AccueilDes « communautés nouvelles » dans le catholicisme contemporain : innovations, réinventions, ruptures et régulation

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Des « communautés nouvelles » dans le catholicisme contemporain : innovations, réinventions, ruptures et régulation

New ecclesial movements and/or « communautés nouvelles » in Contemporary Catholicism: Innovations, Reinventions, Discontinuities and Regulation

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Publié le vendredi 17 septembre 2021

Résumé

Des communautés dites « nouvelles » occupent aujourd’hui une position centrale au sein du catholicisme dans de nombreux pays. L’objectif de ce colloque est d’interroger à frais nouveau cet objet, par les outils de l’histoire, la sociologie, l’anthropologie ou des sciences politiques, sans restriction d’aire géographique. Les contributions pourront aborder la définition de la catégorie en elle-même, les modalités d’appartenance à l’Église construites et promues par ces communautés, ainsi que leurs relations et leur impact sur le catholicisme « ordinaire ». La question de leur régulation (notamment à travers la thématique des abus) sera également abordée.

Annonce

Colloque international organisé par l’Institut RSCS (UCLouvain) et le CéSor (EHESS) du 7 au 9 septembre 2022 à Louvain-la-Neuve, Belgique

Présentation

La catégorie de « communauté nouvelle », popularisée au sein du catholicisme francophone à partir de la seconde moitié années 1960 et le début des années 1970 (Paiement, 1971), a rapidement été reprise par le monde académique (Beaulieu, 1974) pour désigner un ensemble hétérogène de groupements de fidèles, plus ou moins protestataires (Séguy, 1979) vis-à-vis des structures sociales et ecclésiales établies, fondés à la suite du concile Vatican II (1962-1965). Si nombre de ces expériences communautaires utopiques ont progressivement périclité (Lebel, 2015), certaines se sont développées jusqu’à occuper aujourd’hui une position centrale dans le paysage catholique (Sant’Egidio, Chemin Néocatéchuménal, Communauté de l’Emmanuel, Communauté du Chemin-Neuf etc.). D’un point de vue historiographique, ces communautés nouvelles sont majoritairement considérées comme des fers de lance des orientations théologiques et pastorales engagées sous le pontificat de Jean-Paul II (1978-2005) (Dumons, Gugelot, 2017), contribuant à partir des années 1980 à un « retour des certitudes » (Ladrière, Luneau, 1987). Elles incarnent en cela, une rupture avec la politisation de gauche de la génération précédente (Pelletier, Schlegel, 2013). De leur côté, sociologues, anthropologues et politistes ont souligné le rôle important tenu par des communautés nouvelles dans les mutations récentes de plusieurs domaines de la vie ecclésiale : le tissu paroissial (Herbinet, 2021), les modes de sociabilité (Hervieu-Léger, 2019), la militance (Balas, 2012) et la politisation (Béraud, Portier, 2015) etc. À l’intérieur de cette vaste catégorie, les groupements affiliés au courant dit du « Renouveau charismatique catholique » ont reçu une attention particulière de la part des chercheurs. Des travaux, principalement sociologiques et anthropologiques, se sont attelés depuis les origines à analyser leurs pratiques (Parasie, 2005), leurs rapports avec l’institution ecclésiale (Cohen, 1986) et la société (Pina, 2001) ou encore leurs homologues protestants (Aubourg, 2020).

Cependant, en dehors de l’ouvrage de synthèse de l’historien Olivier Landron (2004), nous disposons, en terrain francophone, de peu de travaux systématiques prenant cette catégorie comme objet d’étude à part entière. Du côté anglophone, et hormis les travaux novateurs de l’historienne Valentina Ciciliot sur le courant charismatique (2019, 2020, 2021), le constat est relativement similaire (Faggioli, 2014, 2016). En Italie, si des mouvements ont fait l’objet d’analyses (Abbruzzese, 1989), les seuls travaux de synthèse disponibles relèvent majoritairement d’approches théologiques et/ou internalistes (Rocca, 2010 ; Fusco, Rocca, 2010 ; Fusco, Rocca, Vita, 2015). L’objet ce colloque sera donc de proposer de nouvelles perspectives d’analyses (en histoire, sociologie, anthropologie et sciences politiques) des communautés nouvelles, ici comprises en un sens large, sans restriction d’aire géographique. Les réflexions s’articuleront autour des axes suivants :

  1. Les « communautés nouvelles », une catégorie problématique. Comme nous l’avons précisé plus haut, cette expression, utilisée en contexte francophone, est largement marquée par le contexte socio-historique des années 1968. Dans de nombreuses autres configurations nationales catholiques, le terme de « nouveaux mouvements ecclésiaux » (ou simplement « mouvements ecclésiaux ») est souvent préféré. Or, ces deux expressions, souvent utilisées de manière indifférenciée, ne se recoupent pas complètement. De plus, on désigne volontiers sous le vocable de « communautés nouvelles » des mouvements fondés avant le Concile Vatican II (Foyers de Charité, Focolari, Comunione e Liberazione, l’Arche etc.), alors que d’autres groupements (traditionnalistes notamment), pourtant fondés après 1965, semblent en être exclus. Enfin, l’épithète « nouvelle », comme le terme de « renouveau » pour le courant charismatique, sont largement influencés par un discours théologique ancré dans une recherche des « signes des temps » et/ou une vision revivaliste de l’histoire de l’Église catholique. Cet axe invitera donc à interroger, à l’aide des outils des sciences sociales, cette catégorie. L’une des pistes pour mener cette interrogation, sera de replacer ces communautés « nouvelles » au sein d’un paysage catholique pluriel, au regard d’autres mouvements (œcuméniques, congrégations plus anciennes, mouvements d’Action catholique etc.) et de l’évolution des polarités internes du catholicisme. Ce repositionnement pourra notamment s’effectuer à travers l’étude de trajectoires de fondateurs de ces communautés ;
  2. Construire et légitimer des modalités d’appartenance à l’Église catholique. Cet axe visera tout d’abord, à étudier les relations internes (clercs/laïcs, rapports d’autorité, de genre etc.), les pratiques (liturgiques, pastorales etc.) et les discours (des origines, sur l’Église catholique et la société etc.) progressivement construits et promus par ces communautés nouvelles. À ce titre, une place sera accordée à l’étude de groupements œcuméniques, émergeant notamment dans des contextes nationaux de fort multiconfessionnalisme chrétien (Allemagne, Suisse etc.). La question du recrutement social et de la reproduction pourra ici être traitée. L’étape cruciale de la « routinisation » sera abordée en revenant notamment sur des expériences communautaires aujourd’hui disparues. La problématique de l’institutionnalisation, et donc des relations entretenues vis-à-vis de l’institution ecclésiale, constituera l’autre thématique centrale de cet axe. Des travaux de théologiens (van Lier, 2019) ont, par exemple, souligné la complexité et les enjeux entourant la mise en place nouveau code de droit canonique de 1983 pour les communautés nouvelles. Or, au sein des sciences sociales, la question de régulation par les différents échelons de l’institution ecclésiale a été peu étudiée ;
  3. La question des abus au sein des communautés nouvelles. Soupçonnées de « dérives sectaires » dans les années 1990 (Baffoy, Delestre, Sauzet, 1996 ; Ronzoni, 2019), les communautés nouvelles se trouvent aujourd’hui massivement mises en cause dans la séquence de publicisation des scandales d’abus que connait le catholicisme (Béraud, 2021 ; Hoyeau, 2021 ; Joulain, Demasure, Nadeau, 2021). La Famille Saint-Jean, la Communauté des Béatitudes sont par exemple parmi les premières communautés dans lesquelles de véritables « systèmes » d’abus se trouvent dénoncés. Cet axe sera l’occasion de revenir sur la généalogie des abus au sein de ces groupements, sur leurs justifications théologiques et leur gestion par la hiérarchie ecclésiale. Il permettra également de questionner la catégorie-même « d’abus » et ses multiples déclinaisons (abus spirituels, de pouvoir, sexuels etc.) ;
  4. L’influence des communautés nouvelles sur le catholicisme « ordinaire ». Que l’on se focalise sur un échelon local (Dolbeau, 2019) ou global (Mercier, 2020), les communautés nouvelles semblent jouer un rôle central dans nombre de mutations récentes que traverse le catholicisme : formation des prêtres, contribution à la reproduction du corps épiscopal, essor des paroisses affinitaires, émergence d’un activisme bioéthique et anti-genre, etc. Cet axe permettra à des chercheurs qui croisent l’objet « communauté nouvelle » sur leurs terrains de venir livrer leurs analyses, afin de saisir l’impact de ces mouvements dans des configurations nationales variées ;
  5. Des communautés nouvelles au quotidien. Dans le sillage des travaux d’Albert Piette (1999), ce dernier axe sera consacré à des travaux abordant les communautés nouvelles, non pas dans une perspective événementielle, mais à partir la quotidienneté du « croire » à l’œuvre chez ses membres. Comment, par exemple, concilier certains impératifs de virtuosité avec la gestion d’une paroisse ordinaire (réunions, célébrations etc.) ?

Modalités de soumission

Les propositions de communications, de 500 mots maximum (incluant le titre et le résumé de la communication, le statut et l’institution de rattachement de l’auteur) devront être adressées, en français ou en anglais, avant le

15 novembre 2021

aux quatre adresses suivantes (ne pas en mettre qu’une seule) :

Comité d’organisation

  • Céline Béraud (École des Hautes Études en Sciences Sociales)
  • Jean-Pascal Gay (Université catholique de Louvain)
  • Arnaud Join-Lambert (Université catholique de Louvain)
  • Samuel Dolbeau (Université catholique de Louvain-École des Hautes Études en Sciences Sociales)

Comité scientifique

  • Valentina Ciciliot (Università Ca’ Foscari Venezia)
  • Valérie Aubourg (Université catholique de Lyon)
  • Silvia Scatena (Università degli studi di Modena e Reggio Emilia)
  • Astrid Reuter (Westfälische Wilhelms-Universität Münster)
  • Dries Bosschaert (Katholieke Universiteit Leuven)

Dates

  • lundi 15 novembre 2021

Fichiers attachés

Mots-clés

  • catholicisme

Source de l'information

  • Samuel Dolbeau
    courriel : samuel [dot] dolbeau [at] uclouvain [dot] be

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Des « communautés nouvelles » dans le catholicisme contemporain : innovations, réinventions, ruptures et régulation », Appel à contribution, Calenda, Publié le vendredi 17 septembre 2021, https://doi.org/10.58079/177f

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