AccueilReligion et migrations transnationales (XIXe-XXe siècles)

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Religion et migrations transnationales (XIXe-XXe siècles)

Religion and transnational migrations (19th-20th centuries)

Journée d'étude de l'Association française d'histoire religeìieuse contemporaine

Study day of the French Association for Contemporary Religious History

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Publié le lundi 16 mars 2020

Résumé

Depuis vingt-cinq ans, la question migratoire est prégnante dans le discours politique et médiatique, suscitant débat, interrogation, mais aussi travaux scientifiques. Si les chercheurs ont investi ce champ d’étude, l’analyse des interactions du phénomène avec le religieux est plus récente, mais souligne la place centrale qu’a pu occuper la religion dans les processus migratoires – aux origines de la migration, comme support de celle-ci, comme ressource à la fois spirituelle et sociale pour les déplacés –, et les transformations du religieux qu’ils induisent. La réflexion historique sur les articulations entre religion et migration dans le cadre transnational est à même de compléter ces travaux des sociologues, anthropologues, géographes et théologiens. On considèrera les grands mouvements de population à l’époque contemporaine (XIXe - XXe s.), forcés ou volontaires, sans exclure l’exil ni les migrations plus ponctuelles.

Annonce

Présentation

Depuis vingt-cinq ans, la question migratoire est prégnante dans le discours politique et médiatique, suscitant débat, interrogation, mais aussi travaux scientifiques. Si les chercheurs ont investi ce champ d’étude, l’analyse des interactions du phénomène avec le religieux est plus récente, mais souligne la place centrale qu’a pu occuper la religion dans les processus migratoires – aux origines de la migration, comme support de celle-ci, comme ressource à la fois spirituelle et sociale pour les déplacés –, et les transformations du religieux qu’ils induisent. La réflexion historique sur les articulations entre religion et migration dans le cadre transnational est à même de compléter ces travaux des sociologues, anthropologues, géographes et théologiens. Aussi, l’AFHRC a choisi d’y consacrer sa prochaine journée d’étude annuelle. On considèrera les grands mouvements de population à l’époque contemporaine (XIXe - XXe s.), forcés ou volontaires, sans exclure l’exil ni les migrations plus ponctuelles.

Argumentaire

Espaces, périodes et processus migratoires concernés

On s’intéressera aux différents types de migrations transnationales, en tenant compte des variations dans le temps et dans l’espace. La France pourra constituer un espace privilégié – mais non exclusif – d’analyse, dans le contexte de l’industrialisation et des migrations prolétariennes de masse du milieu du XIXe au début du XXe siècle (Belges, Italiens, Espagnols, Polonais), mais également comme terre de transit ou de destination des populations juives d’Europe centrale et orientale fuyant l’oppression, les pogroms et une situation économique désastreuse. On examinera d’ailleurs la dimension religieuse des motifs de départ, mêlée à des facteurs d’ordre économique et social, telles que la croissance démographique et la pression sur la terre, les crises de production et d’endettement, comme il apparaît par exemple dans les départs des musulmans de Grèce vers l’Empire ottoman, ou l’émigration syro-libanaise vers l’Égypte au milieu du XIXe siècle. On pensera encore, dans ce même arc chronologique, aux flux migratoires massifs d’Europe vers le Nouveau monde. Si les migrations de type colonial peuvent être examinées, on se penchera surtout sur celles des missionnaires qui choisissent de quitter leur pays pour exercer leurs fonctions outre-mer et que permet l’état religieux.

Les deux guerres mondiales constituent un facteur majeur d’exodes et de déplacements de populations, et contribuent à faire du XXe siècle celui des réfugiés et des apatrides. On se penchera sur ces migrations politiques, contraintes et forcées, résultant des combats et des violences de la guerre, de génocides, de persécutions, de reconfigurations nationales et territoriales (crise de l’Empire ottoman, Europe des sorties de guerre) ; on pensera notamment aux diasporas arméniennes, russes et juives, aux échanges de population entre Grèce et Turquie, au rapatriement des déportés. On considèrera l’amplification, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale et la décolonisation, des migrations sud/nord, notamment dans l’espace euro-méditerranéen. On tiendra compte de la diversification et de la complexification des mouvements migratoires dans le dernier tiers du XXe siècle (déplacements Europe communiste/Europe occidentale et Afrique/Moyen-Orient par exemple), dans le contexte des conflits en Asie orientale (phénomène des « boat-people »), de la fin de Guerre froide et de la désintégration des États européens multinationaux, des crises du Moyen-Orient.

La migration : du départ à l’arrivée

On s’interrogera sur la place du religieux comme support, accompagnement et ressource dans les processus migratoires, en s’intéressant aux acteurs, aux institutions, aux pratiques et aux discours. Comment l’appartenance confessionnelle joue-t-elle dans les formes de solidarités et de sociabilité entre et auprès des déplacés  ? Comment les autorités religieuses gèrent-elles ces flux de population, au départ comme à l’arrivée ? Quelle place pour les structures associatives, les ONG confessionnelles et ce qui relève parfois d’une diplomatie religieuse informelle (Saint-Siège, patriarcats, organisations juives internationales, organismes musulmans de charité internationale) ? On pensera aux structures et aux réseaux sur place (telle la Mission catholique polonaise qui offre un accompagnement spirituel mais aussi social, matériel et culturel), ainsi qu’aux liens transnationaux entre pays d’origine et pays d’arrivée. Un cas d’étude pourrait être celui des migrations de formation et d’étudiants, notamment religieux : par exemple au PISAI – Institut d’études arabes et d’islamologie– à Rome, ou à l’université al-Azhar au Caire.

On inclura la dimension interconfessionnelle, sous l’angle de la confrontation et parfois – plus récemment – de la collaboration. On se penchera sur les structures et dynamiques religieuses qui entourent l’installation en terre d’accueil, en terme d’adaptation et d’intégration d’une part, mais aussi de réaction parmi les sociétés d’accueil. Sans ouvrir un champ trop vaste, on se posera la question de l’impact et des traces laissées par ces migrations (ainsi, au Moyen-Orient, au regard de la Nahda au XIXe siècle, mais aussi de la question de la présence massive de réfugiés palestiniens dans des territoires comme le Liban ou la Jordanie).

Enfin, quelles représentations des réfugiés et de la migration du côté des institutions et des acteurs religieux ? On s’appuiera sur les discours, les textes doctrinaux et les représentations artistiques. On pourra d’ailleurs examiner le discours missionnaire visant à encadrer les migrations féminines dans les capitales occidentales pour des motifs d’ordre notamment moral (qu’elles ne tombent pas dans la prostitution). On regardera aussi la dimension religieuse de certaines réserves parmi les sociétés d’accueil, par exemple la suspicion de coreligionnaires à l’égard de pratiques regardées comme hétérodoxes ou dénaturées.

Flux migratoires et transformations du religieux

Plusieurs angles peuvent être adoptés pour étudier les transformations du religieux induites par les migrations : celui de la conversion (sincère, forcée, stratégique) ; celui des dynamiques de réveil et de revitalisation des pratiques religieuses (on pense par exemple, en France, à l’ancrage de l’orthodoxie à partir des années 1920, ainsi qu’au renouveau yiddish, surtout après la Deuxième Guerre mondiale) ; celui des processus d’acculturation et de syncrétisme (le culte vaudou, par exemple, tend à se recomposer au gré des circulations migratoires africaines, en particulier en contexte colonial) ; celui de la transnationalisation du religieux (création de réseaux…) ; ou encore celui des paysages urbains et architecturaux (cf. les églises de l’immigration polonaise dans le bassin minier du nord de la France, qui renvoient à l’union étroite entre sentiment national et sentiment religieux dans cette communauté migratoire de l’entre-deux-guerres).

Propositions de communication

En s’intéressant au temps long, à l’espace global et à l’ensemble des religions, il s’agit de favoriser une réflexion thématique, méthodologique, comparative et transnationale. Pour autant, nous n’entendons pas établir un état des lieux de la question, mais plutôt poser des jalons dans un champ de recherche aujourd’hui particulièrement dynamique.

Les propositions de communication, études de cas ou analyses comparées à partir d’une variété de sources (textes doctrinaux, récits mémoriels, archives institutionnelles, expressions picturales, sources orales, etc), ne dépasseront pas 500 mots et seront accompagnées d’une courte présentation de l’auteur (max. 200 mots). Elles seront envoyées (en un seul fichier, au format word et pdf) :

Avant le 30 mars 2020 à marie.levant.ehne@gmail.com.

Coordination scientifique

Sous la coordination scientifique de Marie Levant (Labex EHNE) et du Bureau de l’association.

Lieux

  • Maison de la Recherche - 28 rue Serpente
    Paris, France (75)

Dates

  • lundi 30 mars 2020

Fichiers attachés

Mots-clés

  • migration, religion, humanitaire, déplacements de population, sorties de guerre, crise migratoire, charité, philanthropie, exil

Contacts

  • Marie Levant
    courriel : m [dot] levant [at] ifporient [dot] org

Source de l'information

  • Marie Levant
    courriel : m [dot] levant [at] ifporient [dot] org

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Religion et migrations transnationales (XIXe-XXe siècles) », Appel à contribution, Calenda, Publié le lundi 16 mars 2020, https://doi.org/10.58079/14ou

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