AccueilTri migratoire et expériences du blocage : Afrique, Amérique, Europe

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Tri migratoire et expériences du blocage : Afrique, Amérique, Europe

Migration Triage and Experiences of Blocking : Africa, America, Europe

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Publié le jeudi 27 mai 2021

Résumé

À l’échelle mondiale, nombreuses sont les populations migrantes à être stoppées dans leur parcours lors des passages de frontières ou sur les routes et lieux qui se construisent progressivement comme autant de frontières internes aux États. Les processus politiques de contention, dont l’un des dénominateurs communs est la production de situations de blocage, s’inscrivent dans une transformation des logiques de contrôle et de surveillance. Les « effets de frontières » ont en commun de confronter les migrants, comme les demandeurs d’asile, à des formes de blocage, rallongeant ainsi les périodes d’attente, produisant de nouvelles dynamiques sociales, des temporalités et spatialités alternatives où interviennent des acteurs divers.

Annonce

Modalités de participation

Les inscriptions pour le colloque sont maintenant ouvertes 

Argumentaire

À l’échelle mondiale, nombreuses sont les populations migrantes à être stoppées dans leur parcours lors des passages de frontières, ou plus globalement sur les routes qui se construisent progressivement comme autant de frontières internes aux États. Ces processus politiques de contention, dont l’un des dénominateurs communs est la production de situations de blocage, s’inscrivent dans une transformation des logiques de contrôle et de surveillance qui tendent à limiter le passage et à distinguer ceux qui auront un accès et ceux qui se heurteront aux barrières. En dépit d’injonctions internationales fortes, les États disposent d’un espace de négociation de leur politique et dispositifs migratoires, même si celui-ci reste marqué par des logiques de domination et dépendance.

Les « effets de frontières » ont en commun de confronter les migrants, comme les demandeurs d’asile, à des formes de blocage, rallongeant ainsi les périodes d’attente, produisant de nouvelles dynamiques sociales, des temporalités et spatialités alternatives où interviennent des acteurs divers. L’objectif du colloque est d’analyser la diversité des situations migratoires produites par le blocage à différentes échelles en fonction de leur contexte de production. L’ambition est de participer à la construction d’une comparaison entre ces situations par une mise en regard de la construction des politiques migratoires et de leurs effets en Afrique, en Amérique latine et en Europe.

À l’échelle globale, nombreuses sont les populations migrantes à être stoppées dans leur parcours lors des passages de frontières, ou plus globalement sur les routes qui se construisent progressivement comme autant de frontières internes aux États. Ces processus politiques de contention, dont l’un des dénominateurs communs est la production de situations de blocage, s’inscrivent dans une transformation des logiques de contrôle et de surveillance, qui si elles ne peuvent empêcher complètement le passage, tendent à le limiter et à distinguer ceux qui auront un accès et ceux qui se heurteront aux barrières. L’objectif de ce colloque « Tri migratoire » et expériences du blocage : Afrique, Amérique, Europe, est d’analyser la diversité des situations migratoires produites par le blocage à différentes échelles sociales, spatiales et temporelles en fonction de leur contexte de production.

Depuis les années 2000, et davantage encore dans les années 2010, les politiques migratoires de l’Union européenne comme des États-Unis se définissent par un contrôle accru des frontières et des routes migratoires. Cette logique s’est imposée progressivement, selon les contextes nationaux, à des États jusque-là désignés simplement comme espaces de transit (Mexique, Maroc, Niger…), ou comme espace d’accueil pour d’importants mouvements de réfugiés (Jordanie, Liban, Turquie…). D’autres États, dans des positions géopolitiques subordonnées, sont devenus en peu de temps des pays d’accueil suite à des mouvements massifs de personnes expulsées de leurs lieux d’origine par des désastres « naturels », politiques et sociaux.

Dans un cas comme dans l’autre, des convergences apparaissent en matière de politiques de contrôle et de surveillance de ces mouvements. Les logiques d’externalisation des frontières et le processus d’internalisation de ces mêmes frontières à l’intérieur des espaces nationaux, via la multiplication des contrôles, ont été observés. Bien que ces politiques puissent présenter des différences en termes d’actions aux échelles nationales et locales, elles ont en partage de produire des situations migratoires de blocage et l’apparition de nouvelles contraintes s’ajoutant à celles précédemment décrites.

Dans cette perspective, l’ambition du colloque est de participer à la construction d’une comparaison entre ces situations sur trois continents, l’Afrique, l’Amérique et l’Europe par une mise en regard de la construction des politiques migratoires et de leurs effets. En dépit d’injonctions internationales fortes, les États disposent d’un espace de négociation de leur politique et dispositifs migratoires, qui reste cependant marqué par des logiques de domination /dépendance. Sur les trois continents, les « effets de frontières » ont en commun de confronter les migrants, comme les demandeurs d’asile, à des formes de blocage, rallongeant ainsi les périodes d’attente, produisant de nouvelles spatialités, voire empêchant toutes formes de franchissement.

Ces migrants que l’on dit encore parfois « en transit », malgré le caractère devenu impropre du terme, se concentrent dans des camps humanitaires ou de fortune, sont enfermés dans des centres de rétention ou se retrouvent confinés dans les interstices des espaces urbains. Bloqués par les politiques de contention, les personnes en situation de mobilité sont confrontées à des dispositifs institutionnels de mise à l’écart violents. Ces espaces de liminalité, zones frontalières, quartiers précaires, camps, ont fait l’objet de nombreux travaux, portant en particulier sur l’attente, les conditions de vie quotidiennes. Cependant, en fonction des lieux, du type d’espace, s’ajoute à cette mise à l’écart de l’étranger une logique de tri dépendante des catégories de personnes définies sur la base de normes internationales et de leur application dans les systèmes juridiques nationaux (demandeurs d’asile, déplacés internes) ou de critères de vulnérabilité (mineurs isolés, femmes seules avec enfants…).

Ce processus de tri, construit dans l’interaction entre les politiques étatiques et/ou d’organisations régionales, les interventions des organisations internationales et parfois les autorités locales, participent à la construction de ce « long couloir » de l’attente qui concerne toutes les personnes en situation de mobilité et pas uniquement les demandeurs d’asile et produit des situations d’attente juridique et sociale ou de poursuite de la mobilité, au risque de se se retrouver dans des situations d’errance. Cette mise à l’écart peut aussi être accentuée par les dispositifs humanitaires des organisations internationales et/ou de la société civile, qui interviennent dans ces différents espaces (quartiers, camps, ghettos, centres de rétention…) généralement au nom de la vulnérabilité des personnes. Cette notion de vulnérabilité, dont l’usage est transversal à l’ensemble des acteurs, présente des sens différents selon qui l’énonce et dans quel contexte.

Chacun des acteurs en présence obéit à ses propres logiques politiques, bureaucratiques et opérationnelles, y compris dans la définition même de la vulnérabilité, et partant de qui peut accéder à l’aide ou non, de qui peut accéder à tel type de droit ou non. Comment se construisent les interactions entre les acteurs de cette mise à l’écart des personnes en situation de mobilité ? Comment le « tri migratoire » participe de cette mise à l’écart, et comment cette dernière est devenue aujourd’hui une composante du filtrage ? Il s’agit lors de ces journées d’interroger ces processus au regard des expériences individuelles et collectives contextualisées, en portant attention à des expressions concrètes, situées et historicisées du lien entre politiques locales, nationales ou suprarégionales et leurs effets sur les situations des populations en mobilité.

Programme

Mardi 22 juin

9h : Ouverture du colloque

9h30 à 13h – Conférences d’ouverture et débat

  • Harouna Mounkaila (GERMES,U. Niamey, Niger), Le désir de mobilité face au blocage et à la sélection migratoire au Sahel
  • Tanya Golash-Boza (U. Californie, La Merced), Past, Present, and Future of Migration to the United States : A Human Rights Perspective
  • Virginie Guiraudon (Sciences Po Paris), Les effets de 30 ans de la politique européenne des frontières de « contrôle à distance » sur les dynamiques migratoires
  • Jocelyne Streiff-Fénart (CNRS- URMIS) : Modération-débat

14h30 à 17h45 – Table-ronde n°1 : Des « vulnérabilités » : catégorisation, limites et contournements

  • Pascaline Chappart (U. Bergen, Norvège) et Dolores Paris (Colef, Tijuana, Mexique), La « vulnérabilité » dans l’économie morale et politique du passage des frontières : l’exemple du Niger et du Mexique
  • Sadio Soukouna (IRD, Développement et Sociétés), Les politiques d’asile à l’épreuve des grèves de réfugiés au Burkina Faso
  • Pinar Selek (U. Nice Côte d’Azur- URMIS), Les quêteuses d’asile dans les Alpes-Maritimes : violences et résistances
  • Jeremy Slack (U. Texas, El Paso), Deported to Death : Border violence and anti-asylum policies
  • Guillermo Acuña (UNA, Costa Rica), El rumor de la sospecha : desubjetivación de un sujeto histórico. las movilidades humanas nicaraguenses en Costa Rica en contextos de excepcionalidad
  • Swanie Potot (CNRS URMIS Nice) : Synthèse et animation débat

18H30 : Inauguration exposition Eufemia-Utopia en partenariat avec le laboratoire de sociologie visuelle de l’université de Gênes et pot de bienvenue

Mercredi 23 juin

9h30 à 12h45 – Table-ronde n°2 : Expériences bureaucratiques et errances administratives

  • Carolina Kobelinsky (CNRS- LESC) et Filippo Furri (U. Montréal), Une bureaucratie pour les morts en Méditerranée
  • Simone Di Cecco (URMIS), L’accoglienza des personnes demandeuses d’asile en Italie, entre logistique et appropriation (2016−2019)
  • Valentina Napolitano (IFPO, Amman), La politique d’accueil des Syriens en Jordanie : production des statuts et des frontières internes
  • Nadia Khrouz (U. Mohammed V, Rabat /Movida/LPED), Maroc : politique, bureaucratie et sens commun dans la détermination du « migrant désirable » ou « indésirable”
  • Françoise Lestage (U. Paris- URMIS) : Synthèse et animation-débat

14h30 à 17h45 – Table-ronde n°3 : Visibilité et invisibilité dans des situations urbaines de marginalité

  • Laurent Faret (U. Paris- CESSMA/CIESAS Mexico), (Im)mobilités, invisibilité et agentivité sous contraintes : migrants “en transit” à Mexico
  • Bachirou Ayouba Tinni (GERMES, UAM, Niger) et Florence Boyer (IRD-URMIS- GERMES), L’accueil des étrangers à Agadez : d’une économie du transit à une politique de l’humanitaire
  • Bénédicte Michalon (CNRS- Passages), La campagne comme enjeu politique. (Faire) accepter la dispersion des exilés
  • Daniela Trucco (Ecole Française de Rome), La solidarité aux personnes « illégalisées » et leur sur/in-visibilité dans l’espace urbain de Vintimille
  • Cenk Saraçoglu (Ankara Univ., Turkey) et Danièle Bélanger (Laval University, Canada), Mob Violence in the Neighborhood : Disciplining Syrian Refugees in the Turkish Cities
  • Amandine Spire (U. Paris- CESSMA) : synthèse et animation-débat

18H15-20H30 : projection de documentaires et débat

Jeudi 24 juin

10h à 13h – Table-ronde n°4 : Dialogue multi-acteurs autour d’une situation de frontière originale : les Alpes-Maritimes

    Avec la participation de :

  • Toutes aux frontières, CAFFI, SOMICO, Keysha Nia (Italie), ALC, un responsable politique local.
  • Co-animation : Dolores Paris (Colef, Mexique) et Daniela Trucco (Ecole Française de Rome)

13h – Clôture du colloque

Lieux

  • Nice, France (06)

Dates

  • mardi 22 juin 2021
  • mercredi 23 juin 2021
  • jeudi 24 juin 2021

Fichiers attachés

Mots-clés

  • migration, blocage, frontière, politique migratoire, immobilité, Europe, Afrique, Amérique latine

Source de l'information

  • Laurent Faret
    courriel : Colloque [dot] TriMigBloc [at] gmail [dot] com

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Tri migratoire et expériences du blocage : Afrique, Amérique, Europe », Colloque, Calenda, Publié le jeudi 27 mai 2021, https://doi.org/10.58079/16om

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