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La thèse et le doctorat

Socio-histoire d’un grade universitaire (XIXe-XXIe siècles)

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Publié le mardi 14 décembre 2021

Résumé

Construisant sur les acquis du projet ès lettres, consacré au doctorat ès lettres en France au XIXe siècle, ce colloque entend poser les jalons d’une étude sociohistorique des différentes formes de doctorat, s’intéressant aux mécanismes sociaux de formation à la recherche et aux fonctions sociales de ces mécanismes, aux enjeux sociaux et politiques qu’ils constituent, afin de contribuer à une historicisation des règles – trop souvent naturalisées – du jeu académique. Il s’agit de susciter des propositions touchant la mise en place des systèmes universitaires modernes comme leurs métamorphoses les plus récentes (la massification, pour citer un seul exemple). Sont attendues des propositions traitant du cas français comme d’autres cas européens ou extra-européens.

Annonce

Argumentaire

Pour Émile Durkheim, c’est la délivrance des grades, c’est-à-dire la mise en place d’un contrôle juridiquement certifié d’un corpus donné de compétences, qui distingue fondamentalement l’université des institutions d’enseignement qui l’ont précédée. Au sein du système universitaire tel qu’il se (re)cristallise, au cours du XIXe siècle, en France mais aussi dans le reste du monde, l’un de ces grades, le doctorat, acquiert une importance spécifique. D’une part, alors qu’initialement il visait à prouver la maîtrise d’un ensemble de savoir-faire intellectuels, il tend progressivement à certifier aussi la capacité à produire des connaissances nouvelles, devenant ainsi le seul grade à exiger une production de savoir original. D’autre part, il devient la barrière et le niveau régulant l’accès au corps universitaire lui-même, et la hiérarchisation au sein de celui-ci. Le doctorat se trouve ainsi placé à l’interface entre le système de production des savoirs et le système de reproduction des élites intellectuelles.

En tant que tel, il est un objet et un outil d’action politique, pour les États comme pour certains groupes d’universitaires, parce qu’il constitue un levier permettant d’agir efficacement sur le mode de production des faits scientifiques et sur la reproduction du corps des porteurs de savoir professionnels. Sa position spécifique fait aussi du doctorat un observatoire précieux de l’institutionnalisation des différentes disciplines et, plus finement, des différents programmes de recherche qui les organisent. L’étude temporellement située des dispositifs doctoraux constitue dès lors un angle d’approche efficace pour analyser les reconfigurations des politiques de l’enseignement supérieur et de la recherche – y compris du point de vue de la circulation internationale de ces politiques –, les transformations des rapports de force et les normes qui structurent le champ académique, mais aussi et plus généralement, les façons dont la recherche est délimitée, définie, encadrée, mise en cérémonie, débattue et jugée.

Pourtant, ce grade reste très peu exploré par l’historiographie, par manque d’outils pour aborder une documentation à la fois massive et dispersée. Partant de ce constat, le projet ès lettres se propose d’encourager l’étude et la valorisation des thèses de doctorat, en partant du corpus des thèses de doctorat ès lettres soutenues en France au XIXe siècle. Le but est de rassembler des informations relatives à ces documents, actuellement dispersées entre de multiples sources, de procéder à la numérisation de ces thèses tout en préparant celle de documents qui leur sont associés (notamment les rapports de soutenance). Il s’agit en outre d’élaborer une bibliographie à la fois générale et spécialisée sur ces thèses, et de constituer une base de données en ligne et reliée à des référentiels à partir de l’ensemble de ces éléments. La mise en ligne est prévue en avril-mai 2022. Financé par le groupement d’intérêt scientifique (GIS) CollEx-Persée, il est porté conjointement par la Bibliothèque interuniversitaire de la Sorbonne et le Centre Lucien Febvre (université de Franche-Comté), associés à une série de partenaires : l’Institut d’histoire moderne et contemporaine (UMR 8066), le Centre d’histoire du XIXe siècle (EA 3550), le Centre d’histoire culturelle des sociétés contemporaines (EA 2448), ainsi que la Bibliothèque nationale de France, les Archives nationales, la Bibliothèque de l’École nationale des chartes, et les SCD de l’université de Franche-Comté, d’Aix-Marseille université et de l’université Toulouse – Jean Jaurès.

Le présent colloque se propose de valoriser scientifiquement ces matériaux, ainsi que d’étendre le questionnement jusqu’aux temps les plus contemporains, en vue d’une extension future du projet, dans le temps, du point de vue disciplinaire, et éventuellement dans l’espace. Il s’agit de poser ainsi les jalons d’une étude sociohistorique des différentes formes de doctorat, s’intéressant aux mécanismes sociaux de formation à la recherche et aux fonctions sociales de ces mécanismes, aux enjeux sociaux et politiques qu’ils constituent, afin de contribuer à une historicisation des règles – trop souvent naturalisées – du jeu académique. La périodisation est très ouverte : il s’agit de susciter des propositions touchant la mise en place des systèmes universitaires modernes comme leurs métamorphoses les plus récentes (la massification, pour citer un seul exemple). La diffusion de ce titre étant le fruit de dynamiques internationales, l’inscription spatiale des phénomènes étudiés est également très ouverte : sont attendues des propositions traitant du cas français comme d’autres cas européens ou extra-européens. Les contributions pourront dès lors s’inscrire dans un ou plusieurs axes, sans exclusive :

  • L’évolution du contenu des thèses de doctorat et du profil des docteurs et docteures, de leur rôle dans la production de connaissances nouvelles et de leurs conditions symboliques et matérielles de travail et d’étude ;
  • Le rôle de la thèse et du doctorat dans les trajectoires des scientifiques, savantes et savants et – plus largement – des travailleurs et travailleuses intellectuelles, sa place dans la dynamique des carrières académiques et dans la structuration de l’espace des disciplines ainsi que ses usages dans les carrières extra-académiques et dans les logiques d’accès aux fractions dominantes des espaces sociaux nationaux
  • L’internationalisation des études doctorales, la circulation des étudiantes et étudiants en formation à la recherche comme des modèles de formation.

Modalités de soumission

Les propositions, en français ou en anglais, de 200-300 mots, doivent être accompagnées d’une courte présentation (structure de rattachement, sujet de recherche, travaux...). Elles doivent être envoyées avant le samedi 19 mars 2022 à l’adresse suivante : colloquedoctorat@gmail.com

Les auteurs et autrices dont les propositions auront été retenues seront informées avant le 4 avril 2022.

Le colloque aura lieu les 8 et 9 septembre 2022 à la Sorbonne.

Les personnes intéressées ne doivent pas hésiter à nous contacter en amont (pierre.verschueren@univ-fcomte.fr et cecile.obligi@bis-sorbonne.fr), si elles souhaitent accéder à la documentation réunie dans le cadre du projet ès lettres.

Une sélection de communications sera publiée dans le cadre d’un ouvrage collectif.

Les modalités d’organisation – présentiel ou visioconférence, voire les deux – de ce colloque seront choisies en fonction de l’évolution de la situation sanitaire et précisées par la suite.

Comité d’organisation

  • Pierre Bataille,
  • Arnaud Desvignes,
  • Cécile Obligi,
  • Pierre Verschueren.

Comité scientifique

  • Jean-Paul Barrière (université de Franche-Comté),
  • Pierre Bataille (université Grenoble Alpes),
  • Hélène Blais (École normale supérieure),
  • Claire Bonnard (université de Bourgogne),
  • Laurence Buchholzer (université de Strasbourg),
  • Jean-Luc Chappey (université Paris 1 Panthéon-Sorbonne),
  • Christophe Charle (université Paris 1 Panthéon-Sorbonne),
  • Jean-François Condette (université d’Artois),
  • Charles Coustille (université Gustave Eiffel),
  • Antonin Durand (Institut Migration),
  • Wolf Feueurhahn (CNRS),
  • Jean-Charles Geslot (université Versailles-Saint-Quentin),
  • Jean-François Giret (université de Bourgogne),
  • Michel Grossetti (CNRS),
  • Lucie Lachenal (BIS)
  • Marion Maisonobe (CNRS),
  • Pierre-Michel Menger (Collège de France),
  • Boris Noguès (École normale supérieure de Lyon),
  • Emmanuelle Picard (École normale supérieure de Lyon),
  • Yann Renisio (CNRS),
  • Thibaud Trochu (université de Lille),
  • Guillaume Tronchet (IGESR).

Lieux

  • 17 rue Victor Cousin
    Paris, France (75)

Format de l'événement

Événement hybride sur site et en ligne


Dates

  • samedi 19 mars 2022

Mots-clés

  • doctorat, université, recherche, science, formation

Contacts

  • Pierre Verschueren
    courriel : pierre [dot] verschueren [at] univ-fcomte [dot] fr

URLS de référence

Source de l'information

  • Pierre Verschueren
    courriel : pierre [dot] verschueren [at] univ-fcomte [dot] fr

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« La thèse et le doctorat », Appel à contribution, Calenda, Publié le mardi 14 décembre 2021, https://doi.org/10.58079/17w0

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