Argumentaire
Dans un contexte où les classes populaires sont souvent présentées comme « apathiques », « dépolitisées » ou « aliénées », nous proposons de nous intéresser aux contraintes – symboliques, sociales et spatiales – auxquelles elles se heurtent et qui peuvent expliquer l’invisibilité ou la rareté de leurs mobilisations. Par mobilisations populaires, nous entendons des mobilisations collectives issues des classes populaires (Siblot et al., 2015), donc portées par des « groupes qui se définissent par la conjonction d’une position sociale dominée et de formes de séparation culturelle » (Schwartz, 2011) et qui s’ancrent dans différents contextes géographiques dans le monde.
Dans ce numéro, nous souhaitons analyser la dimension spatiale des obstacles et des stratégies visant à empêcher la mobilisation des classes populaires, que ce soit avant ou après que celle-ci prenne forme. La notion de démobilisation permet d’interroger de concert les pratiques qui contraignent ou empêchent l’émergence de l’action collective et les formes symboliques et matérielles visant à entraver et réprimer les mobilisations (Talpin, 2016). On peut penser par exemple, d’un côté, aux stratégies de stigmatisation ou de délégitimation (Mohammed, 2018), aux pratiques paternalistes, clientélistes ou de cooptation (Auyero, 2005 ; Mattina, 2016) ou, de l’autre, aux modes de répression, directs ou indirects, policiers ou judiciaires (Codaccioni, 2019).
Ce numéro entend ainsi poursuivre les réflexions sur les rapports sociaux spatialisés (Sauvadet, Bacqué, 2011) ou la dimension spatiale des rapports sociaux (Veschambre, Ripoll, 2005 ; Backouche et al., 2011) et, plus précisément, la dimension spatiale des mobilisations collectives (Ripoll, 2008 ; Hhmed, 2009 ; Combe, Garibay, Goirand, 2015). Il s’agit de questionner la dimension spatiale des stratégies et des modes de démobilisation, dans différents contextes socio-spatiaux, différents régimes politiques locaux ou nationaux, et concernant des segments variés des classes populaires, en termes d’âge, de genre, d’origine, de nationalité, ou de position par rapport à l’emploi. Les acteurs de la démobilisation sont eux-mêmes divers : en position dominante par rapport aux classes populaires, ils peuvent être publics ou privés et agir à différentes échelles.
Les articles pourront porter sur tout type de contexte local et national ou de régime politique, selon des approches méthodologiques variées. Les démarches comparatives visant à mettre en regard des formes de démobilisation contrastées sont encouragées. Les autrices et auteurs sont invités à explorer un ou plusieurs des axes qui suivent.
- Les usages stratégiques de l’espace dans les processus de démobilisation. Les travaux sur les mouvements sociaux ont souligné à quel point l’espace pouvait constituer une ressource pour les mobilisations. L’envers de ce processus mérite également d’être envisagé : comment le maintien de l’ordre est-il pensé dans l’espace, en laissant faire ou à l’inverse en empêchant les collectifs de se rassembler ? Alors que l’accès à des espaces propres constitue un élément décisif dans les dynamiques collectives, quelles sont les stratégies mises en œuvre pour les contrôler ? Dans quelle mesure les politiques de rénovation urbaine et de « mixité sociale » ou les actions de « pacification » et de sécurisation de quartiers informels, sont-elles aussi utilisées comme des moyens de démobilisation par la dispersion de classes populaires perçues comme des classes dangereuses (Kipfer, 2015) ?
- La dimension spatiale de la démobilisation. Si l’espace peut constituer une arme de démobilisation, on s’intéressera également aux formes que prend la démobilisation dans l’espace, même quand ce dernier n’est pas utilisé délibérément pour démobiliser. En quoi l’espace peut-il devenir un enjeu, même pour des luttes qui ne concernent pas directement un enjeu spatial, comme dans les mobilisations contre une fermeture d’usine ou contre les violences policières ?
- Les échelles de la démobilisation. Comment l’échelle de la mobilisation façonne-t-elle les formes de répression en retour ? Les mouvements nationaux sont-ils traités différemment des mobilisations locales ? À l’inverse, du côté des acteurs de la démobilisation, peut-on repérer des variations, dans les modes de démobilisation, entre les actions des collectivités locales et celles des États centraux ? Entre « maisons mères », filiales locales et entreprises délocalisées ? Les éventuelles contradictions et divisions entre les politiques démobilisatrices d’acteurs situés à différentes échelles influencent-elles en retour le devenir des mobilisations ?
- La variabilité des pratiques de démobilisation selon les contextes socio-spatiaux. Tous les espaces et acteurs sont-ils logés à la même enseigne en termes de démobilisation ? Dans quelle mesure les caractéristiques des différents espaces (plus ou moins grande densité, composition sociale de la population, modes de circulation entre territoires, etc.), qu’il s’agisse de quartiers de grands ensembles, de bidonvilles, de centres anciens ou d’espaces ruraux, influencent-elles les stratégies pour étouffer les contestations (en empêchant ou contraignant les circulations, les rassemblements, en suscitant des divisions, etc.) ? Peut-on repérer un traitement différencié des populations racisé·es de la part des pouvoirs publics comme privés ? Comment l’histoire sociale, urbaine ou politique influence-t-elle ces stratégies de gouvernement et comment explique-t-elle des différences au niveau national ou infranational ? On interrogera également les effets de l’objet des mobilisations sur les réponses qui sont apportées. Les mouvements focalisés sur des enjeux spatiaux – le droit à la ville, la rénovation urbaine, le logement ou l’urbanisme – sont-ils traités différemment d’autres types de mobilisations ?
- Réagir à la démobilisation. Bien qu’il ne s’agisse pas de l’objet central de ce dossier, celui-ci sera également sensible aux conséquences de la démobilisation sur les acteurs mobilisés. Comment y répondent-ils ? En modifiant leurs répertoires d’action ? En se déplaçant dans l’espace ? En se ressourçant dans l’espace privé ou domestique face aux violences vécues dans l’espace public ? Les approches fines décrivant de façon longitudinale l’évolution des trajectoires dans le temps et dans l’espace sont encouragées.
Coordination du dossier
Virginie Baby-Collin, Anne Clerval et Julien Talpin
Calendrier
1er juin 2020 : date limite de remise des articles
15 juillet 2020 : information aux auteurs et autrices
Format
Les articles attendus seront compris entre 35 000 et 42 000 signes (espaces compris) en incluant notes, références bibliographiques et annexes, mais hors résumés (français, anglais, espagnol).
Les consignes aux auteurs et autrices sont disponibles ici : https://www.editions-eres.com/uploads/documents/conditionsPublication/201906112815eas_normes-editoriales-a-consignes-auteurs_07.11.18_diffusion.pdf
Adresse pour la correspondance
exclusivement en version électronique par courriel aux trois adresses suivantes :
Références citées
Auyero, Javier, 2005, « L’espace des luttes. Topographie des mobilisations collectives », Actes de la recherche en sciences sociales, vol. 160, no 5, p. 122-132.
Backouche Isabelle, Ripoll Fabrice, Tissot Sylvie et Veschambre Vincent, éd., 2011, La Dimension spatiale des inégalités. Regards croisés des sciences sociales, Rennes, Presses universitaires de Rennes, coll. « Géographie sociale ».
Codaccioni Vanessa, 2019, Répression, Paris, Textuel.
Combes Hélène, Garibay David, Goirand Camille, ed., 2015, Les lieux de la colère. Occuper l’espace pour contester, Paris, Karthala.
Hmed Choukri, 2008, « Des mouvements sociaux sur une tête d’épingle ? Le rôle de l’espace physique dans le processus contestataire à partir de l’exemple des mobilisations dans les foyers de travailleurs migrant », Politix, vol. 84, no 4, p. 145-161.
Kipfer Stefan, 2015, « Démolition et contre-révolution : la rénovation urbaine dans la région parisienne », revue Période [En ligne], 5 octobre, [Url : http://revueperiode.net/demolition-et-contre-revolution-la-renovation-urbaine-dans-la-region-parisienne/]
Mohammed, Marwan, 2018, « Stigmatiser pour ‘mieux’ gouverner la ville. Accusation de ‘communautarisme’ et répression politique à l’échelle locale », in M. Mohammed, J. Talpin, éd., Communautarisme ? Paris, PUF, p. 69-83.
Ripoll Fabrice, 2008, « Espaces et stratégies de résistance : répertoires d’action collective dans la France contemporaine », Espaces et Sociétés, vol. 134, no 3, p. 83-97.
Sauvadet Thomas, Bacqué Marie-Hélène, éd., 2011, « Usages populaires de l’espace », Espaces et Sociétés, n°144-145.
Schwartz Olivier, 2011, « Peut-on parler des classes populaires ? », La vie des idées, 13 septembre : http://www.laviedesidees.fr/Peut-on-parler-des-classes.html.
Siblot Yasmine, Renahy Nicolas, Cartier Marie, Coutant Isabelle et Masclet Olivier, 2015, Sociologie des classes populaires contemporaines, Paris, Armand Colin (Collection U).
Talpin Julien, 2016, « Une répression à bas bruit. Comment les élus étouffent les mobilisations dans les quartiers populaires », Métropolitiques [En ligne], [Url : https://www.metropolitiques.eu/Une-repression-a-bas-bruit-Comment-les-elus-etouffent-les-mobilisations-dans.html].
Veschambre Vincent et Ripoll Fabrice, éd., 2005, dossier « L’appropriation de l’espace. Sur la dimension spatiale des inégalités sociales et des rapports de pouvoir », Norois, no 195.
Argument
In a context where working classes are often presented as ‘drowsy’, ‘depoliticized’ or ‘alienated’, we offer to consider the symbolic, social and spatial constraints they face, which can explain the invisibility or infrequency of their mobilizations. By popular mobilizations, we mean the collective mobilizations brought on by working classes (Siblot et al., 2015), that is, the mobilizations carried by “groups which are characterized by the combination of a dominated social position and forms of cultural separation” (Schwartz, 2011) and rooted in different geographical contexts worldwide.
In this special issue, we seek to analyze the spatial dimension of the obstacles and strategies aiming at preventing the mobilization of working classes before or after it arises. The notion of demobilization allows to examine simultaneously the practices that constrain or prevent the emergence of collective action and the symbolic and material forms of obstruction and repression of mobilization (Talpin, 2016). This could include stigmatization or delegitimization strategies (Mohammed, 2018), paternalistic, demagogic or cooption practices (Auyero, 2005 ; Mattina, 2016), as well as direct or indirect modalities of police or legal repression (Codaccioni, 2019).
The purpose of this special issue is to call for further reflection on spatial social relationships (Sauvadet, Bacqué, 2011), or on the spatial dimension of social relationships (Veschambre, Ripoll, 2005 ; Backouche et al., 2011), and, more precisely, on the spatial dimension of collective mobilizations (Ripoll, 2008 ; Hhmed, 2009 ; Combe, Garibay, Goirand, 2015). The aim is to question the spatial dimension of strategies and modalities of demobilization, in different socio-spatial contexts, different political regimes, both local and national, and in relation to various working classes segments, according to age, gender, origin, nationality or a particular position in the labor market. The actors of the demobilization themselves are diverse: they can be in a dominant position in relation to the working classes, they can be public or private actors, and they can operate at different scales.
The contributions can focus on any kind of local or national context, or on any kind of political regime, and they can adopt various methodological approaches. Special attention will be given to contributions with a comparative approach aiming at contrasting different forms of demobilization. The authors are invited to explore one or several of the following aspects:
- The strategic uses of space in demobilization processes. Studies on social movements have emphasized that space could represent a resource for mobilization. Yet, we can also explore the reverse side of this process: how is the maintenance of order, as it allows or prevents collective gatherings, thought through space? Whereas access to dedicated spaces represents a key factor in collective dynamics, what kind of strategies are also implemented to control them? How are urban renovation and social diversity policies, or actions for the pacification and securing of informal settlement, used as demobilization tools in the dispersal of working classes when they are thought as dangerous (Kipfer, 2015)
- The spatial dimension of demobilization. Whereas space can be used as an instrument for demobilization, we also aim to examine the forms that demobilization can take in space, even when it is not always used deliberately for demobilizing processes. How can space become an issue in struggles (such as protests against factory closures or police brutality) that do not necessarily deal directly with spatial issues?
- The scales of demobilization. How does the scale of a mobilization shape the forms of repression? Are national movements tackled differently than local mobilizations? Similarly, can we identify variations in the modalities of demobilization, between local institutions’ and State’s practices, or between head offices, local branches and companies that have been relocated? Can contradictions and divides between demobilizing policies implemented by actors located at different levels inform the future of mobilizations?
- The variability of demobilizing practices according to socio-spatial contexts. Are all spaces and actors affected in the same way by demobilizing practices? To what extent do the characteristics (in terms of density, social composition, mobility between different areas, etc.) of different spaces, whether they be social housing, slums, historical centers, or rural areas, affect strategies for protests annihilation (for example, in preventing or constraining people’s circulation and meetings, or in dividing them)? Are racialized populations treated differently by public or private authorities? How does social, urban or political history affect governmental strategies and how does it explain the differences that can be observed at both national and subnational levels? We will also examine the effects that the causes of mobilization can have on the responses that are given to them. Are spatial issues-related social movements (such as movements associated with the right to the city for all, urban renovation, housing or urbanism) addressed differently than other forms of mobilization?
- Responding to demobilization. This special issue will also pay attention to the effects that demobilization can have on the actors of the protests. How are they impacted? How do they respond to it? Does it affect their repertoires of action? Do they respond by moving to other spaces? Or do they seek refuge in the domestic sphere when they have faced violence in the public space? Special attention will be given to detailed and longitudinal studies on the historical and spatial evolution of people’s trajectories.
Planning and submission process
1st June 2020: Deadline for article submissions
15 July 2020: information on the submission outcome
The journal considers only completed articles. Articles must be comprised of between 35 000 and 42 000 characters (characters spaces included), including texts, notes, bibliographical references and appendices, but not abstracts (French, English, Spanish).
Detailed guidelines and norms of presentation for submission are available here: https://www.editionseres.com/uploads/documents/conditionsPublication/201906112815eas_normes-editoriales-a-consignes-auteurs_07.11.18_diffusion.pdf
Address for submissions is (in digital format only) :
- virginie.baby-collin@univ-amu.fr
- anne.clerval@univ-paris-est.fr
- julien.talpin@univ-lille.fr
Scientific coordinators
- Virginie Baby-Collin
- Anne Clerval
- Julien Talpin
References
- AUYERO, Javier, 2005, « L’espace des luttes. Topographie des mobilisations collectives », Actes de la recherche en sciences sociales, vol. 160, no 5, p. 122-132.
- BACKOUCHE Isabelle, RIPOLL Fabrice, TISSOT Sylvie et VESCHAMBRE Vincent, éd., 2011, La Dimension spatiale des inégalités. Regards croisés des sciences sociales, Rennes, Presses universitaires de Rennes, coll. « Géographie sociale ».
- CODACCIONI Vanessa, 2019, Répression, Paris, Textuel.
- COMBES Hélène, GARIBAY David, GOIRAND Camille, ed., 2015, Les lieux de la colère. Occuper l’espace pour contester, Paris, Karthala.
- HMED Choukri, 2008, « Des mouvements sociaux sur une tête d’épingle ? Le rôle de l’espace physique dans le processus contestataire à partir de l’exemple des mobilisations dans les foyers de travailleurs migrant », Politix, vol. 84, no 4, p. 145-161.
- KIPFER Stefan, 2015, « Démolition et contre-révolution : la rénovation urbaine dans la région parisienne », revue Période [En ligne], 5 octobre, [URL : http://revueperiode.net/demolition-et-contre-revolution-la-renovation-urbaine-dans-la-region-parisienne/]
- MOHAMMED, Marwan, 2018, « Stigmatiser pour ‘mieux’ gouverner la ville. Accusation de ‘communautarisme’ et répression politique à l’échelle locale », in M. Mohammed, J. Talpin, éd., Communautarisme ? Paris, PUF, p. 69-83.
- RIPOLL Fabrice, 2008, « Espaces et stratégies de résistance : répertoires d’action collective dans la France contemporaine », Espaces et Sociétés, vol. 134, no 3, p. 83-97.
- SAUVADET Thomas, BACQUE Marie-Hélène, éd., 2011, « Usages populaires de l’espace », Espaces et Sociétés, n°144-145.
- SCHWARTZ Olivier, 2011, « Peut-on parler des classes populaires ? », La vie des idées, 13 septembre : http://www.laviedesidees.fr/Peut-on-parler-des-classes.html.
- SIBLOT Yasmine, RENAHY Nicolas, CARTIER Marie, COUTANT Isabelle et MASCLET Olivier, 2015, Sociologie des classes populaires contemporaines, Paris, Armand Colin (Collection U).
- TALPIN Julien, 2016, « Une répression à bas bruit. Comment les élus étouffent les mobilisations dans les quartiers populaires », Métropolitiques [En ligne], [URL : https://www.metropolitiques.eu/Une-repression-a-bas-bruit-Comment-les-elus-etouffent-les-mobilisations-dans.html].
- VESCHAMBRE Vincent et RIPOLL Fabrice, éd., 2005, dossier « L’appropriation de l’espace. Sur la dimension spatiale des inégalités sociales et des rapports de pouvoir », Norois, no 195.
Argumentos
En un contexto en el que las clases populares son a menudo presentadas como "apáticas", "despolitizadas" o "alienadas", proponemos analizar las limitaciones y condicionantes - simbólicos, sociales y espaciales - a los que se enfrentan y que pueden explicar lo invisible o lo infrecuente de sus movilizaciones. Entendemos por movilizaciones populares aquellas que son colectivas y que partes de las clases populares (Siblot et al., 2015), y, por lo tanto, llevadas a cabo por "grupos que se definen por la conjunción de una posición social dominada y de formas de separación cultural" (Schwartz, 2011) y que están arraigados en diferentes contextos geográficos en el mundo.
En este número de Espaces et Sociétés, queremos analizar la dimensión espacial de los obstáculos y de las estrategias que buscan impedir la movilización de las clases populares, tanto antes como después de que esta tome forma. La noción de desmovilización permite cuestionar de manera concertada las prácticas que limitan o impiden el surgimiento de la acción colectiva, y las formas simbólicas y materiales destinadas a obstaculizar y reprimir las movilizaciones (Talpin, 2016). Caben, por ejemplo, por un lado, las estrategias de estigmatización o deslegitimación (Mohammed, 2018); las prácticas paternalistas, clientelistas o de cooptación (Auyero, 2005; Mattina, 2016); o, por otro lado, los modos d represión, directos o indirectos, policiales o judiciales (Codaccioni, 2019).
Así, este monográfico procura proseguir la reflexión sobre las relaciones sociales espacializadas (Sauvadet, Bacqué, 2011) o la dimensión espacial de las relaciones sociales (Veschambre, Ripoll, 2005; Backouche et al., 2011) y, más concretamente, sobre la dimensión espacial de las movilizaciones colectivas (Ripoll, 2008; Hmed, 2009; Combe, Garibay, Goirand, 2015). El objetivo es cuestionar la dimensión espacial de las estrategias y métodos de desmovilización, en diferentes contextos socio-espaciales, en diferentes regímenes políticos locales o nacionales, y en relación con diversos segmentos de las clases populares, en términos de edad, género, origen, nacionalidad o posición en relación con el empleo. Por su parte, los actores de la desmovilización son también diversos: en una posición dominante en relación con las clases populares, pueden ser públicos o privados y operar a diferentes escalas.
Los artículos podrán referirse a cualquier tipo de contexto local y nacional o de régimen político, conforme a enfoques metodológicos diversos. Interesan especialmente los análisis comparados que se centren sobre formas de desmovilización contrastantes. Se invita a autores y autoras a explorar una o más de los siguientes ejes:
- Usos estratégicos del espacio en los procesos de desmovilización. El trabajo sobre los movimientos sociales ha puesto de relieve hasta qué punto el espacio puede constituir un recurso para las movilizaciones. La otra cara de este proceso también merece ser considerada: ¿cómo el mantenimiento del orden es pensado en el espacio, dejando hacer o, por el contrario, impidiendo que los colectivos se reúnan? Mientras que el acceso a espacios propios constituye un elemento decisivo en las dinámicas colectivas, ¿cuáles son las estrategias implementadas para controlarlas? ¿En qué medida las políticas de renovación urbana y de "mezcla social" o las acciones de "pacificación" y de “securización” de barrios informales son también empleadas como medios de desmovilización a través de la dispersión de las clases populares percibidas como clases peligrosas (Kipfer, 2015)?
- Dimensión espacial de la desmovilización. Si bien el espacio puede ser un arma de desmovilización, también se prestará atención a las formas que adopta la desmovilización en el espacio, incluso cuando éste no se utilice deliberadamente para desmovilizar. ¿Cómo puede el espacio convertirse en un asunto de importancia, incluso para las luchas que no tienen que ver directamente con un problema espacial, como las movilizaciones contra el cierre de una fábrica o la violencia policial?
- Escalas de desmovilización. ¿Cómo la escala de la movilización contribuye a dar forma, como respuesta, a las formas de represión? ¿Se trata a los movimientos nacionales de manera diferente a las movilizaciones locales? Y, al revés, por parte de los actores de la desmovilización, ¿pueden identificarse variaciones en los modos de desmovilización entre las acciones de los poderes locales y las de los Estados centrales? ¿Y entre "casas matrices", filiales locales y empresas deslocalizadas? ¿Las posibles contradicciones y divisiones entre las políticas de desmovilización de actores con diferentes escalas de alcance influyen a su vez el devenir de las movilizaciones?
- Variabilidad de las prácticas de desmovilización según los contextos socio-espaciales. ¿Están todos los espacios y actores en la misma posición en términos de desmovilización? ¿En qué medida las características de los diferentes espacios (densidad más o menos elevada, composición social de la población, modos de desplazamiento entre territorios, etc.), ya se trate de barrios de grandes conjuntos de vivienda social, de barrios de chabolas, de cascos urbanos antiguos o de zonas rurales, influyen en las estrategias para sofocar la contestación (impidiendo o restringiendo el tráfico o las concentraciones, forzando divisiones, etc.)? ¿Podemos identificar un tratamiento diferenciado de las poblaciones racializadas por parte de las autoridades públicas y privadas? ¿Cómo influye la historia social, urbana o política en estas estrategias de gobierno y cómo explica las diferencias a nivel nacional o infranacional? También se cuestionarán los efectos del propósito de las movilizaciones en las respuestas que se les dan. ¿Los movimientos que se centran en cuestiones espaciales - el derecho a la ciudad, la renovación urbana, la vivienda o el urbanismo - reciben un trato diferente al de otros tipos de movilizaciones?
- Reaccionar frente a la desmovilización. Aunque esta cuestión no es el objeto central de este monográfico, éste también será sensible a las consecuencias que la desmovilización tiene sobre los actores movilizados. ¿Cómo responden a ella? ¿Modificando sus repertorios de acción? ¿Desplazándose en el espacio? ¿Recuperándose en el espacio privado o doméstico frente a la violencia vivida en el espacio público? Interesan los enfoques finos que describen de forma longitudinal la evolución de las trayectorias en el tiempo y el espacio.
Instrucción para los autores
Calendario
1 junio 2020: fecha límite para la recepción de artículos
15 julio 2020: información a autoras y autores
Los artículos deberán tener entre 35 000 y 42 000 caracteres (espacios incluidos), contando notas, referencias bibliográficas y anexos, pero sin tomar en cuenta los resúmenes (en francés, inglés y español).
Las normas a autoras y autores están disponibles en este enlace: https://www.editions-eres.com/uploads/documents/conditionsPublication/201906112815eas_normes-editoriales-a-consignes-auteurs_07.11.18_diffusion.pdf
Dirección para envíos y correspondencia
exclusivamente en versión digital por correo electrónico a las tres direcciones siguientes:
- virginie.baby-collin@univ-amu.fr
- anne.clerval@univ-paris-est.fr
- julien.talpin@univ-lille.fr
Coordinación del monográfico
- Virginie Baby-Collin
- Anne Clerval
- Julien Talpin
Referencias bibliográficas
- AUYERO, Javier, 2005, « L’espace des luttes. Topographie des mobilisations collectives », Actes de la recherche en sciences sociales, vol. 160, no 5, p. 122-132.
- BACKOUCHE Isabelle, RIPOLL Fabrice, TISSOT Sylvie et VESCHAMBRE Vincent, éd., 2011, La Dimension spatiale des inégalités. Regards croisés des sciences sociales, Rennes, Presses universitaires de Rennes, coll. « Géographie sociale ».
- CODACCIONI Vanessa, 2019, Répression, Paris, Textuel.
- COMBES Hélène, GARIBAY David, GOIRAND Camille, ed., 2015, Les lieux de la colère. Occuper l’espace pour contester, Paris, Karthala.
- HMED Choukri, 2008, « Des mouvements sociaux sur une tête d’épingle ? Le rôle de l’espace physique dans le processus contestataire à partir de l’exemple des mobilisations dans les foyers de travailleurs migrant », Politix, vol. 84, no 4, p. 145-161.
- KIPFER Stefan, 2015, « Démolition et contre-révolution : la rénovation urbaine dans la région parisienne », revue Période [En ligne], 5 octobre, [URL : http://revueperiode.net/demolition-et-contre-revolution-la-renovation-urbaine-dans-la-region-parisienne/]
- MOHAMMED, Marwan, 2018, « Stigmatiser pour ‘mieux’ gouverner la ville. Accusation de ‘communautarisme’ et répression politique à l’échelle locale », in M. Mohammed, J. Talpin, éd., Communautarisme ? Paris, PUF, p. 69-83.
- RIPOLL Fabrice, 2008, « Espaces et stratégies de résistance : répertoires d’action collective dans la France contemporaine », Espaces et Sociétés, vol. 134, no 3, p. 83-97.
- SAUVADET Thomas, BACQUE Marie-Hélène, éd., 2011, « Usages populaires de l’espace », Espaces et Sociétés, n°144-145.
- SCHWARTZ Olivier, 2011, « Peut-on parler des classes populaires ? », La vie des idées, 13 septembre : http://www.laviedesidees.fr/Peut-on-parler-des-classes.html.
- SIBLOT Yasmine, RENAHY Nicolas, CARTIER Marie, COUTANT Isabelle et MASCLET Olivier, 2015, Sociologie des classes populaires contemporaines, Paris, Armand Colin (Collection U).
- TALPIN Julien, 2016, « Une répression à bas bruit. Comment les élus étouffent les mobilisations dans les quartiers populaires », Métropolitiques [En ligne], [URL : https://www.metropolitiques.eu/Une-repression-a-bas-bruit-Comment-les-elus-etouffent-les-mobilisations-dans.html].
- VESCHAMBRE Vincent et RIPOLL Fabrice, éd., 2005, dossier « L’appropriation de l’espace. Sur la dimension spatiale des inégalités sociales et des rapports de pouvoir », Norois, no 195.
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