AccueilLa décennie des mutations en Tunisie : Penser les dynamiques sociétales (2010-2020 )

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La décennie des mutations en Tunisie : Penser les dynamiques sociétales (2010-2020 )

The decade of change in Tunisia: Thinking societal dynamics (2010-2020)

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Publié le vendredi 17 janvier 2020

Résumé

Le peuple a-t-il toujours raison ? Les choix des peuples sont-ils forcément les meilleurs ? C’est à partir de ces deux questions qu’a germé l’idée d’organiser une rencontre scientifique autour de la décennie 2010-2020, car la société est en droit de comprendre la dynamique et les enjeux qui ont prévalu durant cette décade. Au crépuscule de cette décennie, un bilan académique s'impose pour comprendre ce qui s'est passé depuis 2011. Consciente de sa vocation nationale de lieu de réflexion, l'Université de Tunis se propose d'engager une réflexion sur le processus transitionnel complexe que vit la Tunisie depuis 2010. Ce congrès sera l'occasion d'aborder entre autres les thèmes suivants : 2010, le paroxysme de la crise : « un terreau révolutionnaire » l'apprentissage de la liberté depuis 2011 ; les régions défavorisées avant et depuis 2011 ; la dynamique sociale : classe et catégorie impliquées/structure démographique ; les discours politiques et idéologiques ; crise du système de valeurs ; sécurité insécurité terrorisme ; les urnes un outil électoral neutre ; la corruption.

Annonce

Présentation

Au cours de la décennie 2010-2019, les Tunisiens ont connu une tornade d'événements couronnés par les élections de 2019. Le processus révolutionnaire, engagé depuis le mois de décembre 2010, est passé par plusieurs étapes. Certaines étaient pacifiques, d’autres plus ou moins violentes. Le passage de la Première République à la Deuxième République a substitué au régime présidentiel un régime mixte instituant un équilibre entre les trois pouvoirs, a réalisé la fin du monopartisme et a mis en place le multipartisme. A été également consacrée l’implication des citoyen(ne)s dans l’exercice effectif de la souveraineté populaire à travers l’organisation d’élections libres et transparentes. La Constitution, adoptée en 2014, a consacré toutes les réformes liées à ce processus, et a annoncé la création de nouvelles institutions. Tels sont les changements politiques les plus marquants, dans une période d’accélération des événements et de happenings. Certaines dates baliseront à jamais ce processus, comme le 10 décembre 2010, le 14 janvier 2011, les 9 avril, 12 juin et 4 décembre 2012, les 6 février et 25 juillet 2013, septembre- octobre 2019.

Tous ces événements ont éveillé un potentiel créatif remarquable et inspiré les artistes tunisiens. Plasticiens, cinéastes, dramaturges, musiciens se sont exprimés, chacun dans son domaine, partageant leurs émotions et leurs visions dans des chansons, pièces de théâtre, films, documentaires, graffitis, Street Art. En 2012, cet élan est perturbé par les attaques d’une salle de cinéma à Tunis et d’une exposition dans sa banlieue. C’est dire la fragilité de la situation, 18 mois après la chute de l’Ancien Régime. Au crépuscule de cette décennie, un bilan et une approche académique s’imposent pour interroger les multiples projets et œuvres réalisés depuis 2011.

Il est important de relever que l’idée de liberté s’est imposée dans le champ des arts, d’abord. La décennie sera traversée par l’idée de Liberté(s) qui s’installera lentement et douloureusement. Elle sera défendue, prônée ou exercée par les artistes engagés, chacun selon ses valeurs esthétiques et éthiques. Qu’elle soit individuelle ou collective, cette idée est omniprésente dans tous les discours artistiques.

En somme, quatre élections, lourdes en conséquence, jalonnent ces huit dernières années et constituent de véritables apprentissages de la démocratie en 2011, 2014, 2018 et 2019. Les résultats de ces scrutins ont plus ou moins surpris, étonné, convaincu ou laissé indifférents les Tunisiens, selon leurs convictions et/ou leurs filiations politiques. Les élections de 2014 ont prouvé la vitalité de la société civile qui a opéré un renversement de tendance, aux dépens des partis.

Au-delà des réactions et des discours des journalistes, des chroniqueurs, des citoyens et des politiques, la société est en droit de comprendre ce qui s’est passé, en cette phase du processus socio-politique qui a porté un nouveau président au palais de Carthage. La société est aussi en droit de comprendre la dynamique et les enjeux qui ont ouvert les portes du Parlement à des élus connus et d’autres moins connus.

Suite au dernier scrutin, d’aucuns ont déclaré que les résultats étaient prévisibles et significatifs. D’autres étaient surpris, certains autres carrément choqués. Ce spectre de réactions est sans doute le reflet de la diversité socio-culturelle de la Tunisie.

Le peuple a-t-il toujours raison ? Les choix des peuples sont- ils forcément les meilleurs ? C’est à partir de ces deux questions qu’a germé l’idée d’organiser une rencontre scientifique. Le 13 octobre 2019, le peuple tunisien a « plébiscité » le nouveau président en lui attribuant les trois quarts des voix. Plus significatif encore, le nouveau président a bénéficié de 90 % des voix des jeunes.

Comment cet outsider, né à la politique en 2011, a-t-il été propulsé par les médias, notamment sur des questions concernant la constitution ? Comment un candidat sans parti ni groupe parlementaire ni programme électoral bien défini, peut-il accéder à la magistrature suprême ? Au cours d’une campagne timide, l’accent a été mis sur « l’homme honnête, ardu, né de la révolution et garant du changement » avec pour mot d’ordre, « Une nouvelle étape de la révolution est nécessaire ».

Attachée au rôle citoyen de l’enseignement supérieur, consciente de sa vocation nationale, comme lieu de réflexion depuis soixante ans, ancrée au cœur de liens dynamiques et structurels entre la nation, l’Etat et la société, l’université de Tunis se propose de faire réfléchir les chercheurs sur les nouveaux défis sociétaux que vit la Tunisie, en organisant un colloque international pluridisciplinaire. Ce colloque permettra de s’interroger sur ce qu’on pourrait considérer comme un tournant, en vue de contribuer à la compréhension des tenants et aboutissants des élections législatives et présidentielles et de l’ensemble du complexe processus transitionnel que vit le pays depuis 2010.

Les chercheurs des lettres, langues, sciences humaines et sociales et arts qui bénéficient d’un statut privilégié au sein de l’Université de Tunis, apporteront des éléments de réponse, sur la base d’une méthodologie scientifique, pour démêler l’écheveau des phénomènes et des facteurs qui marquent la décennie 2010-2020. Face au désenchantement des uns, à la déception des jeunes ou à l’enthousiasme et l’optimisme des autres, le choix de la pluridisciplinarité s’est imposé. La raison en est que chaque discipline ou discours se meut dans ce que Michel Foucault appelle « un régime de vérité ». Ainsi, nous espérons que la diversité des approches aidera à mieux comprendre.

Ce colloque se tiendra les vendredi 10 et samedi 11 avril 2020 et sera l’occasion d’aborder les thèmes suivants :

  • Le contexte historique depuis les élections de 2009
  • 2010, le paroxysme de la crise socio-économique : « un terreau révolutionnaire »
  • L’apprentissage de la liberté depuis 2011.
  • La dynamique sociale : classes et catégories impliquées, bénéficiaires ou menacées/ paupérisation des classes moyennes / structure démographique
  • Rôle et poids de la société civile
  • Les régions défavorisées en Tunisie avant et depuis 2011
  • Le phénomène de l’émigration légale (exode des cerveaux) et clandestine (jeunes chômeurs)
  • Les médias, vecteurs de médiation entre le politique et la société ou parties prenantes ?
  • Les réseaux sociaux : un instrument de mobilisation ou de manipulation
  • Les agences de sondage et l’opinion publique
  • Explosion du nombre de partis politiques (de masse, de cadres etc…)
  • Les discours politiques et idéologiques/ Aptitude au dialogue ou enlisement monologique ?
  • Crise du système de valeurs traditionnelles et émergence de nouvelles valeurs
  • Sécurité, insécurité, permanence de la menace terroriste, recrudescence de la violence et du crime
  • Les urnes, un outil électoral neutre ? / significations et symbolique de l’acte de voter/ comment choisir les candidats ?
  • La Révolution dans la littérature et les arts.

Calendrier

Il est recommandé aux candidats de soumettre leurs projets de communications (en 400 mots), au plus tard le

31 janvier 2020

Les versions définitives des contributions doivent nous parvenir avant le 30 juin 2020, afin de nous permettre d’éditer les Actes dans un ouvrage qui fera date.

Comité scientifique

Lotfi Aïssa, Hayet Amamou, Samir Becha, Amor Belhédi, Hichem Ben Aïssa, Sami Ben Ameur, Slah Ben Fraj, Mourad Ben Jelloul, Riadh Ben Rejeb, Imène Ben Youssef, Jamil Chaker, Ridha Chenoufi, Mouldi Gassoumi, Ahmed Khouaja, Mokhtar Kraïem, Saoussen Krichen, Salah Mosbah, Malika Ouelbani, Abdessattar Sahbani, Hédi Timoumi et Mustapha Tlili.

Le comité est présidé par le Pr. Habib Sidhom, Président de l’Université de Tunis.


Dates

  • vendredi 31 janvier 2020

Mots-clés

  • révolution, transition, changement, vote, urnes, crise, constitution

Contacts

  • Habib Sidhom
    courriel : congres [dot] ut [at] gmail [dot] com

URLS de référence

Source de l'information

  • Habib Sidhom
    courriel : congres [dot] ut [at] gmail [dot] com

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« La décennie des mutations en Tunisie : Penser les dynamiques sociétales (2010-2020 ) », Appel à contribution, Calenda, Publié le vendredi 17 janvier 2020, https://doi.org/10.58079/149d

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