AccueilLe lexique entre langue et discours : acquisition, structuration, évaluation

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Le lexique entre langue et discours : acquisition, structuration, évaluation

Lexicon - between language and discourse. Acquisition, structuration, evaluation

Revue « Études de Linguistique Appliquée »(Editions Klincksieck)

Études de Linguistique Appliquée journal (Editions Klincksieck)

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Publié le jeudi 23 avril 2020

Résumé

L’objectif de ce numéro de la revue Études de Linguistique Appliquée est de réunir des recherches en linguistique et/ou en didactique (Français langue première) concernant l’acquisition et la structuration du lexique, afin de dresser un pont entre les approches scientifiques et les points de vue et/ou les besoins des praticiens. Sans s’y restreindre, le numéro souhaite accueillir des propositions qui questionnent plus particulièrement la place accordée à l’interface syntaxico-sémantique dans la structuration lexicale et qui permettent d’évaluer le parti pris sémantique dans l’enseignement du vocabulaire. Ces questions méritent d’autant plus d’être posées à la lumière des problématiques de recherches actuelles qu’elles pourraient bénéficier de l’éclairage des études empiriques en linguistique de corpus, des nouveaux outils, ressources ou instruments d’observation/évaluation de l’usage du lexique des élèves.

Annonce

Coordination scientifique

  • Morgane Beaumanoir-Secq, Laboratoire EDA (Université de Paris - EA 4071)
  • Angelina Aleksandrova, Laboratoire EDA (Université de Paris - EA 4071)

Argumentaire

Quel que soit le cadre d’étude et de réflexion mené, il est indiscutable que le lexique tient une place fondamentale aussi bien dans les acquisitions langagières que dans la structuration de la pensée. Il est tout aussi évident que l’enseignement du vocabulaire constitue un domaine scolaire traditionnel, dont l’étendue et les enjeux dépassent les frontières disciplinaires de l’enseignement de langue française à proprement parler. S’il ne faut donner qu’un exemple, retenons celui de la création du domaine transdisciplinaire Maitrise du langage et de la langue française[1](2002) qui fait des compétences lexicales le socle indispensable d’accès à tout type de documents :

Pour comprendre le sens des différents documents (textes, tableaux, cartes, etc.) lus ou entendus, les élèves doivent mobiliser un ensemble de processus mentaux qui conduisent de l’identification de mots à la compréhension fine. Certains de ces processus, en particulier l’identification de mots, deviennent progressivement automatiques alors que d’autres processus, plus complexes, nécessitent une analyse du document lu ou entendu.

A l’origine de cet appel à contributions se trouve un double constat : d’une part, la didactique du lexique semble très peu ancrée dans les recherches linguistiques qui pourraient lui correspondre et, d’autre part, des pans du domaine semblent résister à l’analyse. Ainsi, un certain nombre de questionnements, et pas les moindres, persistent :

  • Identifier et décrire les compétences linguistiques spécifiques aux différentes étapes d’acquisition, de structuration et de consolidation du lexique et comment les exploiter pour la construction d’une progression didactique ;
  • Interroger la nature des interférences entre les compétences lexicales et les compétences grammaticales. A l’heure où l’accent est mis sur les manipulations grammaticales[2], comment intègre-t-on la question du sens lexical ou encore comment réconcilie-t-on l’apprentissage des opérations syntaxiques de base avec la construction du sens à différents niveaux (lexical, polylexical, supra lexical, syntagmatique, etc.) ?
  • Quel type d’analyse sémantique se trouve le mieux placée pour appréhender les relations structurantes du lexique (relations d’équivalence, d’opposition, de hiérarchisation, d’analogie, etc.) ?
  • Si le lexique apparaît de manière évidente comme le lieu privilégié d’observation de ce qu’est un vocabulaire riche (cf. préconisation des programmes, ref), la question de son évaluation l’est beaucoup moins. Que l’on pense aux différences entre expressions orale et écrite, à ce qui distingue la richesse d’un vocabulaire de la justesse de son emploi, ou encore aux paramètres qui entrent en ligne de compte lorsqu’il s’agit de déterminer ce qu’est le vocabulaire fondamental, la question de l’évaluation ne peut pas se passer d’un certain empirisme au service duquel les méthodologies spécifiques aux différentes disciplines (syntaxe, sémantique, analyse du discours, psycholinguistique, etc.) gagneraient à être comparées.
  • De façon évidente, et en prolongement de ce qui vient d’être dit, se pose la question des outils et des nouveaux instruments d’observation et d’exploitation des données, dont les analyses se trouvent tributaires.

La récurrence de ces questions s’explique partiellement par des facteurs que l’on peut qualifier d’« internes » puisque le lexique se situe à l’intersection à la fois de  plusieurs niveaux d’analyse et de différents champs disciplinaires. Partant, on peut aisément comprendre que ce carrefour n’apparaît pas comme un système dynamique structuré et structurant, permettant l’articulation entre les différentes entrées et finalités d’analyses. Aussi, il n’est pas surprenant non plus que les variations d’échelles (de la catégorisation lexicographique à l’étude des registres énonciatifs) doublées des cloisonnements scolaires traditionnels (de lecture et orthographe en passant par la grammaire) imposent un spectre large d’étude, de la langue au discours.

A cela s’ajoutent des facteurs « externes » qui, tout en faisant perdurer les questions soulevées supra, contribuent à accentuer le décalage entre les recherches et la pratique. Les travaux en linguistique n’ont pas de vocation première à produire des résultats dans le champ de la didactique, et l’enseignement du vocabulaire s’inscrit dans un cadre très traditionnaliste, assez étanche, en pratique, aux propositions de renouvellement. Les propositions des manuels d’étude de la langue en témoignent, tout comme le contenu des habituels « lexique » en marge des extraits textuels dans les manuels de lecture et de littérature. Enfermées dans le sous-domaine traditionnel circonscrit par l’étiquette « vocabulaire », les positions du Ministère de l’Éducation nationale ne permettent que rarement de répondre aux questionnements qui traversent l’enseignement du lexique et la plupart du temps contribuent plutôt à brouiller les pistes qu’à fournir un itinéraire clairement balisé pour l’enseignement du vocabulaire. S’il ne faut donner qu’un exemple, prenons celui de la dernière note de service Enseignement de la grammaire et du vocabulaire : un enjeu majeur pour la maîtrise de la langue française qui suggère que l’enseignement du vocabulaire peut prendre appui aussi bien sur les « définitions » que sur l’« enrichissement culturel», la « sonorité », la « calligraphie », l’« orthographe lexicale », etc.

Dans ce contexte, l’objectif de ce numéro est de réunir des recherches en linguistique et/ou en didactique (Français langue première) concernant l’acquisition et la structuration du lexique, afin de dresser un pont entre les approches scientifiques et les points de vue et/ou les besoins des praticiens. Sans s’y restreindre, le numéro souhaite accueillir des propositions qui questionnent plus particulièrement la place accordée à l’interface syntaxico-sémantique dans la structuration lexicale et qui permettent d’évaluer le parti pris sémantique dans l’enseignement du vocabulaire. Ces questions méritent d’autant plus d’être posées à la lumière des problématiques de recherches actuelles qu’elles pourraient bénéficier de l’éclairage des études empiriques en linguistique de corpus, des nouveaux outils, ressources ou instruments d’observation/évaluation de l’usage du lexique des élèves.

Les contributions peuvent ainsi s’insérer dans un ou plusieurs axes, la liste n’étant pas exhaustive : 

► Comment articuler, l’acquisition de la compétence lexicale et de la compétence grammaticale par les élèves ? On peut s’interroger par exemple sur :

  • la nature et la hiérarchisation des critères identificatoires des classes grammaticales ;
  • la place d’une analyse morphosémantique qui permet de « déchiffrer » et comprendre un nouveau mot ;
  • les interférences (et leur nature) qui peuvent avoir lieu lorsque la compétence lexicale est soit mise à l’épreuve par des manipulations combinatoires/syntaxique ou un niveau phraséologique d’analyse ;
  • Les avantages des différentes approches sémantiques (analyse sémique, théories du prototype, vocabulaire de base, les études cognitivistes, etc.) pour appréhender la structuration du lexique (relations d’équivalence, d’opposition, de hiérarchisation, d’analogie, etc.) ;
  • le rôle joué par les compétences métalinguistiques dans l’acquisition du vocabulaire et dans la compréhension du système de la langue (cf. un bon nombre de phénomènes très complexes et différents de nature comme la dérivation, les actants d’un procès, la polysémie, etc.).

► Dans quelle mesure les recherches qui relèvent de la linguistique de corpus ou du domaine du TAL (essentiellement orientées vers l’apprentissage des langues étrangères ou encore limitées au FLE) peuvent être envisagées comme un levier pédagogique en soi pour les problématiques du français langue première ? Quelques entrées suggérées :

  • spécificité de constitution et d’exploitation des corpus à des fins pédagogiques ;
  • modalités de transfert / transformation des données en un matériau pédagogique ;
  • bénéfices du data-driven learning en didactique du français langue première ;
  • didactisation des outils existants (cf. bibliographie);
  • exploitation des corpus et/ou ressources au service de l’évaluation du lexique ;
  • transposition didactique des recherches et/ou ressources pour les enseignants du 1er cycle ;
  • apports de la statistique lexicale (p.ex. la notion de fréquence lexicale - à  l’origine des listes officielles destinées aux enseignants - et son articulation avec ce que les recherches cognitives appellent le vocabulaire de base).

► Quelle programmation pour l'acquisition du vocabulaire et comment concevoir la progression/programmation de l’enrichissement du vocabulaire ?

  • Comment dépasser le "quels mots quand?" en concevant des outils intégrateurs (identifier les notions structurantes, établir des typologies de mots prioritaires, délimiter un contexte d'observation et/ou de production privilégié, etc.) ;
  • élaborer des enquêtes empiriques sur le lexique dans différentes situations ;
  • définir ce qu’est évaluer la compétence lexicale et qu’est-ce qu’on peut envisager comme outils ergonomiques pour les enseignants ?

Modalités de soumission et calendrier

Les articles doivent comporter un titre, un bref résumé en français (max. 500 mots) et une bibliographie, l'ensemble n'excédant pas 32K caractères (espaces comprises).

Les fichiers doivent respecter le modèle associé (ELA2020_document-style.docx) et la bibliographie doit être conforme aux normes indiquées (cf. Recommandations_Citations+Bibliographie.pdf)

Lien de téléchargement des documents

Les résumés longs devront être envoyés au format modifiable

pour le 14 septembre 2020

à ELA.lexique@gmail.com

Calendrier

  • janvier 2019 : appel à contributions
  • septembre 2020 : réception des résumés longs (1 page bibliographie non comprise)
  • fin octobre 2020 : notification aux auteurs
  • Réception des versions définitives fin novembre 2020
  • Parution du numéro 1er semestre 2021

Mail de contact : ELA.lexique@gmail.com

Bibliographie Indicative

Di Vito, Sonia. 2013. L’utilisation des corpus dans l’analyse linguistique et dans l’apprentissage du FLE. Linx. Revue des linguistes de l’université Paris X Nanterre: 159–176. https://doi.org/10.4000/linx.1519.

Elalouf, Marie-Laure, and Joële Keraven†. 2004a. Chapitre 13 : L’acquisition du lexique à l’épreuve d’un grand corpus de textes d’élèves. In Didactique du lexique, 185–197. Savoirs en Pratique. Louvain-la-Neuve: De Boeck Supérieur. https://doi.org/10.3917/dbu.didle.2004.01.0185.

Elalouf, Marie-Laure, and Joële Keraven†. 2004b. Chapitre 13 : L’acquisition du lexique à l’épreuve d’un grand corpus de textes d’élèves. De Boeck Supérieur.

Florea, Ligia-Stela, and Catherine Fuchs. 2010. Dictionnaire des verbes du français actuel constructions, emplois, synonymes. Edited by Frédérique Mélanie-Becquet. L’Essentiel Français.

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Grossmann, Francis. 2011. Didactique du lexique : état des lieux et nouvelles orientations. Pratiques. Linguistique, littérature, didactique: 163–183. https://doi.org/10.4000/pratiques.1732.

Halté, Anne, and André Petitjean. 2019. 149-150 | 2011 Didactique du français (2). Text. https://doi.org/10.4000/pratiques.1677.

Le Fur, Dominique, ed. 2007. Dictionnaire des combinaisons de mots. Les Usuels Du Robert. Paris: Le Robert.

Leeman, Danielle. 2005. Le vertige de l’infini ou de la difficulté de didactiser le lexique. Le francais aujourd’hui n° 148: 89–99.

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Vigner, Gérard. 1993. Le monde, les mots et l’école. Éléments d’une didactique du vocabulaire à l’école élémentaire. Repères. Recherches en didactique du français langue maternelle 8: 191–209. https://doi.org/10.3406/reper.1993.2102.

Références

[1] http://media.education.gouv.fr/file/21/9/5219.pdf

[2] Cf. notamment Terminologie grammaticale de 1997, Programmes scolaires 2002, 2007, 2008, 2015, 2018.


Dates

  • lundi 14 septembre 2020

Fichiers attachés

Mots-clés

  • lexique, didactique, acquisition, vocabulaire, français langue première

Contacts

  • Angelina Aleksandrova
    courriel : angelina [dot] aleksandorva [at] u-paris [dot] fr
  • Morgane Beaumanoir-Secq
    courriel : morgane [dot] beaumanoir-secq [at] u-paris [dot] fr

Source de l'information

  • Morgane Beaumanoir-Secq
    courriel : morgane [dot] beaumanoir-secq [at] u-paris [dot] fr

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Le lexique entre langue et discours : acquisition, structuration, évaluation », Appel à contribution, Calenda, Publié le jeudi 23 avril 2020, https://doi.org/10.58079/14u4

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