AccueilLe retour du politique. Mettre en scène, légitimer et défier le pouvoir à travers l’histoire

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Le retour du politique. Mettre en scène, légitimer et défier le pouvoir à travers l’histoire

Rückkehr des Politischen: Inszenierung, Legitimierung und Herausforderung von Macht in der Geschichte

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Publié le lundi 22 novembre 2021

Résumé

Lors de sa prochaine journée annuelle, la société suisse d’histoire économique et sociale entend se pencher sur la manière dont le pouvoir politique et la domination sont mis en scène, mais aussi défiés à travers l’histoire, et sur les moyens avec lesquels les différentes parties en présence articulent leurs revendications et défendent leurs intérêts. Ce questionnement sera posé de manière diachronique et interdisciplinaire.

Annonce

Argumentaire

Dans toutes les sociétés, le pouvoir politique est mis en scène. Au travers de rituels, de symboles, d’images et d’événements publics, les formes du pouvoir sont légitimées, stabilisant par là-même les hiérarchies sociales. Bien évidemment, la nature de ces représentations, les manières de modéliser les rapports de pouvoir et de leur donner du sens varient à travers l’histoire, tandis que les contextes structurels et sociaux déterminent les espaces où le politique s’exprime et se met en œuvre. À travers le temps et les différentes aires géographiques, un certain dénominateur commun peut toutefois être repéré : une conception de la politique comme un mode de négociation et de communication dont « les codes sont orientés vers la production de décisions collectivement contraignantes » (Thomas Mergel).

Les débats actuels sur le populisme comme « ombre de la démocratie représentative » (Jan-Werner Müller) et sur une crise supposée de la démocratie en tant qu’ordre politique sont à l’origine des réflexions qui ont suscité cette journée d’étude. Celle-ci portera sur la manière dont le pouvoir et la domination sont mis en scène, légitimés, mais aussi défiés à travers l’histoire, et sur les moyens avec lesquels les différentes parties en présence articulent leurs revendications et défendent leurs intérêts. Ce questionnement sera posé de manière diachronique : les contributions portant sur l’histoire contemporaine et moderne entreront ainsi en dialogue avec celles consacrées à l’histoire médiévale et antique.

La journée annuelle de la SSHES entend tout d’abord se rattacher aux récents débats autour d’une histoire politique orientée vers l’histoire culturelle, qui annonce un retour du politique dans la recherche. En plus d’étendre la notion du politique à l’extérieur de la sphère étatique et d’élargir la focale au-delà des seuls détenteurs (masculins) du pouvoir, cette évolution met l’accent sur les perspectives transnationales et l’inclusion de groupes marginalisés et discriminés. Par ailleurs, cette journée d’étude se conçoit comme une intervention « historienne » dans les débats qui agitent les disciplines voisines, telles que les sciences politiques, la sociologie, l’anthropologie sociale ou l’histoire de l’art. On observe en effet une réorientation méthodologique qui mène à une certaine déshistoricisation de la recherche, en particulier dans certains courants des sciences politiques. La journée annuelle repensera cette relation interdisciplinaire en plaidant pour des objets d’investigation, des concepts, des approches méthodologiques et des postulats théoriques communs.

Axes thématiques

La journée annuelle de la SSHES sera articulée autour de trois questionnements.

  • Premièrement, il s’agira de réfléchir à la manière dont le politique a été imaginé, défini et pratiqué selon les époques et les contextes historiques. Qui a déterminé son cadre de pensée et l’étendue de son domaine d’action ? Quelles parties de la population et quels aspects de la vie sociale étaient considérés comme faisant partie intégrante de la communitas ou de la res publica –et lesquels en étaient exclus ? Quels marqueurs de genre ont servi à stabiliser les pratiques politiques de domination et comment ont-ils été remis en question ? Quelles catégories et logiques racialisantes et ethnicisantes ont été mobilisées dans les débats sur la participation à la sphère politique ? Quels groupes sociaux se sont rebellés contre le pouvoir dominant – et comment ont-ils fait entendre leurs idées et leurs demandes ? Quels types de pouvoir, quelles hiérarchies et quelles décisions politiques demandaient particulièrement à être légitimés – et lesquels n’en avaient pas besoin ? Quels rapports entretenaient les différents types de pouvoir (séculier, religieux, politique, économique) – et comment se positionnaient-ils les uns par rapport aux autres ? Enfin, quels modèles d’ordre politique ont été publiquement discutés et par quels groupes sociaux (milieux religieux, cercles d’experts, intellectuels, groupes d’intérêt, mouvements sociaux, etc.) ?
  • Deuxièmement, on se demandera si la période charnière qui fait la jonction entre l’Ancien Régime et la période contemporaine (la Sattelzeit de Reinhart Koselleck) a effectivement incarné un moment de rupture dans la mise en scène du pouvoir politique, sa légitimation et sa contestation, ou si au contraire, on constate une certaine continuité. Pendant longtemps, l’histoire politique a été fortement influencée par des points de vue tels ceux de Jürgen Habermas (1962), selon lesquels les questions politiques commencèrent à être principalement négociées à partir du XVIIIe siècle dans un espace public bourgeois façonné par les idées des Lumières. Dans le sillage de ces réflexions sont apparus des concepts essentiels pour l’histoire politique, tels que l’opinion publique, la propagande ou l’implication des citoyen·ne·s dans les processus de prise de décision politique ; leur historicité et leur portée analytique n’ont cessé d’être débattues et remises en question depuis lors.
  • Troisièmement, des voix se sont récemment élevées pour exprimer une mise en garde : ce que l’on considère comme des acquis démocratiques, tout comme l’approche critique envers les conflits sociaux, pourraient bien être mis en péril par l’augmentation des inégalités sociales et économiques, la persistance des discriminations racistes et de genre, ainsi que par la percée de nouveaux moyens de communication. Avec les réseaux sociaux, par exemple, de nouveaux espaces publics émergent, dont le fonctionnement et les logiques sont déterminés par des entreprises mondiales qui échappent à la responsabilité politique et aux règles de la démocratie. Certains auteurs y voient une étape supplémentaire vers la privatisation du pouvoir politique et évoquent même l’établissement d’un système néo-féodal (Immanuel Wallerstein, Joel Kotkin). L’un des enjeux de la journée d’étude sera de réagir à ces diagnostics contemporains en tentant de repérer des ruptures comparables à travers les époques et différents contextes géographiques, et en déterminant les moments et les lieux où surviennent de telles césures – et comment elles peuvent être expliquées.

Les contributions à la journée d’étude pourront porter sur toute une variété de sujets et de types de sources : iconographie, rituel, cérémonies, pratiques symboliques et performatives, monuments, mémoriaux, hommages, numismatique, pièces de théâtre, codes vestimentaires… jusqu’aux différents moyens de propagande et aux débats politiques.

Nous lançons donc un appel à contributions portant sur toutes les périodes historiques (antique, médiévale, moderne, contemporaine) et ouvert aux autres disciplines : sociologie, sciences politiques, anthropologie sociale, histoire de l’art, area studies ou sciences des religions.

Modalités de soumission

Les soumissions individuelles sont possibles, tout comme les propositions de panels. Dans ce dernier cas, les panels seront composés de trois ou quatre contributions ; les intervenan·te·s doivent provenir de différentes universités et, si possible, couvrir différentes époques et/ou zones géographiques.

Merci d’envoyer un résumé (env. 2000 caractères pour les soumissions individuelles ; env. 6000 caractères pour les panels) avant le 1er mars 2022 à :

  • brero@unine.ch
  • dejung@hist.unibe.ch
  • skenderovic@unifr.ch

La réponse quant à la sélection sera communiquée avant fin mars 2022.

Comité scientifique

  • Thalia Brero (Université de Neuchâtel)
  • Christof Dejung (Université de Berne)
  • Damir Skenderovic (Université de Fribourg)

Lieux

  • Fribourg, Confédération Suisse

Format de l'événement

Événement uniquement sur site


Dates

  • mardi 01 mars 2022

Mots-clés

  • politique, pouvoir, légitimation, contestation, mise en scène

Contacts

  • Christof Dejung
    courriel : Christof [dot] Dejung [at] unibe [dot] ch
  • Thalia Brero
    courriel : thalia [dot] brero [at] unine [dot] ch
  • Damir Skenderovic
    courriel : Damir [dot] Skenderovic [at] unifr [dot] ch

Source de l'information

  • Thalia Brero
    courriel : thalia [dot] brero [at] unine [dot] ch

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Le retour du politique. Mettre en scène, légitimer et défier le pouvoir à travers l’histoire », Appel à contribution, Calenda, Publié le lundi 22 novembre 2021, https://doi.org/10.58079/17nr

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