AccueilDes critiques du sport. Controverses interdisciplinaires

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Des critiques du sport. Controverses interdisciplinaires

Sports criticism. Interdisciplinary controversies

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Publié le jeudi 15 juillet 2021

Résumé

Dès ses balbutiements dans l’Angleterre de la fin du XVIIIe et du XIXe siècles, le sport a essuyé des critiques vivaces : ses aspects éducatifs sont contestés, ses excès sont discutés, son élitisme est mis au ban, la compétition est vilipendée. Les mouvements raisonnés et collectifs lui sont longtemps préférés dans l’Europe continentale. Pour autant, les tenants du sport insistent sur le fair-play, l’esprit d’équipe, la perfectibilité, le sens de l‘effort, inhérents à une pratique sportive régulière. Aujourd’hui si les critiques du sport demeurent présentes, elles restent quelque peu marginales et marginalisées. L’objet de ce colloque international est de faire un état de travaux universitaires sur les critiques du sport dans une optique pluridisciplinaire selon les savoirs des sciences humaines et sociales et ceux des sciences biomédicales.

Annonce

Présentation

Dès ses balbutiements dans l’Angleterre de la fin du 18e et du 19e siècles, le sport a essuyé des critiques vivaces : ses aspects éducatifs sont contestés, ses excès sont discutés, son élitisme est mis au ban, la compétition est vilipendée. Les mouvements raisonnés et collectifs lui sont longtemps préférés dans l’Europe continentale. Pour autant, les tenants du sport insistent sur le fair-play, l’esprit d’équipe, la perfectibilité, le sens de l‘effort, inhérents à une pratique sportive régulière. D’abord dans un cadre associatif, puis au plus haut niveau de l’Etat, mais aussi dans les entreprises, en défendant un culte de la performance ou une logique de dépassement personnel.

Le monde académique, notamment dans le domaine de la médecine ou plus tardivement des sciences humaines sociales, offre un panel de productions scientifiques diversifiées pour asseoir des critiques du sport plus ou moins virulentes : le sport par essence excessif doit être réservé à une élite corporelle aux dires de la plupart des médecins de l’entre-deux guerres ; l’institution sportive est une organisation bourgeoise de domination et un opium du peuple, selon la critique radicale du sport à la fin du 20e siècle ; la spécialisation précoce est une aberration pour le corps des enfants mis à mal par une emprise des entraîneurs, ajoutent de nombreux psychologues du sport à la même époque…

Défendu de manière consensuelle par des instances politiques et économiques, le sport se développe pourtant de manière massive : il s’organise au niveau institutionnel, il est défendu comme outil d’éducation, les entreprises l’intègrent...

Aujourd’hui si les critiques du sport demeurent présentes, elles restent quelque peu marginales et marginalisées. L’objet du colloque international « Des critiques du sport. Controverses interdisciplinaires » est de faire un état de travaux universitaires sur les critiques du sport dans une optique pluridisciplinaire selon les savoirs des sciences humaines et sociales et ceux des sciences biomédicales. 

Controverses sémantiques

Caractériser le sport reste l’objet de débat passionné. Dans une optique socio-historique, de nombreux auteurs l’associent à une pratique physique institutionnalisée née avec la « modernité » défendant la compétition et la perfectibilité du corps dans une optique individuelle et/ou collective. La diversification des usages linguistiques, des significations, et des pratiques sportives a élargi la perspective en reliant les pratiques aux sens donnés par des acteurs. Sport loisir, sport hors institution, sport éducatif, sport santé, etc. : ces expressions combinées créent et entretiennent cependant des confusions ; le sport devient une notion fourre-tout et flottante.

Les usages linguistiques du mot sport sont alors à questionner à nouveau. Qu’elles soient critiques ou apologétiques, les perspectives fonctionnalistes mettant en avant la compétition, la performance, le dépassement, l’effort, semblent restrictives. Les orientations structuralistes différenciant sports compétitifs et jeux sportifs, butent cependant sur des impasses face à de nombreux cas atypiques. Les études du genre focalisent le regard sur un ordre masculin et patriarcal inhérent au sport. Les perspectives éthiques semblent être une voie intéressante en insistant sur le fair-play comme élément majeur de caractérisation dans une dynamique systémique. Des approches à caractère psychologiques paraissent intéressantes en insistant sur les composantes émotionnelles et langagières du sport propres à la nature humaine.

L’émiettement du phénomène sportif conduit aujourd’hui à des difficultés sémantiques importantes pour caractériser pratiques et discours. D’ailleurs dans une société où triomphe l’individualisme, les acteurs animés d’intérêts multiples et flottants semblent produire des significations sportives très particulières, contribuant à brouiller les catégories profanes et savantes…

Ces controverses notionnelles, voire conceptuelles, semblent cependant indispensables pour étayer une analyse critique de réalités s’affichant comme sportives. Dans cette perspective, les visions les plus radicales peuvent y déceler des excès « intrinsèques » : tricherie, corruption, dopage, violences… Ces faits ne sont pas alors à analyser dans une causalité sociétale, mais restent à expliquer au niveau du sujet dans son rapport aux réalités supposées sportives. 

Controverses socio-institutionnelles

Dans la littérature scientifique, les critiques du sport restent le plus souvent centrées sur les logiques des institutions qui l’organisent. Le monde fédéral du sport a généré une structure à part entière et entièrement à part. Son apolitisme de façade est discuté, son exception juridique pose question, l’omerta est vilipendée, les logiques sexistes sont dénoncées, les logiques de domination sociale, voire raciale, sont mises en avant. En sciences de gestion, le management des organisations sportives laisse entrevoir différentes formes d’hybridations et de spécificités, propices à un fonctionnement en marge du droit commun. Dans l’école, le rôle du sport est également discuté, opposant semble-t-il aujourd’hui différentes perspectives : éducation, santé, culture…

Les institutions sportives semblent générer des dérives dues à leur phagocytage par un système néolibéral omniprésent. Un détour socio-historique montre que le professionnalisme est très vite décrié face à la pureté certes illusoire des pratiques amateurs. L’arrivée massive des médias et du cortège d’annonceurs semble alors salir le sport : la quête financière effrénée aurait alors contribué à générer des profits « frauduleux ». Les logiques socioéconomiques sont alors prépondérantes : les organisations se professionnalisent, les outils de gestion des entreprises intègrent toutes les strates du système sportif. La croissance économique du sport serait à la base d’une exploitation des travailleurs sportifs, poussés au dopage par des calendriers toujours plus fournis. Pour des raisons économiques, le système sportif fermerait les yeux sur des pratiques déviantes (les violences sexuelles notamment…).

Les critiques socio-institutionnelles du sport, plus ou moins euphémisées et claironnées, sont ainsi dominantes dans la littérature des sciences humaines et sociales. Le sport est alors pris en étau entre des institutions corrompues et des acteurs pervertis. Il est en quelque sorte victime d’une société libérale et individualiste qu’il contribue pourtant à reproduire.

Controverses biomédicales

Dès sa longue émergence à la fin du 18e et au 19e siècles, le sport a été l’objet de débats animés dans le monde médical. L’effort intense produit met en question la santé du sujet. Ainsi les questions de dosage de l’exercice physique sont toujours au cœur de la réflexion biomédicale. Actuellement le « sport santé » est l’objet de débat sur les formes de pratique physique à prescrire : la médecine du sport semble privilégier une pratique régulière, raisonnable et raisonnée à systématiser selon différentes cycles (quotidien, hebdomadaire, saisonnier, …). L’activité physique modérée est alors à privilégier plus qu’un sport trop intensif et difficile à réguler. Ces logiques biomédicales semblent s’immiscer actuellement dans le milieu scolaire lors de critiques des comportements sédentaires et d’une diminution avérée des qualités physiques des élèves.

Par ailleurs les théories de l’entraînement sportif veillent à identifier, pour chaque catégorie de sujets, les conditions optimales pour obtenir le meilleur résultat pour les sportifs, pour les patients, pour les élèves. L’idée est bien d’identifier les meilleures intensités, durées, fréquences d’exercice physique dans une optique de performance, de récupération optimisée, de limitation de la fatigue, de préservation du corps face aux blessures. Les modalités de la préparation physique, en salle ou en situation, sont également discutées. Les débats sont vifs entre chercheurs et entraîneurs pour obtenir des résultats, des médailles, des guérisons... Chaque discipline sportive, chaque type d’effort, chaque condition de pratique sont alors autant de champs de controverses propices à des critiques internes et animées. Les débats alimentent alors la recherche pour optimiser le fonctionnement du sujet. Que dire de situations où tout le monde s’accorde pour condamner le dopage mais où ses méthodes et ses cibles sont de plus en plus sophistiquées et diversifiées ? Les critiques biomédicales dans le sport sont alors omniprésentes pour déterminer la conduite à tenir dans une optique de santé ou de performance.

Au final, le projet de colloque international « Des critiques du sport. Controverses interdisciplinaires. » vise à réunir des chercheurs de différents horizons, de différentes nationalités, de différentes orientations scientifiques, afin de débattre sur les critiques du sport et leurs places dans les recherches scientifiques sur les activités physiques et sportives. Cette posture distanciée devrait permettre alors de dépasser les visions lisses et consensuelles du sport, trop souvent défendues dans les idéologies et le sens commun.

Pré-programme

4 novembre 2021

9h30 : Accueil et présentation

  • Michel Deneken, Président Unistra,
  • Fabrice Favret, Doyen F3S,
  • Jeanne Barseghian, Maire de Strasbourg,
  • Pia Imbs, Présidente de l’Eurométropole de Strasbourg,
  • Gilles Vieille Marchiset, Directeur du laboratoire E3S-Sport et sciences sociales,
  • Bernard Michon, Professeur émérite.

10h30 : Controverse 1 - Spécialisation sportive et développement de l’enfant

Modération : Gilles Vieille Marchiset – Stéphane Dufour

  • Pascale Duché, physiologiste, Professeure des Universités, Université de Toulon.
  • Boris Jidovtseff, psychologue, Professeur, Université de Liège, Belgique  
  • Sandrine Isoard-Gautheur, psychologue, Maîtresse de conférences HDR, Université de Grenoble
  • Christophe Jaccoud, sociologue, Professeur associé, Université de Neuchâtel, Suisse

14h30 : Controverse 2 - Dopage, addictions et performance sportive

Modération : Thomas HureauOlivier AubelDominique D’Ambra

  • Jean-Pierre De Montdenard, médecin du sport, Paris, France
  • Fabienne D’Arripe Longueville, psychologue, Professeure des Universités, Université de Nice-Côte-d’Azur
  • Guillaume Millet, physiologiste, Professeur des universités, Univ. Saint Etienne, IUF.
  • Nicolas Moreau, sociologue, Professeur titulaire, Université d’Ottawa, Canada

18h30 : Soirée-débat (Salle Aubette)

Animation : Guillaume Erckert, DNA

« Sport en débats : accessibilité, inégalités, performance pour toutes et tous »

  • Catherine Louveau, PRe, Université Paris-Saclay,
  • Jean Sibilia, PU-PH, Université de Strasbourg,
  • Owusu Tufuor et Christelle Wieder, Ville de Strasbourg,
  • Laurence Fischer, Ambassadrice pour le sport, Quai d’Orsay,
  • Gilles Erb, Président FFTT,
  • Stanislas Frossard, Secrétaire exécutif du Conseil de l’Europe (sous réserve).  

5 novembre 2021

9h : Controverse 3 - Santé et activité physique

Modération : Allan Pagano-Gilles Vieille Marchiset

  • Jacques Defrance, sociologue, Professeur émérite, Université de Paris-Nanterre
  • Jehan Lecoq, médecin, Praticien Hospitalier, Strasbourg  
  • Martine Duclos, médecin, PU-PH, Clermont, France 
  • Jean-Paul Génolini, psychologue social, Maitre de conférences, Toulouse III

13h30 : Controverse 4 - Ethique sportive et valeurs

Modération : Bernard Michon-Fabrice Favret

  • Jean-Marie Brohm, sociologue et philosophe, Professeur émérite, Université de Montpellier, France  
  • Xavier Bigard, médecin, Directeur médical, Union Cycliste Internationale, Aigle, Suisse
  • Günter Gebauer, philosophe et sociologue, Professeur émérite, Université libre de Berlin
  • Florence Benoît-Rohmer, juriste, spécialiste des droits humains, Professeure, Université de Strasbourg

16h : Fin du colloque

Posters

Tout au long du colloque, les travaux des doctorants en sciences du sport de l’Université de Strasbourg seront exposés et présentés lors des pauses.

Inscription obligatoire

https://forms.gle/EG2dwzgXPmNMj7Zm7

Catégories

Lieux

  • Amphithéâtre ATHENA - Campus esplanade, Rue Descartes
    Strasbourg, France (67)

Dates

  • jeudi 04 novembre 2021
  • vendredi 05 novembre 2021

Mots-clés

  • sport, critique, controverse

Contacts

  • Gilles Vieille Marchiset
    courriel : vieillemarchiset [at] unistra [dot] fr

Source de l'information

  • Gilles Vieille Marchiset
    courriel : vieillemarchiset [at] unistra [dot] fr

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Des critiques du sport. Controverses interdisciplinaires », Colloque, Calenda, Publié le jeudi 15 juillet 2021, https://doi.org/10.58079/16zq

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