AccueilLes recherches participatives face à l'institutionnalisation

AccueilLes recherches participatives face à l'institutionnalisation

Les recherches participatives face à l'institutionnalisation

Participative research faced with institutionalisation

*  *  *

Publié le jeudi 17 septembre 2020

Résumé

Ces deux journées d'étude s'intéressent à l'institutionnalisation des formes participatives de production des connaissance au sein des organismes de recherche et de certains segments de politiques publiques. Notre ambition est d'ouvrir un dialogue avec le « tiers secteur de la recherche » afin de comprendre les formes, les conditions de félicité et les effets de cette institutionnalisation en tenant compte de la diversité des acteurs, des objets concernés et des formes de la recherche participative. La première journée adoptera un point de vue « généraliste » en faisant dialoguer chercheurs et acteurs du tiers secteur de la recherche. Tandis que la seconde journée portera sur un segment particulier où recherche, mouvements professionnels et action publique se rencontrent : l'agroécologie.

Annonce

Soutiens

Comité d'organisation

  • Aymeric Luneau (LISIS),
  • Elise Demeulenaere (Centre Alexandre-Koyré),
  • Evelyne Lhoste (LISIS), Lucile Ottolini (LISIS),
  • Marc Barbier (LISIS)

Participation

Les deux journées d’étude auront lieu le 29 et 30 septembre dans les locaux du LISIS (bâtiment Camus au 2 allée Jean Renoir – 93160 Noisy-le-Grand).

Toutefois les consignes sanitaires ne nous permettant pas d'accueillir plus d'une dizaine de personnes, nous sommes contraints de réserver l'accès aux locaux du LISIS uniquement aux intervenant.es. Pour les autres personnes, la participation aux deux journées d'étude devra se faire par visioconférence. L'accès à la "salle de visioconférence" sera limité à une trentaine de participants.

Nous invitons donc les personnes désireuses de participer aux journées d'étude à s'inscrire en écrivant à Aymeric.luneau@gmail.com ou en se rendant à l’adresse suivante : https://aymericluneau.frama.io/je-recherches-participatives/#contact. Précisez dans votre message si vous assisterez à la journée du 29 et/ou à la journée du 30 septembre 2020.

Positionnement scientifique

Parler d’institutionnalisation des recherches et sciences participatives conjugue la rencontre de deux orientations de recherche en sciences sociales qui ont déjà leur propre histoire intellectuelle : celle qui porte sur les processus de changement des institutions que l’on appelle institutionnalisation ; et celle qui porte sur ce que nous appelons les recherches participatives , c’est-à-dire la participation aux processus de production de connaissances scientifiques de personnes agissant en tant que citoyens , riverains , autochtones , malades , amateurs et bien d’autres qualités. Cette participation concerne aussi bien la conception et la conduite d’une recherche particulière,à la production de données, la fabrication des objets intermédiaires du travail scientifique, que l’engagement dans les instances de constructions des politiques publiques de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation.

Ces pratiques se sont développées au sein de différentes cultures épistémiques et mouvements sociaux. Nous pensons à la tradition de l’amateurat en écologie (Charvolin, 2007), au mouvement de la recherche-action participative (Hall, 2005), aux mobilisations collectives de malades dans le champ des sciences biomédicales (Barbot, 2002; Brown 2007; Akrich et al., 2010), aux mouvements pour la reconnaissance des droits des populations autochtones (Roue, 2012), des semences paysannes (Demeulenaere et al., 2017) ou des FabLab pour ce qui est des mondes du DIY (Lhoste et Barbier, 2016). L’ouverture des processus de recherche aux publics est justifiée par la nécessité de produire des connaissances pertinentes du point de vue des problèmes qu’éprouvent les acteurs ou au nom de principes de justice, de la même manière que l’ont été les dispositifs de démocratie participative (GIS Démocratie).

La multiplication des rapports (GEWISS, 2016; Houllier, 2016; Storup, 2013; Socientize, 2014), l’existence de programmes de financement spécifique (PICRI, REPERE, millions d’observateurs , Chercheurs citoyens en Nord-Pas de Calais, ARUC au Canada), la mise en place de cellules ou groupes de travail au sein des organismes de recherche, l’apparition de patients experts, les réflexions sur le statut du tiers veilleur ainsi que la structuration d’un “tiers secteur de la recherche” (Alliss, 2017) sont autant d’indices invitant à penser que les recherches participatifs sont entrées dans un processus d’institutionnalisation au cours de cette décennie. Cette dernière notion évoque l’idée de changements significatifs, de tournants concernant la carrière d’une cause, d’un problème, d’une pratique. De marginales ou déviantes , les recherches participatives deviendraient un mode légitime de production des connaissances scientifiques voire un nouvel impératif.

Toutefois l’impression d’évidence s’estompe dès lors que l’on cherche à spécifier les phénomènes que le terme institutionnalisation subsume. Quand et comment commence un tel processus ? A-t-il une fin ? De quels changements parle-t-on ? Existe-t-il une seule forme d’institutionnalisation ? Est-elle nécessairement liée à une action de l’État, comme les différents exemples que nous avons donnés le laissent penser ? Ce sont autant de questions qui méritent d’être examinées. La complexité est renforcée par le fait que les recherches participatives sont plurielles, concernent des moments différents de la production des connaissances et que leur institutionnalisation prend effet dans des sphères différentes.

Il sera nécessaire de reprendre l’abondante littérature pour comprendre les formes de cette institutionnalisation, quels sont ses effets sur les acteurs, leurs pratiques, la nature des connaissances produites et saisir en retour les éventuels déplacements que le cas des recherches participatives opère. En l’occurrence il apparaît que la notion d’institutionnalisation est attachée à trois problématiques (Ben-David, 1971) : (1) la légitimation d’une pratique, d’une cause, d’un acteur, etc. ; (2) la structuration d’un champ autonome à travers l’émergence de segments professionnels (Bucher et Strauss, 1961) ou d’un système de règles spécifiques (Galor, 2017) ; (3) l’intégration de ce nouveau cadre au sein des institutions déjà existantes (DiMaggio et Powel, 1997).

Analyser l’institutionnalisation des recherches participatives consiste, dans ce cadre, à étudier les processus à travers lesquels:

  • les recherches participatives deviennent une modalité légitime de production des connaissances. En explorant les liens avec le mouvement du tiers-secteur de la recherche TSR, la démocratie participative ou l’agroécologie, les journées d’étude viseront à identifier les dynamiques sociales contribuant à imposer les recherches participatives, et les valeurs qu’elles portent, comme une nouvelle norme du travail scientifique.

  • Les recherches participatives forment un domaine d’expertise avec ses propres règles et arènes. Cette dynamique d’autonomisation est illustrée par la proposition de Pierre-Benoit Joly (Joly, à paraitre) de créer un secteur des recherches participatives au même titre que la recherche normale et de la recherche industrielle . En fait, la question est de savoir si les processus de segmentation observables au sein de différents champs scientifiques convergent pour former un espace de définition duquel émerge une identité commune. Il s’agira également d’analyser les jeux d’acteurs impliqués dans la normalisation des recherches participatives, ses enjeux, ainsi que les formes qu’elle prend. Quel est le rôle des acteurs du TSR ? Qui est absent du processus ? Où se situent les résistances ? Dans quelle mesure l’édition de règles, au travers de guides, de chartes, de lois vient entériner des normes de fait .

  • Les recherches participatives transforment et sont transformées par leur environnement institutionnel . Ce problème se pose d’autant plus que les recherches participatives sont porteuses d’une critique — radicales ou réformatrices — à l’encontre du fonctionnement de la science normale . À moins que l’isomorphisme institutionnel (DiMaggio et Powel, 1983) profite d’abord aux institutions existantes, parler d’institutionnalisation suppose donc que des changements ont lieu au sein des institutions chargées de produire des connaissances. Si nous pensons à des changements structurels (mode de financements, évaluation, acteurs de la programmation de la recherche ), il s’agit également d’être attentifs aux effets de cette institutionnalisation sur le plan épistémique. D’où l’intérêt d’aborder la question des interactions entre recherches participatives et agroécologie. Alors que la reconnaissance des savoirs paysans en constitue une dimension centrale, on cherchera à déterminer si l’institutionnalisation de l’agroécologie favorise l’expérimentation de démarches participatives permettant de faire dialoguer ces savoirs avec les connaissances scientifiques, ainsi que la prise en compte de nouvelles formes de savoirs dans les travaux d’expertise par exemple.

En reprenant ces trois problématiques, les deux journées d’étude ont alors une double ambition. La première est factuelle . Elle concerne l’analyse des mécanismes d’institutionnalisation des recherches participatives. La seconde est théorique . Les éléments factuels tirés des analyses permettront de discuter différents aspects de la notion d’institutionnalisation elle-même. Parce que la question de l’institutionnalisation des recherches participatives est aussi un objet politique travaillé par des organisations de mouvements sociaux (Alliss, Sciences Citoyennes), il nous semble nécessaire que ces deux journées d’étude s’appuient autant sur les expertises des représentants du tiers secteur de la Recherche (TSR) que sur les expériences de chercheurs issus de cultures épistémiques différentes.

Enfin, la journée consacrée au cas de l’agroécologie s’explique tout d’abord par la volonté de bénéficier des recherches menées dans le cadre du projet ANR Institutionnalisations des agroécologies qui arrive à son terme et dans lequel a été spécifiquement traité la question des effets de cette institutionnalisation sur la recomposition des savoirs. Cela permettra de saisir plus finement les liens entre les dimensions organisationnelles et épistémiques des dynamiques d’institutionnalisation. Ce focus se veut aussi un essai pour mesurer l’intérêt de poursuivre, ou pas, la réflexion sur d’autres thématiques.

Programme

Journée du 29 septembre 2020

  • 8h30 — Accueil
  • 9h20 — Introduction des journées d'étude, par le comité d'organisation

9h55 — Session 1.1

  • 10h — « L’institutionnalisation des recherches participatives à l’IRD », Aymeric Luneau (LISIS)
  • 10h25 — « Former aux sciences participatives au MNHN », Anne Dozière (Vigie-Nature) et Laure Turcati (SU)
  • 10h50 — Discussions avec la salle
  • 10h20 — Session 1.2
  • 11h25 — "La professionnalisation de la participation dans les agences d'expertise", Lucile Ottolini (LISIS)
  • 11h50 — « Le statut de tiers veilleurs », Charlotte Coquard et Aude Lapprand (Sciences citoyennes)
  • 12h15 — Discussions avec la salle,

13h — Pause déjeuner

13h55 — Session 1.3

  • 14h — « Appropriation et communs de la transition énergétique par la recherche-action participative », Bertrand Bocquet (HT2S), Claire Brossaud (LAURe) et Sylvie Blangy (CEFE – GDR Parcs)
  • 14h25 — Institutionnalisation des tiers-lieux : le cas des fablabs, Evelyne Lhoste (LISIS)
  • 14h50 — Discussions avec la salle,

16h — Fin de la première journée

Journée du 30 septembre 2020

Agroécologie et recherches participatives

8h30 — Accueil

 9h20 — Introduction de la seconde journée : Agroécologie et recherches participatives, par le comité d’organisation

9h55 — Session 2.1

  • 10h — « Quels savoirs pour la certification de l’agroécologie ? »,Allison Loconto (LISIS)
  • 10h25 — « Ferments lactiques et participation du "public" à la science », Elise Tancoigne (Université de Genève)
  • 10h50 — « Repenser le syncrétisme politique de l’agroécologie à l’aune du pluralisme des recherches participatives », Marc Barbier (LISIS)
  • 11h15 — Discussions avec la salle

12h15 — Pause déjeuner

13h40 — Session 2.2

  • 13h45— « La dynamique de recherche collaborative à l'épreuve de la formalisation : le cas de la sélection participative », Elise Demeulenaere (CAK)
  • 14h10 — « Le surgissement de la recherche participative dans le programme Cit'in », Jean-Michel Fourniau (GIS Démocratie et participation)
  • 14h35 — « Le tiers-secteur de la recherche et la recherche participative », Lionel Larqué (Alliss)
  • 15h00 — Discussions avec la salle,

16h00 — Conclusion des journées d'étude

16h30 — Fin de la seconde journée

Lieux

  • Noisy-le-Grand, France (93)

Dates

  • mardi 29 septembre 2020
  • mercredi 30 septembre 2020

Mots-clés

  • recherche participative, institutionnalisation, agroécologie, tiers secteur de la recherche

Contacts

  • Aymeric Luneau
    courriel : Aymeric [dot] luneau [at] gmail [dot] com

URLS de référence

Source de l'information

  • Aymeric Luneau
    courriel : Aymeric [dot] luneau [at] gmail [dot] com

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Les recherches participatives face à l'institutionnalisation », Journée d'étude, Calenda, Publié le jeudi 17 septembre 2020, https://doi.org/10.58079/15ag

Archiver cette annonce

  • Google Agenda
  • iCal
Rechercher dans OpenEdition Search

Vous allez être redirigé vers OpenEdition Search