StartseiteÉtudes des discours et moyens médiatiques de mise en visibilité de la criminalité dans les quartiers urbains « chauds »

StartseiteÉtudes des discours et moyens médiatiques de mise en visibilité de la criminalité dans les quartiers urbains « chauds »

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Veröffentlicht am Montag, 11. April 2022

Zusammenfassung

L’objectif des journées scientifiques n’est pas de dresser un inventaire des quartiers où les « chefs de gangs » évoluent, forcément lacunaire, ni de cartographier les zones ; encore moins de faire un portrait des « chefs de gangs » qui y existent. Mais plutôt d’analyser leurs discours et les moyens utilisés pour diffuser leurs messages. Il s’agit, en ce sens, d’interroger dans une approche interdisciplinaire les interrelations qui existent entre les discours produits par les « chefs de gang », les moyens de diffusion mise en place et leurs impacts sur les dynamiques territoriales à l’échelle des quartiers pour comprendre la complexité du phénomène de l’insécurité en Haïti sur la période 2018-2022. Il y a lieu aussi de s’interroger sur l’usage qui a pu être fait des médias. De manière sous-jacente transparait la question de politique publique, de politique de la ville à l’échelle des quartiers et de la sécurité en milieu urbain.

Inserat

Argumentaire

Parler de la sécurité en Haïti est un sujet sur lequel tout le monde a un avis plus ou moins tranché soit pour l’avoir vécu soit pour avoir été témoin de cas d’insécurité. Outre cet aspect trivial du phénomène, les statistiques sur la criminalité à Port-au-Prince semblent corroborer certains témoignages. Les données récentes des quatre dernières années indiquent en effet une montée inquiétante de la criminalité : 13 massacres de 2018 à 2021 ; 796 cas de kidnapping en 2020 ; plus de 2000 connus en 2021, et une centaine déjà en 2022 (Hurbon, 2022). Environ 10 000 personnes des quartiers dans la zone sud de la capitale sont déplacées à cause de l’insécurité, environ 5000 autres ont abandonné leurs domiciles à la Croix des Bouquets pour les mêmes raisons. 2000 personnes sont tuées par bal pour la seule année 2021. Les chiffres donnent l’illusion qu’Haïti est un pays en guerre. Il n’en est rien pourtant. Même quand, plus de 200 groupes armés ont été identifiés « groupes gangs » semblent recruter de nouveaux membres y compris parmi les membres des forces de l’ordre payés par l’État.

Un tel sujet semble exprimer une volonté de dire ce qui a été dit. Ce n’est point le cas pourtant. Il s’agit au contraire de questionner ce problème d’un point de vue pluri-disciplinaire. En effet, le sujet reliant sécurité-quartier-médias devient une préoccupation qui interpelle chercheurs et d’autres professionnels de la vie nationale. L’invitation des Recteurs de l’Université d’Etat d’Haïti et de l’Université Quisqueya à réfléchir sur le thème de la sécurité au cours d’un colloque sur ce thème s’inscrit dans une démarche compréhensive du phénomène. Ainsi donc, cette préoccupation part de cette réflexion de Laënnec Hurbon : « c’est pour un être qui [...] sait quelque chose de la rationalité, que la violence fait problème, que la violence advient comme problème » (Hurbon, 2022).

Faisant appel à notre raison, les organisateurs souhaitent réfléchir sur ce triplex : quartiers-sécurité-médias. Il s’agit de les articuler pour interroger la territorialisation de la criminalité. La territorialisation, comprise ici comme un processus d’appropriation politique et symbolique (le sentiment d’appartenance, de connivence) d’un territoire ; mais aussi comme processus de délimitation des mitoyennes, de frontières, des limites voire des bornes franchissables, infranchissables, autorisées et/ou interdites pour certains acteurs.

L’appel à communication est lancé aux chercheur·e·s spécialisé·e·s ou intéressé (e) aux questions de territoire, sécurité, médias et/ou de quartiers.

Axes thématiques

Axe 1 : La territorialisation de la criminalité

La production d’informations est une arme politique en ce que les médias définissent à la fois « ce dont on parle », « ceux qui parlent » et, par des images, le « territoire où la parole est énoncée ». Cette sélection dans le réel des objets et des sujets à mettre en visibilité se double d’un pouvoir de qualification du réel et d’incitation à la production de l’acte : c’est ce que nous pourrons appeler « l’effet de vedette ». Désormais, outre les quartiers de Matissant, de Delmas 2, de Delmas 6, c’est le cas de la commune de Croix-des-Bouquets, de Tabarre, de Petite-Rivière-de-l‘Artibonite, de Savien, de Jean Rabel. Etonnamment, le bidonville Cité-Soleil semble céder sa place à des territoires qui étaient, il n’y a pas longtemps d’ailleurs, jusque-làpaisibles. Les informations sur l’existence des cas de criminalité dans ces territoires ne sont pas toujours diffusées via des organes de presse traditionnelle, mais à partir un système de réseautage et des médias en ligne. Ainsi, nous nous interrogeons sur comment la démocratisation du droit à la parole, la diffusion des informations sur la criminalité dans des quartiers influence les territoires et la reproduction de actes de criminalité dans d’autres territoires.

  • Comment le droit à la parole pour tous dans les médias constitue-t-il un facteur de production et de reproduction de criminalité ?
  • Quelles gouvernance et contre-gouvernance de la sécurité à établir à l’échelle des quartiers « de non-droit » ?
  • Comment la territorialisation de la criminalité influence-t-elle sa reproduction ?
  • Comment les quartiers « de non-droit » se dé-territorialisent et se re-territorialisent ?

Axe 2 : La dé-territorialisation des dispositifs urbains

Le deuxième axe des journées s’inscrit dans l’interdisciplinarité avec une focale sur le terrain entre autres les quartiers. Les domaines des sciences humaines à mobiliser pour interroger le phénomène identifié sont dans un croisement entre l’urbanisme, la politique publique, la sociologie et anthropologie urbaine. Les questionnements s’inscrivent dans le fait, en ce qu’il paraît, que ce n’est jamais une ville ni une commune qui est prise en otage, c’est souvent, un quartier ou une localité qui est concernée par la question de l’insécurité. Il y a lieu de parler de la territorialisation de la violence, c’est-à-dire le fait que certains espaces qui, bien avant, étaient insignifiant à l’échelle des valeurs socio-spatiale se sont révélés et constitués comme des territoires où le droit de circulation, d’habiter, de vivre, d’enfanter, de grandir sont banalisés. De ce phénomène résulte des formes de détournement d’usage et de pratique (des rues qui se désertent, puis transformées pour certaines en lieu de démolition de veuilles voitures usées, et pour d’autres des espaces de jeux pour des jeunes qui osent rester, ou encore des lieux abonnés aux stockages des déchets humains). Ce sont ces nouveaux usages que l’on interroge.

  • Comment habiter et « survivre », faute d’alternative, dans des zones à haute criminalité ?
  • Quelles sont les stratégies développées pour circuler, pour parler des « choses interdites » ? 
  • Comment l’usage des rues, des habitats, réseaux urbains sont détournés de leurs fonctions ?

Axe 3 : Violence, médias et dé-territorialisation des quartiers

De plus en plus en Haïti, il y a une « herméneutique de la criminalité à travers les territoires et de son développement à travers les médias ». Les « criminels », « bandits » supposés parlent de leurs forfaits aux chroniqueurs, journalistes, hommes politiques et aux hommes du secteur des affaires avec délectation. Ils semblent se complaire dans le mal tout au moins des abus commis sur de paisibles citoyens. Dit autrement, une banalisation du “mal” et aussi le crime devient aujourd’hui en Haïti moyens de s’enrichir très vite. A contrario, il y a pour ainsi dire une 3marginalisation de certaines parties du territoire national. Il y a lieu de s’interroger sur ce qui peut être considéré comme une collision entre médias, politiques et banditisme. Est-ce que le fait de côtoyer un présumé criminel, de lui parler au téléphone sans le dénoncer constitue en soi une forme de connivence ou mieux, n’est-ce pas là une banalisation du « mal » ?

  • Qu’est-ce qui est ou peut-être encore qualifié de crime et selon quels critères (juridiques, moraux, politiques, éthiques…) ?
  • Quelles formes sémiotiques peut-on prendre en compte pour éviter les retombées symboliques en fonction de la matérialité et du territoire des crimes ?
  • Comment explorer les mécanismes de productions médiatiques qui génèrent des violences symboliques et entretiennent des sentiments d’insécurité parmi la population ?
  • Pourquoi et comment certains territoires sont identifiés : zones de non-droit et d’autres invisibilisées alors que les acteurs des crimes sont partout dans la ville ?

Modalités de soumission

Les propositions de communication, rédigées en français, en créole ou encore en anglais devront comporter :

  • un titre en français et anglais
  • Le nom et l’adresse électronique de l’auteur ou des auteurs
  • Les affiliations institutionnelles
  • Le titre de la communication en français et en anglais
  • Un résumé de 500 mots maximum en français, en créole ou en anglais
  • Une présentation biographique succincte de 200 mots maximum
  • Une précision quant au mode choisi (présentiel ou distanciel)

Toute proposition est à envoyer en format PDF, aux adresses :

  • prince@uniq.edu
  • francois@ueh.edu.ht

au plus tard le 22 juin 2022.

Comité d’organisation

  • Neptune Prince
  • Patrick François
  • Frantz Gabriel Nerette

Comité scientifique

  • Laënnec Hurbon, Ph.D, Chercheur honoraire au CNRS
  • Chantal Berdier, Ph.D, Maître de conférences-HDR à I’INSA de Lyon
  • Yves Pedrazzini, Ph.D, Maitre d’enseignement à l’EPFL rattaché au Laboratoire LASUR
  • Roberson Edouard, Ph.D, Enseignant chercheur à l’Université Laval du Québec à Montréal
  • Neptune Prince, Ph.D, Enseignant-chercheur à l’Université Quisqueya rattaché au CRAPU et à l’Université d’Etat d’Haïti affecté à IERAH-ISERSS
  • Eddy Lucien, Enseignant-chercheur à l’Université d’Etat d’Haiti, directeur de LADMA
  • Patrick François, Ph.D, Enseignant-chercheur à l’Université d’Etat d’Haïti, rattaché à LHLELAC, affecté à l’INAGHEI, Coordonnateur du master Diplomatie et coopération internationale (INAGHEI/MAEC)
  • Christophe Providence, Ph.D, maître de conférences à l’Institut Universitaire des Sciences, chargé de cours à l’Ueh
  • Michelet Clerveau, Ph.D, Professeur à l’Université d’Etat d’Haïti rattaché au laboratoire LADMA Sterlin Ulysse, Ph.D, Enseignant-chercheur à l’Ueh, Doyen de I ’Institut des Etudes et de Recherche Africaines en Haïti (IERAH-ISERSS)
  • Jean Rony Gustave, Ph.D, Enseignant-chercheur à l’Université d’Etat d’Haïti (Ueh), Responsable du programme de master Histoire mémoire et patrimoine

Références bibliographiques

  • AMBROISE-RENDU, Anne-Claude, Peurs privées, angoisses publiques, Larousse, 2001.
  • BOLTANSKI, Luc (Dir.), La souffrance à distance. Morale humanitaire, médias et politique, Gallimard, 2007 (1993).
  • BRAS Anie, PRINCE Neptune, JOSEPH Osnick et TELCY David. Approvisionnement en eau à Carrefour-Feuilles : entre informalité et violence urbaine, Pré-Actes du Colloque internationale. Quel développement urbain pour la ville post-crise ? Editions Pédagogie Nouvelle S. A., Pétion-Ville, Haïti, 2017. pp. 107-113.
  • DAYAN, Daniel (dir.), La terreur spectacle. Terrorisme et télévision, De Boeck, 2006.
  • GARCIN-MARROU, Isabelle, Des violences et des médias, L’Harmattan, 2007.HURBON Laënnec. Pour un portrait-robot du bandit en Haïti. Le Nouvelliste. Le 18 février 2022.
  • LARDELLIER, Pascal, Violences médiatiques. Contenus, dispositifs, effets, L’Harmattan, 2003.
  • LEFÉBURE, Pierre et SÉCAIL, Claire, Le défi Charlie. Les médias à l’épreuve des attentats, Lemieux Éditeur, 2016.
  • MOÏSE C., AUGER N., FRACCHIOLLA B., ROMAIN C., La Violence verbale. Espaces politiques et médiatiques. Tome 1. Paris : L’Harmattan, 2008.
  • PRINCE Neptune. « Violence(s) urbaine(s), entre reconnaissance sociale et jeux d’acteurs : le cas du quartier de Canaan (Port-au-Prince/Haïti ». Urbia. Urbanisme et aménagement des territoires. Un aperçu de la jeune recherche francophone. No. 6. 2020. pp. 147-163.
  • SÉCAIL, Claire, Le crime à l’écran. Le fait divers criminel à la télévision française (1950-2010), Nouveau Monde éditions, 2010.

Orte

  • Université Quisqueya - 218, Avenue Jean Paul II
    Port-au-Prince, Haiti (6110HT)

Veranstaltungsformat

Hybridveranstaltung


Daten

  • Mittwoch, 22. Juni 2022

Schlüsselwörter

  • quartier, sécurité, média, territorialisation, criminalité

Kontakt

  • Neptune Prince
    courriel : neptune [dot] prince [at] uniq [dot] edu
  • Patrick François
    courriel : patrick [dot] francois [at] ueh [dot] edu [dot] ht

Verweis-URLs

Informationsquelle

  • Neptune Prince
    courriel : neptune [dot] prince [at] uniq [dot] edu

Lizenz

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Zitierhinweise

« Études des discours et moyens médiatiques de mise en visibilité de la criminalité dans les quartiers urbains « chauds » », Beitragsaufruf, Calenda, Veröffentlicht am Montag, 11. April 2022, https://doi.org/10.58079/18o5

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