Published on Tuesday, February 25, 2020
Abstract
La première partie du XXe siècle, de 1914 à 1945, a été une époque de guerres, de destructions et de révolutions. De nombreux travaux ont tenté de rendre compte de cette combinaison de guerre totale sans lois ni limites, de guerres civiles locales et de génocides, qui a vu aussi l’affrontement de visions opposées du monde et l’Europe se détruire, mettant ainsi au premier plan l’expérience de l’exil. Ce colloque a pour but de fournir, à partir d'une analyse interdisciplinaire (histoire, philosophie, art, politique, etc.), des points de repère à propos du concept et de l’expérience de l’exil, de son articulation avec la crise européenne et de la centralité de la Shoah. Il entend montrer comment a évolué la notion de « d’exil » au XXe siècle ainsi que les études sur la destruction des juifs d’Europe. L'exil y sera étudié comme une expérience de rupture.
Announcement
Argumentaire
Cet examen est d’autant plus urgent que la guerre, la compétition économique, les conflits ethnico-religieux et la violence extrême des massacres et des génocides qui en découlent ont fait basculer l’histoire dans le chaos. Ce chaos s’est manifesté à différents niveaux : - montée des ressentiments et des colères se transformant en haines inexpiables ; - mise hors circuit d’êtres humains, de vies et de richesses ; - rejet et enfermement des réfugiés, des populations sans, des migrants.
Ce colloque propose une réflexion sur les conditions du déracinement de l’exil et/ou de la persécution et tout d'abord sur les types d'exil en montrant les hommes, les femmes, les enfants les routes voire même les objets ( exemple les violons de la shoah). Cette année plus particulièrement la question mise en exergue est celle de l'exil intérieur.
Une première piste concerne l'entre deux guerres et la brusque fin de l’effervescence culturelle en Europe centrale. Au lendemain de la Première Guerre mondiale, l'Europe centrale, héritière des deux empires, allemand et austro-hongrois, va se transformer et s'épanouir d'une manière dynamique et indépendante avec l'émergence de nouveaux états. Sera fait état ici de la migration culturelle depuis la Première Guerre mondiale, jusqu’à l’émigration massive qui a suivi les accords de Munich. Est-il possible d'ignorer par ailleurs l'exil forcé de populations dites indigènes vers la France qui avait alors besoin de soldats et de main d'œuvre ?
Une deuxième piste est à tricoter
- dans le temps des années noires en précisant de quels exils il s'agit : exil des musiciens, des artistes, des intellectuels des anonymes
- avec l'arrivée de ces nouveaux migrants dans les pays qui ont bien voulu les accueillir. Entre ironie et fascination et, parfois, entre répulsion et attraction, comment ces émigrés, devenus pour la plupart citoyens de leurs nouveaux encrages? Vont-ils participer fortement à l'évolution de la citoyenneté des pays récepteurs? Quelle sera par exemple la place des cinéastes, auteurs, scénaristes, musiciens, décorateurs, compositeurs acteurs, tous venus de l'Europe sous le joug nazi, dans le cinéma ou plus généralement dans l'art.
Comment les milieux français, américains ou autre vont-ils réagir devant cette arrivée massive d'étrangers ?
Troisième piste : La Provence, espace de transit
Cette piste concerne les intellectuels (au sens large) à partir des trajectoires différenciées d'artistes et d'auteurs de la Mitteleuropa en transit, pour beaucoup d'entre eux, dans la région de Marseille entre le milieu des années 1930 et le début des années 1940, dont certains ont été internés au Camp des Milles, entre 1939 et 1942. Ce transit peut être appréhendé à la fois comme une étape, choisie ou non, d’une émigration, un exil ou une fuite, un espace paradoxal de création, mais aussi comme un premier élément dans un vaste processus de transfert culturel depuis l’Europe centrale vers les pays de destinations : Etats-Unis en majorité, mais encore Argentine, Mexique ou Brésil en particulier.
La Provence qui fut le premier exil, lieu de refuge des intellectuels ayant fui le régime nazi a constitué, en dépit de toutes les difficultés, un espace de rencontres, d'échanges et de créativité précédant la poursuite des trajectoires individuelles vers un exil plus lointain devenu une nécessité vitale. David Rousset expliquait qu'il y avait à cette époque en Europe deux uniques portes ouvertes, "Auschwitz et Marseille".
Quatrième piste sur laquelle l'accent sera mis : exil intérieur au plan psychologique mais aussi familial
Ce colloque peut également s'attacher à montrer que l'exil peut être vécu de l'intérieur. Peut -on parler alors d'un exil intérieur qui mène parfois jusqu'au suicide comme ce fut le cas d'illustres rescapés de la Shoah. L'exil intérieur du ghetto cher à Santiago Amigorena qui décrivant l’impuissance de son grand-père argentin alors que la Shoah frappa sa famille à Varsovie, nous offre une méditation puissante sur l’exil.
Faut-il avec Roland Jacquard (L'Exil intérieur schizoïdie et civilisation)et parler de « l’exil intérieur », c’est-à-dire de « ce retrait de la réalité chaude, vibrante, humaine, directe ;le repli sur soi ; la fuite dans l’imaginaire » qui mène le plus souvent a la schizophrénie? Ou bien faut envisager l'exil intérieure comme une résilience chère à Boris Cyrulnik?
Ou bien encore est-ce a porter comme un refuge dans la vie concentrationnaire?
Si notre appel à contributions se réfère régulièrement au génocide entrepris par les nazis pendant la seconde guerre mondiale, les propositions concernant les autres génocides sont également bienvenues. Dans la mesure où elles nourrissent la réflexion proposée… l’ouverture de l’investigation n’a de limite que la pertinence des propositions qui nous seront soumises.
Modalités de proposition
Les propositions, de 700 à 1000 mots environ, accompagnées d'une brève notice bio-bibliographique, sont à envoyer à rendb@free.fr avant le 1 avril 2020.
Les auteurs seront informés du choix du comité de lecture le 25 avril 2020.
Comité scientifique
- Augustin Giovanni, professeur de Philosophie en classes préparatoires à l'Université d'Aix-Marseille;
- Renée Dray-Bensousan, professeur à l'IUFM de Marseille, chercheur associée à la MMSH, Université d'Aix-Marseille;
- Claude Loufrani, MCF, Université d'Aix-Marseille;
- Maria Gartner, professeur au gymnasium d'Emden;
- Jacques Broda, professeur de Sociologie, Université d'Aix-Marseille
- Roger et Mireille Reboul, professeurs d’histoire
- Lisette Simon professeur d’histoire
- Lucie Bertrand-Luthereau PRAG à l’Institut d’études politique d’Aix-en-Provence
- Guy Palmaccio professeur d’histoire
Informations
Adresse : ARES (Association pour la Recherche et l'Enseignement de la Shoah), boite 319, Maison des associations,93, la Canebière,13001, MARSEILLE
Subjects
- History (Main category)
- Society > Political studies > Wars, conflicts, violence > Genocides and massacres
- Periods > Modern > Twentieth century
- Periods > Modern > Twentieth century > 1939-1945
- Mind and language > Language
- Periods > Modern
- Society > Political studies
- Society > Political studies > Wars, conflicts, violence
Places
- Faculté des Sciences
Marseille, France (13)
Date(s)
- Wednesday, April 01, 2020
Attached files
Keywords
- génocide, images fixes, images mobiles, vérité, littérature, propagande, bande dessinée, Shoah, seconde guerre mondiale, négationnisme, irreprésentable, transports, chemin de fer, SNCF, Atlas
Contact(s)
- Guy Palmaccio
courriel : guy [dot] palmaccio [at] orange [dot] fr - Renée DRAY BENSOUSSAN
courriel : rendb [at] free [dot] fr
Information source
- Guy Palmaccio
courriel : guy [dot] palmaccio [at] orange [dot] fr
License
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To cite this announcement
« Exiles 1914-1945 », Call for papers, Calenda, Published on Tuesday, February 25, 2020, https://doi.org/10.58079/14iy