AccueilUbérisation et santé des travailleurs : analyses pluridisciplinaires du travail de livreur

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Ubérisation et santé des travailleurs : analyses pluridisciplinaires du travail de livreur

Uberisation and workers' health: pluridisciplinary analyses of the delivery worker

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Publié le lundi 18 octobre 2021

Résumé

Le marché de la livraison de repas à domicile a connu un essor important entre 2013 et 2015, en France, et provoqué la massification et la concentration de livreurs dit « partenaires » dans des structures économiques plus ou moins grandes, en concurrence et en expansion. Ces plateformes de livraison sont caractéristiques d’un tournant important de l’évolution historique du capitalisme. En passant d’une économie industrielle à une économie servicielle, elles modifient radicalement les formes d’emploi et les formes d’organisation du travail, et affectent durablement les rapports sociaux et la santé des travailleurs et des travailleuses. Dans ce colloque, nous chercherons à rendre compte de ces évolutions du point de vue sociologique, économique, juridique ou politique tout en interrogeant les effets de ces nouvelles organisations du travail sur la santé physique et mentale des travailleurs.

Annonce

Présentation

Le marché de la livraison de repas à domicile a connu un essor important entre 2013 et 2015 en France, avec l’apparition de nombreuses entreprises concurrentes (Deliveroo, UberEats, Stuart, Frichti, Nestor, etc.), et provoqué la massification et la concentration de livreurs dit « partenaires » – parce que mis au travail sous un statut de micro-entrepreneur – dans des structures économiques plus ou moins grandes, en concurrence et en expansion. Communément appelées plateformes numériques, plateformes allégées ou encore plateformes-cadres, ces plateformes de livraison sont caractéristiques d’un tournant important de l’évolution historique du capitalisme. En effet, en passant d’une économie industrielle à une économie servicielle (que certains auteurs appellent capitalisme de plateforme), elles modifient radicalement les formes d’emploi et les formes d’organisation du travail, et affectent durablement les rapports sociaux et la santé des travailleurs et des travailleuses.

Ces plateformes numériques sont structurées par des algorithmes, élément central pour organiser l’activité de livraison tout en invisibilisant les rapports de subordination : la « gestion des ressources humaines », l’organisation des prescriptions, la définition des rémunérations, de l’évaluation du travail et des sanctions des livreurs. Tous ces éléments participent au contrôle panoptique de travailleurs « indépendants ». Il ne s’agit pas de dire que ce qui existait préalablement dans les organisations du travail dominantes n’existe plus. Au contraire, il s’agit d’une continuité et d’un affinement des principes qui les régissaient. Grâce aux plateformes, la standardisation et l’automatisation des données de commande permettent une industrialisation du rapport de service de livraison tout en précarisant le travail dans de nouveaux secteurs d’activité, en participant à la déqualification et la déspécification de métiers anciens. C’est la création d’une « chaîne algorithmique », dont le livreur est un maillon à facteur humain et occupe une position spécifique dans cette configuration productive. La possibilité de création de richesse de ce modèle économique repose fortement sur la capacité de la plateforme à extraire de la plus-value de « leur » force de travail, de « leurs » intermédiaires serviciels, potentiellement au mépris de toute considération juridique, éthique et sanitaire. Une situation que la crise liée à la pandémie du Covid-19 a rendu particulièrement flagrante : non seulement les livreurs à vélo – qui ont continué à travailler pendant le confinement – sont parmi les plus exposés au risque de contagion, mais ils ne disposent pas des protections sociales propres au statut de salarié. Par ailleurs, et malgré un ralentissement temporaire de l’activité, le marché de la livraison de repas et les plateformes allégées en général pourraient à long terme sortir gagnants de la crise actuelle, grâce à l’extension des parts de marché à des nouveaux services et à des partenariats public-privé.

Dans ce colloque, nous chercherons à rendre compte de toutes ces évolutions du point de vue sociologique, économique, juridique ou politique tout en interrogeant les effets de ces nouvelles organisations du travail sur la santé physique et mentale des travailleurs. Nous viserons également à nous interroger sur les alternatives possibles.

Programme

Palais du Luxembourg, salle Médicis.

Vendredi 5 novembre 2021

  • 9h30-10h00 : Ouverture du colloque : Christophe Dejours, psychiatre, professeur émérite université de Nanterre « Organisation du travail de plateformes capitalistes de livraison et santé »
  • 10h-10h30 : Stéphane Le Lay, sociologue HDR et Fabien Lemozy, sociologue, chercheurs à l’institut de psychodynamique du travail-ASTI : « Plateformes de travail et atteintes subjectives »

10h30-11h : Discussion

11h-11h30 : Pause-café

  • 11h30-12h00 : Élisabeth Leblanc, psychologue du travail et des organisations, chargée d’études à l’ANACT : « L’ingéniosité du livreur de plateforme de l’ubérisation »
  • 12h-12h30 : Marc Malenfer et Michel Héry, chargés de projet Mission veille et prospectives, INRS : « Livreurs à vélo : la prévention empêchée »
  • 12h30-13h : Discussion : Antoine Duarte, psychologue, maître de conférence, Laboratoire de psychologie de la socialisation – Développement et travail (EA 1697), Université Toulouse 2

13h-14h30 : Repas

Organisation du travail des plateformes et enjeux juridiques

  • 14h30-15h : Isabelle Daugareilh, juriste, directrice de recherche CNRS, COMPTRASEC, UMR 5114 CNRS - université de Bordeaux : « La santé au travail : un enjeu au cœur des débats juridiques sur le statut de la relation de travail des livreurs de plateformes »
  • 15h-15h30 : Barbara Gomes, juriste, maîtresse de conférences, Laboratoire Biens, Normes, Contrats (EA 3788), Avignon Université : « Livreurs Frichti sans papiers et sans contrat : rouages d’une ingénierie juridique toxique »

15h30-16h : Discussion

16h00-16h15 : Pause

Les enjeux politiques et syndicaux

  • 16h15-16h45 : Fabien Brugière, sociologue, maître de conférences en sociologie, laboratoire SAGE (UMR 7363), université de Strasbourg, et Jean Vandewattyne, sociologue, professeur à l’université de Mons : « Des collectifs autonomes aux centrales syndicales : des formes concurrentes ou complémentaires de représentation collective des livreurs de plateformes en Belgique ? »
  • 16h45-17h15 : Arthur Jan, sociologue, doctorant LISE-CNAM : « De la migration à la livraison : travail et mobilisations des livreurs immigrés sur les plateformes numériques »
  • 17h15-17h45 : Discussion : Carlotta Benvegnù, sociologue, chercheuse associée au Cresppa-CSU (UMR 7217)

Samedi 6 novembre 2021

Les modèles économiques des plateformes et leurs alternatives

9h30-10h : Ouverture de la journée : Leïla Chaibi, députée européenne, La France Insoumise

  • 10h-10h30 : Bernard Jullien et Matthieu Montalban, économistes, maîtres de conférences (HDR), GREThA (UMR 5113), université de Bordeaux : « La soutenabilité des modèles productifs des plateformes et coopératives de livraisons »

10h30-11h : Pause-café

  • 11h-11h30 : Émilie Aunis, sociologue, post-doctorante COMPTRASEC (UMR 5114), université de Bordeaux, et Hélène Stevens, sociologue, maîtresse de conférences, laboratoire GRESCO (EA 3815), université de Poitiers : « Quitter les plateformes par le haut ? Conditions d’émergence de coopératives de livraison et réflexions engagées sur les conditions de travail et d’emploi des coursiers »
  • 11h30-12h : Chloé Lebas, politiste, doctorante, CERAPS (UMR 8026), université de Lille : « La coopérative comme reconversion professionnelle : défection et continuité contestataire »
  • 12h-12h30 : Discussion Arthur Hay, livreur coopérateur syndiqué à la CGT et Kévin Poperl, économiste, co-président de CoopCycle

12h30-13h : Conclusion du colloque : Pascal Savoldelli, sénateur, parti communiste français

Modalités pratiques d’inscription

L’inscription est obligatoire et le nombre de places limité. Merci d’envoyer un mail à : colloque.uberisation@gmail.com en précisant les jours où vous serez présent·e (vendredi et/ou samedi).

Lieu du colloque : Palais du Luxembourg - Salle Médicis

  • en semaine : 15 rue de Vaugirard, 75006 Paris
  • le samedi : 15 ter rue de Vaugirard, 75006 Paris

Lieux

  • Palais du Luxembourg - 15, rue Vaugirard
    Paris, France (75006)

Format de l'événement

Événement uniquement sur site


Dates

  • vendredi 05 novembre 2021
  • samedi 06 novembre 2021

Fichiers attachés

Mots-clés

  • sociologie, travail, précarisation, ubérisation, livreur, livraison à domicile, capitalisme

Contacts

  • Stéphane Le Lay
    courriel : colloque [dot] uberisation [at] gmail [dot] com

Source de l'information

  • Stéphane Le Lay
    courriel : colloque [dot] uberisation [at] gmail [dot] com

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Ubérisation et santé des travailleurs : analyses pluridisciplinaires du travail de livreur », Colloque, Calenda, Publié le lundi 18 octobre 2021, https://doi.org/10.58079/17f8

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