InicioL’École en Algérie depuis l’Indépendance : entre héritages et révolution

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Publicado el lunes 28 de febrero de 2022

Resumen

Inscrite dans la triple temporalité des périodes ante-coloniale, coloniale et de l’Indépendance, l’Algérie nouvelle ambitionne de construire un État et une société modernes sachant se ressourcer dans la tradition arabo-islamique. L’exploration du système scolaire mis en place depuis 1962 et l’analyse du discours qui le légitime donneront à lire comment l’Algérie a pu négocier la tension nouée entre le volontarisme moderniste de la Révolution et les pesanteurs de l’histoire algérienne. Cette réflexion pourra se développer autour de trois pôles : l’essor de la scolarisation et la question de la démocratisation de l’enseignement ; la construction d’un enseignement supérieur dans l’Algérie indépendante et ses finalités ; les possibilités de développement des sciences sociales dans l’Algérie nouvelle dotée d’un parti unique, de la religion officielle de l’islam et d’un récit contrôlé de la guerre d’Indépendance sous l’œil vigilant de l’armée.

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Argumentaire

Après la proclamation de son indépendance en 1962, l’Algérie entend relever un triple défi : rompre avec son héritage colonial, construire une société socialiste autogestionnaire, moderniser l’économie du pays pour se protéger de toute dépendance. Au cœur de cette tâche révolutionnaire, s’inscrit la question de l’éducation et de l’enseignement définie dans les termes de la Charte d’Alger adoptée en 1964 par le FLN : « Il faut [...] qu’au niveau intellectuel du pays (lettres, arts...) le contenu du socialisme soit popularisé de façon à modeler définitivement notre mentalité. À cet égard, il convient d’insister tout particulièrement sur l’importance de l’enseignement à tous les niveaux comme instrument de formation idéologique, ce qui implique notamment une refonte révolutionnaire des programmes légués par le colonialisme et le capitalisme [...]. Pour assurer la promotion sociale et culturelle du peuple et pour donner au pays les cadres dont il a besoin dans tous les domaines, la liquidation de l’analphabétisme et le développement de l’enseignement constituent des impératifs absolus. Les établissements scolaires à tous les degrés doivent être ouverts à tous les citoyens et en premier lieu aux enfants des travailleurs des campagnes et des villes. La scolarisation totale est un objectif immédiat. Sans scolarisation massive, sans la formation de cadres moyens et supérieurs suffisants, il sera difficile de prendre rapidement en main les rouages de l’économie nationale [...] ».

Cette journée d’étude s’efforcera de comprendre quelle traduction institutionnelle, sociale et culturelle, les autorités de l’Algérie Indépendante ont pu ou voulu donner aux orientations de la politique scolaire affirmées dans l’enthousiasme de la victoire sur le colonialisme français.

Axes thématiques

Cette problématique pourra se déployer autour de trois axes d’études :

Axe 1 : La croissance de la scolarisation et les problèmes de la démocratisation de l’enseignement

La Charte nationale promulguée en 1986, toute en martelant que « l’éducation nationale est la pierre angulaire dans toute édification maîtrisée » se fait l’écho des obstacles rencontrés par la mise en œuvre du projet éducatif du pouvoir algérien : « [...] il est indispensable de permettre à la fonction d’enseignement et d’éducation de renouveler ses valeurs, d’élever son niveau, de retrouver sa place, de parfaire ses méthodes, d’améliorer ses programmes et de préparer pour cela les moyens nécessaires en livres et en enseignants. Il y a lieu de veiller en permanence sur le niveau culturel du corps enseignant et de combattre les insuffisances au plan de la conscience professionnelle et du comportement moral [...]. »

Au début des années 2000, la volonté du président Bouteflika de réformer le système éducatif algérien s’est concentrée sur la réduction à cinq ans de l’enseignement primaire, le développement de l’éducation préélémentaire, une nouvelle organisation de l’enseignement post-obligatoire (lycées d’enseignement général et technologique et enseignement supérieur), et une réforme de l’enseignement professionnel pour déboucher sur un baccalauréat professionnel permettant l’accès à un emploi ou la poursuite d’études supérieures « courtes ». Il conviendra ainsi d’interroger la politique de scolarisation de la population algérienne et plus particulièrement celle des filles, la mobilisation des moyens humains et matériels consentis, l’attention portée aux aspects didactiques de l’enseignement et les effets sociaux de cette politique volontariste : la démocratisation de l’enseignement a-t-elle pu être enclenchée dans cette Algérie nouvelle ? Quelles ont été les réactions de la société civile à cet égard ? 

Axe 2 : L’enseignement supérieur dans l’Algérie Indépendante : quelle université ?

En 1953-1954, un Européen sur 227 est étudiant, mais il n’y qu’un musulman sur 15341 qui le soit à l’époque. Le projet scolaire de la Charte de 1964 doit attendre l’année 1970 pour qu’un ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique voit le jour et l’année 1971 pour que soit élaborée la première réforme de l’université à proprement dite. Celle-ci fait le choix d’une déclinaison utilitariste des études supérieures au service de la modernisation économique de l’Algérie, signant ainsi la défaite du courant humaniste porté par Taleb Ibrahimi, ministre de l’éducation algérienne de 1965 à 1970. Devant la commission d’étude de la réforme de l’enseignement supérieur, celui-ci avait exposé, en juin 1969, la conception d’une université qui « ne sera pas seulement un centre de formation des cadres, mais aussi et surtout le lieu où devra s’élaborer une authentique Révolution culturelle en associant judicieusement l’humanisme technologique moderne aux valeurs permanentes de la civilisation arabo-islamique. Cela en conformité avec les options fondamentales du pays [...] », en l’occurrence l’algérianisation, l’arabisation et la démocratisation de l’institution universitaire. Toutefois, à la faveur du remaniement ministériel de 1970, le courant « industrialiste » - partisan d’une professionnalisation de l’enseignement supérieur pour répondre aux besoins de l’économie - s’approprie le ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique tandis que les partisans d’une éducation humaniste sont relégués dans le ministère des enseignements primaire et secondaire.

Ce triomphe de la perspective fonctionnelle de l’enseignement supérieur interroge l’identité de l’université algérienne, notamment dans ses activités de recherche et de production des savoirs. La question de la place de l’université et de l’enseignement supérieur dans la société algérienne se trouve également posée, notamment du point de vue de l’accès des Algériens aux études supérieures. Cette politique universitaire a- t-elle nourri la contestation sociale et politique dans l’Algérie de l’Indépendance ? On peut aussi se demander si cet enseignement supérieur a répondu aux attentes du pouvoir algérien en matière de modernisation et d’indépendance économique de l’Algérie. 

Axe 3 : La place des sciences sociales dans l’Algérie nouvelle : quelle écriture de son histoire ?

Dans une université vouée à se rendre utile à la modernisation économique, quelle place peut être accordée aux sciences sociales ? Dans un État placé sous l’œil vigilant de l’armée, dominé par un parti unique, contrôlant la religion officielle de l’Islam et ressourçant sa légitimité fragilisée dans un récit officiel de la guerre d’Indépendance, quelle liberté reste-t-il pour une analyse critique de la société et de l’école algériennes, pour une étude de la jeunesse algérienne et de ses révoltes, pour l’écriture du passé arabo- musulman et colonial de l’Algérie, pour une histoire scientifique de la guerre de Libération et de la construction de la nation algérienne ?

À une autre échelle, il sera intéressant d’examiner le contenu moral et civique de la culture scolaire imposée aux jeunes Algériens qui, dans les émeutes de 1980, ont clamé « l’histoire au feu ».

Cette journée d’étude prolonge le travail proposé en 2021 pour examiner l’enseignement dans l’Algérie de l’Indépendance et de la Révolution proclamée en 1962.

La journée d’étude aura lieu à la Maison de la Recherche de l’Université d’Artois le 24 novembre 2022.

Modalités de soumission

Les propositions de communication comprendront un titre, un résumé et une courte bibliographie.

Proposition à envoyer à l’adresse courriel : fanny.dauphin17@gmail.com

Date limite d’envoi des propositions : le 1er juin 2022

Comité scientifique

  • Stéphanie Dauphin, Maîtresse de Conférences en histoire contemporaine, Université de Lille, INSPE Lille Hauts-de-France, Centre de recherche et d’études histoire et sociétés, Laboratoire CREHS (UR 4027) de l’Université d’Artois.

Categorías

Lugares

  • 9 rue du Temple
    Arras, Francia (62000)

Formato del evento

Evento híbrido (en línea y presencial)


Fecha(s)

  • miércoles 01 de junio de 2022

Palabras claves

  • Algérie indépendante, enseignement, sciences sociales, mémoire, identité nationale

Contactos

  • Stéphanie DAUPHIN
    courriel : fanny [dot] dauphin17 [at] gmail [dot] com

Fuente de la información

  • Stéphanie DAUPHIN
    courriel : fanny [dot] dauphin17 [at] gmail [dot] com

Licencia

CC0-1.0 Este anuncio está sujeto a la licencia Creative Commons CC0 1.0 Universal.

Para citar este anuncio

« L’École en Algérie depuis l’Indépendance : entre héritages et révolution », Convocatoria de ponencias, Calenda, Publicado el lunes 28 de febrero de 2022, https://doi.org/10.58079/18bs

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