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Mourir au maquis. Mourir pour le maquis

Dying in the Maquis. Dying for the Maquis

Exploiter des bases de données prosopographiques

Exploiting the bases of prosopographical data

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Publié le mardi 19 octobre 2021

Résumé

Les maquis de résistants dans la France occupée ont déjà fait l’objet de nombreuses publications. Mais il s’agira cette fois d’observer cette « communauté à l’épreuve » à partir d’un matériau prosopographique, en engageant une première exploitation de l’enquête nationale conduite pour le Maitron des fusillés, exécutés, massacrés, morts en actions. Il s’agira de tester l’apport de l’approche prosopographique pour préciser, nuancer, mieux saisir comment peuvent se combiner les façons de mourir dans ou autour d’un même maquis, d’un maquis à l’autre, ou selon les phases chronologiques, et d’en envisager les incidences non pas seulement à l’échelle collective large, mais également à l’échelle de groupes restreints.

Annonce

Argumentaire

Les maquis de résistants dans la France occupée ont déjà fait l’objet de nombreuses publications. Mais il s’agirait cette fois d’observer cette « communauté à l’épreuve » à partir d’un matériau prosopographique, en engageant une première exploitation de l’enquête nationale conduite pour le Maitron des fusillés, exécutés, massacrés, morts en actions. Sur 28 000 fiches actuellement publiées (la recherche est encore en cours), un quart fait en effet référence aux maquis – ce qui ne signifie pas qu’il s’agit pour tous de maquisards. Le martyrologue se situe pour l’essentiel en 1944, particulièrement après le 6 juin.  

L’invitation à exploiter cette base de données n’entend pas pour autant faire l’économie d’une interrogation épistémologique sur les limites de l’opération de repérage et d’identification qu’elle constitue, ni d’un croisement avec l’ensemble des sources archivistiques ou orales repérables et/ou collectées. Il s’agira de tester l’apport de l’approche prosopographique pour préciser, nuancer, mieux saisir comment peuvent se combiner les façons de mourir dans ou autour d’un même maquis, d’un maquis à l’autre, ou selon les phases chronologiques, et d’en envisager les incidences non pas seulement à l’échelle collective large, mais également à l’échelle de groupes restreints.

Axe 1

Un premier terrain d’enquête proposé est celui d’une caractérisation sociale des morts « au ou pour le » maquis, sachant qu’elle est à distinguer d’une sociologie globale des maquis concernés : quand cette dernière a pu être menée, il conviendra d’être attentif aux effets de sur-représentation ou sous-représentation des diverses catégories, qui sont les éléments significatifs pour réfléchir à un « portrait des morts ». En outre, l’extension de l’étude aux morts « pour » le maquis, par répression ou représailles, oblige à étendre, en ce cas, le référentiel à l’ensemble de la population locale, permanente ou transitoire, pour isoler les discordances et concordances. La part respective, d’une part des combattants, d’autre part des victimes de représailles, et leurs profils sociologiques propres, devraient pouvoir être scrutés, et leurs modulations dans l’espace et le temps précisées. On s’intéressera tout autant aux origines géographiques des morts (autochtones / allochtones, dont réfugiés, étrangers), qu’à leurs origines sociales, à leur âge, leur niveau de formation, à leur profession, à leurs engagements passés… Il ne s’agit pas d’essentialiser pour autant leurs identités mais, autant que possible, d’être attentif à la façon dont ils avaient construit, revendiqué éventuellement, une identité propre, a fortiori dans l’engagement. Et, au-delà de leurs profils divers, qu’est-ce qui « faisait (ou dans certains cas, ne faisait pas tout à fait) communauté » entre eux, au maquis.

Axe 2

Le deuxième champ d’investigation envisagé est celui des modalités de la mort. Il y a de multiples façons de mourir au maquis ou pour le maquis : en tentant de le rejoindre, avant de l’avoir atteint  ; recherché par l’armée allemande ou la milice en tant que potentiel volontaire pour le maquis, notamment comme réfractaire au STO (le cas breton témoigne de l’importance de cette répression au moment où se fait la jonction entre des populations de volontaires et les maquis)  ;   en mission, à la recherche de contacts, de ravitaillement, d’armes (ces contacts entraînent aussi une grande mortalité de résistants sédentaires ou d’habitants solidaires des maquis, notamment des paysans qui acceptent de fournir des biens alimentaires).   On peut mourir au maquis de maladie, de malnutrition, d’accidents, des suites d’une blessure – ce qui conduit à s’interroger à propos de la gestion par les maquis des aspects sanitaires – ou de règlements de compte internes, de soupçons de trahison et pour des questions de discipline (cas des maquis Guingouin  : travaux de Fabrice Grenard des exécutions pour l’exemple de déserteurs du maquis ou de maquisards s’étant livrés à des pillages ont été constatées dans la plupart des maquis importants).  On meurt surtout des "nettoyages" des maquis par l’armée allemande (opération Caporal et Frühling dans l’Ain, colonne Brehmer dans le Limousin en mars 1944), par les forces de répression de Vichy et par des groupes collaborationnistes auxiliaires des Allemands... Les décès dans les affrontements militaires (mort au combat) ou par exécution après arrestation sont également nombreux (Glières, Vercors, Jura, Auvergne, Saint-Marcel...). Les maquis mobiles comme le Maquis Bir-Hakeim dans le sud du Massif central sont-ils plus aptes à la survie ?

Les différents types de mort sont ainsi à prendre en compte, pour préciser leur place relative et la façon dont ils prennent place dans les logiques, mouvantes, à l’œuvre. La prise en compte du contexte dans lequel la mort intervient peut conduire à s’intéresser

  • aux types de lieux ou d’espaces où elle intervient (de l’échelle du proche à celle des concentrations régionales) ;
  • aux modalités de fonctionnement (et de commandement) des maquis où la mortalité ou une de ses formes se distingue de façon significative ;
  • mais aussi, quand la mort est donnée, au portrait social des exécutants, à l’évolution des modalités de répression et de représailles, à leurs modulations et gradations selon les territoires ou groupes d’acteurs.

La mort, dans ce contexte, prend place, également, comme horizon possible, dans la façon de gérer collectivement, au quotidien, l’épreuve de la guerre et de l’engagement maquisard. Elle gagne ainsi à être envisagée y compris via le prisme des communautés de vivants.

Axe 3

« L’après mort » constitue le troisième terrain d’enquête proposé.

Il s’agirait d’abord de s’intéresser à la prise en charge du cadavre et à son contexte : acteurs, identification, traitement du cadavre, obsèques (et rôle des confessions religieuses), inhumation parfois provisoire, éventuelles exhumations…

L’après-mort, c’est aussi la gestion de l’expérience traumatique par ceux qui, spécifiquement, y survivent.

À plus long terme, elle se poursuit dans la mémoire entretenue, son écriture ou sa réécriture selon des processus qui mêlent exaltations sélectives, occultations et oublis. Peut-on, à travers le dénombrement des victimes et l’étude des circonstances de leur décès, clarifier le débat sur les désaccords de l’époque et de l’après-guerre concernant la pertinence de la concentration des forces résistances dans des grands maquis stables comme ceux des Glières, du Vercors et du Mont-Mouchet, mobilisant des discussions sur le nombre effectif, relatif et comparé de victimes ?

Les divers supports matériels de remémoration (monuments, stèles, plaques…) disposés sur les lieux d’exécution sont pour leur part à considérer comme parties intégrantes de ces dispositifs et l’attention portée à l’évolution de leur état ou de la considération dont ils bénéficient, jusqu’à alimenter un « tourisme mémoriel », peut venir nourrir une approche de durée moyennement longue attentive aux jeux d’échelles. Les porteurs de la construction et de l’entretien de cette mémoire des morts – camarades, familles, associations, érudits, élus… - sont alors à intégrer dans l’approche.

Axe 4

Enfin, de façon transversale, les propositions permettant une ouverture internationale seront tout particulièrement bienvenues, à des fins de comparatisme, ou de mise en évidence de connexions. Le cas particulier de l’Italie, ou celui de l’Espagne ou des Balkans (Grèce et ex-Yougoslavie), peuvent dans cette perspective offrir des pistes fécondes.

Des propositions centrées sur un cas régional, ou la mobilisation d’approches micro-historiques, ne sont pas exclues, mais l’objectif serait alors de dépasser un stade de juxtaposition de monographies localisées pour faire surgir des approches transversales permettant, via le comparatisme, de distinguer des logiques d’action différentes selon les espaces régionaux ou les périodes, et de comprendre aussi bien les modalités de rupture, de transition, de convergence, que de maintien de contrastes. Faire ressortir les diversités régionales ne peut se réduire, dans cette perspective, à confirmer un classement connu de l’implantation des maquis, privilégiant des régions montagneuses et forestières (Bretagne, Massif central, Vosges, Jura, Alpes, Sud de la France, Pyrénées), mais présents aussi ailleurs de façon plus ténue. D’une part, l’importance des morts n’est pas forcément proportionnée à celle des concentrations humaines, et relève de bien d’autres facteurs. D’autre part, chaque configuration locale a sa singularité dans l’agencement des composantes d’engagement conduisant à la mort, et dans la gestion de cette dernière par les survivants.

Modalités de soumission

Les propositions de communication comprendront un titre, un résumé de 20 lignes maximum et une courte bio-bibliographie de 10 lignes maximum.

Les propositions doivent être envoyées aux trois adresses suivantes :

  • eric.panthou@uca.fr ;
  • pennetier.claude@orange.fr ;
  • vincent.flauraud@uca.fr

Date limite d’envoi des propositions : 10 décembre 2021

Dates envisagées pour le colloque : 14-15 avril 2022

Comité scientifique

  • Vincent Flauraud (université Clermont Auvergne, CHEC)
  • Fabrice Grenard (fondation de la Résistance et chercheur associé au laboratoire Histemé de l’université de Caen),
  • Jean-Marie Guillon (Aix-Marseille Université, UMR Telemme)
  • Eric Panthou (université Clermont Auvergne, chercheur associé au CHEC)
  • Claude Pennetier (CHS, Maitron)
  • Dominique Tantin (historien, Maitron des Fusillés)
  • Cécile Vast (musée de la Résistance et de la Déportation, Besançon)

Co-organisateurs

  • Centre d’histoire “Espaces et Cultures” (université Clermont Auvergne) ;
  • Centre d’histoire sociale (CHS, université Paris 1) ;
  • Fondation de la Résistance ;
  • association pour un Maitron des fusillés et exécutés.

Lieux

  • Clermont-Ferrand, France (63)

Format de l'événement

Événement hybride sur site et en ligne


Dates

  • vendredi 10 décembre 2021

Mots-clés

  • maquis, résistance, mort, seconde guerre mondiale, base de données

Contacts

  • Claude Pennetier
    courriel : info [at] maitron [dot] org
  • Eric Panthou
    courriel : eric [dot] panthou [at] uca [dot] fr

URLS de référence

Source de l'information

  • Vincent Flauraud
    courriel : vincent [dot] flauraud [at] uca [dot] fr

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Mourir au maquis. Mourir pour le maquis », Appel à contribution, Calenda, Publié le mardi 19 octobre 2021, https://doi.org/10.58079/17fc

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