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Minorations

L'année du Maghreb journal: research file 27 | 2022-I

Revue "L'année du Maghreb" : dossier de recherche 27 | 2022-I

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Published on Monday, March 29, 2021

Abstract

Ce projet de dossier pour L’Année du Maghreb vise à participer au renouvellement des études réalisées en sciences sociales sur les groupes sociaux minorés, considérés socialement et politiquement comme des minorités au Maghreb, l’objectif étant d’approfondir trois thématiques transversales émergentes : la construction des catégories, les mobilisations sociales et les mobilités...

Announcement

Argumentaire

Ce projet de dossier pour L’Année du Maghreb vise à participer au renouvellement des études réalisées en sciences sociales sur les groupes sociaux minorés, considérés socialement et politiquement comme des minorités au Maghreb, l’objectif étant d’approfondir trois thématiques transversales émergentes : la construction des catégories, les mobilisations sociales et les mobilités.

La question minoritaire a fait l’objet d’un profond renouvellement sous l’impulsion des études de genre et des subaltern studies. Définie non en termes quantitatifs mais comme « une position dominée dans le champ social et politique » c’est-à-dire comme une « assignation identitaire d’individus et de groupes à des traits qui peuvent être raciaux, nationaux, culturels, genrés ou encore sexuels, assignation associée à une stigmatisation », la condition minoritaire est aujourd’hui appréhendée non seulement en termes de domination, à travers l’analyse des structures sociales, politiques et juridiques qui la mettent en œuvre, mais aussi en termes d’expérience, celle des minoré.es dont on ne présuppose plus la passivité et dont la façon de percevoir, de s’approprier et de jouer avec les normes doit être étudiée (Chassain et al., 2016). La minoration ou la subalternisation constitue en effet un processus, le produit d’une relation entre des dominants et des dominés, ces deux catégories n’étant pas figées : des groupes, comme les femmes, peuvent se revendiquer « minorité » pour se rendre visibles sur la scène publique. Et il n’est pas exclu que se jouent des rapports de pouvoir à l’intérieur de chacune de ces catégories. Il s’agit d’étudier pourquoi et comment cette relation évolue en se focalisant sur les manières avec lesquelles les minoré.es contestent la minoration quand elle est subie ou se constituent politiquement en minorités pour obtenir une place plus avantageuse dans la société, la condition minoritaire n’étant pas toujours synonyme de stigmatisation mais pouvant relever de processus distinctifs. Les effets de ces stratégies sur la condition des minoré.es, et plus largement pour les autorités légitimantes, et sur les normes qui régissent les sociétés seront également étudiés.

Au Maghreb, la colonisation a défini des « types » de populations, essentiellement suivant des critères de langue et de religion. Autorités coloniales, acteurs touristiques mais aussi chercheur.ses en sciences sociales ont alors rendu plus rigides des classements et des hiérarchies qui ne l’étaient pas tant. Après les décolonisations, comme ailleurs, la mise en place des Etats-nations qui s’efforcent de construire l’image d’une nation homogène a bien souvent impliqué la réification et le rejet des minorités constituées comme telles depuis la colonisation. Ces dernières décennies, la mondialisation économique, l’accroissement de mobilités diverses, la survenue de mobilisations sociales au Maghreb y questionnent la fabrique des normes, des identités individuelles et collectives légitimées et des hiérarchies sociales par le politique et le traitement qu’il fait de l’écart par rapport à ces normes. Dès lors, comment appréhender la fabrique de ces minorités, de ceux et celles que l’on ne voit pas ou ne veut pas voir (Spivak, 2009) quand bien même ils.elles cherchent à se rendre visibles, à renverser le stigmate, à se distinguer ? Les limites documentaires qui se posent, par la parcimonie des documents, par une production majoritairement voire exclusivement issue des groupes dominants, par les conditions d’énonciation et d’interaction dans le cadre d’entretiens et d’observations, sont des enjeux décisifs de toute étude sur les groupes minoritaires. La présence d’une documentation plus abondante sur certains groupes minorés témoigne en soi d’une place plus privilégiée.

Ce sont d’abord les conditions historiques de construction des processus de minoration, notamment en contexte colonial et impérial (Memmi, 1957 ; Said, 1980) qui ont fait l’objet d’attention. Ces dernières décennies, les chercheurs en sciences sociales se sont emparés d’un certain nombre de problématiques traitant de la fabrique, de la reproduction et de la stigmatisation de groupes, notamment autour des questions de patrimonialisation et de mémoire, des migrations, de genres. Tandis que les minorités culturelles et linguistiques comme les amazighs et religieuses comme les juifs font l’objet d’une attention renouvelée, certains groupes minorés apparus plus récemment sur le devant de la scène sociale (réfugiés et demandeurs d’asile, travailleurs migrants, LGBT) ou soulevant des enjeux sensibles comme les pieds noirs ou les esclaves et descendants d’esclaves sont désormais étudiés. Toutefois, ce dossier ne sera pas consacré à tel ou tel groupe a priori afin de mieux saisir ce qui, à différentes périodes, fait la situation/l’expérience minoritaire et permet à un collectif de tenir du point de vue de ceux et celles qui y sont assignés et/ou s’y identifient, tout en montrant que ces groupes sont le produit de rapports de domination (de classe, de genre, de « race ») éminemment politiques. Une approche pluridisciplinaire sera privilégiée, permettant de croiser les regards sur ces rapports de domination, leur évolution sur le temps long (continuités et ruptures...) et dans l’espace (jeux d’échelles, espace support des actions collectives...). Les contributions porteront sur le Maroc, l’Algérie, la Tunisie, la Mauritanie, la Libye, l’Égypte. Elles s’articuleront autour de trois axes.

Axes thématiques

Axe 1 : (Re)penser les catégories

L’objectif de cet axe est d’interroger les catégories qui fondent l’expérience minoritaire. Retracer la généalogie d’une catégorie, la contextualiser permet d’abord de mieux en saisir les fondements et les enjeux comme l’ont par exemple montré les études sur les catégories à la période médiévale (Van Renterghem, 2008) à l’époque coloniale (Lorcin, 1999) ou postcoloniale (Hoffman, Gilson, 2010). Pourquoi, à telle ou telle période, la nécessité de créer une nouvelle catégorie assignant un groupe à une position minoritaire se fait-elle ressentir ? Ce sont donc les conditions sociales et historiques qui président à la construction d’un stigmate qu’il faut restituer tout en s’attachant à varier les points de vue :

- celui des institutions et des groupes dominants qui érigent de nouvelles normes constituant tel ou tel groupe : comment les discours politiques et publics contribuent à produire du minoritaire dans les sociétés maghrébines, à différentes époques ? Quel est le rôle de l'Etat dans les processus de minoration ? Existe-t-il des processus institutionnels visant à sortir les minoré.es de leur condition minoritaire par la production de nouvelles normes ou catégories ?

- celui des dominé.es qui co-produisent les catégories auxquelles il.elles sont renvoyé.es parce qu’il.elles se les approprient pour en faire un élément d’identification, ou bien pour les contester. De quelles manières participent-il.elles à la construction, à la subversion et à la mise en cause des catégories ? Pour la période contemporaine, quel rôle jouent les associations à travers l’action judiciaire : font-elles évoluer les discours politiques et les normes juridiques ?

L’une des conditions présidant à la construction d’un stigmate et à un effort de retournement de ce dernier mérite d’être étudiée en particulier : l’acquisition d’un savoir, Michel Foucault (2004) ayant bien montré qu’il permet d’obtenir du pouvoir. L’un des enjeux majeurs de l’analyse des expériences minoritaires réside en effet dans l’identification des connaissances du majoritaire (cadres, fonctionnements, normes) que les minoré.es peuvent acquérir pour mieux le contester mais aussi faire connaître leur condition et leur lutte (Chassain et al., 2016). La formation universitaire peut-elle être source de légitimité, d’autonomisation de la pensée, de prise de recul sur la condition minoritaire, voire d’accès au champ politique ? La formation militante peut-elle apporter un répertoire de ressources critiques aux minoré.es pour battre en brèche les catégories auxquelles il.elles sont assigné.es ? Comment l’acquisition de savoir par une partie d’entre eux.elles fait rejouer ou non les rapports de domination interne, en d’autres termes, quelle est la place des élites dans les luttes des minorités et la production de discours sur ces dernières ? Par ailleurs, doivent-elles forcément se présenter dans les termes d’un discours et d’un ordre majoritaires ? Quels types de savoirs singuliers, en rupture avec les savoirs majoritaires, inventent-elles ? Il s’agit donc d’analyser les enjeux politiques de la définition de la minoration d’un groupe, les résistances qu’elle peut susciter et ce que ces processus disent de l’ordre dominant et de sa remise en cause.

L’évolution de ces catégories et du sens qu’elles portent, doit aussi être envisagée sur la longue durée, tant les (ré)appropriations et les (ré)interprétations sont permanentes. Ce faisant, les catégories sont prises dans une dialectique articulant passé et présent : comment et pourquoi un groupe minoré mobilise le passé pour construire son identité de groupe ? Comment les groupes dominants utilisent-ils des catégories anciennes pour justifier des discriminations présentes ? Les catégories peuvent alors participer à une construction mémorielle (Zytnicki, 2011) ou, inversement, le stigmate de la différence peut durablement irriguer la mémoire sociale.

Se poser de telles questions implique de la part des chercheur.ses une réflexivité sur les conditions d’un savoir scientifique sur/avec les minoré.es, sur le rôle qu’il.elles jouent dans la (dé)construction des catégories. Il importe de ne pas réifier les catégories légitimées, notamment celles issues de la colonisation, et de ne pas contribuer à en imposer de nouvelles comme ont pu le faire en partie les sciences sociales durant la période coloniale. À la suite des subaltern studies, il s’agit de déconstruire les catégories tout en accordant de la considération à celles reconnues par les minoré.es pour parler d’eux.elles-mêmes. Faire entendre toutes les voix vise à contribuer à l’expression du pluralisme des sociétés maghrébines.

Axe 2 : Des mobilisations sociales pour inverser le stigmate

Au-delà de l’étude de la fabrique discursive des catégories, il est intéressant d’interroger les modes d’action des groupes minorés susceptibles de porter des revendications de reconnaissance et d’amélioration de la condition minoritaire. En effet, la littérature sur les mouvements sociaux estime que c’est aux minorités que revient « le fardeau de l’invention de formes de pensée et d’action » susceptibles de faire vaciller l’ordre dominant (Hajjat, 2015).

Au Maghreb, elles contribuent à jouer ce rôle, dans un contexte marqué par une ébullition de la société civile de plus en plus forte et visible à partir des années 2000 mais déjà présente dans les décennies qui ont suivi les indépendances. La politisation croissante de ces mouvements a fait l’objet de nombreuses études en sciences sociales ces dernières années. Certaines se sont penchées sur les groupes militants qui, dès les années 1970 et surtout dans les années 1990-2000 (à la faveur d’une relative ouverture politique dans un certain nombre de pays de la région permettant la création d’associations) se sont attelées à défendre tel ou tel groupe minoré, qu’il s’agisse du mouvement amazigh (Rachik, 2006 ; Pouessel, 2010) ou du mouvement féministe (Gillot, Martinez, 2016). Quelques-unes se sont intéressées aux « mobilisations de périphérie » qui ont régulièrement secoué les petites et moyennes villes du Maroc dans les années 2000-2010 et ont étudié la place des revendications sahraouies dans ces mobilisations (Bennafla, 2011). Dans les nombreuses études consacrées aux « printemps arabes », certaines ont réfléchi à la place des revendications et des militants amazighs dans la mobilisation (Oiry Varacca, 2012 ; Tilmatine, Desrues, 2017) et ont montré, pour le cas du Maroc, qu’il s’agissait d’un mouvement avant tout citoyen auquel les militants amazighs avaient pris part et qui avait fait siennes les demandes de reconnaissance des spécificités culturelles et linguistiques amazighs, demandes auxquelles les autorités ont en partie répondu en apportant une reconnaissance officielle à la dimension amazighe de l’identité marocaine dans la nouvelle constitution. D’autres études (Pouessel, 2012) se sont penchées sur la façon dont, dans le sillage de la révolution, des groupes minorés (amazighs, noirs, juifs) ont cherché à mettre au centre du débat public la question de la pluralité de la société tunisienne. Quelques analyses ont été livrées sur les mouvements les plus récents de Hirak au Maroc en 2016-2017 et en Algérie depuis février 2019 (Desrues, Gobe, 2019). La place des discours sur les processus de minoration et le rôle de groupes s’estimant minorés dans ces mobilisations méritent d’être approfondis.

Dès lors, quelle est la place des minoré.es dans les plus récentes mobilisations et comment celle-ci a-t-elle évolué depuis les premières mobilisations postindépendance mais aussi depuis les périodes plus anciennes, sur le plus long terme ? Alors que ces mobilisations citoyennes semblent fédérer une population de plus en plus large, en partant de la base, et prendre en charge un large spectre de revendications, quel est le devenir des mouvements « particularistes » ? Comment les mobilisations actuelles prennent en charge les revendications de groupes minorés se définissant sur des critères de plus en plus variés ? Les populations des marges territoriales sont actives dans ces mouvements et, de plus en plus, à l’initiative de mobilisations locales et régionales qui peuvent trouver une résonnance nationale. Dans quelle mesure ces mobilisations font-elles naître ou révèlent-elles la naissance d’une prise de conscience par les populations qui y vivent d’une minoration des marges territoriales, qu’il s’agisse de régions de montagne isolées, de zones désertiques ou frontalières, de quartiers périphériques des médinas et des métropoles ? Y a-t-il rencontre des minoré.es et articulation de leurs revendications dans ces mobilisations, par exemple entre militants amazighs et femmes, très actives dans le Hirak, dans le Rif au Maroc comme en Algérie ? Quels sont les effets politiques de la mobilisation des minoré.es dans ces mouvements sociaux ? Parviennent-il.elles réellement à susciter le débat sur le grand récit national et la part de pluralisme qu’il convient d’y faire entrer, à obtenir une amélioration de leur condition ?

On peut également se demander si le fait d’investir l’espace public comme le font les mouvements sociaux qui ont eu lieu récemment au Maghreb permet de rendre visible l’existence des groupes minorés et leur lutte. Comment l’espace public est-il investi par les minoré.es quand il.elles réussissent à avoir accès au champ politique ? Quels autres modes de contestation « infra-politiques », plus discrets, moins visibles, pouvant se jouer dans les espaces privés (Scott, 2009), sont testés par les minoré.es, actuellement et dans les périodes plus anciennes, et avec quels effets ? Il s’agit ici de s’intéresser aux stratégies d’évitement et actes d’insubordination des minoré.es, moins visibles que les actions menées dans l’espace public mais plus quotidiens que ces dernières, plus fréquents dans l’Histoire, et non moins efficaces. On interrogera ainsi la capacité des minoré.es à transgresser les normes de différentes manières.

Axe 3 : La minorisation à l’épreuve des mobilités

Les déplacements de personnes par-delà les frontières internationales et/ou à longue distance à l’intérieur du Maghreb, depuis et vers les pays de cette région, et les échanges et apports qu’ils ont occasionnés, ont particulièrement façonné les sociétés maghrébines et les identifications collectives. Il s’agit de voir comment les processus de minoration ont été affectés par ces déplacements sur le temps long et à plus court terme, dans un contexte de diversification et d’hybridation des types de mobilités internationales : immigration depuis des pays africains de plus en plus éloignés, au sud des pays sahéliens traditionnellement pourvoyeurs de main d’œuvre, émigration non plus seulement vers les pays de l’ouest et du sud de l’Europe, de l’Amérique du nord et de la péninsule Arabique mais aussi vers le nord de l’Europe ou encore l’Asie, circulation de binationaux, d’Européens, d’autres développant une activité d’accueil touristique au Maghreb, de retraités européens hivernant au Maghreb, tourisme diasporique ou « vacances au bled ».

La question minoritaire est largement abordée dans l’abondante production scientifique parue ces dernières années sur les migrations, en particulier celles de juifs depuis la fin de la période médiévale (Bresc, 2014) jusqu’aux indépendances (Abécassis et al, 2012), de femmes (Arab, 2018 ; Schmoll, 2020), celles de populations issues de marges géographiques (Jomier, 2016 ; Lacroix, 2012), racisées (Pouessel, 2012), ou encore celles de chrétiens d’Afrique subsaharienne (Bava, Boissevain, 2014). Dans la littérature sur les mouvements sociaux, plusieurs études sont consacrées au rôle joué par la diaspora dans le mouvement amazigh et dans les mobilisations plus récentes comme le Hirak algérien (Desrues, Gobe, 2019). Quant aux travaux sur le tourisme, ils abordent la façon dont il a pu être instrumentalisé pour catégoriser et stigmatiser des populations à la période coloniale (Zytnicki, Kazdaghi, 2009) mais aussi, plus récemment, pour se réapproprier et subvertir ces catégories tout en faisant la promotion de pratiques touristiques « alternatives » (Cauvin Verner, 2008). Certaines études s’intéressent à la façon dont le tourisme peut être utilisé pour renforcer l’autonomie des femmes (Borghi, El Amraoui, 2006 ; Tizza, 2012). Quelques-unes enfin focalisent leur attention sur les séjours de la diaspora juive et la façon dont ils font rejouer les mémoires de la présence juive au Maghreb (Oiry Varacca, 2019).

Ces travaux montrent l’intérêt de travailler sur les mobilités pour analyser les processus de subalternisation : les mobilités redessinent les contours des groupes minorés, en créent parfois de nouveaux. La mobilité peut renforcer la stigmatisation de ces groupes comme donner les moyens aux minoré.es de renverser le stigmate. Il s’agira d’étudier comment les mobilités, notamment les formes hybrides comme le tourisme diasporique ou les circulations migratoires, changent les relations, les équilibres entre majoritaire et minoritaire dans les pays du Maghreb. On se focalisera sur ce qui se joue dans la mobilité pour les sociétés et territoires maghrébins. Ainsi, on considérera l’émigration à travers les liens divers conservés par les émigrés avec le pays de départ au Maghreb, et on s’intéressera à ce qui se passe pour les émigrés dans les pays où ils s’installent du point de vue des ressources auxquelles leur donne accès leur mobilité, qu’ils mettent au service des projets qu’ils développent dans leur pays d’origine. A quels types de ressources (financières mais aussi éducatives, culturelles, politiques) la mobilité donne-t-elle accès et comment les minoré.es les utilisent-ils.elles pour inverser le stigmate ? Dans quelle mesure la mobilité permet-elle aux minoré.es de renégocier leur place dans les sociétés maghrébines, de subvertir l’ordre social et politique, d’introduire un débat sur l’hétérogénéité des Etats-nations, et comment ? On pourra s’intéresser tant aux processus de patrimonialisation qu’aux projets de développement ou aux mobilisations sociales que les mobilités peuvent alimenter. Sur ce dernier point, on se demandera quelle est la place des mobilités dans les parcours des militant.es porte-paroles des minoré.es. Enfin, une attention particulière sera apportée aux espaces marginalisés (montagnes, déserts, zones frontalières, quartiers défavorisés des médinas, quartiers périphériques des grandes villes). Que changent les départs, les retours, les arrivées de personnes pour les sociétés des espaces à la marge, quelles recompositions économiques, foncières, sociales, politiques mais aussi spatiales les mobilités occasionnent-elles dans ces espaces  

Conditions de soumission / Calendrier

Les articles de 40 000 signes seront acceptés en français, en anglais et en arabe. Ils concerneront l’ensemble des pays du Maghreb, sachant que des contributions sur la Mauritanie et la Libye sont vivement souhaitées.

Les propositions de contribution sont à envoyer sur le formulaire en ligne (en cliquant sur le lien).

  • Date de publication de l’appel en français : 15 mars 2021
  • Date limite de retour des propositions d’articles (résumés de proposition) : 15 mai 2021

  • Sélection des résumés de propositions par le comité de rédaction et les coordinatrices : 30 mai 2021
  • Date limite de réception des articles : 15 novembre 2021
  • Retour d’évaluation des textes : 15 janvier 2022
  • Date limite de réception des textes après évaluation : 15 février 2022
  • Mise sous presse :15 avril 2022
  • Parution du numéro papier et électronique :15 juin 2022

Coordination scientifique

Sous la direction de

  • Mari Oiry Varacca (géographe, laboratoire Analyse Comparée des Pouvoirs, Université Gustave Eiffel, mari.oiryvaracca@u-pem.fr)
  • Jennifer Vanz (historienne, laboratoire Orient et Méditerranée UMR 8167, jennifervanz@hotmail.com).

Bibliographie

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Date(s)

  • Saturday, May 15, 2021

Keywords

  • Maghreb, minorations, mobilités, mobilisations sociales

Contact(s)

  • Sabine Partouche
    courriel : sabine [dot] partouche [at] uni-amu [dot] fr

Information source

  • Sabine Partouche
    courriel : sabine [dot] partouche [at] uni-amu [dot] fr

License

CC0-1.0 This announcement is licensed under the terms of Creative Commons CC0 1.0 Universal.

To cite this announcement

« Undervaluing », Call for papers, Calenda, Published on Monday, March 29, 2021, https://doi.org/10.58079/16bg

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