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Mobilités et socialisations

Mobilties and socialisations

Numéro thématique de la revue « Espaces et Sociétés »

Espaces et Sociétés journal theme issue

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Publicado sexta, 22 de novembro de 2019

Resumo

Si la mobilité spatiale est un thème central de nombreuses recherches en sciences sociales, ces dernières l'abordent encore rarement sous l'angle de la socialisation. Il s'agit en réalité d'un angle d'analyse récent dans ce domaine d'études. Cet appel à articles entend s'inscrire dans cette direction afin de poursuivre les réflexions récentes sur les socialisations à et par les pratiques de mobilités spatiales. Les propositions peuvent venir de toutes les disciplines des sciences humaines et sociales et s'intéresser à différentes formes de mobilité spatiale, des plus quotidiennes aux plus exceptionnelles, dans la mesure où elles permettent d’éclairer la double dimension socialisatrice des mobilités.

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Argumentaire

Le thème de la mobilité spatiale a été plusieurs fois abordé par la revue Espaces et Sociétés, et en particulier au travers du dossier thématique intitulé Mobilités (1988), coordonné par M. Bassand et al. Depuis ce numéro pionnier, la mobilité spatiale s’est affirmée comme un thème central de nombreuses recherches en sciences sociales, conduisant certain.e.s cherch.euses.eurs à évoquer leur tournant mobilitaire, dans le sillage des travaux du sociologue John Urry (2001).

Néanmoins, et contrairement à ce qui a pu être réalisé pour d’autres pratiques sociales (comme l’alimentation, le rapport à la culture ou à l’argent), peu de recherches ont abordé la mobilité spatiale sous l’angle de la socialisation et cette approche n’a été introduite que très récemment dans ce domaine (par exemple : Oppenchaim, 2011 ; Scheiner 2017 ; Sayagh, 2018). Jusqu’au début des années 2010, les enquêtes traitant de déplacements ou de transport se sont ainsi concentrées sur les apprentissages réalisés par les individus en termes de mobilité spatiale en portant leur attention sur la familiarisation avec l’aspect technique de ces pratiques : conduite de véhicules, utilisation des transports en commun, acquisition de repères dans l’espace, etc. En adoptant une approche plutôt technique de la mobilité, ces recherches ont fait l’impasse sur des dimensions plus discrètes des apprentissages en la matière, par exemple celles ayant trait à une culture normative ou à l’intériorisation de références pour agir, de manières de sentir, de percevoir ou d’agir par rapport aux mobilités.

De telles dimensions apparaissent pourtant pleines d’intérêt pour qui veut comprendre les mouvements de population, des plus quotidiens aux plus exceptionnels ou lointains. Elles permettent par exemple d’éclairer la genèse et la structure des pratiques de mobilités sans les réduire à leur seul aspect technique ou économique. Des sociologues (Kaufman, Widmer, 2007), des psychologues (Baslington, 2007, 2008), des géographes et des ingénieurs des transports et de la mobilité (Manton, Rau, 2016) ont ainsi déjà montré que prêter attention à ces processus pouvait être particulièrement heuristique, même s’ils.elles se sont concentré.e.s sur un seul type d’institution socialisatrice en la matière (par exemple la famille) et ont adopté une conception plutôt formelle de la transmission des savoirs et savoir-faire en situation de déplacement.

Or, il y a tout lieu de penser que la socialisation à la mobilité est plus complexe et moins univoque. En rester à un seul niveau d’analyse laisse encore de côté d’autres aspects centraux des pratiques de mobilité spatiale et la pluralité des instances normatives qu’elles convoquent. En quoi, par exemple, les pratiques de mobilité ont un effet sur la perception de soi ou d’autrui, et comment procèdent les revirements possibles de ces pratiques au fil du temps ? Comment une personne en vient-elle à percevoir telle ligne de bus comme repoussante ou agréable et comment une telle catégorisation peut-elle être reconduite dans le temps ? Comment les individus en viennent-ils à se comporter d’une certaine façon pour leurs trajets entre domicile et travail et d’une autre quand ils vont faire leurs courses ou réalisent un voyage de tourisme ? À partir de quels mécanismes une destination ou un trajet est-il catégorisé, par exemple, comme exceptionnel ou comme « un vrai voyage » et pour quels effets en termes de pratiques ? Comment les individus remobilisent-ils leurs compétences à se mouvoir d’un contexte à un autre ?

Ces questions sont autant de problèmes de recherche qui ne relèvent pas d’après nous d’une approche mécaniste ou technicienne de la mobilité, ni d’une vision linéaire ou formelle de l’intériorisation de savoirs et savoir-faire. Si l’on veut les prendre en considération, il y aurait lieu de prêter attention à l’intériorisation au fil du temps et à partir de sources normatives variées de schèmes de raisonnement, d’ensembles normatifs, de références pour agir, de dispositions pour et par la mobilité spatiale, c’est-à-dire à tirer toutes les conséquences logiques de la notion de socialisation telle qu’elle a été développée au cours de la dernière décennie dans une acception interactionniste, pluraliste et en partie continue (Darmon, 2016).

Celle-ci serait d’ailleurs à considérer sur deux plans pour l’examen des pratiques de mobilité spatiale. Elle est d’abord une socialisation à la mobilité, entendue comme l’inculcation continue, par l’action de différentes instances socialisatrices (la famille, l’école, les groupes de pairs) ou différents dispositifs (instruments socio-techniques, techniques du corps, etc.), de savoirs et de savoir-faire induisant des pratiques ou des manières de penser ou de catégoriser la mobilité. Elle est ensuite et concomitamment une dynamique de socialisation par la mobilité où les mobilités spatiales participent à façonner les individus qui les font. Comme toute pratique sociale, elles les inscrivent en effet au cœur d’expériences et d’interactions sociales historicisées, contextualisées et spatialisées qui les définissent en partie en tant qu’êtres sociaux.

Cet appel à articles veut justement poursuivre la réflexion proposée sur cette double dynamique de socialisation à et par la mobilité initiée par d’autres recherches. Du point de vue des travaux sur la socialisation, l’espace en général et la mobilité en particulier sont des dimensions relativement peu traitées. Dès lors, des contributions pourront explorer les dimensions spatiales, localisées et mouvantes de ce processus. Par exemple, il s’agira de considérer les espaces et trajet vécus comme des supports de réflexivité et d’apprentissage qui varient dans leurs caractéristiques ou au cours des trajectoires sociales des enquêté.e.s, mobilisant leurs différentes propriétés ou appartenances (de genre, de race, de classe).

Concernant les recherches sur les mobilités spatiales, l’objectif est de réunir des articles explorant l’intériorisation des manières de percevoir, de catégoriser les pratiques de mobilités spatiales, notamment dans une approche continue et plurielle de la socialisation faisant varier les contextes de la pratique et les propriétés sociales des enquêté.e.s au fil du temps et des biographies.

Enfin, l’appel a pour objectif de faire place à une approche plurielle de la socialisation aux et par les mobilités spatiales. Il est également ouvert à l’ensemble des sciences humaines et sociales et à différentes formes de mobilité spatiale, des plus quotidiennes aux plus exceptionnelles, dans la mesure où elles permettent d’éclairer la double dimension socialisatrice des mobilités.

Conditions de soumission

Les articles attendus seront compris entre 35 000 et 42 000 signes (espaces compris) en incluant notes, références bibliographiques et annexes, mais hors résumés (français, anglais, espagnol).

Les consignes aux auteurs et autrices sont disponibles ici : https://www.editions-eres.com/uploads/documents/conditionsPublication/201906112815eas_normes-editoriales-a-consignes-auteurs_07.11.18_diffusion.pdf

Les propositions d'article sont à envoyer exclusivement en version électronique par courriel aux trois adresses suivantes :

  • jean-yves.authier@univ-lyon2.fr
  • leslie.belton-chevallier@ifsttar.fr
  • joseph.cacciari@parisnanterre.fr

Calendrier

  • 31 août 2020 : date limite de remise des articles

  • 31 octobre 2020 : information aux auteurs et autrices

Coordinateurs scientifiques

  • J.-Y. Authier
  • L. Belton-Chevallier
  • J. Cacciari

Bibliographie

  • Bassant M. et al. (1988), Mobilités – Revue Espaces et Sociétés, n°54-55, vol. 2.
  • Baslington, H. (2007), Healthy Travel and Child Socialisation : Policy Implications for Social and Cultural Change, PHD, University of Leeds.
  • Baslington H. (2008), «Travel Socialization: A Social Theory of Travel Mode Behavior », International Journal of Sustainable Transportation, vol. 2, n°2, p. 91-114.
  • Darmon M. (2016), La socialisation, Paris, Armand Colin. 
  • Kaufmann, V., Widmer, E. (2007), « L’acquisition de la motilité au sein des familles. État de la question et hypothèses de recherche », Espaces et sociétés, n°120, p. 199 – 217.
  • Manton, R., Rau, H. (2016), « Life events and mobility milestones: Advances in mobility biography theory and research », Journal of Transport Geography, n°52, p. 51–60.
  • Oppenchaim N. (2011), Mobilité quotidienne, socialisation et ségrégation : une analyse à partir des manières d'habiter des adolescents de Zones Urbaines Sensibles, Thèse de sociologie, Université Paris-Est Marne-la-Vallée.
  • Sayagh D. (2018), Pourquoi les adolescentes ont moins de possibilités réelles de faire du vélo que les adolescents ? Thèse en Aménagement de l’espace, urbanisme, Université-Paris Est Marne-la-Vallée. 
  • Scheiner, J. (2017), “Mobility Biographies and Mobility Socialisation—New Approaches to an Old Research Field”, In Zhang, Junyi (Ed.), Life-Oriented Behavioral Research for Urban Policy, New-York, Springer, p. 385–401.
  • Urry J. (2001), Sociologie des mobilités. De nouvelles frontières pour la sociologie ?, Paris, Armand Colin.

Datas

  • segunda, 31 de agosto de 2020

Palavras-chave

  • socialisation, mobilité spatiale, pratiques

Contactos

  • Jean-Yves Authier
    courriel : jean-yves [dot] authier [at] univ-lyon2 [dot] fr
  • Joseph Cacciari
    courriel : joseph [dot] cacciari [at] parisnanterre [dot] fr
  • Leslie Belton Chevallier
    courriel : leslie [dot] belton-chevallier [at] ifsttar [dot] fr

Fonte da informação

  • Leslie Belton Chevallier
    courriel : leslie [dot] belton-chevallier [at] ifsttar [dot] fr

Licença

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Para citar este anúncio

« Mobilités et socialisations », Chamada de trabalhos, Calenda, Publicado sexta, 22 de novembro de 2019, https://doi.org/10.58079/13vz

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