaisons dont certaines sont attendues : secret d’État, secret médical, secret professionnel, secret de l’instruction, secret de fabrication, secret de la confession, secret bancaire, secret des origines, secret de l’accouchement, etc. Or, l’exigence actuelle de transparence, ainsi que la notion en plein essor de « droit à la vérité », tendent à dévaloriser les pratiques sociales liées au secret. Le secret sépare et distingue, il est partagé par un groupe restreint d’« initiés », et jugé inégalitaire. Non seulement l’institution du secret renvoie à un principe sélectif d’inclusion et d’exclusion, mais elle participe aussi de la structuration de liens (familiaux, professionnels, politiques, etc.) menacés par sa révélation. En ce sens, le secret pourra également être envisagé comme constitutif de certaines formes d’organisation sociale et étatique (G. Simmel). En invitant chercheurs, praticiens, auteurs à présenter leurs travaux ou à faire part de leur expérience professionnelle, le séminaire entend explorer une pluralité de terrains dans lesquels la question du secret se pose, ainsi que diverses modalités de réception/révélation du secret par des individus (« victimes », travailleurs sociaux, psychologues, enquêteurs, avocats, auteurs, journalistes…) ou des institutions (États, religions, administrations…) dans l’espace public.

Cette année, le thème du séminaire portera sur le secret.

Il réunira, dans une perspective d’échanges interdisciplinaires, des actrices et des acteurs du monde professionnel ainsi que des chercheuses et des chercheurs issus des sciences humaines et sociales (anthropologie, sociologie, droit, histoire, lettres).

Les participations sont ouvertes. Nous vous prions toutefois de vous annoncer au préalable.

Adresse(s) électronique(s) de contact : charlie.duperron@ehess.fr ; fabienne.giuliani@ehess.fr

Programme (2019-2020)

Le séminaire se tiendra unjeudipar mois de 16h00 à 19h00

Lieu : EHESS, 54 boulevard Raspail 75006, Paris 

Salle : A05-51, 5ème étage

Renseignements par courriel : dervi@listes.huma-num.fr

Adresse(s) électronique(s) de contact : charlie.duperron@ehess.fr ; fabienne.giuliani@ehess.fr 

Séance 1. Jeudi 28 novembre 2019  Secret(s) et fiction

Exceptionnellement cette première séance commencera à 16h30

  • Christopher LUCKEN (littérature médiévale, université Paris 8) : « Récit et silence :Philomena(Ovide) et Le Roman de sept sages de Rome (XIIe siècle) »
  • Julie WOLKENSTEIN (littérature comparée, université de Caen) : « Ce que la fiction fait du viol incestueux, et réciproquement : deux cas particuliers, Tendre est la nuitde F. S. Fitzgerald (1934) et Chinatownde R. Polanski (1974) »

Séance 2. Jeudi 6 février 2020

Secret(s) de famille, traces et transmission

  • Charlie DUPERRON (sociologue, CEMS, EHESS) : « "Ce qui vaut la peine d’être dit". Réflexions sur la place des secrets dans la recherche de personnes désignées comme disparues »
  • Muriel KATZ (psycho-clinicienne, université de Lausanne) : « Un secret bien gardé en cache souvent un autre : témoigner après un génocide pour donner voix aux absents comme à sa propre histoire » 

Séance 3. Jeudi 26 mars 2020 

Secret(s)de la confession et Église

  • Paola DIAZ (sociologue, ICSO-UDP-COES/CEMS, EHESS) : « Abus ecclésiastique : d'un silence global à un problème public transnational (Chili/Etats-Unis) »
  • Anne-Françoise PRAZ (historienne, université de Fribourg) : « Les murs du silence. Dissimulation et révélation des abus sexuels sur enfants dans un établissement catholique en Suisse »

Séance 4. Jeudi 30 avril 2020 

Secret(s) des origine(s) : l’adoption

  • Marie-Christine LE BOURSICOT (magistrate, Conseiller honoraire à la Cour de cassation, ex-Secrétaire générale du Cnaop) : « L’accès des personnes adoptées à leurs origines personnelles »
  • Yves DENÉCHÈRE (historien, TEMOS-CNRS FRE 2015, université d’Angers) : « Secret(s) de l’adoption : approche historique contemporaine »

Séance 5. Jeudi 28 mai 2020 

Secret(s) et travail social

  • Sylvaine CAMELIN (anthropologue, université de Paris-Nanterre, LESC) : « Entre secret et prudence : la gestion des informations personnelles dans la prise en charge des enfants confiés à l’ASE »
  • Véronique BLANCHARD (ENPJJ) : « Secret ou surdité ?  La justice des enfants face aux violences sexuelles sur mineures (1950-1960) »

Séance 6. Jeudi 11 juin 2020

Secret(s)et crimes contre l'humanité

  • Élisabeth CLAVERIE (anthropologue, ISP Nanterre) : « Autour des crimes de guerre : les cas de l’ex-Yougoslavie et du Congo »
  • Marie-Jeanne SARDACHTI (magistrate, Cour pénale internationale de La Haye) : « Révéler les crimes sexuels : l'exemple de Tombouctou en 2012 » (sous réserve)

Séance 7. Jeudi 18 juin 2020 

État, droit(s) au(x) secret(s), identités

  • Sévane GARIBIAN (juriste, Fonds national suisse, université de Genève) : « (Dés)affilier. Disparitions et réapparitions forcées de la vérité en Argentine »
  • Dominique MEHL (sociologue, IRISSO, LCP, CNRS) : « Enfants du don. Secret et anonymat »

Comité d'organisation

Équipe ANR DERVI (Dire. Entendre. Restituer les Violences Incestueuses) 

  • Anne-Claude Ambroise-Rendu (CHCSC/Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines)
  • Sylvaine Camelin (LESC/Paris-Nanterre)
  • Anne-Emmanuelle Demartini (Pléiade/Paris-13)
  • Julie Doyon (FNS-Fribourg/Paris-13)
  • Charlie Duperron (CEMS/EHESS-CNRS)
  • Fabienne Giuliani (CEMS/EHESS-CNRS)
  • Léonore Le Caisne (CEMS/EHESS-CNRS)

Lieux

  • salle A05-51 - 5ème étage - 54 boulevard raspail
    Paris 06 Luxembourg, France (75006)

Dates

  • jeudi 28 novembre 2019
  • jeudi 06 février 2020
  • jeudi 26 mars 2020
  • jeudi 30 avril 2020
  • jeudi 28 mai 2020
  • jeudi 11 juin 2020
  • jeudi 18 juin 2020

Contacts

  • Charlie Duperron
    courriel : charlie [dot] duperron [at] ehess [dot] fr
  • Fabienne Guiliani
    courriel : fabienne [dot] giuliani [at] ehess [dot] fr

Source de l'information

  • Charlie Duperron
    courriel : charlie [dot] duperron [at] ehess [dot] fr

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Taire, confier, révéler. Le secret, de l’intime au social », Séminaire, Calenda, Publié le mardi 22 octobre 2019, https://doi.org/10.58079/13nv

Archiver cette annonce

  • Google Agenda
  • iCal
Rechercher dans OpenEdition Search

Vous allez être redirigé vers OpenEdition Search