StartseiteLe médiéviste face aux médiévalismes : rejet, accompagnement ou appropriation ?

Calenda - Le calendrier des lettres et sciences humaines et sociales

Le médiéviste face aux médiévalismes : rejet, accompagnement ou appropriation ?

Medievalists Facing Neomedievalisms : Rejection, Support, or Appropriation?

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Veröffentlicht am Freitag, 19. Februar 2021

Zusammenfassung

Le Moyen Âge ne cesse d'être recréé, réimaginé, réinventé, dans des romans, des séries, des fêtes estivales ou des discours politiques. Pour désigner ces réappropriations, les chercheurs ont forgé le terme de « médiévalisme ». Ce colloque international, organisé en virtuel, se propose d'analyser les médiévalismes contemporains et les rapports contrastés que les médiévistes peuvent entretenir avec eux.

The Middle Ages are constantly being recreated, reimagined, reinvented, in novels, series, summerfestivals or political speeches. To designate these reappropriations, researchers have coined the term "Neomedievalism".This international colloquium, organized in virtual form, aims to analyze contemporary neomedievalisms and the contrasting relationships that medievalists can maintain with them.

Inserat

Présentation détaillée

Le Moyen Âge est vivant. Nos contemporains le recréent continuellement : roman historique, série télévisée, bande dessinée, fête villageoise, propagande politique… Pour désigner cette réappropriation, si éloignée de leurs pratiques académiques, les chercheurs ont forgé le mot de « médiévalisme », qu’ils opposent à « médiévisme », c’est-à-dire leur propre analyse méthodique des sources documentaires et le discours de type scientifique qui en découle. Ils ne sauraient pourtant se désintéresser de la libre adaptation à visée artistique, voire, de façon plus gênante, idéologique, par laquelle le tout venant peut s’immiscer dans leur champ d’érudition.

La plupart des médiévistes ont conscience que le « contrat référentiel » qu’ils passent avec leurs auditeurs ou lecteurs — trop souvent leurs propres collègues — se distingue du « contrat fictionnel » établi entre un vaste public et le romancier, le scénariste ou le metteur en scène. Ils ne craignent donc pas qu’on puisse assimiler leur démarche à celle du créateur. Les historiens professionnels apprécient, de même, que le médiévalisme attire des amateurs éclairés vers leur discipline et qu’elle suscite de jeunes vocations. Du reste, J.R.R. Tolkien, le père de la heroic fantasy, ou Umberto Ecco, auteur d’un triller palpitant à résonance planétaire, n’appartenaient-ils pas à leur milieu ? Enfin, l’archéologie expérimentale, qui a tant fait progresser la connaissance des gestes du travail et de la vie matérielle des médiévaux, recoupe souvent l’attraction touristique, comme en témoigne l’engouement actuel pour le château de Guédelon.

À l’heure où la diffusion de la recherche s’impose plus que jamais, le médiéviste doit-il sortir de sa tour d’ivoire pour s’adresser de façon pédagogique aux non-spécialistes ? Son champ d’érudition ne saurait devenir sa chasse-gardée. Les passerelles tendues entre le « médiévisme » et le « médiévalisme » ne l’empêchent néanmoins pas de combattre l’instrumentalisation politique dont le Moyen Âge est aujourd’hui l’objet. Ce détournement s’assimile presque toujours au soi-disant « choc des civilisations », où des templiers et autres croisés auto-proclamés ferraillent avec des musulmans, dont les plus extrémistes sont tentés par le retour aux temps bénis, rigoureux et austères du prophète et de ses combattants. Plus innocentes semblent les fêtes et autres spectacles où l’époque médiévale devient carnavalesque, ripailleuse et grivoise. Cette vision ludique s’oppose à une tout autre simplification qui insiste sur la barbarie moyenâgeuse, obscurantiste, oppressante et cruelle.

La demande sociale sur l’histoire médiévale est pressante. Elle s’exprime diffusément par une « mode du Moyen Âge », perceptible à travers les media, que ce soit dans Kaamelott ou dans l’entrée de l’œuvre de Georges Duby dans la Pléiade. Cet intérêt se cristallise parfois dans l’appel aux lumières de médiévistes pour enrichir un scénario, corriger un roman ou rédiger une bande-dessinée. Devons-nous snober ces non-spécialistes sous prétexte que leurs reconstitutions dérogeraient aux règles de notre discipline ? Si besoin était, la question prouve combien il est important de réunir un grand congrès international en France pour discuter du médiévalisme, sujet maintes fois abordé dans d’autres pays et notamment aux Etats-Unis. Les enjeux de ce nouveau champ du savoir sont essentiels, car la réception du Moyen Âge par nos concitoyens conditionne la reconnaissance sociale des médiévistes en tant que scientifiques et, par conséquent, la survie même de nos disciplines dans un monde démocratique.

Programme

Lundi 29 mars

  • 16h30-16h45 : Mot d’accueil de Martin Aurell (Univ. Poitiers) et remerciements
  • 16h45-17h : Introduction de Martin Aurell : histoires du médiévalisme, médiévalismes historiques
  • 17h-17h40 : Conférence de Tommaso di Carpegna Falconieri (Univ. Urbino Carlo Bo), « Médiévistique et médiévalisme : un château aux destins croisés »
  • 17h40-17h55 : Questions et discussions
  • 17h55-18h05 : Pause et posters
  • 18h05-18h25 : Marion Bertholet (Univ. Aix-Marseille), « Le Moyen Âge italien des Lumières à Sismondi : un anti-médiévalisme ? »
  • 18h25-18h45 : Joanna Pavleski-Malingre (Univ. Rennes 2), « Étudier les fortunes politiques de Mélusine du Moyen Âge à nos jours : intérêts et enjeux d'un médiévalisme au long cours »
  • 18h45-19h : Questions et discussions

Mardi 30 mars

  • 16h30-16h45 : Mot d’accueil et remerciements
  • 16h45-17h : Introduction de Justine Breton : des Moyen Âges partout
  • 17h-17h20 : Romain Vincent (Univ. Paris 13), « Du ludique au pédagogique : Médiévisme et jeu vidéo : jouer au Moyen Âge à l'école »
  • 17h20-17h40 : Martin Bostal (Univ. Paris Sorbonne Nord), « La reconstitution historique du Moyen Âge : un « loisir sérieux » entre médiévalisme et recherche d'identité ».
  • 17h40-17h55 : Pause et posters

17h55-18h40 : Table ronde « Comment rendre présent le Moyen Âge aujourd’hui ? »

  • Fabien Paquet (Univ. Caen)
  • Fanny Cohen-Moreaux (podcast Passion Médiévistes)
  • Isabelle Catteddu (INRAP), Fanny Madeline (Univ. Paris 1)

18h40-19h : Questions et discussions

Mercredi 31 mars

  • 15h00 : Assemblée générale de l'association « Modernités Médiévales »
  • 16h30-16h45 : Mot d’accueil et remerciements
  • 16h45-17h : Introduction de Florian Besson : bilan et perspectives
  • 17h-17h20 : Alain Corbellari (Univ. Lausanne), « L’éternel retour du Moyen Âge. Pour une histoire longue du médiévalisme »
  • 17h20-17h40 : Vincent Ferré (Univ. Paris Est-Créteil), « Médiévalisme(s) : divisions disciplinaires, culturelles, linguistiques depuis 1979 »
  • 17h40-17h55 : Pause et posters
  • 17h55-18h15 : Georges Bertin (CNAM des Pays de la Loire), « Médiévalisme et implication »
  • 18h15-18h45 : Questions et discussions

Jeudi 1er avril

  • 16h30-16h45 : Mot d’accueil et remerciements
  • 16h45-17h : Introduction de Justine Breton : le Moyen Âge en mots
  • 17h-17h20 : Anne Besson (Univ. Artois), « Fantasy médiévale et médiévistique : une relation à sens unique ? »
  • 17h20-17h40 : Isabelle Olivier (Univ. Artois), « Le Moyen Âge et la littérature de jeunesse font-ils bon ménage ? Des tensions (fécondes ?) entre didactisme et divertissement »
  • 17h40-17h55 : Pause et posters 
  • 17h55-18h15 : Tristan Martine (Univ. Angers), « Des bulles médiévales en cases : les enjeux du médiévalisme en bande dessinée »
  • 18h15-18h45 : Questions et discussions 

Vendredi 2 avril

  • 16h30-16h45 : Mot d’accueil et remerciements
  • 16h45-17h : Introduction de Lucie Malbos: un médiévalisme bien vivant

17h-17h45 : Table ronde « Le médiéviste face aux non-médiévistes : tensions et attentions »

  • Paul Sturtevant (Smithsonian Institution)
  • Florian Besson
  • Cécile Voyer (Univ. Poitiers)
  • Chloé Maillet (École Supérieure d’Art et de Design, Angers)

17h45-18h15 : Questions et discussions

18h15-18h25 : Pause et posters 

18h25-18h40 : Conclusion

Detailed presentation

The Middle Ages are alive. Our contemporaries constantly recreate it: historical novel, television series, comic strip, village festival, political propaganda... To designate this reappropriation, so far removed from their academic practices, researchers have coined the word “neomedievalism”, which they oppose to “medievism”, that is to say their own methodical analysis of documentary sources and the discourse of scientific type that follows. However, one cannot ignore the free adaptation for artistic or even, more problematically perhaps, for ideological purposes, by which all newcomers can interfere in this field of learning.

Most medievalists are aware that the “referential contract” that they enter into with their listeners or readers – too often their own colleagues but few outside of academia – is distinguished from the “fictional contract” established between a large audience and the novelist, screenwriter or director. They are therefore not afraid to have their approach mixed up with that of the creator. Similarly, professional historians appreciate that neomedievalism attracts enlightened amateurs to their discipline and that it arouses new vocations. Besides, didn’t J.R.R. Tolkien, the father of fantasy, or Umberto Ecco, author of a thrilling novel with planetary resonance, deeply belong to their milieu? Finally, experimental archaeology, which has made so much for the progress of the knowledge of the gestures of work and the material life of medieval people, often overlaps with tourist attraction, as evidenced by the current craze for the castle of Guédelon (France).

At a time when the dissemination of research is needed more than ever, should neomedievalists step out of their ivory tower to address non-specialists in an educational way? Their field of learning cannot become their preserve. The bridges stretched between "medievalism" and "neomedievalism" do not, however, prevent them from fighting the political instrumentalization of the Middle Ages, which is more and more significant each day. This (mis)appropriation of the past is almost always assimilated to the so-called "clash of civilizations", where Templars and other self-proclaimed Crusaders cross swords with Muslims, the most extreme of whom are tempted by the return to the blessed, rigorous, and austere times of the prophet and of its fighters. More innocent seem to be the festivals and other shows where the medieval era becomes a mocking and saucy carnival. This playful representation is opposed to another one, equally simplistic, painting the Middle Ages as a time of obscurantism, oppression and cruel barbarism.

The social demand for medieval history is pressing. It is spread through a "Middle Ages fashion", perceptible in the media, whether it be in the TV series Kaamelott or in the entrance of Georges Duby's work in La Pléiade edition. This interest sometimes crystallizes in the implication of (neo)medievalists in cultural and artistic projects, to enrich a script, correct a novel or write a comic strip. Should we reject these non-specialists on the ground that their reconstructions would violate the rules of our discipline? If need be, the question proves how important it is to organize a major international congress in France to discuss neomedievalism, a subject frequently questioned in other countries and in particular in the United States. The stakes of this new field of knowledge are essential, because the reception of the Middle Ages by our fellow-citizens conditions the social recognition of neomedievalists as scientists and, consequently, the survival of our disciplines in a democratic world.

Programme

Monday, March 29th

  • 4:30 - 4:45 p.m. : Welcome speech and thanks from Martin Aurell (Univ. Poitiers)
  • 4h45 - 4:30 p.m. :  Introduction by Martin Aurell : Histories of Neomedievalism, Historicals Neomedievalisms
  • 5:00 - 5:00 p.m. :  Conference by Tommaso di Carpegna Falconieri (Univ. Urbino Carlo Bo), "Medieval studies and Neomedievalism: a castle with crossed destinies"
  • 5:40 - 5h55 p.m. : Questions and discussions
  • 5:55 - 6:05 p.m. : Break and Posters
  • 6:05 - 6:25 p.m. : Marion Bertholet (Univ. Aix-Marseille), "Italian Middle Ages from the Enlightenment to Sismondi: A Form of Anti-Neomedievalism ?"
  • 6:25 - 6:45 p.m. : Joanna Pavleski-Malingre (Univ. Rennes 2), "To study Mélusine's political fortunes from the Middle Ages to the present day: interests and challenges of long-term Neomedievalism"
  • 6:45 - 7:00 p.m. : Questions and discussions

Tuesday, March 30th

  • 4:0030 - 4:45 p.m. : Welcome speech and Thanks
  • 4:45 - 5:00 p.m. : Introduction by Justine Breton : Middle Ages everywhere
  • 5:00 - 5:20 p.m. : Romain Vincent (Univ. Paris 13),  "Medievalism and video games: playing in the Middle Ages at school"
  • 5:20 - 5:40 p.m. : Martin Bostal : "The historical reconstruction of Middle Ages: a "serious leisure" between neomedievalism and the search for historicity"
  • 5:40 - 5:55 p.m. : Break et posters 

5:55 - 6:40 p.m. : Round Table "How to make the Middle Ages present today?"

  • Fabien Paquet (Univ. Caen)
  • Fanny Cohen-Moreaux (podcast Passion Médiévistes)
  • Isabelle Catteddu (INRAP), Fanny Madeline (Univ. Paris 1)

6:40 - 7:00 p.m. : Questions and discussions

Wednesday, March 31th

  • 3:00 p.m. :  General assembly of the association "Modernités Médiévales"
  • 4:30 - 4:45 p.m. : Welcome speech and Thanks
  • 4:45 - 5:00 p.m. : Introduction de Florian Besson : Review and Prospects
  • 5:00 - 5:20 p.m. : Alain Corbellari (Univ. Lausanne), "The Eternal Return of the Middle Ages. For a long History of Neomedievalism"
  • 5:20 - 5:40 p.m. : Vincent Ferré (Univ. Paris Est-Créteil), "Neomedievalism(s): Disciplinary, Cultural, Linguistic divisions since 1979"
  • 5:40 - 5:55 p.m. : Break and posters 
  • 5:55 - 6:15 p.m. : Georges Bertin (CNAM des Pays de la Loire), "News of neo-medievalism, territories and networks, action research and participant observation"
  • 6:15 - 6:45 p.m. : Questions and discussions

Thursday, April 1st

  • 4:30 - 4:45 p.m. : Welcome speech and Thanks
  • 4:45 - 5:00 p.m. : Introduction by Justine Breton: The Middle Ages in words
  • 5:00 - 5:20 p.m. : Anne Besson (Univ. Artois), "Medieval Fantasy and Medieval studies: a one-sided relationship?"
  • 5:20 - 5:40 p.m. : Isabelle Olivier (Univ. Artois), "Do the Middle Ages and children's literature go hand in hand? Tensions (fruitful?) between didactic and entertainment"
  • 5:40 - 5:55 p.m. : Break and Posters
  • 5:55 - 6:15 p.m. : Tristan Martine (Univ. Angers), "Knights and Speech Bubbles: What Is at Stake in Neomedievalist Comic Books?"
  • 6:15 - 6:45 p.m. : Questions and discussions  

Friday, April 2nd

  • 4:30 - 4:45 p.m. : Welcome speech and Thanks
  • 4:45 - 5:00 p.m. : Introduction by Lucie Malbos : A Living Neomedievalism

5:00 - 5:45 p.m. : Table ronde "The Medievalist facing non-medievalists: Tensions and Attentions"

  • Paul Sturtevant (Smithsonian Institution)
  • Florian Besson
  • Cécile Voyer (Univ. Poitiers)
  • Chloé Maillet (École Supérieure d’Art et de Design, Angers)

5:45 - 6:15 p.m. : Questions and discussions

6:15 - 6:25 p.m. : Break and Posters

6:25 - 6:40 p.m. : Conclusion


Daten

  • Montag, 29. März 2021
  • Dienstag, 30. März 2021
  • Mittwoch, 31. März 2021
  • Donnerstag, 01. April 2021
  • Freitag, 02. April 2021

Schlüsselwörter

  • histoire, Moyen Âge, médiévalisme, médiéval

Kontakt

  • CESCM (UMR 7302)
    courriel : medievalisme [at] univ-poitiers [dot] fr

Informationsquelle

  • Pierre Grandjean
    courriel : pierre [dot] grandjean [at] etu [dot] univ-poitiers [dot] fr

Lizenz

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Zitierhinweise

« Le médiéviste face aux médiévalismes : rejet, accompagnement ou appropriation ? », Kolloquium , Calenda, Veröffentlicht am Freitag, 19. Februar 2021, https://doi.org/10.58079/162a

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