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Les vies et les après-vies de l’extraction

The Lives and Afterlives of Extraction

Résistance, résilience et durabilité

Resistance, Resilience, and Sustainability

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Publié le mercredi 07 avril 2021

Résumé

Le numéro spécial en préparation fera le point sur les transformations de l'extractivisme en ouvrant une discussion qui va au-delà des visions optimistes ou pessimistes de l’avenir de l’extraction, ou du clivage entre la réduction palliative des risques et la solution potentiellement oxymorique de l’extraction durable. En réfléchissant sur ces débats, ainsi que sur l’examen public minutieux et l’intervention politique dont l’énergie et les industries extractives font l’objet de manière croissante, le numéro spécial mobilise et attire l’attention sur les solutions innovantes et les alternatives créatives aux problèmes de longue date du secteur extractif, qu’il s’agisse de la formalisation, de la participation des communautés locales, des inégalités de genre, de la gestion des ressources, des transferts de valeur ou de la répartition Nord-Sud des richesses naturelles. En même temps, ce numéro spécial répond aux appels continus à repenser la notion d'« extractivisme » (Szeman et Wenzel 2021) en étudiant la nature de l’extraction dans des contextes multiples et à travers des lunettes disciplinaires multiples, en tenant compte de l’expérience vécue et genrée des communautés locales, des peuples autochtones et des travailleurs et travailleuses.

This special issue takes stock of these transformations by opening a discussion that goes beyond optimistic and pessimistic visions for the future of mining, or the divide between the palliative risk reduction and the potentially oxymoronic solution of sustainable extraction. Reflecting on these debates, and the growing public scrutiny and policy intervention that energy and extractive industries have been subject to, this special issue of International Development Policy mobilizes and brings attention to innovative solutions and creative alternatives to longstanding problems in the extractive sector, from formalization, local community participation, gender inequality, resource management, value transfers and North-South natural wealth distribution. At the same time, the special issue responds to ongoing calls to re-think the notion of “extractivism” (Szeman and Wenzel 2021) by studying the nature of extraction in multiple contexts and through multiple disciplinary lenses, taking heed of the gendered and lived experience of local communities, indigenous peoples, and workers.

Annonce

Argumentaire

Les industries extractives se trouvent à un moment critique. Le super cycle des matières premières des années 2000 a conduit à une forte expansion dans l’espace des frontières de l’industrie extractive, mais également à une réduction de la disponibilité de veines de minerais à haute teneur pour les minéraux clés, et d’autres ressources vont atteindre sous peu leur pic de production. À la violence et aux promesses non tenues des politiques « néo-extractivistes » répondent un intérêt croissant pour la sensibilisation aux risques et de nouvelles politiques et pratiques d’entreprise visant à instaurer la confiance au sein des communautés, la légitimité et la justice environnementale. Si les industries extractives représentent l’une des principales forces de dépossession et de conflit et qu’elles sont à l’origine de dégâts sociaux et environnementaux causés à la terre, à l’eau, à l’air et à la biodiversité, elles sont également d’une importance capitale pour un avenir post-carbone et électrique. Les critiques perçoivent cette évolution mondiale vers les principes de durabilité et de responsabilité comme paradoxale, tendue ou incohérente. Les approches de l’industrie en matière d’extraction verte, d’engagement communautaire et d’avenir post-carbone (voir, par exemple, Dunlap et Jakobsen 2020) ainsi que les réponses créatives de ceux qui subissent les conséquences de l’extraction méritent d’être étudiées de manière plus approfondie.

Des études récentes en anthropologie (Ødegaard et Andía 2019, Ferry et al 2019), sociologie (Alonso-Fradejas 2021), écologie politique et géographie humaine (Bridge 2010, Krause 2020) et en économie du développement (Acosta 2016, Arboleda 2020) ont ouvert la voie à une compréhension des ressources naturelles qui met l’accent sur le rapport à ces ressources et sur leur matérialité, qui intègre directement l’expérience humaine et sociale de l’extraction. La notion d’extractivisme a quant à elle été élargie et abordée de manière interdisciplinaire, y compris par les études critiques du travail et les sciences politiques (Mezzadra et Neilson 2019), afin d’englober d’autres activités d’extraction de valeur telles que la financiarisation ou l’exploitation de données, l’agriculture de plantation et la foresterie industrielle. Ces développements théoriques et ces conceptions élargies peuvent éclairer des recherches qu’il est urgent de mener sur la façon dont l’extractivisme et les industries extractives peuvent participer à la transition vers des sociétés plus durables, justes et équitables. En même temps, il est également nécessaire de faire des recherches à la fois sur la durabilité de l’extractivisme des entreprises et sur les nouvelles formes de résistance qu’il engendre.

Ce numéro spécial fait le point sur ces transformations en ouvrant une discussion qui va au-delà des visions optimistes ou pessimistes de l’avenir de l’extraction, ou du clivage entre la réduction palliative des risques et la solution potentiellement oxymorique de l’extraction durable. En réfléchissant sur ces débats, ainsi que sur l’examen public minutieux et l’intervention politique dont l’énergie et les industries extractives font l’objet de manière croissante, ce numéro spécial de la Revue internationale de politique de développement mobilise et attire l’attention sur les solutions innovantes et les alternatives créatives aux problèmes de longue date du secteur extractif, qu’il s’agisse de la formalisation, de la participation des communautés locales, des inégalités de genre, de la gestion des ressources, des transferts de valeur ou de la répartition Nord-Sud des richesses naturelles. En même temps, ce numéro spécial répond aux appels continus à repenser la notion d' »extractivisme » (Szeman et Wenzel 2021) en étudiant la nature de l’extraction dans des contextes multiples et à travers des lunettes disciplinaires multiples, en tenant compte de l’expérience vécue et genrée des communautés locales, des peuples autochtones et des travailleurs et travailleuses.

Axes thématiques

Les contributions aborderont certaines des questions suivantes :

  • Est-il possible de concevoir un projet de développement durable dans le secteur extractif ?
  • L’évolution vers une activité d’extraction responsable s’accompagne-t-elle d’une nouvelle politique de résistance ?
  • L’activité d’extraction peut-elle assurer le développement économique dans des contextes marqués par la pauvreté et, plus largement, dans le Sud global ?
  • L’extractivisme peut-il être « modéré » dans le sens où l’accent serait mis sur les communautés et les travailleurs et travailleuses afin de réduire la pauvreté ? Différents modes d’extractivisme sont-ils possibles au sein des structures actuelles de production et d’accumulation ? L’extraction peut-elle être décolonisée ?
  • Les paradoxes de l’extractivisme vert, notamment la dépendance croissante à l’égard de ressources stratégiques telles que le lithium, le cobalt ou d’autres éléments de terres rares, sont-ils un résultat inévitable de la transition énergétique ?
  • Comment concilier le renforcement des communautés locales et de la justice environnementale avec les nouveaux accords commerciaux, les modèles de développement et les logiques du capital qui favorisent la poursuite de l’extraction ?
  • Comment intensifier et mobiliser les expériences de résilience, de résistance et d’activisme pour penser de nouveaux modèles et normes d’extraction ?

Thèmes potentiels couverts par le numéro spécial :

  • Intersections de race et d’ethnicité, de genre et de classe dans et autour des sites d’extraction ;
  • Modèles coopératifs, organisation du travail, formalisation de l’exploitation minière à petite échelle ;
  • Participation autochtone et locale, consentement éclairé et permis social d’exploitation ;
  • Les biens communs, le bien-vivre et le post-extractivisme ;
  • Les risques financiers, environnementaux et de réputation ;
  • Résistance -et résilience- aux différents modes d’extractivisme ;
  • Les temporalités de l’extraction (recyclage, produits jetables, durabilité, etc.) ;
  • La durabilité des entreprises et leur / comme gouvernance ;
  • Les chaînes d’approvisionnement durables et leurs paradoxes ;
  • Extractivisme vert et développement durable ;
  • Anti-consommation, stratégies de décroissance et redistribution de la valeur ;
  • Technologies d’extraction et extractivisme.

Échéances

  • 15 avril 2021 : Date limite de soumission des résumés

    (soumettre les résumés et une brève biographie à l’un des rédacteurs invités et à devpol@graduateinstitute.ch avec pour sujet « extractivism special issue »).
  • Mai 2021 : Notification d’acceptation
  • 1er octobre 2021 : Date limite de remise des premières versions
  • Automne 2021 : Atelier d’auteur, « Les auteurs rencontrent les critiques »
  • Hiver 2021 : Date limite de remise des versions finales
  • Automne 2022 : Publication (volume imprimé par l’éditeur Brill et revue en libre accès).

International Development Policy | Revue internationale de politique de développement (https://journals.openedition.org/poldev/) est une publication de référence en accès libre, expertisée par les pairs, qui encourage la recherche et les débats sur les politiques de ‎développement et la coopération internationale. À l’interface entre les milieux de la recherche, des décideurs et des praticiens, elle publie des contributions originales d’auteurs du Nord et du Sud. Les politiques de développement y sont examinées non seulement du point de vue discursif et stratégique, mais aussi à travers leur mise en œuvre et leur évaluation.

Revue édité à l’Institut de hautes études et du développement, Genève. https://www.graduateinstitute.ch

Éditeurs invités

Références

  •  Acosta, Alberto. 2016. « Post-Growth and Post-Extractivism: Two Sides of the Same Cultural Transformation. » Alternautas Vol. 3 Issue 1: 50.
  •  Alonso-Fradejas, Alberto. 2021. « ‘Leaving no one unscathed’ in sustainability transitions: The life purging agro-extractivism of corporate renewables.” Journal of Rural Studies 81: 127-138.
  •  Arboleda, Martín. 2020. Planetary mine: Territories of extraction under late capitalism. Verso.
  •  Bridge, G. 2010. “Resource geographies I: Making carbon economies, old and new,” Progress in Human Geography 35(6): 820-834.
  •  Dunlap, A. and J. Jakobsen (ed.). 2020. The Violent Technologies of Extraction. Political ecology, critical agrarian studies and the capitalist worldeater. Palgrave Pivot.
  •  Ferry, E., A. Vallard, A. Walsh (ed.) 2019. The Anthropology of Precious Minerals. Toronto: University of Toronto Press.
  •  Krause, Torsten. « Reducing deforestation in Colombia while building peace and pursuing business as usual extractivism?. » Journal of Political Ecology 27, no. 1 (2020): 401-418.
  •  Mezzadra, S. and B. Neilson. 2019. The Politics of Operations: Excavating Contemporary Capitalism. Durham: Duke U. Press
  •  Ødegaard, Cecilie Vindal, and Juan Javier Rivera Andía. Indigenous life projects and extractivism: Ethnographies from South America. Springer Nature, 2019.
  •  Szeman, Imre, and Jennifer Wenzel. « What do we talk about when we talk about extractivism?. » Textual Practice (2021): 1-19.

Argument

Extractive industries are at a critical juncture. The 2000s commodity super cycle led to a marked spatial expansion of extractive frontiers but also a diminishing availability of high-grade ore veins for key minerals with imminent peak production for other resources. The violence and undelivered promises of ‘neo-extractivist’ policies have been met by a growing focus on risk awareness and new corporate policies and practices seeking to enact community-based trust, legitimacy, and environmental justice. If extractive industries represent one of the main forces of dispossession and conflict and a driver of social and environmental damages on land, water, air and biodiversity, they are also of critical importance to a post-carbon and electric-powered future. Critics perceive this global shift towards principles of sustainability and responsibility as paradoxical, fraught, or inconsistent. Industry-led approaches to green extraction, community engagement, and a post-carbon future (see, e.g., Dunlap and Jakobsen 2020) as well as the creative responses of those bearing the brunt of extraction warrant further investigation.

Recent scholarship in anthropology (Ødegaard and Andía 2019, Ferry et al 2019), sociology (Alonso-Fradejas 2021), political ecology and human geography (Bridge 2010, Krause 2020), and development economics (Acosta 2016, Arboleda 2020) has paved the way for a relational and material understanding of natural resources directly implicating the human and social experience of extraction. This has been accompanied by an expanded notion of extractivism that seeks to encompass other value-extracting activities such as financialization or data mining, plantation agriculture and industrial forestry from across disciplines, including critical labor studies and political science (Mezzadra and Neilson 2019). These theoretical developments and expanded conceptions can inform urgent research on how extractivism and extractive industries may partake in the transition to more sustainable, just, and equitable societies. At the same time, research is needed on both the durability of corporate extractivism and the new forms of resistance it engenders.

This special issue takes stock of these transformations by opening a discussion that goes beyond optimistic and pessimistic visions for the future of mining, or the divide between the palliative risk reduction and the potentially oxymoronic solution of sustainable extraction. Reflecting on these debates, and the growing public scrutiny and policy intervention that energy and extractive industries have been subject to, this special issue of International Development Policy mobilizes and brings attention to innovative solutions and creative alternatives to longstanding problems in the extractive sector, from formalization, local community participation, gender inequality, resource management, value transfers and North-South natural wealth distribution. At the same time, the special issue responds to ongoing calls to re-think the notion of “extractivism” (Szeman and Wenzel 2021) by studying the nature of extraction in multiple contexts and through multiple disciplinary lenses, taking heed of the gendered and lived experience of local communities, indigenous peoples, and workers.

Main questions

Contributions will address some of the following questions:

  • Is it possible to conceive a sustainable development project in the extractive sector?
  • Is the move toward responsible extraction accompanied by a new politics of resistance?
  • Can extraction ensure economic development in poverty-stricken contexts and the Global South more broadly?
  • Can extractivism be “moderate” in a way that centers communities and workers to alleviate poverty? Are different modes of extractivism possible within current structures of production and accumulation? Can extraction be decolonized?
  • Are the paradoxes of green extractivism, including the growing reliance on strategic resources such as lithium, cobalt or other rare-earth elements, an inevitable outcome of the energy transition?
  • How to reconcile the strengthening of local communities and environmental justice with new trade agreements, development models, and capital logics that foster continued extraction?
  • How to scale-up and mobilize experiences of resilience, resistance and activism to inform new models and standards of extraction?

Potential themes covered in the Special Issue:

  • Intersections of race and ethnicity, gender, and class in and around sites of extraction;
  • Cooperative models, labor organization, formalization of small-scale mining;
  • Indigenous and local participation, informed consent, and social license to operate;
  • The commons, buen vivir, and post-extractivism;
  • Financial, environmental and reputational risks;
  • Resistance to – and resilience of – different modes of extractivism;
  • Temporalities of extraction (recycling, disposability, sustainability, etc.);
  • Corporate sustainability and/as governance;
  • Sustainable supply chains and their paradoxes;
  • Green extractivism and sustainable development;
  • Anti-consumption, degrowth strategies, and value redistribution;
  • Technologies of extraction and extractivism.

Timeline

  • 15th April 2021: Abstract submission deadline

    (Submit abstracts and a brief bio to one of the guest editors and devpol@graduateinstitute.ch with the subject “extractivism special issue.)
  • May 2021: Notification of acceptance
  • 1 October 2021: First drafts due
  • Fall 2021: Workshop: “Authors meet Critics”
  • Winter 2022: Final drafts due
  • Fall 2022: Publication (print volume by Brill publisher and Open Access journal).

International Development Policy | Revue internationale de politique de développement is an Open-Access, peer-reviewed journal that promotes cutting-edge research and policy debates on global development. Published by the Graduate Institute of International and Development Studies in Geneva, it connects with international policy discussions involving Geneva-based organizations. The journal also organizes conferences and debates between scholars, policymakers and practitioners on key development policy issues, based on the various themes of our articles and special issues.

Guest Editors

References

  •  Acosta, Alberto. 2016. « Post-Growth and Post-Extractivism: Two Sides of the Same Cultural Transformation. » Alternautas Vol. 3 Issue 1: 50.
  •  Alonso-Fradejas, Alberto. 2021. « ‘Leaving no one unscathed’ in sustainability transitions: The life purging agro-extractivism of corporate renewables.” Journal of Rural Studies 81: 127-138.
  •  Arboleda, Martín. 2020. Planetary mine: Territories of extraction under late capitalism. Verso.
  •  Bridge, G. 2010. “Resource geographies I: Making carbon economies, old and new,” Progress in Human Geography 35(6): 820-834.
  •  Dunlap, A. and J. Jakobsen (ed.). 2020. The Violent Technologies of Extraction. Political ecology, critical agrarian studies and the capitalist worldeater. Palgrave Pivot.
  •  Ferry, E., A. Vallard, A. Walsh (ed.) 2019. The Anthropology of Precious Minerals. Toronto: University of Toronto Press.
  •  Krause, Torsten. « Reducing deforestation in Colombia while building peace and pursuing business as usual extractivism?. » Journal of Political Ecology 27, no. 1 (2020): 401-418.
  •  Mezzadra, S. and B. Neilson. 2019. The Politics of Operations: Excavating Contemporary Capitalism. Durham: Duke U. Press
  •  Ødegaard, Cecilie Vindal, and Juan Javier Rivera Andía. Indigenous life projects and extractivism: Ethnographies from South America. Springer Nature, 2019.
  •  Szeman, Imre, and Jennifer Wenzel. « What do we talk about when we talk about extractivism?. » Textual Practice (2021): 1-19.

Lieux

  • Genève, Confédération Suisse

Dates

  • jeudi 15 avril 2021

Mots-clés

  • industries extractives, politiques de développement, développement durable, modèles coopératifs, stratégies de décroissances, extractive industries, sustainable development, degrowth strategies, post-extractivism, cooperative models

Contacts

  • Marie Thorndahl
    courriel : marie [dot] thorndahl [at] graduateinstitute [dot] ch

Source de l'information

  • Marie Thorndahl
    courriel : marie [dot] thorndahl [at] graduateinstitute [dot] ch

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Les vies et les après-vies de l’extraction », Appel à contribution, Calenda, Publié le mercredi 07 avril 2021, https://doi.org/10.58079/16cx

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