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Queering Blackness
Cultures populaires et représentations noires non-binaires à l'ère post-Obama
Non-Binary Black Representations in Post-Obama Popular Cultures
Publié le mercredi 16 mars 2022
Résumé
L’élection de Barack Obama à la présidence américaine a ouvert une ère dite « post-raciale ». Ce phénomène se déploie dans tous les médias populaires, qu’il s’agisse de la télévision et de ses séries à succès, de la bande dessinée ou des jeux vidéo. C’est de ce constat qu’émane l’interrogation principale à l’origine de ce projet. À partir de communications autour de ces représentations dans les arts populaires, accessibles par une large majorité comme au sein de la communauté noire américaine, cette journée d’étude a pour objectif d’en examiner l’évolution depuis dix ans et les efforts manifestes engagés pour s’éloigner des représentations normatives binaires encore aujourd’hui prêtées aux minorités raciales états-uniennes davantage qu’à ladite majorité dominante blanche.
Annonce
Argumentaire
L’élection de Barack Obama à la présidence américaine a ouvert une ère dite « post-raciale », un terme repris dans le titre du dernier ouvrage de bell hooks par exemple (Writing Beyond Race : Living Theory and Practice, 2013), où la binarité raciale ancrée dans l’histoire états-unienne est fortement remise en cause dans une réflexion intersectionnelle qui questionne toutes les formes de binarité. On le voit au cinéma avec l’influence majeure d’un personnage comme Black Panther, égérie de l’afro-futurisme portée par une armée d’Amazones dans le rejet de la masculinité toxique attribué au mouvement éponyme des années soixante-dix ; on l’entend dans l’industrie musicale avec la notoriété grandissante de l’artiste ouvertement homosexuel et distinctement excentrique Lil Nas X. Ce phénomène se déploie dans tous les médias populaires, qu’il s’agisse de la télévision et de ses séries à succès, de la bande dessinée ou des jeux vidéo.
C’est de ce constat de représentations d’identités noires, qui remettent en cause toute forme de binarité et opèrent des déploiements intersectionnels au sein des cultures populaires africaines américaines, qu’émane l’interrogation principale à l’origine de ce projet. À partir de communications autour de ces représentations dans les arts populaires, accessibles par une large majorité comme au sein de la communauté noire américaine, cette journée d’études a pour objectif d’en examiner l’évolution depuis dix ans et les efforts manifestes engagés pour s’éloigner des représentations normatives binaires encore aujourd’hui prêtées aux minorités raciales états-uniennes davantage qu’à ladite majorité dominante blanche.
Queer, fluid, gender-queer, nonconforming, gray, neutrois, agender, non-binary, pan… autant de termes, mots-valises, emprunts ou raccourcis qui rivalisent à nommer le rejet des normes sociétales états-uniennes, si influentes à l’international. Mais, dans cette société américaine, ce rejet revêt-il, lui aussi, des tendances normatives, disproportionnellement racisées, socialement marquées ? Ou bien émane-t-il fondamentalement des populations les plus opprimées, à la fois hautement vulnérables et combatives ?
Ces questionnements évoluent en parallèle de la longue lutte pour les droits civiques aux États-Unis, toile de fond théorique et militante qui se poursuit aussi bien avec l’élection du premier président noir d’une nation qui, seulement cinquante ans plus tôt, séparait sa population en fonction de sa race, qu’à travers l’essor du mouvement #BlackLivesMatter sous la présidence Trump, la pandémie et ses inégalités. Aussi, que cela signifie-t-il qu’un corps non-blanc, faussement accusé d’être né hors-sol, dont le deuxième prénom est homonyme de l’ennemi public à l’international des années quatre-vingt-dix, accède à la plus blanche des maisons américaines ? Quelles implications sa position de Président ont-elles eu alors qu’il a dû, avec sa famille hétéronormée africaine américaine, passer la main à son premier critique, parangon d’une Amérique nostalgique du « bon vieux temps », époux d’une troisième femme d’origine slovène et patriarche de multiples lits ? Les cartes de l’hétéronormativé cisgenre WASP sont-elles dorénavant redistribuées aléatoirement au sein d’un château dont l’équilibre ne serait plus dépendant de critères normatifs obligatoires ? Ou, au contraire, gardent-elles leurs pouvoirs de domination, tels les atouts d’une partie éternellement rejouée ? Les cultures populaires reflètent ces interrogations qui parcourent la société états-unienne et offrent de nouveaux modèles sans pouvoir ou vouloir toujours contrecarrer des stéréotypes bien ancrés d’hyper-virilité et/ou hypersexualité noires américaines, parfois soulignés par leur déni même.
Lors d’une journée d’études organisée par le laboratoire TransCrit (Transferts Critiques anglophones) de l’Université Paris 8 Vincennes–Saint-Denis, nous accueillerons des communications autour de la représentation des identités noires qui remettent en cause toute binarité et ses déploiements intersectionnels au sein des cultures populaires africaines américaines – musique, images, univers ludique et graphique – de 2008 à nos jours. Sans prétendre que les cultures du XXIe siècle aient inventé le rejet de la binarité, ni que les personnes d’ascendance africaine en auraient été exclues par le passé, il s’agit d’en présenter les incursions récentes dans la culture populaire plutôt que communautaire, ainsi que l’attrait des masses pour des représentations longtemps invisibilisées.
Modalités de soumission
Les propositions de communication en anglais ou en français (titre + 500 mots + corpus ou sources bibliographiques) et courtes notices biographiques sont à envoyer conjointement à anne.cremieux@univ-paris8.fr et yannick.blec@univ-paris8.fr
avant le 30 avril 2022.
Réponse début juin 2022.
Les doctorant·e·s sans possibilité de faire financer leur venue peuvent nous envoyer un CV et une lettre explicative de leurs besoins de financement d’un billet de train en France (ou somme équivalente depuis l’UE).
Comité d’organisation et de sélection
La sélection sera assurée par Yannick Blec (Université Paris 8) et Anne Crémieux (Université Paris 8), co-organisateur·trice de la journée.
Bibliographie
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Lieux
- Maison de la Recherche Amphi MR002 - 2 rue de la Liberté
Saint-Denis, France (93200)
Format de l'événement
Événement uniquement sur site
Dates
- samedi 30 avril 2022
Fichiers attachés
Mots-clés
- blackness, queer, genre, culture populaire, représentation, non-binaire, intersectionnalité
Contacts
- Anne Crémieux
courriel : anne [dot] cremieux [at] univ-paris8 [dot] fr - Yannick Blec
courriel : yannick [dot] blec [at] univ-paris8 [dot] fr
URLS de référence
Source de l'information
- Yannick Blec
courriel : yannick [dot] blec [at] univ-paris8 [dot] fr
Licence
Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.
Pour citer cette annonce
« Queering Blackness », Appel à contribution, Calenda, Publié le mercredi 16 mars 2022, https://doi.org/10.58079/18gk