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Les frontières du travail : déplacements, brouillages et recompositions

The frontiers of work: movements, confusion and recompositions

Journées internationales de sociologie du travail (JIST)

The sociology of work international study days (JIST)

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Publié le mardi 24 mars 2020

Résumé

Pour cette XVIIe édition, les journées internationales de sociologie du travail (JIST 2020) proposent d’explorer la thématique des « frontières », thème retenu pour ses qualités polysémiques, puisqu’il permet de réfléchir aux frontières dans le sens le plus matériel et institutionnalisé du terme, tout en travaillant sur ses déclinaisons plus informelles ou symboliques.

Annonce

La 17e édition des Journées Internationales de Sociologie du Travail aura lieu à l'Université de Lausanne, du 4 au 6 novembre 2020.

Argumentaire

Le monde du travail est traversé par de multiples frontières, formelles et informelles, visibles et invisibles, qui agissent comme autant de principes d’organisation et de lignes de fracture. Ces frontières font l’objet de régulations et de dérégulations successives, à l’échelle internationale, sociétale, organisationnelle. Elles sont également au cœur de politiques publiques, de négociations (inter-)professionnelles et de mobilisations collectives. Elles se recomposent au fil du temps, par des jeux de scissions et de fusions, dont les conséquences ne sont pas toujours aisées à saisir sur le vif.

Les 17èmes Journées internationales de sociologie du travail (JIST 2020) proposent d’explorer la thématique des « frontières », thème retenu pour ses qualités polysémiques, puisqu’il permet de réfléchir aux frontières dans le sens le plus matériel et institutionnalisé du terme (frontières entre pays, entre groupes professionnels, entre catégories de travailleurs et travailleuses – cadres / non cadres –, entre statuts d’emploi, entre travail rémunéré et travail gratuit, entre lieux de travail et autres lieux de vie, entre formation et emploi, etc.), tout en travaillant sur ses déclinaisons plus informelles ou symboliques (frontières entre travail d’organisation et d’« exécution », entre salarié·e·s stables et intérimaires, entre « jeunes » et « seniors », entre humains et machines, entre travail « féminin » et « masculin », entre élèves / étudiant·e·s alternant·e·s ou stagiaires et salarié·e·s, etc.).

Une première déclinaison de l’analyse des frontières du travail renvoie évidemment aux enjeux de la globalisation et du dépassement / recomposition des frontières nationales du marché du travail, qui ont longtemps servi de référence aux sociologues, y compris lors de travaux comparatifs sur les politiques d’emploi et expériences du travail. Aujourd’hui, les circulations migratoires sont au cœur des recompositions du monde du travail et permettent d’ouvrir un dialogue fructueux entre la sociologie du travail et les spécialistes des mouvements migratoires. Toutefois, ces échanges débouchent souvent sur un développement distinct des problématiques de recherche en fonction des formes de mobilité (volontaires / contraintes) et/ou des groupes sociaux concernés (migrant·e·s économiques, d’un côté, cadres expatrié·e·s, de l’autre). Or, l’analyse sociologique des mobilités spatiales en lien avec le travail gagnerait très certainement à dépasser les clivages – théoriques et méthodologiques – qui marquent encore l’analyse des populations migrantes au travail, en fonction de leurs origines sociales et ethniques, et en fonction de leurs statuts sociaux et trajectoires d’emploi. Ces franchissements et transgressions de frontières concernent aussi l’organisation du travail et les logiques de management que les firmes transnationales véhiculent à travers le monde en poussant vers un modèle de plus en plus homogène.

Une seconde déclinaison de la thématique des JIST 2020 concerne les frontières entre les statuts d’emploi, qu’elles se manifestent sous des formes légales et réglementaires, ou sous des formes idéologiques et symboliques. A nouveau, les possibilités de déclinaisons de cette thématique sont multiples, allant du brouillage des frontières entre les statuts d’indépendant·e et de salarié·e associé aux processus d’uberisation des relations de travail, aux brouillages des frontières entre espaces-temps de travail et de hors-travail induites par les plateformes d’intermédiation entre employeurs et employé·e·s, et autres initiatives de délocalisation des activités productives, hors les murs de l’entreprise. Appréhender les effets de ces brouillages de frontières sur la santé et la protection sociale des travailleurs et des travailleuses nécessite un recul critique à l’égard de la subordination salariale qui fut placée au contre des systèmes économiques de la deuxième moitié du 20ème siècle et une exploration des effets concrets de l’idéologie entrepreneuriale qui se diffuse très largement au sein de la gig economy. Un autre questionnement autour des frontières du travail et de l’emploi concerne les rapprochements entre formation et emploi avec l’essor de la professionnalisation des formations, la construction de « l’employabilité » de plus en plus tôt dans les cursus éducatifs et le pilotage par les compétences des maquettes de diplômes et des contenus d’enseignement.

En troisième lieu, les JIST 2020 invitent à une réflexion autour du déplacement des frontières entre travail d’« exécution » et travail d’encadrement, l’un des piliers du modèle fordiste de la production économique, et qui cède actuellement la place à une organisation présentée comme moins hiérarchisée et plus fluide du monde du travail. Outre l’apparition des nouveaux acteurs que sont les client·e·s dans les décisions d’orientation de la production, c’est aussi par un enrôlement des salarié·e·s dans un processus incessant d’(auto-)évaluation que les pratiques managériales évoluent. Nous assistons à une diffusion très large des procédures de reporting, ranking, benchmarking et autres néologismes, et ce jusqu’aux secteurs les moins marchandisés des sociétés contemporaines, comme les universités, les associations et les organismes de santé. Facilitée par le développement d’outils numériques de suivi et de surveillance à distance des performances individuelles au travail, ces recompositions dans l’encadrement des activités productives ont été au cœur d’un renouvellement des problématiques analytiques en sociologie du travail au cours des dernières années.

Enfin, les JIST 2020 souhaitent privilégier une réflexion sur les recompositions en cours autour des catégories et catégorisations de travailleurs et de travailleuses. Dans un contexte historique où les principes méritocratiques de l’égalité des chances sont affirmés à l’unisson des instances politiques, et où la promotion de l’égalité et des carrières féminines acquiert une certaine légitimité aux yeux des décideurs économiques, qu’en est-il du dépassement ou de la recomposition des hiérarchies sexuées qui ont historiquement marqué le monde du travail ? Quelle lecture sociologique proposer de la présence de plus en plus fréquente de femmes au sein des anciens « bastions masculins », alors même que ces professions subissent de plein fouet les déplacements et recompositions du marché du travail ? Dans un contexte marqué par une différenciation croissante, voire une polarisation, des parcours de vie féminins, il paraît utile de s’interroger sur la pertinence actuelle des outils analytiques forgés pour rendre compte de la sexuation d’un autre monde du travail ; celui de la permanence et de la prévisibilité.

Par ces déclinaisons possibles de la thématique générale de la manifestation, nous invitons des propositions communications qui s’interrogent sur les recompositions du monde du travail en cours, saisies à travers l’évolution de ses différentes frontières, selon les logiques de déplacement, de brouillage ou de recomposition. Nous sommes particulièrement intéressé·e·s par des communications qui portent sur la manière dont les catégorisations et découpages habituels en sociologie du travail aussi sont interrogés par les évolutions du (ou des) monde(s) du travail en cours.

Axes thématiques

La thématique générale des JIST 2020 se déclinera autour de plusieurs objets de recherche ou pistes analytiques, susceptibles de s’agréger en autant d’ateliers thématiques, dont voici une liste (non exhaustive) :

  • Frontières entre les statuts d’emploi (salariat et indépendance, emploi et retraite, formation et emploi, marché du travail principal/ complémentaire, etc.).
  • Frontières entre groupes professionnels et métiers (redéfinition des espaces professionnels, des contenus de travail, des qualifications et domaines de compétence des métiers existants ou en émergence, etc.).
  • Frontières « humains / machine » (automatisation, dématérialisation, intelligence artificielle, corps augmentés au travail, etc.).
  • Frontières spatio-temporelles du travail et hors travail (dont définitions catégorielles, articulation et dérégulation des temps de vie, flexibilisation des horaires, espaces de co-working, externalisation / professionnalisation du travail domestique et du care, activités lucratives bénévoles, dont le crowd-funding, etc.).
  • Frontières spatiales de l’activité productive et reproductive (formes de mobilité géographique, délocalisations des entreprises, nouvelles formes de mobilité des travailleurs et travailleuses, expatriation, travailleurs et travailleuses détaché·e·s, travailleuses domestiques migrantes, élites cosmopolites, diffusion transnationale des modèles d’organisation du travail, etc.).
  • Frontières catégorielles (intervention des instances publiques dans la définition des catégories, nouvelles formes de dé/régulation des relations professionnelles, etc.).
  • Frontières de la mobilisation collective autour du travail (nouvelles formes de luttes sociales, syndicalisme versus collectifs moins formels, zadistes, groupes d’intérêts, réseaux de femmes cadres, de groupes de minorités sexuelles ou ethniques, etc.).
  • Frontières de la prescription et de l’encadrement des activités (brouillage des prérogatives du contrôle et de l’évaluation des performances des travailleurs et des travailleuses, enrôlement des consommateurs et consommatrices dans l’évaluation du travail, etc.).
  • Frontières des méthodes et de restitution d’enquêtes (méthodes audio-visuelles, auto-ethnographie, méthodes collaboratives, data scraping, BD, séries, podcasts, etc.).

Dans l’ensemble des propositions de communication, nous encouragerons l’adoption d’une perspective transversale et inter-sectionnelle des rapports de pouvoir.

Calendrier

  • Date limite de proposition de communication : 30 avril 2020

Envoi d’un résumé de 2 500 signes maximum (espaces compris), présentant la problématique, le cadre théorique, les supports empiriques et les principaux résultats. Ce résumé comportera un titre et trois à cinq mots clés. Rédigé de préférence en français (ou en anglais ou en espagnol) il sera déposé sur la plateforme : http://www.unil.ch/jist2020

  • Réponse du Comité scientifique : 1er juin 2020
  • Diffusion du programme final : début août 2020
  • Date limite d’envoi du texte final de la communication : 1er octobre 2020

D’une longueur de 30 000 à 50 000 signes (espaces compris), rédigé de préférence en français (ou en anglais ou en espagnol), le texte final de la communication sera adressé à : jist2020@unil.ch

  • Journées internationales de sociologie du travail : 4-6 novembre 2020

Coordonnées

Comité scientifique

Anne-Marie Arborio, Marie Buscatto, Céline Cholez, Sylvie Contrepois, Lise Demailly, Didier Demazière, Pierre Desmarez, Marie-Anne Dujarier, Michèle Dupré, Camille Dupuy, Jean-Pierre Durand, Sabine Fortino, Duncan Gallie, Dominique Glaymann, Cornelia Hummel, Lionel Jacquot, Annie Lamanthe, Nathalie Lapeyre, Léa Lima, Danièle Linhart, Pablo Lopez Calle, Esteban Martinez, Arnaud Mias, Sylvie Monchatre, Séverin Muller, Christian Papinot, Georgia Petraki, Sophie Pochic, François Sarfati, María Amparo Serrano Pascual, Maud Simonet, Marcelle Stroobants, Jens Thoemmes.

Comité d’organisation

Pierre Bataille, Soline Blanchard, Isabel Boni-Le Goff, Jean-Michel Bonvin, Robin Casse, Austeja Cepauskaite, Carole Christe, Eric Davoine, Cornelia Hummel, Valeria Insarauto, Morgane Kuehni, Nicky Le Feuvre, Marc Perrenoud, Marie Sautier, François Schoenberger, Léa Stiefel, Muriel Surdez, Isabelle Zinn.

Secrétariat

Fabiana Carrer-Joliat, Zoé Seuret

Catégories

Lieux

  • Quartier Unil-Mouline - Université de Lausanne
    Lausanne, Confédération Suisse (1015)

Dates

  • jeudi 30 avril 2020

Mots-clés

  • travail, emploi, profession, frontière, management, parcours de vie, genre, care

Contacts

  • Soline Blanchard
    courriel : jist2020 [at] unil [dot] ch

URLS de référence

Source de l'information

  • Soline Blanchard
    courriel : jist2020 [at] unil [dot] ch

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Les frontières du travail : déplacements, brouillages et recompositions », Appel à contribution, Calenda, Publié le mardi 24 mars 2020, https://doi.org/10.58079/14q0

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