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La morale et les sciences humaines et sociales

Morality and the humanities and social sciences

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Publié le jeudi 08 octobre 2020

Résumé

La question morale traverse l’histoire de l’humanité depuis la philosophie antique jusqu’aux différentes théories à la mode en management et en développement personnel en passant par les religions. Aussi le prochain numéro de la revue Rusca, attachée à sa volonté de transdisciplinarité, aura pour ambition de questionner la morale à travers l’histoire et depuis l’ensemble des sciences humaines et sociales.

Annonce

Argumentaire

La question morale traverse l’histoire de l’humanité depuis la philosophie antique jusqu’aux différentes théories à la mode en management et en développement personnel en passant par les religions. Aussi le prochain numéro de la revue Rusca, attachée à sa volonté de transdisciplinarité, aura pour ambition de questionner la morale à travers l’Histoire et depuis l’ensemble des sciences humaines et sociales.

La morale est en premier lieu à penser dans sa différence avec l’éthique, les deux termes se rapportant à la sphère des valeurs et des principes moraux. Si à l’origine les deux notions renvoient à la question des « mœurs » (morale du latin mores et éthique du grec ethos), la sémantique de ces deux termes va connaître des ruissellements différents selon les époques et les sociétés. Cette différenciation est largement questionnable, notamment dans leurs acceptions contemporaines qui tendent à définir la morale plutôt comme un ensemble de valeurs et principes permettant de distinguer le bien du mal, le juste de l’injuste, l’acceptable de l’inacceptable et donc comme quelque chose de très large et l’éthique comme un ensemble plus précis, ou même personnel, relevant de sphères particulières. En ce sens, l’éthique est parfois pensée comme un quasi-synonyme de « déontologie » : éthique professionnelle, éthique médicale, éthique de projet ou d’action, etc.

En toute logique, tant la place de la morale semble centrale pour comprendre les comportements humains, de nombreux auteurs se sont intéressés à ces concepts. Entre autres et de façon non-exhaustive, nous pouvons aborder les conceptions de :

  • Platon pour qui la philosophie sous-tend et justifie toute démarche morale. Aussi, dans la continuité de l’œuvre de Socrate, la morale devient un champ rationnel de la philosophie et semble même parfois confondue avec cette dernière.
  • Pascal, et la perspective chrétienne, où la morale consiste pour l’être humain à se conformer à la volonté divine.
  • Kant et les catégories a priori de l’entendement qui, de façon sous-jacente, pose la question d’une métamorale d’où découlerait les idées et les sensibilités humaines.
  • Nietzsche et sa volonté de fonder une morale universelle areligieuse.
  • Durkheim qui attribuait à la société une dimension morale quasi-transcendantale dans la droite ligne du positivisme d’Auguste Comte.
  • Simmel et la philosophie de l’argent qui démontre comment ce dernier s’est aboli de toutes valeurs puisqu’il permet d’accéder à toutes les autres. Ou encore comment dans un échange monétaire il n’est pas nécessaire d’avoir confiance en autrui puisqu’il suffit d’avoir confiance en la valeur- L’argent, plus que la morale ou l’éthique, serait-il devenu le guide des comportements contemporains ?
  • Weber et sa théorie célèbre de l’éthique protestante ou encore sa distinction, peut-être moins connue, entre éthique de conviction et éthique de responsabilité. Plus anciennement, cette distinction se retrouvait, a peu de choses près, aussi dans la Grèce Antique à travers les notions de choix moral (proairesis) et de choix lié à un but déterminé (boulèsis).
  • Jankelevitch et le paradoxe de la morale. Paradoxe qui n’est d’ailleurs pas sans rappeler le problème du vitalisme bergsonien ou encore l’idée de tragédie de la culture chez Simmel.
  • Ricœur qui souligne la distinction entre éthique et morale selon que nous pensons une « visée de la vie bonne » ou une obéissance aux normes.

Tous ces auteurs sont autant de portes d’accès pour interroger notre objet et, par là-même, des manières possibles de le circonscrire.

De même, une attention particulière pourra être portée aux différentes religions qui, bien souvent, constituent des socles moraux forts pour leurs différents adeptes. Les 10 commandements dans les trois religions du Livre (Judaïsme, Christianisme et Islam) en constituent des exemples classiques sans que toutefois les religions ne possèdent le monopole de la morale ou de l’éthique. Ce n’est donc pas que nos sociétés contemporaines, de plus en plus sécularisées, se construisent de façon amorale ou immorale, puisque ces dernières gardent un très fort attrait pour les questions morales, il nous suffit de penser, par exemple, à une morale laïque, démocratique ou encore républicaine. La réintroduction en 2015 d’un « enseignement moral » dans l’enseignement primaire en France montre la persistance de ces préoccupations.

Avec la montée de l’individualisme et l’explosion des valeurs liées à la modernité occidentale, la crainte est forte de trouver des morales contradictoires et ainsi de découper les comportements humains en fonction de l’adhésion de l’individu à telles ou telles sphères de légitimité. De plus, comme le mettait en évidence Howard Becker, le champ des valeurs est structuré par l’action de ce qu’il appelle des « entrepreneurs de morale », qui agissent en faveur de la mise en avant de certaines normes et conceptions du monde. Dans cette mesure la définition de ce qui est moral ou ne l’est pas devient l’enjeu de luttes et de mobilisations, voire de mouvements sociaux. Aussi l’idée d’une morale universelle et absolue semble aujourd’hui largement contestée ouvrant la porte à autant de vérités subjectives, ou même de contre-vérités.

L’espèce humaine, à travers la diversité de ses morales, est-elle portée par une ou des valeurs universelles ? Et, si nous répondons négativement à cette question, existe-t-il une manière de hiérarchiser les différentes morales ? Toutes les morales se valent-elles ? Nous disent-elles la même chose de l’être humain et des sociétés ? Entraînent-elles des comportements similaires malgré le fait qu’elles renvoient toutes à une conception différente du bon et/ou du bien ?

Modalités de contribution

Les propositions d’articles (par l'envoi d’un résumé en français et/ou anglais, de 3000 signes espaces compris) sont attendues à l’adresse suivante : ruscamsh@gmail.com

avant le 31 décembre 2020.

Modalités d'évaluation

Toutes les propositions seront examinées en double aveugle par le comité de rédaction.

Les membres du comité de lecture sont désignés parmi les membres du comité de rédaction ou choisis parmi des experts ad hoc.

Coordination éditoriale & Comité de rédaction :

  • Marianne Celka (Faculté des Sciences du Sujet et de la Société, département de sociologie, université Paul-Valéry Montpellier 3)
  • Éric Gondard (Faculté des Sciences du Sujet et de la Société, département de sociologie, université Paul-Valéry Montpellier 3)
  • Matthijs Gardenier (Faculté des Sciences du Sujet et de la Société, département de sociologie, université Paul-Valéry Montpellier 3)
  • Bertrand Vidal (Faculté des Sciences du Sujet et de la Société, département de sociologie, université Paul-Valéry Montpellier 3)

Dates

  • jeudi 31 décembre 2020

Mots-clés

  • morale, éthique, valeurs, religion, laïcité, norme

Contacts

  • Marianne Celka
    courriel : marianne [dot] celka [at] univ-montp3 [dot] fr

Source de l'information

  • Marianne Celka
    courriel : marianne [dot] celka [at] univ-montp3 [dot] fr

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« La morale et les sciences humaines et sociales », Appel à contribution, Calenda, Publié le jeudi 08 octobre 2020, https://doi.org/10.58079/15dz

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