Página inicialDu champ à l’assiette : étapes et acteurs intermédiaires des circuits alimentaires dans les Nords et dans les Suds

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Du champ à l’assiette : étapes et acteurs intermédiaires des circuits alimentaires dans les Nords et dans les Suds

From Field to Plate: Intermediary Stages and Actors of Food Systems in the Norths and Souths

Revue EchoGéo

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Publicado segunda, 05 de julho de 2021

Resumo

L’attention s’est beaucoup portée ces dernières années sur le rôle que jouent des circuits courts. Le rôle et les stratégies des acteurs intermédiaires sont peu pris en compte dans la réflexion sur la durabilité alimentaire. Ils représentent pourtant la majeure partie des pratiques d’achat des consommateurs et jouent un rôle important dans les transitions alimentaires que connaissent les sociétés et les territoires, dans les Nords comme dans les Suds – quand ils ne la portent pas presque exclusivement, comme par exemple en Amérique latine. L’appel à article de la revue EchoGéo vise à s'interroger sur le rôle des acteurs intermédiaires (grande distribution, plateformes numériques de livraison, grossistes, détaillants et livreurs indépendants) formels aussi bien qu’informels, leurs capacités à contribuer à la durabilité des systèmes alimentaires, leurs effets spatiaux et sociaux. Si certaines initiatives ont été mises en lumière, elles le sont rarement par une approche spatiale et multiscalaire.

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Argumentaire

L’attention s’est beaucoup portée ces dernières années, et d’autant plus avec la crise sanitaire, sur le rôle que jouent les circuits de proximité dans la durabilité des systèmes alimentaires (Maréchal, 2008 ; Deverre et Lamine, 2010 ; Chiffoleau, 2019).

Cependant, on s’interroge assez peu sur le rôle et les stratégies des acteurs intermédiaires (grande distribution, plateformes numériques de livraison, grossistes, détaillants et livreurs indépendants) dans la construction de ces systèmes (Baritaux et al., 2016). Ils sont peu pris en compte dans la réflexion sur la durabilité alimentaire (Praly et al., 2014) par méconnaissance ou par défiance (Lepiller et Yount-André, 2019) et dans le cas des acteurs intermédiaires indépendants (grossistes, détaillants et livreurs), ils semblent mal appréhendés par les acteurs publics (Baritaux et Billion, 2018). Quant à la grande distribution, elle est considérée comme partie prenante du système agro-alimentaire industriel dominant (Deverre et Lamine, 2010 ; Gottlieb et Joshi, 2010).

Ils représentent pourtant la majeure partie des pratiques d’achat des consommateurs (France Agrimer, 2018). Ils ont permis en 2020 un approvisionnement constant des consommateurs en produits frais alors que certains déserts alimentaires se sont montrés plus flagrants encore (Ghosh-Dastidar et al. 2017). Ces acteurs jouent un rôle important dans les transitions alimentaires que connaissent les sociétés et les territoires, dans les Nords comme dans les Suds, quand ils ne la portent pas presque exclusivement comme par exemple en Amérique latine. Ce sont aussi parfois les seuls pourvoyeurs d’une offre en produits frais dans certains espaces urbains, ce qui a été montré aux États-Unis (Gottlieb et Joshi, 2010). Ces acteurs mettent aussi en place des initiatives pour renouer avec le local et une logique de marketing basée sur la proximité. Du côté de la grande distribution, on a vu le développement de drives, de marques locales et l’implantation de supermarchés dans les centres-villes. Du côté des indépendants, on a constaté le développement de carreaux de proximité, de la logistique du dernier kilomètre, de marques locales valorisant l’approvisionnement en marché de gros (rôle de la Fédération des Marchés de Gros), etc. Si certaines de ces initiatives ont été mises en lumière (Soula et al., 2020), elles le sont rarement par une approche spatiale et multiscalaire.

Cet appel à articles vise à proposer un dossier thématique qui s’interrogera sur le rôle des acteurs intermédiaires (grande distribution, plateformes numériques de livraison, grossistes, détaillants et livreurs indépendants) formels aussi bien qu’informels, leurs capacités à contribuer à la durabilité des systèmes alimentaires, leurs effets spatiaux et sociaux. Les contributions peuvent porter sur les Nords ou sur les Suds, afin de saisir des convergences et des spécificités, mettant en perspective la manière dont ces acteurs intermédiaires participent aux transitions alimentaires récentes ou en cours.

Les propositions d’article pourront s’inscrire dans un ou plusieurs des trois axes thématiques suivants :

Les stratégies des acteurs intermédiaires dans la relocalisation et la territorialisation des systèmes alimentaires et leurs conséquences spatiales

Ce premier axe de recherche aura pour objectif d’interroger la manière dont les acteurs intermédiaires participent aux transitions alimentaires et d’en analyser les conséquences sociales et spatiales à toutes les échelles. Il s’agira notamment d’interroger le rôle des acteurs intermédiaires dans l’amélioration de l'accès à une alimentation plus juste. En France et en Amérique du Nord, la grande distribution est remise en cause dans sa capacité à permettre aux consommateurs d’avoir une alimentation durable (Gottlieb et Joshi, 2010 ; Paturel et Ramel, 2017). Les grossistes indépendants et les marchés de gros sont au contraire mobilisés par quelques dispositifs pour permettre à des populations précaires d’accéder à des produits frais (Paturel et Ramel, 2017). Les stratégies de ces acteurs vont-elles en direction d’une relocalisation et de la création de proximité ? Quelles sont les conséquences spatiales de ces stratégies sur les différents les maillons du système alimentaire ? Ces stratégies contribuent-elles parfois à exclure certains territoires voire à créer de nouvelles inégalités ? Comment les acteurs de l’intermédiaire mobilisent-ils et interrogent-ils les échelles, du local au global ? Les contributions pourront faire un éclairage depuis d’autres aires géographiques que celles précédemment citées, pour enrichir les analyses et le débat.

De la ville à la campagne, une logistique alimentaire différenciée dans ses acteurs et ses pratiques

Les acteurs de la logistique alimentaire se déploient de manière non uniforme selon les territoires que l’on évoque. Certains opèrent majoritairement dans les centres urbains et métropolitains, mais sont absents des villes petites et moyennes ou des espaces ruraux, qui comptent avec la présence d’autres opérateurs logistiques, qui sont moins présents en ville. Les contributions analysant les politiques des grands acteurs internationaux du transport et de la logistique alimentaire (les plateformes numériques, la grande distribution, les prestataires logistiques) ainsi que les stratégies de plus petits acteurs qui opèrent à vélo, en triporteur, en utilitaire et qui agissent en sous-traitance en début ou fin de chaîne de distribution, notamment dans le contexte du développement du e-commerce (Mareï, 2016) seront les bienvenues. On pourra s’interroger sur leur répartition spatiale et sur les conséquences en matière d’organisation logistique selon les territoires donnés. On pourra également mettre en lumière les logiques informelles ou précaires qui sous-tendent les logistiques alimentaires (du statut précaire des livreurs des plateformes numériques dans les centres métropolitains à celui des transporteurs dans les plateformes hors de la ville telles que le MIN de Rungis).

Des conflits d’échelles spatio-temporelles entre politiques publiques et stratégies des acteurs intermédiaires

Des travaux récents ont montré en France que les acteurs intermédiaires, notamment indépendants, sont peu mobilisés dans les politiques de gouvernance alimentaire (Baritaux et Billion, 2018). En effet, on observe une tension entre les échelles spatiales et temporelles des politiques publiques et celles des acteurs intermédiaires. L’échelle du territoire administratif du politique semble a priori peu prendre en compte des acteurs intermédiaires qui interviennent du local au global. La notion de durabilité sous-entend une logique de long terme « pour les générations futures » et les politiques se construisent et se négocient sur du long terme (par exemple la Politique Agricole Commune), alors que les acteurs intermédiaires, notamment dans la logistique alimentaire, sont de plus en plus dans une logique d’immédiateté et de flux tendu. Ces tensions interrogent la possibilité d’intégrer ces acteurs dans les politiques à partir de dimensions spatiales et temporelles qui semblent mal s’articuler. Les propositions pourront analyser comment sont pris en compte, et sous quelles modalités, les acteurs intermédiaires dans les politiques alimentaires territorialisées (PAT, PLU, foncier, etc.) et agricoles (type PAC), mais également les stratégies des acteurs intermédiaires vis-à-vis des politiques publiques dans une approche de confrontation des échelles spatio-temporelles des acteurs.

Les contributions devront s’appuyer sur des recherches empiriques, qu’il s’agisse d’études de cas centrées sur un terrain particulier ou d’analyses comparatives.

Modalités de contribution

Les articles de ce dossier, rédigés en français, en anglais ou en espagnol, comporteront entre 35 000 à 40 000 signes (plus les illustrations). Merci de vous reporter aux recommandations aux auteurs pour les normes de présentation du texte, de la bibliographie, des résumés et des illustrations, comme indiqué dans les normes éditoriales.

Les textes peuvent aussi être soumis sur ce même sujet mais pour d’autres rubriques trimestrielles : Sur le Métier, Sur l’Image, Sur l’Écrit. Ils doivent alors se conformer aux attentes de chacune d’elles, comme indiqué dans la ligne éditoriale. Ainsi, les éditeurs de la rubrique Sur l’Image attendent des textes qui proposent une réflexion sur le statut de l’image dans la recherche et/ou l’écriture géographique.

Les textes devront être envoyés avant le 15 novembre 2021

à Cécile Faliès (cecile.falies@univ-paris1.fr) et à Magali Hulot (magali.hulot@parisnanterre.fr), coordonnatrices du dossier, avec copie à Karine Delaunay (EchoGeo@univ-paris1.fr), secrétaire éditoriale, qui les transmettra aux évaluateur/rice.s. Le dossier sera publié dans le no 60 (avril-juin 2022).

Consultez la procédure d'évaluation des articles soumis.

Coordination du dossier

  • Cécile Faliès, maîtresse de conférences à l’Université de Paris Panthéon-Sorbonne, membre de l’UMR PRODIG
  • Magali Hulot, doctorante à l’Université de Paris-Nanterre et rattachée au laboratoire LAVUE

Références citées

Baritaux V., Billion C., 2018. Rôle et place des détaillants et grossistes indépendants dans la relocalisation des systèmes alimentaires : perspectives de recherche. Revue de l’organisation responsable, vol. 13, n° 1, p. 17‑28.

Baritaux V., Billion C., 2016. Les intermédiaires de la distribution dans la relocalisation des systèmes alimentaires : perspectives de recherche. RIODD 2016, Saint-Étienne. URL: https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-01349971/document

Chiffoleau Y., 2019. Les circuits courts alimentaires. Érès.

Deverre C., Lamine C., 2010. LU Les systèmes agroalimentaires alternatifs. Une revue de travaux anglophones en sciences sociales. Économie rurale. Agricultures, alimentations, territoires [En ligne], no 317, p. 57‑73. DOI: https://doi.org/10.4000/economierurale.2676

France Agrimer, 2018. Évolution des dépenses alimentaires des ménages dans les circuits de distribution de 2008 à 2017. France Agrimer.

Ghosh-Dastidar M., et al., 2017. Does opening a supermarket in a food desert change the food environment? Health Place, n° 46, p. 249-256.

Gottlieb R., Joshi A., 2010. Food Justice. MIT Press. The MIT Press.

Lepiller O., Chelsie Y.-A., 2019. La politisation de l’alimentation ordinaire par le marché. Revue des sciences sociales [En ligne], n° 61. URL: http://journals.openedition.org/revss/3901 - DOI: https://doi.org/10.4000/revss.3901

Mareï N., Aguiléra A., Belton-Chevallier L., et al., 2016. Pratiques et lieux du e-commerce alimentaire. Netcom [En ligne], vol. 30, n° 1/2, p. 119-138. URL: http://journals.openedition.org/netcom/2349 - DOI: https://doi.org/10.4000/netcom.2349

Maréchal G., 2008. Les circuits courts alimentaires. Éducagri éditions.

Paturel D., Ramel, M., 2017. Éthique du care et démocratie alimentaire : les enjeux du droit à une alimentation durable. Revue francaise d’ethique appliquée, n° 4, p. 49‑60.

Praly C., Chazoule C., Delfosse C., Mundler P., 2014. Les circuits de proximité, cadre d’analyse de la relocalisation des circuits alimentaires. Géographie, économie, société, vol. 16, n° 4, p. 455‑78.

Raimond C., Faliès C., Proust A., Tallet B., à paraître. La transition alimentaire, un modèle unique ?, Développement, changements globaux et dynamique des territoires. Théories, approches et perspectives de recherche. Éditions ISTE.

Soula A., Yount-André C., Lepiller O., Bricas N., 2020. Manger en ville. Regards socio-anthropologiques d'Afrique, d'Amérique latine et d'Asie. Versailles, Éd. Quae, 175 p.


Datas

  • segunda, 15 de novembro de 2021

Palavras-chave

  • circuit alimentaire, transition alimentaire, intermédiaire, ville-campagne, politique publique

Contactos

  • Cécile Faliès
    courriel : cecile [dot] falies [at] univ-paris1 [dot] fr
  • Hulot Magali
    courriel : magali [dot] hulot [at] parisnanterre [dot] fr

Urls de referência

Fonte da informação

  • Karine Delaunay
    courriel : karine [dot] delaunay [at] ird [dot] fr

Licença

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Para citar este anúncio

« Du champ à l’assiette : étapes et acteurs intermédiaires des circuits alimentaires dans les Nords et dans les Suds », Chamada de trabalhos, Calenda, Publicado segunda, 05 de julho de 2021, https://doi.org/10.58079/16xa

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