AccueilRacisme, environnement et santé

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Racisme, environnement et santé

Racism, environment and health

Razzismo, ambiente e salute

Racismo, medio ambiente y salud

Racisme environnemental et inégalités de santé

Environmental racism and health inequalities

Razzismo ambientale e disuguaglianze di salute

Racismo ambiental y desigualdades en salud

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Publié le mardi 02 février 2021

Résumé

Le but de ce numéro de la revue Socioscapes est d’analyser de manière critique la relation entre le racisme, la santé et l’environnement, en particulier la relation entre le racisme environnemental et les inégalités de santé, l’imbrication des maux environnementaux avec les maux sociaux du racisme et du capitalisme, à travers la collecte d’études théoriques ou empiriques. Selon une perspective multidisciplinaire, ce numéro de la revue accueille des contributions de différents domaines d’études, y compris (mais sans s’y limiter) la sociologie, les sciences politiques, l’anthropologie, l’économie politique, la géographie, l’épidémiologie, la santé publique, les études urbaines et rurales, les études environnementales, les études sur la justice environnementale, la théorie raciale critique, critical race feminism, l’écologie politique, l’écoféminisme.

Annonce

SOCIOSCAPES, International Journal of Societies, Politics and Cultures

Rédacteurs invités

  • Fabio Perocco (Université de Venise) 
  • Francesca Rosignoli (Université de Stockholm)

Argumentaire

Croissance structurelle des inégalités

Dans le contexte de la croissance structurelle des inégalités qui s’est produite au cours des dernières décennies aux quatre coins de la planète, les inégalités de santé (mondiales et nationales) et les inégalités environnementales se sont fortement aggravées malgré l’avancement des connaissances scientifiques dans les sciences de la vie et malgré la propagation du fameux paradigme vert. La mondialisation néo-libérale a transformé les inégalités sociales et le système d’inégalités, modifiant les anciennes, en générant de nouvelles, entremêlant l’ancien et le nouveau ; les inégalités sociales, environnementales et de santé ont été modifiées et exacerbées, également en raison de la crise environnementale actuelle et de la très profonde fracture écologique – qui, combinées à la crise économique très aiguë et à la crise sanitaire de Sars-Cov-2, se sont unifiées en une colossale triple crise de la société capitaliste.

Le racisme et la montée irrépressible du racisme institutionnel

Cette croissance des inégalités s’est produite en même temps que la montée irrépressible du racisme dans de nombreuses régions du monde, qui a conservé un rôle clé dans le processus de production, de reproduction, d’accumulation et de légitimation des inégalités, y compris les inégalités de santé et environnementales. Le racisme – élément constitutif et organique du capitalisme – désigne un rapport matériel d’exploitation entre les races, les classes, les sexes, un rapport social de domination qui comporte une dimension idéologique qui naturalise, justifie et légitime l’exploitation et la domination. En plus d’être structurel, le racisme est structuré et structurant ; c’est un système organisé de pensée, de politiques, de pratiques et de discours, marqué par un mouvement descendant de la société dans lequel le racisme doctrinal et le racisme institutionnel sont les principales sources du racisme populaire. Mais si le racisme populaire est socialement appris et donc réversible, le racisme institutionnel est l’essence du racisme et donc systémique.

Racisme environnemental et inégalités de sante

Malgré les nombreuses déclarations d’égalité qui se sont succédées au cours des dernières décennies et que nous entendons tous les jours, le racisme, sous ses diverses formes, conserve encore un grand poids dans le processus de production et de préservation des inégalités, notamment : les inégalités environnementales, les inégalités de santé, les inégalités de santé environnementale, l’excès de mortalité et de maladie chez certains groupes sociaux, environnements nocifs et malsains “réservés” à des classes et des segments spécifiques de la population.

Parmi les différentes formes de racisme, le racisme environnemental – c’est-à-dire les inégalités environnementales liées au facteur “racial” et caractérisées par une dimension raciale – joue un rôle prépondérant, ce qu’il fait par le biais de modalités et de mécanismes multiples : exclusion sociale, ségrégation professionnelle, concentration de certains groupes de travailleurs dans des lieux de travail insalubres et dans des tâches nuisibles ; stigmatisation des populations et groupes racialisés (minorités, immigrants, populations indigènes, prolétariat et sous-prolétariat, groupes vulnérables et défavorisés); isolement spatial, ségrégation urbaine, concentration de logements dans des zones insalubres, malsaines, avec peu de services, difficiles d’accès en raison de barrières naturelles ou artificielles; la localisation de productions et de sites nocifs, toxiques ou polluants dans des quartiers ou des zones habités principalement par des populations et des groupes racialisés; leur implantation chez des productions ou des sites nocifs, toxiques ou polluants ; la discrimination dans les politiques environnementales et les pratiques administratives concernant l’environnement, l’urbanisme et le territoire ; l’exclusion des processus et des lieux où sont définies les politiques d’urbanisme et les projets environnementaux.

Si le racisme environnemental favorise l’exposition, la susceptibilité et la vulnérabilité des populations et des groupes racialisés aux maladies (physiques et mentales) et aux pathologies sociales, si la concentrationdans des environnements malsains aggrave leur état de santé, la perte des biens de santé causée par le racisme environnemental constitue à son tour un facteur d’exclusion du marché du travail, d’appauvrissement (économique, éducatif, etc.), de stigmatisation. Et tout cela renforce le racisme, qui déclare et certifie comme naturelle l’infériorité sociale des populations et des groupes racialisés. On le voit avec la pandémie, qui a mis en évidence et exacerbé les inégalités de santé – les populations et les minorités racialisées en subissent partout les pires conséquences en termes de morbidité et de mortalité.

Luttes et résistances

Cet ensemble de processus n’est pas unilatéral, tout puissant, monolithique. Le monde fourmille de luttes contre le racisme environnemental, contre les inégalités environnementales et de santé, avec des mobilisations pour la santé et l’environnement, pour briser le cercle vicieux décrit ci-dessus. Des mobilisations locales axées sur des situations spécifiques aux mouvements transnationaux, la convergence des luttes et des mouvements sociaux pour la justice environnementale et climatique a mobilisé (même virtuellement et au-delà des contextes locaux) un nombre croissant de personnes contre les héritages du capitalisme et des politiques publiques racistes dans le domaine de l’environnement. De sorte que les luttes sur le racisme, l’environnement et la santé sont devenues un terrain d’essai pour toutes les luttes sociales et un observatoire important sur le conflit social.

La résurgence du racisme institutionnel – portée à l’attention du public par des mouvements tels que Black Lives Matter, Common Ground Collective après l’ouragan Katrina, Standing Rock Coalition, par les luttes des communautés indigènes du Sud et du Nord contre les économies extractivistes et les déplacements forcés de populations causées par la construction à grande échelle, le changement climatique, la dévastation de l’environnement – se manifeste également et plus encore dans la pandémie. Dans cette crise sanitaire, les luttes pour la santé publique et la santé des travailleurs, pour l’égalité en matière de santé (accès aux services sanitaires, aux traitements, aux vaccins, aux articles sanitaires de base), pour des réalités, des expériences et des pratiques alternatives, sont décisives.

Dans les luttes pour la santé et l’environnement, le rôle des femmes a été d’une importance vitale, déclenchant et organisant des conflits environnementaux, soulevant la question de la justice environnementale dans les communautés défavorisées et vulnérables. Dans ces luttes, la spécificité de la perspective écoféministe a émergé, tant dans la différence de genre dans la manière d’aborder les questions environnementales que dans la critique profonde du système capitaliste patriarcal qui discrimine les femmes et le monde “more-than-human”.

Objet du numéro

Le but de ce numéro de la Revue Socioscapes est d’analyser de manière critique la relation entre le racisme, la santé et l’environnement, en particulier la relation entre le racisme environnemental et les inégalités de santé, l’imbrication des maux environnementaux avec les maux sociaux du racisme et du capitalisme, à travers la collecte d’études théoriques ou empiriques.

Selon une perspective multidisciplinaire, ce numéro de la revue accueille des contributions de différents domaines d’études, y compris (mais sans s’y limiter) la sociologie, les sciences politiques, l’anthropologie, l’économie politique, la géographie, l’épidémiologie, la santé publique, les études urbaines et rurales, les études environnementales, les études sur la justice environnementale, la théorie raciale critique, “critical race feminism”, l’écologie politique, l’écoféminisme.

Nous proposons ci-dessous quelques idées de contributions, qui ne sont en aucun cas contraignantes:

  • études sur l’exposition particulière des populations, groupes et travailleurs racialisés (minorités, immigrants, peuples indigènes, prolétariat et sous-prolétariat, groupes vulnérables, groupes défavorisés) aux risques et accidents environnementaux, aux maladies professionnelles ;
  • racisme, Covid-19 et inégalités de santé ; inégalités raciales de santé pour le Covid-19 ; disparités ethniques en matière de morbidité et de mortalité liées au Covid-19 ; discours racistes et pandémie.
  • les mécanismes qui génèrent et renforcent les inégalités de santé environnementale, qui touchent les groupes vulnérables (politiques environnementales, économiques, d’urbanisme);
  • les luttes, les mobilisations, les mouvements sociaux, les expressions artistiques et culturelles, en abordant la relation racisme-environnement-santé, en luttant contre le racisme environnemental et les inégalités de santé environnementale ; les femmes et les conflits environnementaux, le rôle des femmes dans l’émergence et le développement des luttes pour l’environnement, contre le racisme environnemental, les inégalités de santé et les inégalités de santé environnementale.
  • des réflexions théoriques sur les outils conceptuels concernant la relation racisme-environnement-santé, le racisme environnemental ; des élaborations théoriques contre-hégémoniques pour protéger la santé publique (par exemple, la pensée décoloniale en faveur des droits des indigènes pour des formes alternatives de développement respectant la santé publique).

Procédure et calendrier de publication

La Revue Socioscapes invite à soumettre propositions des articles en envoyant un résumé aux rédacteurs invités. Les soumissions des propositions doivent inclure des informations sur l’auteur (nom, affiliation institutionnelle, adresse électronique), le titre de la contribution, un résumé de 500 mots (maximum), quelques mots-clés (max. 5). Les propositions doivent être envoyées aux adresses suivants Fabio Perocco fabio.perocco@unive.it et Francesca Rosignoli Francesca.Rosignoli@eurac.edu

Les articles acceptés doivent avoir une longueur maximale de 8000 mots (y compris les notes et la bibliographie).

Langues : les propositions et les articles peuvent être rédigés en anglais, espagnol, français, italien.

Calendrier

Les propositions et les articles doivent être soumis selon le calendrier ci-dessous.

  • 30 mai 2021 - Soumissions des propositions aux éditeurs invités.

  • 10 juin 2021 - Notification d’acceptation/non acceptation de la proposition.
  • 30 octobre 2021 - Soumission des articles.
  • 30 novembre 2021 - Peer review.
  • 30 décembre 2021 – Révision des articles.
  • 2022 – Publication.

Catégories


Dates

  • dimanche 30 mai 2021

Mots-clés

  • environmental racism, environmental justice, health inequality, resistance, ecofeminism

Contacts

  • Fabio Perocco
    courriel : fabio [dot] perocco [at] unive [dot] it
  • Francesca Rosignoli
    courriel : f [dot] rosignoli [at] yahoo [dot] it

Source de l'information

  • Francesca Rosignoli
    courriel : f [dot] rosignoli [at] yahoo [dot] it

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Racisme, environnement et santé », Appel à contribution, Calenda, Publié le mardi 02 février 2021, https://doi.org/10.58079/15x5

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