InicioL'injonction à se former

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L'injonction à se former

The injunction to train

Revue « L’Homme et la société »

L’Homme et la Société journal

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Publicado el lunes 07 de diciembre de 2020

Resumen

Nous souhaitons interroger les façons différenciées dont les individus « à former et à reformer » intériorisent, rejettent ou composent avec les injonctions à se former. Ceci conduit en particulier à interroger les modes de réception de ces injonctions à l’aune de l’expérience vécue par des salariés et par des demandeurs d’emploi en fonction de leur âge, de leur genre, de leur qualification, de leur parcours biographique (dans la formation initiale et dans l’emploi notamment) et de leurs aléas (licenciements, maladies, handicaps).

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Argumentaire

Les injonctions faites aux individus pour qu’ils se forment en se sentant responsables de leur destin social peuvent s’analyser comme une composante et un symbole de la néolibéralisation du monde. Ces injonctions portées par divers acteurs et institutions françaises, européennes et mondiales constituent une instrumentalisation de l’éducation et de la formation pensées comme des moyens pour les individus d’acquérir et de parfaire des « compétences » au service de leur « capital humain », de leur « employabilité » et de leur « insertion » dans l’emploi et dans la société. Elles reproduisent, dans ces domaines de l’éducation et de la formation, l’édification de cette figure du travailleur « mobile, flexible, autonome et proactif, capable d’anticiper les évolutions du marché du travail » (Maillard, 2015) et de s’y adapter en ajustant en permanence ses compétences aux « besoins » des employeurs privés ou publics (dont les modes de gestion de la main-d’œuvre se rejoignent de plus en plus).

Cette conception utilitariste de la formation participe d’une idéologie prônant les solutions et les mérites individuels comme moyen de réussir sa vie et de fabriquer une société tirée « vers le haut » par les vainqueurs, les « premiers de cordée ». Dans cette approche, les réussites scolaires, professionnelles et économiques sont considérées d’une part comme la juste récompense des talents et des efforts, loin de tout déterminisme social, et d’autre part comme la voie à suivre pour échapper au chômage, à la précarité et à la pauvreté. Au-delà des discours et de leurs impacts idéologiques, cette phraséologie performative se traduit dans des politiques publiques (d’éducation, de formation et d’emploi) et dans des mises en œuvre règlementaires et organisationnelles. Elle contribue en cela à changer les façons de penser, de gérer et de vivre la formation (initiale et professionnelle) des individus, des organisations et des institutions, pour en faire un vecteur essentiel de la compétition pour accéder à l’emploi et conserver une place dans le monde du travail.

On peut aussi voir dans ces appels à se former - et à se reformer - une façon de récupérer et de détourner l’importance accordée depuis les Lumières à l’éducation et la formation par les philosophies émancipatrices et les revendications portées par les mouvements progressistes pour développer la scolarisation et la formation continue pour tou.te.s à la manière de la récupération par la néo-management des critiques et des aspirations  de la fin des années 1960 qu’avaient identifiée Luc Boltanski et Ève Chiapello comme caractéristique du nouvel esprit du capitalisme.

De façon brève, on rappellera qu’au plan juridique, la notion d’ « injonction » se rapporte à un ordre de faire ou de s'abstenir de faire quelque chose, émis par des individus ou des structures dotés de pouvoir, à l’endroit d’un tiers qui doit s’exécuter, sous peine de sanction. Du côté de la psychologie, une injonction renvoie à l’expérience vécue par ceux qui reçoivent un ordre explicite ou non dont ils intériorisent les effets. Cette réception peut être problématique quand le message porte des affirmations contradictoires ou incompatibles entre elles, ce que l’on nomme une injonction paradoxale. Sur la base de cette double entrée analytique (qui positionne soit à l’extérieur, soit à l’intérieur des individus), une injonction caractérise un type de rapport social spécifique, au sein duquel s’inscrit cet ordre, ce commandement, dont les impacts sont suffisamment puissants et coercitifs sur les individus pour produire des faits sociaux notables. Il en va bien ainsi des injonctions à se former

Le dossier abordera ces injonctions à se former autour de trois axes de questionnement :

  1. Quels acteurs, institutions, médias véhiculent et popularisent ces injonctions et quelles en sont précisément les portées idéologique, philosophique, sociale et politique ? On s’intéressera à la construction sociale des discours et des messages qui promeuvent cette conception de l’éducation et de la formation, à ses initiateurs et ses courroies de transmission, tant au niveau politique qu’à l’échelle des institutions qui les relaient.
  2. Quels acteurs, institutions, médias véhiculent et popularisent ces injonctions et quelles en sont précisément les portées idéologique, philosophique, sociale et politique ? On s’intéressera à la construction sociale des discours et des messages qui promeuvent cette conception de l’éducation et de la formation, à ses initiateurs et ses courroies de transmission, tant au niveau politique qu’à l’échelle des institutions qui les relaient.
  3. Quels effets produisent ces injonctions sur les politiques publiques (activation des politiques de lutte contre le chômage, création du Compte personnel de formation, loi « pour la liberté de choisir son avenir professionnel », par exemple), sur les dispositifs de formation tant initiale que continue, sur les débats et revendications sociales (sécurisation des parcours professionnels ou droits d’accès à la formation, par exemple) tant en France qu’à l’étranger (et en particulier au sein de l’Union européenne) ? Il est important de distinguer ces effets selon différents critères, notamment selon les publics ciblés (les moins qualifiés ou les séniors par exemple).

Quelles initiatives déjà mises en œuvre et quels moyens envisageables sont de nature à réagir, à résister ou à contourner ces appels à se former et à s’adapter, ainsi que les instruments au service des conceptions de la formation qui les sous-tendent ? Nous souhaitons interroger les façons différenciées dont les individus « à former et à reformer » intériorisent, rejettent ou composent avec les injonctions à se former. Ceci conduit en particulier à interroger les modes de réception de ces injonctions à l’aune de l’expérience vécue par des salariés et par des demandeurs d’emploi en fonction de leur âge, de leur genre, de leur qualification, de leur parcours biographique (dans la formation initiale et dans l’emploi notamment) et de leurs aléas (licenciements, maladies, handicaps).

Modalités de contribution

Vos propositions d’article (60 000 signes maximum) sont à adresser à dominique.glaymann@univ-evry.fr

d’ici au vendredi 26 février.

Coordination

  • Dominique Glaymann (CPN –Université d’Évry -Paris-Saclay),
  • Simon Heichette et Manuella Roupnel-Fuentes (ESO -Université d’Angers).

Fecha(s)

  • viernes 26 de febrero de 2021

Palabras claves

  • injonction, formation, emploi

Contactos

  • Dominique Glaymann
    courriel : dominique [dot] glaymann [at] univ-evry [dot] fr
  • Simon Heichette
    courriel : simon [dot] heichette [at] yahoo [dot] fr
  • Manuella Roupnel-Fuentes
    courriel : manuella [dot] roupnel-fuentesherrera [at] univ-angers [dot] fr

URLs de referencia

Fuente de la información

  • Dominique Glaymann
    courriel : dominique [dot] glaymann [at] univ-evry [dot] fr

Licencia

CC0-1.0 Este anuncio está sujeto a la licencia Creative Commons CC0 1.0 Universal.

Para citar este anuncio

« L'injonction à se former », Convocatoria de ponencias, Calenda, Publicado el lunes 07 de diciembre de 2020, https://doi.org/10.58079/15nu

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